mercredi 30 novembre 2016






J'avais lu, il y a déjà quelques années, un de ses livres "Le testament français", c'est normal, il avait eu le Goncourt des lycéens, il  avait eu aussi le Goncourt, fait très rare et peut être unique, il faudrait que je vérifie. Si ce livre, après tout ce temps a laissé une trace dans ma mémoire, c'est qu'il était formidable. Je n'ai pas été déçue en lisant avec passion "L'archipel d'une autre vie."
Je l'ai lu presque d'une traite, laissant quelques pages pour le lendemain, j'ai eu raison, j'ai vraiment savouré ces dernières pages émouvantes, quelle écriture !

Je le lisais tellement concentrée, qu'en parcourant les lignes qui suivent, j'avais l'impression que l'homme était là, dans mon salon ou dans le saloon, le début du livre me faisait penser à un western :
"Il se dressa au-dessus de moi et je le vis, à la ceinture, un long poignard dans un fourreau de cuir. Sans un mot, il approcha sa torche de ma tête. Croyant qu'il allait me brûler les yeux, je plissai fortement les paupières. Il toussota, l'air de se dire : c'est bien ce que je pensais."

L'histoire se passe au début des années 1950, dans une Russie communiste vieillissante, Staline est encore là, le goulag aussi. La guerre de Corée fait rage, il y a la menace d'une guerre nucléaire. Le personnage principal du livre Pavel Gartsev doit réintégrer l'armée en tant que réserviste pour des manoeuvres aux confins de l'Extrême Orient russe, le Pacifique est tout près, pas le Pacifique des côtes du Mexique, là l'océan est glacé, inquiétant, inhospitalier.
Au cours de ces manoeuvres, les supérieurs donnent l'ordre à cinq hommes, dont Pavel, de partir à la chasse d'un fuyard, un évadé du goulag, ils sont dans la taïga, un terrain inconnu, dangereux, le fuyard lui connaît tous les pièges, il ne se laissera pas capturer aussi facilement, il est agile, il sait se nourrir de ce que la forêt offre, lutter contre le froid.
On ne marche pas dans la taîga, on doit s'y mouvoir avec la souplesse d'un nageur. Ils doivent absolument ramener le fugitif vivant.
Les accidents seront inévitables, les petits chefs sont plutôt froussards et ne pensent qu'à leur retour auréolés de gloire. Pavel est celui qui sera désigné pour capturer le fugitif, sinon ce sera le goulag et la mort. Il terminera cette chasse à l'homme seul, les autres sont blessés.
La véritable identité du fuyard changera complètement la donne, la vie de Pavel en sera bouleversée.
Aura t-il encore l'envie de capturer ce drôle de personnage qui finalement lui sauvera la vie.

Nous retrouverons dans le récit, l'enfant devenu homme qui avait suivi Pavel dans la taïga au début du roman. Ce sont les plus belles pages. Nous découvrirons ces îles des Chantars, là où elle avait dit "Nous allons y vivre.", peu de mots chargés de tant de sens. Un phénomène se produit sur ses îles, la 


boussole perd le nord, elle s'affole;


J'ai aimé la description de la nature et des hommes qui complètement privés de repères dans un milieu hostile, réagissent chacun à leur façon. 
Celui qui se sacrifiera pour un ami, d'autres cruels, ambitieux, l'auteur explore tous les tréfonds de l'âme humaine, ce n'est pas toujours beau. L'homme est quelquefois bestial.
J'ai aimé cette histoire d'amour, un amour infini qui se vivra qu'à deux sur une île déserte, cette île sera saccagée à cause de la cupidité d'hommes d'affaires, faire accoster des paquebots de croisière. Cela ne vous rappelle pas Venise qui meurt chaque jour sous l'oeil des milliers de touristes qui déferlent sur ses quais. ?

Nous savons que l'homme n'a pas besoin de grand chose pour vivre, mais nous faisons semblant de l'ignorer, consommer toujours consommer, le roman nous prouvera le contraire, l'auteur décrira tous les petits gestes, les trucs à connaître pour survivre et puis vivre tout simplement.
Nous pouvons entrevoir un monde où les hommes seraient enfin réconciliés, un monde où il n'y aurait plus ni des vainqueurs, ni des vaincus.
Ce livre ressemble à une fable, et les enfants adorent les fables, nous redevenons tous des enfants lorsque nous lisons, prêts à croire qu'un monde meilleur pourrait exister.

