lundi 25 janvier 2016

"ça aussi, ça passera" Milena Busquets.



Une écrivaine catalane, 43 ans, journaliste, elle a écrit deux romans."Comme une Françoise Sagan contemporaine avec la spontanéité aigre-douce d'un Woody Allen." The Bookseller.

J'ai été très touchée par ce livre, j'arriverais à comprendre que vous n'aimiez pas ce roman, les avis peuvent être partagés, j'ai aimé cette écriture moderne, les réflexions sur la vie, les gens, les relations conflictuelles entre une mère et sa fille mais aussi empreintes d'amour, beaucoup d'amour.

L'histoire  :

Blanca 40 ans vient de perdre sa mère atteinte de la maladie de Parkinson, elle habite Barcelone avec ses deux enfants, a toujours des relations affectueuses avec ses deux ex-maris, a un amant marié, boit un peu, fume des joints, a des amies fidèles, et décide après l'enterrement de sa mère de passer ses vacances à Cadaquès, l'endroit où sa mère vivait, dans la maison pour passer l'été. Là, où elle espère faire son deuil de cette mère tant aimée.
Ses amies la rejoignent, ses ex-maris aussi, les amis des amis, une petite troupe un peu disparate, des grandes tablées, des siestes dans le hamac, c'est l'été. Blanca est encore une femme-enfant, veut vivre libre mais est pleine de contradictions, aspire aussi à une vie équilibrée, pourquoi pas avec Oscar un de ses ex maris, un homme rigide, avec des principes, qui sait très bien que ça ne marchera pas, ils sont tellement différents. 
C'est l'été, le soleil est chaud, les peaux brunissent, promenades en bateau, mais la tristesse est toujours là, sa mère lui manque. Un inconnu la croise souvent dans le village, il était présent à l'enterrement de sa mère, elle ne le connaît pas...

Ce que j'ai aimé :

L'histoire de ce livre semble futile mais elle ne l'est pas du 
tout. Evidemment, il y a du sexe, ce que Sagan effleurait, l'auteure l'écrit avec des mots crus, sans non-dits mais sans choquer.
L'auteure a un oeil très lucide sur la vieillesse, le moment où nous basculons de ce qui est encore la jeunesse dans ce qui ne le sera plus.
"Je ne serai plus jamais regardée par tes yeux..Lorsque le monde commence à se dépeupler des êtres qui nous aiment, nous nous transformons peu à peu, au rythme des morts, en inconnus."

Les anecdotes défilent, immédiatement suivies par des réflexions intelligentes et intéressantes qui nous touchent, nous sommes tous une petite partie de Blanca.

J'ai souri en lisant le passage de sa dernière rencontre avec son amant dans un hôtel, le moment où elle le voit sans concessions, elle découvre des choses de lui complètement occultées, par exemple : il a les jambes arquées, il perd un peu ses cheveux, a un comportement enfantin lorsqu'elle lui dit qu'ils ne s'aimeront plus, ce n'est pas cet homme qu'elle aimait. Les vieux amants ou vieux couples se connaissent bien, acceptent les défauts de l'autre, ils s'aiment. Elle ne l'aime plus.

Les pages où Blanca se rend au cimetière au petit matin sont bouleversantes, le cimetière est fermé et elle veut aller rendre visite à sa mère.. "Maman, maman."
"Tu m'as aussi fait don de ce rire fou, de la joie de vivre, de l'abandon de soi total, du goût pour tous les jeux, du mépris pour tout ce qui te semblait rendre la vie plus petite et irrespirable : la mesquinerie, le manque de loyauté, l'envie, la peur, la stupidité, la cruauté surtout. Don du sens de la justice. De la révolte. De la conscience fulgurante du bonheur au cours de ces instants où vous l'avez entre les mains et avant qu'il ne reprenne son vol...."

Et pour finir, il y a Cadaquès, nous connaissons Cadaquès, merveilleux endroit, le village tient une grande place dans ce roman.

A mon avis un très beau livre sur les relations mère-fille et un très beau portrait de femme.

