lundi 22 juillet 2013

Deux auteurs différents pour un été.

Je continue à choisir des livres faciles à lire pour l'été, ceux que l'on peut poser, reprendre sans avoir rompu la magie de la lecture. L'hiver j'aime me poser dans un coin de mon canapé pendant des heures, l'été le jardin est trop tentateur, je peux avoir aussi envie de m'endormir dans le transat, la lecture doit être fluide.
Maryvonne m'avait prêté un livre de Marc Levy "Si c'était à refaire", je l'avais posé dans un coin, j'attendais le moment propice pour l'ouvrir. Marc Levy n'est pas mon auteur préféré, loin de là, il vend beaucoup, nous nous défendons tous de l'aimer, mais il vend à qui, puisque les gens prétendent qu'ils ne le lisent pas ? Il aime qu'on dise de lui que c'est un auteur populaire, c'est un auteur populaire sans aucun doute et s'il donne le goût de la lecture à des millions de lecteurs, tant mieux.

Ses histoires se ressemblent toutes à mon avis, j'ai dû lire trois livres de lui, c'est toujours un peu tiré par les cheveux, des résurrections, des retours en arrière, j'ai toujours l'impression que Marc Levy hésite entre un roman d'amour et un roman policier, mais finalement ça se lit, ça se lit très vite et ça ne laisse pas de traces.
Ce que j'ai le plus aimé dans son récit ce sont les passages historiques, la dictature de Videla en Argentine, il y a un vrai travail de recherche, j'ai appris un peu plus que ce que je savais déjà, ces mères de la place de Mai qui attendent toujours qu'on leur rende au moins le corps de leur enfant ou ce qu'il en reste pour qu'il soit inhumé dignement. Les atrocités commises par les tortionnaires de la dictature, le journaliste du roman Andrew Stilman travaille sur des dossiers vraiment sensibles, il nous entraîne dans son travail d'investigation, pour moi c'est le meilleur moment du livre. Le reste c'est de l'écriture un peu facile, mais je le reconnais, on se laisse entraîner dans cette histoire, j'ai tourné les pages parce que j'avais envie de savoir qui avait voulu tuer Andrew Stilman.
Pour finir, un moment agréable, il arrive qu'il y ait de l'humour, mais je n'ai pas eu envie de caresser le livre en le refermant parce que j'étais triste qu'il soit fini. Je l'ai refermé et abandonné jusqu'à ce que je le rende.

 
"Les témoins de la mariée" de Didier Van Cauwelaert.

 
Cet auteur fait partie des auteurs que j'aime le plus, je suis presque une inconditionnelle de son style, de ses histoires, j'ai lu beaucoup de bouquins écrits par lui. Sur la photo ça ne se voit pas, mais il a un très beau regard bleu.
Celui-ci m'a plu, une fois de plus, la preuve, je l'ai commencé et fini sans me relever de mon transat, il n'y a que 185 pages, mais l'histoire est dense et lorsqu'on a entamé la lecture nous avons envie de connaître la fin.
Ce sont quatre copains, une fille et trois garçons qui ont pour ami Marc, un grand photographe, riche, célèbre, ils dépendent tous les quatre de lui, financièrement, amicalement, ils l'admirent et ne font rien sans son accord, sauf qu'un jour Marc annonce qu'il est tombé fou amoureux d'une chinoise, il montre une photo qui laisse les autres pantois, elle est loin de ressembler aux mannequins qu'il a l'habitude de mettre dans son lit et de jeter aussitôt. Il va se marier.
Le destin va décider autrement, Marc se tue dans un accident de voiture, dans le tunnel de St-Cloud, sa voiture de collection prend feu, il ne reste pratiquement rien de lui. La fiancée chinoise arrive à Roissy le lendemain pour son mariage, il va falloir échafauder une histoire pour qu'elle n'ait pas un gros choc, le choc sera pour les copains de Marc qui devront composer tour à tour avec Yun-Xiang, est-elle une manipulatrice ? Une jeune fille vraiment innocente ? Son apparence physique n'est plus du tout celle de la photo, la chirurgie esthétique est passée par là avant son arrivée à Roissy.
En Chine, elle gagnait sa vie comme faussaire, elle peignait des Joconde à la chaîne, est-elle aussi une faussaire dans la vie ?
La mort de Marc va obliger les quatre amis à se révéler à eux-mêmes, il va falloir qu'ils se prennent en main, ce ne sera pas facile, surtout pour Banyuls l'ami de toujours (il s'appelle Banyuls parce qu'il a été abandonné bébé dans ce vignoble). Il y aura des révélations, des  questions sur la façon dont les choses se passent, qui manipule ? sans doute pas celle qu'on pense, Marc avait sans doute pensé à tout avant de mourir...

