lundi 22 juin 2015




Mon émotion après avoir refermé ce livre est un peu retombée, je peux écrire une gazette.

Si je n'avais pas entendu J.C Ruffin parler de ce bouquin sur France-Inter je ne l'aurais sans doute jamais lu, J.C Ruffin présidait le jury du prix littéraire de la station. Je ne connais pas Valérie Zenatti en tant qu'auteure, elle écrit beaucoup pour la jeunesse. Magnifique écrivaine.
Les mots choisis, l'émotion à fleur de peau, elle nous transporte dans cette histoire algérienne que beaucoup ignore.
Coïncidence, la veille de l'achat de ce livre j'avais regardé "L'Algérie vue du ciel" de Y.A Bertrand, filmée comme seul sait le faire Y.A Bertrand et il y avait de très belles images de Constantine, cette ville coupée en deux, un pont suspendu relie les deux rives. Enfant, je suis allée à Constantine, nous allions passer des vacances à Herbillon tout près de Bône et le souvenir de ce pont est bien présent, j'entendais mon oncle ou mes parents qui disaient "Il y a plein de suicides, les gens se jettent de là-haut, ils ne se ratent jamais".
L'histoire de Jacob débute à Constantine, dans une famille juive qui parlait approximativement français et surtout arabe.
l'histoire des juifs-arabes est complexe dans les pays du Maghreb, ils étaient là bien avant la colonisation par la France. 
A la déclaration de la guerre de 40 les enfants juifs étaient interdits d'école, je l'ai appris en lisant ce livre, la France a eu besoin de chair à canon, ils étaient aptes à partir à la guerre, quelle ignominie !
Jacob était le dernier enfant de la famille Melki, il portait le prénom d'un de ses frères mort, Rachel la mère avait mis Jacob au monde assez tard, il était beau, sensible, parlait parfaitement français, connaissait tous les grands auteurs, les poètes, son maître ne tarissait pas d'éloges sur lui. Il vivait dans cette famille modeste, le père était cordonnier, son frère Abraham vivait aussi dans ce petit appartement avec toute sa famille, ils dépliaient les matelas le soir dans la salle à manger. La violence envers les enfants était chose courante, on punissait très durement sous les yeux réprobateurs des femmes, mais il fallait se taire, les hommes faisaient la loi.
Ils ne connaissaient la France que par les livres, comme moi, j'ai connu "notre patrie" à l'âge de 16 ans, à l'occasion de vacances, la soeur de ma mère habitait Vanves, elle pouvait nous recevoir. Nous chantions tous les lundis des hymnes patriotes mais nous ne connaissions rien de ce pays, que des images dans les livres d'histoire.

Jacob a 19 ans, le service militaire l'appelle, il part et sa mère se griffe le visage et se livre à des rituels pour conjurer le mauvais sort, elle a quelques nouvelles par cartes postales, il est du côté de Touggourt dans le sud. Rachel en bonne mère juive décide de partir pour l'embrasser et le nourrir, pour la première fois de sa vie elle part seule en train, elle brave tous les interdits, pour finalement apprendre qu'il a pris un bateau pour la France, pour aller se battre à Toulon, en Alsace...Elle ne l'embrassera plus.

Achetez ce livre pour lire la suite, vous ne pouvez pas passer à côté de ce bouquin.
J'ai évidemment retenu des torrents de larmes, avec plus ou moins de succès, je m'essuyais souvent le visage, je posais le livre pour évacuer la boule qui se coinçait dans ma gorge.
J'ai aussi souri en reconnaissant certaines expressions. 
Cheikh Raymond souvent cité était le beau-père d'Enrico Macias,  il était musicien et l'idole des juifs-arabes de Constantine, je l'ai appris en France lorsque Enrico Macias en a parlé. Cheikh Raymond avait été assassiné par un "fell" Finalement, les cultures ne se mélangeaient pas.
J'ai aussi compris, enfin, pourquoi mon père ne racontait jamais la guerre, il avait fait la campagne d'Italie, libéré l'Alsace, mais il n'en parlait jamais. Les hommes tuaient pour se défendre, les souvenirs étaient sans doute douloureux, ne pas les raviver était une sorte de défense. Il se passe la même chose avec ceux qui ont fait la guerre d'Algérie, ils n'en parlent pas.