Bye MClaire.







lundi 18 janvier 2016


J'aime la couverture de ce livre, c'est elle qui a attiré mon regard, je ne connaissais pas l'auteure et pourtant le titre de son premier bouquin "Beignets aux tomates vertes" me disait quelque chose, je ne l'ai pas lu, un film porte ce titre, adapté du roman, un vrai succès.
C'est un livre de poche, je ne risquais rien en l'achetant. J'ai bien aimé. Un signe qui me fait dire qu'un livre me plaît. Après avoir fini ce que j'ai à faire le matin, juste avant midi, je m'assois sur l'accoudoir du fauteuil au soleil et je lis quelques pages, si le livre ne me plaît pas trop, je ne le fais pas, il peut attendre.

L'histoire se déroule à Birmingham, pas en Angleterre, non, dans l'Alabama, une ville fondée au XIXéme siècle par des Ecossais et des Irlandais.
Maggie 60 ans, l'héroïne du livre, a été élue Miss Alabama dans sa jeunesse, par un pur hasard au cours d'une rencontre avec Hazel, petite bonne femme qui mesure 1m02, qui a un sens aigu des affaires et qui assume très bien sa petite taille, elle en fait même un atout, Maggie devient agent immobilier dans l'agence d'Hazel.
Les affaires sont florissantes, la bonne humeur règne dans les bureaux, jusqu'au jour où une autre agence s'ouvre dirigée par une femme sans scrupules. Méchante, une vraie sorcière.
Maggie est toujours célibataire, elle n'a jamais pu se décider à convoler malgré toutes les tentatives d'hommes fous d'elle.
Elle est fatiguée de vivre et décide de partir doucement, sans faire de bruit, elle prépare minutieusement son suicide, essaie d'avertir Brenda sa meilleure amie, qui ne capte rien, elle renonce à lui en parler.
Mais dans la vie, tout ne se passe pas toujours comme nous l'envisagions. Une foule d'événements va l'obliger à retarder son départ, Brenda et les derviches tourneurs qui donnent un spectacle dans la ville, elle ne veut pas peiner Brenda et d'autres événements qu'elle ne peut pas ignorer, elle aurait mauvaise conscience, comme si dans ce cas là la mauvaise conscience comptait, elle retarde sans cesse... Il y a quelques situations loufoques qui font rire.

Je ne raconte plus rien, vous découvrirez.

Ce que j'ai aimé :

Maggie et ses valeurs d'un autre temps, mais qui sont tellement agréables. Sa peur maladive de mal faire au point de penser à chaque détail de son suicide, même à la colle qui tiendra les liens, elle amènera un minuteur avec elle, il ne faudrait pas sauter dans l'eau avant que la colle ait pris !
J'ai aimé la description de l'enfance de Maggie, deux pièces qui jouxtaient la salle de projection du cinéma, son père était le projectionniste, une vie de petite fille passée en regardant chaque soir le film, sa vie dans le rêve..
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Brenda, femme de couleur, boulimique au grand coeur. 

Hazel et son optimisme chevillé au corps, pour qui rien n'est impossible lorsque nous le voulons vraiment. Lorsqu'elle disparaît toute l'agence perd le sourire.

L'histoire de la très belle maison construite dans le quartier le plus huppé de la ville et l'énigme du squelette retrouvé en kilt dans une malle..

J'ai appris la vie difficile des mineurs écossais, dans les manses, les mineurs avaient un collier au cou comme les chiens, un numéro, ils ne pouvaient pas s'évader, ils étaient repris à cause de ce collier, livré au maître et puni. Bouleversant.

J'ai aimé la fin de ce bouquin, pas triste du tout. La vie réserve de bonnes surprises, il faut y croire, même dans les moments les plus noirs il y a toujours de l'espoir.

Je vous encourage à lire ce roman. J'aime bien me plonger dans ces belles histoires romantiques de temps en temps.

Bye MClaire


dimanche 10 janvier 2016

Françoise Laborde "ça va mieux en le disant..."



Je fouinais chez Easy-Cash, l'enseigne soldait les livres, un euro pour ce bouquin. Je sortais de la lecture assez dure du livre de Philippe Claudel, j'avais envie de légèreté, un livre qui se lit vite, facilement, je l'ai acheté.