J'ai trouvé que ce livre était une belle réflexion sur l'amitié, un des liens qui peut être le plus fort au monde. J'ai beaucoup aimé cette histoire sortie de l'imagination d'un très bon écrivain. Allez vite l'acheter en poche et bonne lecture sur un transat si vous avez un jardin, je vous promets que vous ne vous endormirez pas.

Bye MClaire.

lundi 15 juillet 2013

Deux livres pour l'été.

Il fait 30° à l'ombre, les hortensias qui n'aiment pas cette chaleur ont les feuilles en berne, il faudra arroser. Je suis allée acheter une pastèque pour me désaltérer, rien de mieux pour étancher sa soif. Il m'arrive de boire un coca zéro, mais à peine fini j'ai encore soif et ce petit goût désagréable dans la bouche, l'aspartam.
J'ai toujours aimé la pastèque, c'est ma madeleine de Proust, ma seule référence à Proust que je n'arrive toujours pas à lire. J'aime aussi les figues de barbarie, les petits vendeurs en Algérie enlevaient la peau pleine de piquants avec dextérité, les figues étaient tenues au frais dans un seau plein de glaçons, je n'en ai plus mangées depuis que nous sommes partis. Il y a des figuiers de barbarie vers Collioure, l'Espagne etc.. mais les fruits sont rabougris, sans doute même pas mangeables, je n'en sais rien après tout.

En me rendant au rayon fruits je suis passée devant le rayon livres, j'ai acheté "Les témoins de la mariée" de Didier Van Cauwelaert, un petit livre parfait pour l'été, il paraît qu'il est formidable et drôle, c'est exactement ce qu'il me faut en ce moment, court, formidable et drôle. J'ai un contrôle à l'hosto cette semaine, un contrôle de routine mais je suis toujours angoissée lorsque je m'y rends, la lecture chasse les angoisses, nous faisons plein d'efforts pour oublier les mauvais moments et il faut de nouveau entrer dans un service d'oncologie, la chimio derrière chaque porte.

Pendant cette semaine passée dans le Cotentin j'ai pu lire deux livres légers, faciles, marrants, parfaits pour cette saison.

"La mise à nu des époux Ransome" d'Alan Bennett :

J'avais beaucoup aimé "La reine des lectrices" du même auteur, son humour très british, les situations un peu décalées. J'ai aimé aussi celui-ci, peut être pas autant que l'autre, mais il se lit sans ennui, c'est déjà beaucoup.
Je vous raconte l'histoire :
Après une soirée un peu ratée passée à l'opéra, Mr Ransome est fan de Mozart, les époux Ransome rentrent chez eux et découvrent un appartement complètement vide, les voleurs ont tout pris, même le papier toilette, bien embêtant lorsqu'un mal au ventre se déclare et que Mr Ransome doit se servir du programme de la soirée comme PQ, du papier glacé qui ne veut pas s'évacuer, il a fait ses besoins sur Mozart, crime de lèse-majesté, c'est bien raconté, sans vulgarité et j'ai ri.
Ce couple d'anglais mène une vie dans la plus parfaite banalité, elle est un peu nunuche, ne dit jamais rien qui pourrait contrarier son mari, un mari coincé, obsédé par sa chaîne hifi qui vient de disparaître, il est désagréable, très condescendant envers sa femme.
Ce cambriolage assez curieux va bouleverser toute leur vie, ils perdent tous leurs repères, une opportunité pour changer de vie, surtout celle de Madame Ransome qui découvre un monde qu'elle ne connaissait pas, il faut bien acheter des produits de première nécessité, elle fait la connaissance d'un pakistanais épicier, bazar, elle ne savait même pas que ce genre de personnage existait, mais ça lui plaît à Madame Ransome, elle achète une télévision pour passer le temps et découvre la télé-réalité, ce qui permet à l'auteur une critique de ce genre d'émission, elle devient accroc aux histoires de fesses et autres.
Toute la sécurité d'une vie bien programmée vole en éclats, Madame Ransome se découvre un attrait pour le monde extérieur, lui reste étriqué.

Je m'arrête là, vous lirez peut-être ce livre et vous n'avez certainement pas envie de connaître l'histoire du cambriolage et la fin.