"Nous descendrons sur la berge et, sans avoir besoin de nous mettre d'accord, ramassons des branchages, allumons trois feux face à l'île Bélitchy."

En lisant ce livre vous comprendrez pourquoi trois feux.

L'auteur est épris de liberté, nous le ressentons tout au long de ce livre magnifique. L'adolescent du livre est l'auteur, toujours passionné par son pays qu'il a fui, il dit :
"La Russie peut être cruelle, atroce.....elle n'est jamais petite." 
Le sujet de "C'est dans l'air" ce soir "Poutine, le maître du monde." A méditer. 

Bye MClaire.

jeudi 24 novembre 2016


Le club de scrabble est souvent l'endroit où nous échangeons des livres. Nanou avait "La grand-mère de Jade." à prêter, je l'ai pris, il me semblait que ce livre devait être léger, facile à lire mais certainement un peu mièvre, je me trompais lourdement, c'est un merveilleux bouquin qui peut nous faire réfléchir sur différents sujets, la famille, la lecture, les écrivains, l'amour à tous les âges, sur certaines choses de la vie. Je me suis régalée en le lisant, la fin est un peu surprenante.

L'histoire :

Mamoune c'est Jeanne, la grand-mère de Jade, Mamoune a trois filles et un fils qui est parti vivre en Polynésie, Jean son mari est mort, elle vit seule. A la suite d'un malaise, une de ces filles qui est médecin décide de la placer en maison de retraite, sans lui demander son avis. Dans une de ces horribles maisons que nous appelions hospices autrefois et que nous renommons pompeusement résidences pour le troisième âge. 
Jade sa petite fille ne supporte pas l'idée de voir sa grand-mère dans cet endroit où évidemment il n'y a que des vieux. Elle décide d'enlever Mamoune et de l'amener à Paris dans son appartement où elle vit seule depuis sa séparation avec Julien, son ancien compagnon. Jade est journaliste free-lance, elle pourra s'occuper d'elle tout en gardant une certaine liberté.
Mamoune a quatre-vingt ans, Jade a trente ans.
Jade a écrit un roman, mais les éditeurs refusent de le publier pour différentes raisons, immense déception pour cette jeune femme qui adore écrire, Jeanne le lira et lui dira ce qui ne va pas dans l'écriture.

Suit un récit à deux voix.
L'essentiel de leurs conversations reposent sur la littérature, les écrivains, Jeanne avait bien caché à sa famille qu'elle était folle de lecture depuis toujours. Elle est issue d'une famille savoyarde, paysanne, lire était considéré comme perdre son temps.
Jade découvre une grand-mère surprenante, une vraie lectrice, très avertie, qui assouvissait sa passion en se faisant prêter des livres par une connaissance et qui lisait pendant ses escapades en montagne, à l'abri des regards.
L'image de Jeanne aux yeux de sa petite-fille est complètement bouleversée, elle qui a passé toutes ses vacances dans la maison de Jeanne, n'avait jamais soupçonné cette partie cachée de sa vie. Jeanne avait donc sa part de mystère.
Mais Jeanne lui réservera d'autres surprises. Quant à Jade, elle fera une très belle rencontre dans ce roman.
Je vous laisse découvrir la suite.

Ce que j'ai aimé :

Inévitablement lorsque nous aimons lire, nous nous posons des questions tout au long du livre.
J'ai toujours pensé que l'école nous avait fait découvrir les grands écrivains trop tôt, nous avons lu Stendhal, Balzac, Victor Hugo, mais il en reste quoi ? Madame Bovary, Julien Sorel, Madame de Rénal etc. Ces noms sont familiers à nos oreilles mais l'écrivain ? Et pourtant je suis certaine que les mots n'auraient pas le même sens aujourd'hui.
Nous pourrions les relire mais personnellement je n'ai pas envie, je suis passée par d'autres périodes de lecture, des écrivains plus contemporains. J'ai pourtant eu pendant quelques années des livres que je recevais tous les mois, reliés, des grands auteurs classiques, ça se faisait dans ma jeunesse, je ne devais pas tous les lire.
J'ai redécouvert dans ce livre Robert Musil et "L'homme sans qualités" J'avais complètement oublié cet écrivain, je suis allée sur internet pour lire ce qui était écrit sur cet auteur. 
Une citation qui pourrait être écrite aujourd'hui :
"En tant que personne supra-personnelle, l'État adopte carrément le principe que l'on peut piller, massacrer et tromper s'il en résulte puissance, gloire et civilisation."