 
Il a été écrit en 2008, vous le trouverez en poche. Nous connaissons tous la journaliste, aujourd'hui elle a passé la soixantaine,  elle est membre du C.S.A, nous ne le voyons plus à la télé, mais elle en connaît bien le fonctionnement. Depuis ses débuts dans le journalisme elle a franchi plusieurs étapes, jusqu'à la présentation du J.T.

Sa soeur Catherine officie sur la une, à la météo, nous regardons rarement cette chaîne, mais à chaque fois que je l'ai vue annoncer la pluie ou le soleil, elle se tortillait, j'ai toujours eu l'impression qu'elle avait envie de faire pipi.
Des deux soeurs Laborde, si j'avais dû choisir celle qui serait une amie, sans aucune hésitation c'est Françoise qui aurait eu ma préférence. Franche, directe, rigolote, sans doute une vraie épicurienne, elle prend ses vacances dans le Gers, région de la bonne bouffe. Catherine est trop maigre, pas vraiment sympathique, elle minaude sans cesse.
En 2008 les soeurs étaient fâchées, une vieille tante qui commençait l'Alzheimer en était la cause. Elle a écrit quelques pages sur sa soeur, cela m'étonnerait qu'elles se réconcilient après ces mots très durs. Cela ne semble pas une priorité pour Françoise.

Une enfance dans une famille bourgeoise, un père prof agrégé d'anglais à Bordeaux, des vacances chaque été aux Etats-Unis, plutôt gâtée dans la vie.

Elle a deux enfants qu'elle a eu avec un journaliste, veuve elle a épousé en 2009 un ex-directeur de chaîne J.Claude Paris.

Dans ce livre, elle règle ses comptes avec les administrations, l'Education Nationale, la télé, les directeurs des chaînes, c'est souvent amusant et surtout souvent vrai.
Elle ne s'est pas fait que des amis, mais elle avait décidé de tout dire.

 C'est vrai.


Le chapitre sur l'Education nationale "Pourquoi l'école déteste-t-elle les élèves?" est à lire. Un constat accablant.

J'ai franchement ri lorsqu'elle raconte l'histoire d'une lettre recommandée.
Elle était malade, alitée, elle avait demandé à la femme de ménage d'aller relever le courrier. Avis d'une lettre recommandée, elle ne comprenait pas, le facteur n'avait pas sonné. Elle téléphone à la poste, la dame qui lui répond pas plus aimable que ça lui dit "Le facteur repassera demain ou après demain."
"Votre nom, votre adresse, et je vais marquer "personnalité""
"Mais non, ce n'est pas la peine, mettez juste que je suis couchée et qu'il me laisse le temps de lui répondre."
"Mais pourquoi vous ne voulez pas que je marque"Personnalité ?" 
-Mais parce que ce n'est pas peine !"
Elle se tait un instant, puis enchaîne :
"Mais vous êtes bien alitée ?"
Evidemment, selon le langage administrative, je suis une "personne alitée". 
Rires. Belle leçon de modestie, la postière ne la connaissait pas du tout.

Une lecture intéressante, facile, un bon moment et avec le temps qu'il fait nous pouvons lire.  Bye MClaire.





samedi 2 janvier 2016

Philippe Claudel "L'arbre du paysToraja"


J'avais en attente le livre de Marc Levy "Elle et lui", prêté, je me suis décidée à l'ouvrir. Je l'ai refermé après avoir sauté des dizaines de pages, j'ai lu consciencieusement la première moitié du bouquin, j'ai commencé à sauter des pages, j'ai lu la dernière page et je l'ai remis sur une pile de bouquins que je dois rendre. Je pense que définitivement, je n'aime pas cet auteur, l'homme est très sympathique mais ce qu'il écrit ne me plaît pas. J'aimais ce genre de romans à 15 ou 16 ans, l'âge où nous attendions l'amour, nous étions sentimentales et les personnages des livres de Delly ou de Max du Veuzit nous faisaient rêver. 
Marc Levy a repris la même recette mais mise au goût du jour, internet, sites de rencontres etc. Cela doit plaire puisqu'il est l'un des plus gros vendeurs de livres. Voilà, je n'ai plus quinze ans..