Merci à Valérie Zenatti pour ce livre qui vous fera découvrir, qui m'a fait découvrir une autre culture, je ne sais pas si les juifs de notre époque nient leur arabité, pourtant cette arabité coule dans leurs veines à jamais. L'histoire est-elle responsable?
J'ai eu aussi un regret en lisant ce roman, ne pas avoir voulu apprendre à parler l'arabe, refuser catégoriquement de parler cette langue, quelle idiote, habiter un pays pendant 20 ans et ne pas vouloir apprendre plus que compter jusqu'à 5, dire bonjour, et quelques vilains mots. J'allais en cours d'arabe obligatoire mais je faisais de la résistance. Erreur de jeunesse.

Voilà, que dire d'autre, c'est un grand roman, qui parle aussi du déracinement. Comme Rachel, mon arrière grand-mère est arrivée en France à plus de 80 ans sans connaître ce pays, comment a t-elle fait pour ne jamais montrer son désespoir? Elle qui a laissé tous ses morts sur cette terre tant aimée. Comme Rachel elle m'a vue avec un ventre rond, j'attendais mon deuxième bébé qui allait naître en France, comme Rachel elle faisait des gâteaux de là-bas.

Bye MClaire.





   

jeudi 18 juin 2015

DOUGLAS KENNEDY "MIRAGE"



Douglas Kennedy, célèbre écrivain qui vend des millions de livres et surtout en France. J'ai lu une bonne partie de ses romans, toujours captivée par ses histoires, il y a eu un livre "La femme du Vè", un peu moins intéressant, j'ai lu "Mirage" sans être emballée par l'histoire, je trouve qu'il tourne un peu en rond, les difficultés d'être en couple, ce n'est pas son meilleur livre. 
Est-ce que ce sont les éditeurs qui mettent une pression sur les auteurs pour qu'ils publient? J'ai eu exactement la même impression avec le précédent livre lu de J.C Ruffin "check-point".
J'ai aussi abrégé la lecture du livre de Baptiste Beaulieu, ce médecin urgentiste qui écrit, c'est son deuxième bouquin et il m'ennuie, je vais le rendre sans le finir. Il n'a pas encore trouvé son vrai style, trop influencé par d'autres écrivains. Un jour viendra où il sera vraiment unique, comme l'a été Kennedy.
J'ai vécu vingt ans en Afrique du Nord, c'est aussi sans doute la raison pour laquelle "Mirage" ne m'a pas surpris dans la description de ce pays, mais un pays vu à travers les yeux d'un américain est complètement différent, si loin de leur culture.
L'histoire se passe au Maroc.
Un couple américain. Paul la cinquantaine bien avancée, elle Robyn, dix huit ans de moins prennent des vacances au Maroc, ils atterrissent à Casablanca et se dirigent tout de suite vers Essaouira, Paul semble fuir Casablanca.
Elle veut un enfant, son horloge biologique tourne, lui est d'accord, ils s'entendent à merveille sexuellement, ils ne lésinent pas sur la chose pour tenter de faire cet enfant, mais rien ne vient, jusqu'au jour où Robyn apprend le terrible secret de Paul, une trahison..
Elle veut le quitter mais elle l'aime toujours, suit un long voyage à travers le sud du Maroc à la recherche de Paul, un homme immature, bohème, imprévoyant, l'opposé exact de Robyn qui est expert-comptable.
La fin est surprenante. Je suis allée jusqu'à la fin mais en même temps j'étais contente de terminer ce livre pour passer à un autre. Un peu décevant. C'est dommage, j'aime D.Kennedy lorsqu'il est interviewé, vraiment intéressant à écouter, il parle très bien français, charmant, poli.
J'aimerais qu'il trouve un deuxième souffle pour écrire des livres que nous ne pourrions pas lâcher, là je l'ai souvent lâché après quelques pages, pour évidemment le reprendre.