Je me suis souvent reconnue dans ce bouquin, chaque lectrice se reconnaîtra dans une réflexion faite. Lire en cachette des bouquins cachés par ma mère parce qu'elle jugeait qu'ils étaient trop osés pour moi, je les trouvais;
Lire le matin, toujours en cachette, les fainéantes lisaient le matin.
Me plonger avec délice dans les romans-photos de l'époque, les amours contrariés, les héroïnes qui osaient tout.
L'éblouissement de la lecture.
La tendresse que nous éprouvons pour nos petits-enfants. Les beaux souvenirs de nos vacances avec eux.

Il y a aussi l'amour qui peut arriver à tout âge lorsqu'on a perdu son compagnon et que l'on pense sa vie finie. Il y a un très beau passage sur le veuvage, le vide, la difficulté de refaire des gestes quotidiens et la renaissance. Albert qui est veuf fera découvrir à Jeanne la mer et le bonheur de refaire des choses à quatre mains, la cuisine par exemple. Une grande pudeur dans ces relations.
Albert est éditeur et il explique à Jeanne "Que la plupart des lecteurs de romans sont des lectrices et je crois moi que si les femmes lisent tant, c'est parce qu'elles peuvent entendre ce qui n'est pas dit et qu'elles n'ont jamais peur que les sentiments laissent sur elles ces traces qui existent déjà dans leur coeur..."
La passion de Jade pour Rajiv rencontré dans le métro est aussi présente dans ce bouquin.. L'amour auquel elle ne croyait plus.

Ce livre a été publié en 2009 en poche, vous devez pouvoir le trouver chez votre libraire ou sur internet. Je vous le recommande, il est tout simplement délicieux, un bonbon que nous n'avons pas envie de finir.
Frédérique Deghelt a aussi écrit d'autres romans, entre autres "La vie d'une autre." et  Libertango qui a obtenu le grand prix de la ville de Vannes.

"'L 'école m'avait appris à lire, celle de la lecture allait m'apprendre à vivre"

Bye MClaire.







dimanche 13 novembre 2016

"Désorientale" de Négar Djavadi.


Je l'ai terminé aujourd'hui et je n'avais pas envie de le refermer.
Je vais user des superlatifs, roman foisonnant, passionnant, émouvant, bouleversant, on ne peut pas l'oublier.
C'est le premier livre de l'auteure, une vraie réussite, à lire avec attention, les personnages sont nombreux et les noms et prénoms pas du tout habituels pour nous. L'arrière grand-père s'appelle Montazemolmolk, il possède un grand domaine en Iran, une soixantaine de chambres et cinquante deux épouses qu'il honore à tour de rôle, il a aussi vingt-huit enfants. Ils vivent tous dans "l'andanouri" en 1896. Lui était le Khan, le maître absolu.

C'est le début du roman. Nous sommes très vite transportés dans une salle d'attente de l'hôpital Cochin, KImiâ l'héroïne du bouquin veut un enfant par insémination artificielle, Pierre le donneur qui est sensé être son compagnon est séropositif.
Elle est à Paris depuis l'âge de 10 ans, ses parents, une famille aisée sont des opposants au régime du Shah puis de celui de Khomeiny, qui est répressif : "Qui aurait pu imaginer que l'ange n'était en fait qu'un démon, la lumière une illusion ? Qui aurait pu savoir que tel le joueur de flûte de Hamelin, le vieillard conduirait bientôt les enfants de son pays dans une grotte et les y enfermerait ?"

 ils ont été obligés de fuir l'Iran, le père Darius Sadr est parti le premier, sa femme et leurs trois filles suivront, des passeurs se chargeront de leur faire traverser la frontière, des Kurdes en chevaux dans la neige, moments difficiles qui marqueront la mère et les enfants, puis la Turquie et enfin la France, tant attendue, tant aimée dans leurs rêves de liberté.
Ils vivront à Paris et à partir de là le roman nous transportera de Paris en Iran, entre le passé et le présent. Il n'y a pas d'ordre chronologique, mais on ne se perd jamais.