Plus tard, j'ai lu en une heure "Neige" de Maxence Fermine, Michelle l'avait trouvé et elle me l'a fait parvenir. Merci.
J'avais lu "Zen" du même auteur, j'avais beaucoup aimé, j'avais écrit une gazette.
Un tout petit livre, agréable, une histoire d'amour qui se passe encore au Japon, entre une funambule qui se nomme Neige et un poète, peintre. L'art d'écrire des haïkus. J'ai bien aimé, mais j'avais mieux apprécié "Zen". Une découverte.

"Il y a deux sortes de gens.
Il y a ceux qui vivent, jouent et meurent.
Il y a ceux qui ne font jamais rien d'autre que se tenir en équilibre sur l'arête de la vie.
Il y a les acteurs.
Et il y a les funambules."

Je suis allée fouiner à la FNAC, j'ai mis la main sur le dernier roman de Philippe Claudel qui venait d'être mis en place dans les rayons, la couverture est splendide. Aucune hésitation, j'adore cet auteur depuis longtemps, le premier livre lu de lui a dû être "Le café de l'Excelsior", mon préféré "Le rapport de Brodeck" magnifique.

Philippe Claudel est aussi cinéaste. 

En Indonésie l'arbre de Toraja est aussi un tombeau, on renferme dans son tronc les corps des jeunes enfants qui viennent de mourir et peu à peu l'écorce se ressoude sur le corps. L'auteur a l'impression que depuis quelque temps la mort l'encercle, comme l'arbre.
Le début du livre donne le ton à tout le roman, c'est une réflexion sur la vie, la mort, l'âge, très philosophique mais fluide, j'étais happée par sa lecture.
Le livre est sombre, la fin est porteuse d'espoir.
Les sujets évoqués sont tristes.
Le narrateur cinéaste raconte le départ de son grand ami, son producteur atteint d'un cancer. Lui même est vieillissant, il a passé 50 ans, l'âge des premières interrogations "Qu'avons nous fait de notre vie?". 
Les corps qui se flétrissent, l'amour d'une jeune femme qui semble un décalage "qui n'est pas seulement horaire".
Les visites à Eugéne qui se trouve en soins intensifs, les longs moments passés à ses côtés, Eugène qui était si vivant, amoureux éternel et qui se compare à E.T. qui veut une dernière fois que son ami le sorte de l'hosto sur sa chaise roulante pour aller boire dans un vrai bar, là il y aura une rencontre incroyable qui ravira Eugène, une dernière fois. De belles pages. 
La préparation d'un film dans la maison de son enfance.
Les brèves et rares visites à sa mère qui ne le reconnaît plus dans une maison de retraite de l'Est de la France, là où Claudel est né, un passage poignant, il essaie d'avoir une conversation avec elle, mais cela devient très vite une fausse-conversation, alors il regarde sa montre.

Kundera, Picoli, Godard s'invitent dans ce livre.

Un beau passage :
"Poursuivre sa vie quand autour de soi s'effacent les figures et les présences revient à redéfinir constamment un ordre que le chaos de la mort bouleverse à chaque phase du jeu. Vivre, en quelque sorte c'est savoir survivre et recomposer."

La fin est lumineuse, une vie est attendue, hymne à la vie qui va apparaître.
"Il me semble désormais que je n'aurai plus d'autre âge que le sien, et qu'oubliant mon corps, oubliant qui je suis, oubliant mes maux et mes hésitations, mes erreurs, mes blessures, je serai tout à elle, afin qu'elle puisse vivre, aimer, rire, s'éblouir et grandir jusqu'au ciel."

Je n'ai pas lu ce livre comme un roman, c'est plutôt une interrogation sur la vie, la mort, la jeunesse qui s'enfuit, mais rester vivant tout en sachant que tout aura une fin pour ne pas être surpris. Nous avons tous en nous une capacité de vivre même lorsque celui ou celle que nous aimions est parti, la vie est souvent très forte.

J'ai beaucoup aimé, l'écriture est tellement belle, je vous encourage à le lire, il nous oblige à réfléchir. 

Bye MClaire.