J'ai aimé l'humour un peu absurde tout au long du livre, j'ai aimé l'histoire de ce couple qui vit comme de nombreux couples dans les non-dits, les cachotteries, par exemple Mr Ransome teint régulièrement sa petite moustache qui a tendance à virer sur le roux, elle sait et lui croit qu'elle ne sait pas, hélas les voleurs ont aussi emporté avec eux le précieux petit flacon de teinture, les revues coquines cachées, elle sait aussi mais ne dit rien, rien ne doit fendiller les apparences.
J'ai aimé cette femme qui se libère du joug de son époux par petites touches, elle devient intéressante au fur et à mesure que nous avançons dans la lecture.

A lire.

 
Le deuxième bouquin, hilarant, facile et en même temps tellement attendrissant. Je l'ai lu d'un trait, sans pouvoir m'arrêter, j'éclatais de rire sans aucune retenue. Le livre parfait pour vos vacances.
"Demain j'arrête" de Gilles Legardinier. J'ai eu un brin d'admiration pour l'auteur masculin qui écrit la vie d'une fille, les sentiments des filles sans se tromper, ce n'est pas évident de décrypter le comportement des filles.
Je me suis retrouvée avec ce livre dans les mains grâce à la couverture attirante, elle ne peut pas vous échapper. Je suis aussi aveuglément les conseils de lecture de Gérard Collard qui a écrit "400 pages de pur bonheur".
L'histoire débute par "Dis-moi, Julie, c'est quoi le truc le plus idiot que tu aies fait dans ta vie ?"
Julie a 29 ans, elle a donc cinquante réponses à proposer, mais cette question lui fait l'effet d'une gifle. Elle a une vie qui ne lui convient pas, un boulot dans une banque, une relation d'amour loupée, elle a mis à la porte son petit copain qui mène une vie de musicien raté, rien d'excitant et les années filent. Arrive un nouveau locataire dans son immeuble, Ricardo Patatras, un nom de clown, mais ce n'est pas un clown, elle veut absolument savoir à quoi il ressemble ce qui donne la description d'une scène irrésistible de drôlerie.

Il y a toute la vie d'une petite ville qu'elle n'a jamais quittée, la vie d'un quartier, les petits travers de chacun. J'ai adoré.
La fin est un peu tirée par les cheveux, mais il faut bien une fin, nous sommes souvent un peu déçus par la conclusion des livres, nous nous construisons aussi notre roman en lisant et nous voudrions que la fin des bouquins soit conforme à ce que nous attendons, mais dans ce cas ce n'est pas grave, cela ne gâche rien au bonheur d'avoir lu ce livre.
"On peut partager le genre humain entre ceux qui sont faits pour aimer et ceux qui ne comprennent même pas ce que cela veut dire. Les affectifs et les autres."
Cela doit être triste de ne jamais aimer.

Il faut absolument lire ce bouquin si vous voulez un peu de fraîcheur, de la gaieté, ne pas vous torturer l'esprit en tournant les pages, vous aimerez Julie si drôle qui parle avec les mots de son époque, maladroite, gaffeuse, amoureuse à la folie de son Ricardo Patatras.
Je lirai sans aucun doute le dernier livre de Gilles Legardinier "Complètement cramé." il a dû sortir, mais j'attends souvent que le livre de poche soit en vente.

Bye MClaire.








vendredi 5 juillet 2013

Famille modèle.

Je ne connaissais pas du tout Eric Puchner, l'auteur de "Famille modèle". Il a écrit des nouvelles mais c'est son premier roman. Une réussite.
J'ai accroché dès le départ, je me suis trompée en pensant que c'était un livre amusant, beaucoup d'humour au début, un humour léger sans cynisme. J'ai pensé que c'était bien pour l'été, un livre de plage, pas du tout, un livre profond qui m'a même mis un peu mal à l'aise tant l'histoire est émouvante, actuelle.