J'ai aimé :

J'ai toujours été touchée par les exilés, qui n'a pas subi l'exil ne peut pas comprendre.

J'ai aimé sentir tous les parfums d'Orient, voir vivre ces familles fusionnelles dans les pays orientaux, les jalousies, les disputes, l'amour, les codes qui régissent les uns et les autres, les conservateurs et ceux qui sous le régime du Shah s'émancipaient. Les intellectuels qui se battent contre toutes les dictatures. 
J'ai compris le désenchantement de cette famille qui arrivait dans un pays tant désiré, pensant y trouver de la compréhension, de l'attention et ne trouvant que de l'indifférence et même un peu d'agressivité. Darius le père si brillant, si admiré par sa femme, homme imprévisible, conquérant perd tout son éclat dans ce petit appartement, loin de l'Iran il n'est plus rien, alors il marche pendant des heures et il écrit.
Paris est gris, Paris est beau pour ceux qui peuvent profiter de ce que cette ville offre. Nous sommes arrivés en 1962 dans une ville que nous ne connaissions pas et l'hiver 1963 avait été terrible, j'ai des souvenirs. J'ai compris.
La famille Sadr navigue entre l'appartement, le supermarché, l'école. Léili la fille aînée et Mina la cadette, sont des enfants sages, Kimiâ la narratrice traîne un mal de vivre, elle se rebelle, fréquente des milieux "underground", les Halles, les punks. Le désarroi de la mère, Sara, un personnage infiniment émouvant, à mon avis le plus beau personnage du roman.
L'errance de Kimiä qui cherche à se débarrasser de cette famille qui lui colle à la peau et qui l'empêche d'être elle même, mal dans ce corps qui ne lui convient pas. 
« Je suis devenue, comme sans doute tous ceux qui ont quitté leur pays, une autre. Un être qui s’est traduit dans d’autres codes culturels. D’abord pour survivre, puis pour dépasser la survie et se forger un avenir. »
Kimiâ apaisée, Kimiä qui va être maman, rend visite à sa mère, Sara, dans une résidence, une maison de retraite, un passage qui ne peut pas laisser insensible :
"La décoration de la chambre est chargée. Partout des photos, des objets familiers, des livres, des coussins, un tapis persan couvre le sol. C'est nous qui les avons apportés, dans le but dérisoire de rendre ce lieu chaleureux et de lutter contre l'immense culpabilité qui nous habite depuis que nous l'avons installée ici. Il y a en chacune de nous ce conflit insondable entre la raison et la culture, le fait que nos vies ne nous permettent pas de la garder avec nous et l'honneur persan qui consiste à ne pas abandonner ses parents, quel que soit son état. Sara n'a besoin d'aucun de ses objets. Elle évolue dans une capsule spatio-temporelle où le souvenir n'existe pas."...Elle me regarde. De peur qu'elle me confonde avec quelqu'un d'autre je la devance : "C'est moi Kimiâ."
"Ton père n'est toujours pas rentré, je ne sais où il est. On est vendredi n'est-ce pas ?"
Darius a été assassiné par les amis du régime iranien.
Kimiâ, ne partagera jamais avec Sara sa joie d'être maman. Sara est dans son monde.

Ce livre n'est pas complètement autobiographique, une partie seulement, la première.

A vous de le lire. La lecture est subjective, je me méfie, depuis que j'ai prêté "Une vie française" de J.Paul Dubois que j'avais tant aimé à deux lectrices de mon club et qui m'ont dit en me le rendant "Nous n'avons pas du tout aimé."
Incompréhension de ma part, mais elles avaient le droit de ne pas aimer.

Bye MClaire.








dimanche 6 novembre 2016

"La septième fonction du langage" Laurent Binet





Gaël Faye était nommé pour le Goncourt, voir ma gazette précédente, il ne l'a pas eu, je m'en doutais et je suis presque heureuse pour lui, c'était trop tôt, il est jeune, le Goncourt peut bloquer un écrivain, il n'ose plus écrire, la peur de ne jamais être aussi bon dans l'écriture. Il aura sans doute le Goncourt des lycéens, à voir.