Vous faites comme bon vous semble, lire ou pas lire? Mais il peut vous plaire.

Bye MClaire.


vendredi 12 juin 2015

Patrick Poivre d'Arvor "Un homme en fuite"


Je mets sa photo, mais tout le monde le connaît, vedette de la télévision pendant des années jusqu'à son éviction soudaine du journal télévisé de la Une. Il écrit et fait de la radio, il a 67 ans.
Je n'ai jamais eu de sympathie particulière pour ce présentateur, j'ai toujours trouvé qu'il jouait avec son image, le sourire en coin, l'oeil enjôleur ou triste, c'était du PPDA,
et je ne regarde jamais la Une, elle pourrait disparaître sans que je m'en aperçoive, elle n'est pas usée chez nous!
Je ne me souviens même pas avoir lu un roman de lui,  il a pourtant beaucoup écrit.
Michelle avait le bouquin elle l'a fait circuler, je l'ai lu et surprise j'ai aimé, allongée sur mon transat au soleil, c'est un livre qui n'est pas difficile à lire, l'histoire est assez captivante, lu d'une traite, je tournais les pages sans me rendre compte que l'heure passait. J'avais envie de connaître la fin, savoir comment ce chirurgien responsable d'un grave accident en salle d'opération, allait s'en remettre, mais c'était un peu cousu de fil blanc, il allait retomber amoureux.
Nous retrouvons quelques traits de caractère de l'auteur, il y a un peu de lui dans le roman, juste un peu. Nous avons tellement tout connu de sa vie à travers la presse people.
Je ne vais pas vous cacher les défauts de ce livre, c'est très romantique, pas de véritable suspense, nous ne sommes pas tenus en haleine par l'histoire, ce n'est pas de la grande littérature, mais ça se lit, un livre pour l'été.

L'histoire d'une rédemption :

Aurélien chirurgien célèbre à Tours souffre d'alcoolisme mondain sans même s'en rendre compte, l'addiction à l'alcool est sournoise, encore un petit verre et Aurélien après une mauvaise nuit doit opérer Arthur, un enfant qui souffre d'une maladie cardiaque. Il boit un verre avant de partir, commence l'opération et fait un malaise, l'enfant meurt sur la table d'opération.
"Un matin, avant une intervention, j’ai bu un verre de trop. Un verre seulement mais je n’aurais jamais dû le faire"

Commence la descente aux enfers, ses amis sont absents, ses pairs le jugent, seule sa femme Nathalie le supporte, le protège, son mariage n'a pas toujours été que du bonheur mais elle reste, les femmes ont souvent le goût du sacrifice et savoir qu'elle lui est indispensable à ce moment de sa vie doit certainement la rendre heureuse, jusqu'au jour où Aurélien décide de disparaître pour fuir tous les ennuis, par lâcheté, il ne veut pas affronter les autres. Aurélien n'est pas un personnage sympathique, alcoolique, le remords presque absent, il est plus submergé par la honte que par la culpabilité.
Jusqu'au jour où il fait connaissance des "Nez rouges" ces clowns qui amusent les enfants dans des services où ils sont hospitalisés, souvent pour des maladies graves.

La suite, à vous de la lire.

Ce que j'a aimé, la description de la servitude à l'alcool et la façon de renaître après avoir avoir pris conscience de cette addiction qui peut amener à la déchéance.

La confrontation à la vérité, admettre qu'il a fait une faute et qu'il faudra payer d'une façon ou d'une autre, rien ne sert de fuir, il faut apprendre à vivre avec ses remords.

Se rendre compte que nous ne pouvons pas vivre éternellement avec des faux-semblants, il arrive un moment où nous devons nous regarder en face et décider de vivre une vie plus simple loin de toute la comédie humaine. Cesser de vouloir plaire à tout prix, être soi et à mon avis c'est beaucoup moins fatigant que le paraître, moins d'angoisse, qu'importe ce que les autres pensent.