 
C'est un livre typiquement américain, l'histoire d'une famille américaine, les parents, trois enfants, Dustin, Lyle et Jonas. Le père Warren avait décidé de bâtir un lotissement en plein milieu du désert de Mojave en Californie, des maisons bon marché, accessibles à la classe moyenne, cette opération immobilière devait se révéler juteuse, il avait englouti toutes les économies de la famille sans le dire à sa femme. Il achète une maison luxueuse bien au dessus de ses moyens dans une "gated community" ce genre de lotissement sécurisé conçu pour les riches. Il loue ses meubles en attendant la fortune, achète une voiture luxueuse jusqu'à ce qu'un matin elle disparaisse, il fait croire à sa famille qu'elle a été volée, en réalité elle a été saisie, Warren ne peut plus assurer le train de vie de sa famille, son rêve s'est transformé en cauchemar.
La construction en plein milieu de son lotissement d'une décharge de boues toxiques fait qu'aucune maison ne se vend. Il est ruiné et doit faire l'aveu aux siens.
Face à cette situation chaque membre de la famille va devoir trouver des ressources pour vivre, simplement vivre.
Le livre atteint son moment le plus touchant lorsque cette famille après avoir perdu sa maison dans une explosion, brûlant gravement Dustin, doit habiter une de ses maisons invendables, tout près de la puanteur de la décharge. Ce sont les passages les plus tragiques et pourtant l'humour n'est jamais loin
La famille se désintègre. L'auteur rend parfaitement les tourments des adolescents, j'ai aimé Jonas cet enfant obsédé par la mort, qui s'habille en orange, victime d'un quiproquo, on le croit responsable des souffrances de son frère défiguré par les brûlures et du coup on ne l'aime plus, il est rejeté, c'est très bien décrit, j'avais envie de le prendre dans mes bras pour le consoler.
J'ai aimé et détesté Dustin, ce grand ado amoureux d'une fille modèle de jeune fille américaine et qui couche avec la petite sœur punk qui a 15 ans, attiré par cette fille un peu trash qui le provoque et qui le fera souffrir. Je l'ai aimé vers la fin du livre lorsqu'il fera preuve d'humanité et qu'il comprendra qu'il lui faudra vivre avec son drôle de visage abîmé par les brûlures. Un être qui se reconstruit dans la douleur.
J'ai aimé tendrement Lyle, une fille qui ne peut pas bronzer tant elle a la peau blanche, attirée par une copine dévergondée beaucoup moins intelligente qu'elle, comme ça se produit dans la vraie vie.
Finalement l'épouse, Camille, laisse assez peu de souvenirs, elle est plutôt effacée malgré son côté olé-olé, elle semble ne pas dominer la situation, ne pas prendre conscience de la déliquescence de sa famille jusqu'au moment où enfin elle prend une décision radicale, qu'elle aurait pu éviter à mon avis si elle avait fait preuve de plus de fermeté et de compréhension. Le fiasco de sa famille n'est peut être pas dû qu'à Warren.
Que dire de Warren le père ? On ne peut avoir que de la compassion pour lui, je ne suis pas arrivée à le mépriser, bien au contraire, comme un enfant qui aurait fait une grosse bêtise et qui n'aurait pas osé l'avouer, alors que tout aurait plus simple si dès le départ il avait assumé, mais là c'est mon côté maternel qui parle.

Puchner a le souci du détail, j'ai ri lorsqu'il décrit la façon qu'ont les parents de se coucher dans leur lit lorsqu'ils se sont fâchés, chacun au bord du lit avec le souci de ne pas se toucher, tomber du lit plutôt que le frôler, c'est vrai ou pas vrai ?
J'ai ri lorsqu'il décrit les nids des chenilles processionnaires dans les arbres, ces nids qui ressemblent à des barbes à papa. C'est vrai, il y en a dans un jardin pas très loin de chez nous, dans les grands pins. Des barbes à papa, c'est bien trouvé.
J'ai presque pleuré en lisant "Warren contemplait le dos de son fils, recevant son mépris en plein visage" Il retournait à la case départ, il n'avait jamais vu que le dos de son fils, le dialogue était impossible entre ce père un peu lâche mais aimant et ce grand ado méprisant.
Au fait, est-ce que cette famille qui semblait modèle était aussi soudée qu'elle le paraissait au départ ? Le chaos était sans doute sous-jacent, elle ne pouvait qu'exploser comme leur maison.

C'est une de mes meilleures lectures de cette année. C'est drôle malgré une situation dramatique, intelligent, tendre, bien écrit, rien ne manque. J' ai aimé, beaucoup aimé, un beau chemin parcouru avec cette famille américaine qui représente si bien "le rêve américain" qui tourne quelquefois au fiasco, à la débâcle.

Je vais attaquer "Demain j'arrête" et j'ai acheté aujourd'hui un tout petit livre "La mise à nu des époux Ransome" d'Alan Bennet. J'avais beaucoup aimé "La reine des lectrices", il semble que ce bouquin soit aussi amusant.
Bye MClaire.