Laurent Binet avait obtenu le prix Interallié en 2015 pour "La septième fonction du langage."
L'auteur présentait son livre au Salon du Livre à Vannes, j'étais assise à trois mètres de lui, je le regardais autant que je l'écoutais, il est d'une beauté renversante, des beaux yeux verts, je crois, jeune, fougueux, très bavard, captivant, sympathique. Il est agrégé de lettres.
Ce grand bavard devait jubiler en écrivant son bouquin, il a même écrit quelques pages de trop à mon avis dans la deuxième partie, je l'avoue, j'ai sauté des pages, elles n'étaient pas indispensables à la compréhension du livre.

"Pourquoi les étudiants auraient-ils besoin de professeurs, si tout s’apprenait dans les livres ? Pourquoi ont-ils besoin qu’on leur explique ce qui est écrit dans les livres ? Pourquoi y a-t-il des écoles et pas juste des bibliothèques ? C’est que l’écrit seul jamais ne suffit. Toute pensée est vivante à condition qu’elle s’échange, elle n’est pas figée ou bien elle est morte."

Je confirme, il sait expliquer. 

L'histoire du livre :

C'est un polar mais un polar particulier, sorti tout droit de l'imagination de l'auteur, mais avec des personnages qui existent encore ou disparus;
Roland Barthes, sémiologue célèbre, se fait renverser par une camionnette après avoir déjeuné avec F.Mitterrand, nous sommes le 25 février 1980, il mourra quelques jours plus tard. Un fait réel. Est-ce un accident ou un attentat ? L.Binet a décidé dans son roman que c'était un attentat.

Définition de la sémiologie
Science qui étudie les systèmes de communication par signes entre les individus - Synonyme : sémiotique.

Roland Barhes (prononcer Barthes et pas "Barthés" comme N.Sarkozy !) aurait été ou serait en possession d'un document capital "La septième fonction du langage" écrit par Roman Jackobson. Celui qui détiendra la formule aura le monde à ses pieds, il saura convaincre tous ses interlocuteurs, maîtrisera parfaitement le langage. Les dictateurs de la planète sont évidemment intéressés.
Tous se mettent en quête de ce document.
Il y a des Bulgares, des Japonais, Giscard qui était au pouvoir et qui voudrait le garder, Umberto Eco, P.Sollers vit avec Kristeva une Bulgare pas étrangère à la mort de Barhes, attention toujours dans le roman, Foucault qui fréquente beaucoup les saunas gays sordides, Althuser philosophe et membre du P.C, il étranglera sa femme Héléne, là ce n'est pas du roman, c'est vrai. BHL dissimulé dans une chemise noire.
Le voyage à Bologne à la rencontre d'Umberto Eco.

Vous avez compris, Laurent Binet flirte beaucoup avec la réalité et la fiction, Philippe Sollers était d'ailleurs furieux, ce jeune écrivain est vraiment irrévérencieux, j'ai beaucoup ri en lisant la scène du repas chez Sollers. Parfaitement caricaturé.

Le couple que forme le flic J.Bayard et Simon Herzog, jeune intello repéré à la fac de Vincennes est savoureux. Simon sera l'interprète de Bayard qui ne comprend rien à la sémiologie, j'avoue il a aussi été le mien, le monde de la sémiologie m'est parfaitement étranger.

La magie de ce roman est que même si nous ne maîtrisons pas parfaitement, et quelquefois pas du tout, le langage fumeux des philosophes, nous lisons avec intérêt les pages où ils apparaissent. 
J'ai beaucoup aimé les pages où il décrit les politiques, les conversations inventées mais qui pourraient être vraies. La description de J.Lang jeune, grand ami de Foucault.
C'est aussi pour ma génération un retour aux années 80, Poniatowski apparaît comme un grand buveur de whisky, D'Ornano que nous avons oublié. 

On ne peut sortir de ce livre qu'un peu plus érudit et conscient de la force du langage, du pouvoir des mots.
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J'ai aimé ce roman, intelligent et drôle..

Bye MClaire.