Vous pouvez le lire, vous passerez un bon moment sur votre transat en vacances.

Bye MClaire.



jeudi 4 juin 2015

J.C Rufin- "Check-point"


Je suis arrivée au bout de ce roman, mais j'ai mis du temps pour arriver à la fin. Deux raisons : j'aime un livre et je n'ai pas envie de le quitter, ou il me plaît moyennement et je le laisse en attente, je lis quelques pages, je le repose.
C'est cette dernière raison qu'il faut retenir.

J'ai toujours beaucoup aimé cet auteur, mes préférés "Un léopard sur le garrot" "Le collier rouge". Je n'ai pas ressenti d'enthousiasme en lisant "Immortelle randonnée" et le même sentiment en lisant "Check-point".
Ce roman se lit mais sans passion. Est-ce parce que je n'aime pas les thrillers? C'est un thriller. Ce huit-clos dans un camion, la course poursuite peuvent faire l'objet d'un thriller.
J'ai souvent pensé à deux films en tournant les pages "Un taxi pour Tobrouk" et "Le salaire de la peur", des hommes réunis dans la même galère qui doivent atteindre un objectif, sauf que dans le bouquin il y a aussi une femme, Maud 23 ans, première mission humanitaire.

L'histoire : Deux camions, pas très neufs, d'une association humanitaire doivent distribuer des médicaments, des vêtements, de la nourriture en traversant l'ex-Yougoslovie en guerre.
Il y a cinq personnages, Lionel le chef de la mission, Vauthier un personnage inquiétant, peu bavard mais qui écoute,
Marc et Alex deux anciens militaires, qui étaient engagés dans cette guerre avant de quitter l'armée et Maud, une jeune fille qui veut aider les autres et qui se cache derrière des lunettes horribles pour masquer sa beauté et ne pas susciter le désir des hommes.
On sent dès les premières pages que l'hostilité règne entre les personnages, chacun se méfie de l'autre, Lionel est amoureux de Maud et il déteste Marc et Alex. Vauthier n'aime pas Marc pour des raisons que nous découvrons plus tard dans le livre.
Le but du voyage est Kakanj, des familles se cachent dans des grands fours à charbon encore tièdes. L'hiver est là.
La guerre dans toute son horreur.

J.C Rufin connaît le terrain, il a lui même fait de l'humanitaire dans cette région, il décrit très bien ce pays.
Nous avons traversé la Yougoslavie sous Tito pour nous rendre en Grèce, j'ai reconnu cette tristesse, ces paysages, les villages qui sentaient la pauvreté, les enfants qui cernaient la voiture dès que nous nous arrêtions pour quémander de la nourriture, la méfiance des aubergistes lorsque nous nous sommes arrêtés pour manger dans un petit village de montagne, nous n'étions pas très rassurés. 
Ce pays est certainement très beau mais le contexte faisait que nous n'avions pas envie d'y séjourner. La guerre entre les Serbes, les musulmans et les Bosniaques a éclatée peu après.

J'aurais sans doute beaucoup plus aimé ce bouquin s'il n'y avait pas eu l'histoire d'amour improbable entre Marc et Maud, je ne sentais pas J.C Rufin à l'aise dans l'écriture de cet amour.
Raconter ce pays en guerre suffisait. Nous expliquer la haine qui régnait après avoir cohabité dans un même village suffisait. Le sujet est tellement vaste.
Décrire les traces que la guerre laisse dans le psychisme des militaires aurait pu donner l'occasion d'écrire de très belles pages, il y a quelques lignes mais très peu. 
Je n'ai pas cru un seul instant à cette course poursuite dans la neige entre Marc et Vauthier, je voyais des plans de cinéma qui se superposaient.
Est-ce que l'humanitaire se déroule souvent dans ces conditions hasardeuses?

J'ai beaucoup aimé la postface, là j'ai reconnu J.C Rufin, mais quelques pages ne suffisent pas à sauver un livre.
C'est mon avis, vous aimerez peut être ce roman qui est sans doute très apprécié par d'autres.

Bye MClaire.