lundi 26 décembre 2016


J'avais lu "Séduire Isabelle A." avec plaisir, j'ai trouvé chez Easy-Cash "Mer agitée à très agitée" du même auteur, toujours à un prix défiant toute concurrence, je l'ai acheté. Il attendait d'être lu, son moment est venu. Il était le dernier dans ma pile, je suis allée me réapprovisionner avec mes bons cadeaux et ma fournisseuse officielle Michelle doit avoir des livres à me prêter, en ce moment break de scrabble, les fêtes, nous ne nous voyons pas.

Ce livre a une jolie petite musique, nostalgie, la jeunesse, la vieillesse, la mer, la Bretagne, les vacances.

L'histoire :

Maryline a été un top-modèle vedette pendant les belles années, elle voyageait beaucoup, rencontrait des célébrités, faisait la fête, elle a connu William star du rock, il se droguait, commettait des excès, elle l'aimait, ils s'aimaient. Maryline a hérité d'une grosse bâtisse sur la côte bretonne, elle décidera de repartir dans ce village où elle a passé toute sa jeunesse et surtout éloigner William de ses démons, loin des paillettes du show-biz. Elle transformera la maison en chambres d'hôtes, William ne se droguera plus, boira beaucoup, il se liera d'amitié avec deux drôles de personnages de la station, Herr un antiquaire et Flag hypocondriaque. 
La découverte du cadavre d'une fille sur la plage en bas de la maison bouleversera le cours de leurs vies, à tous.
Surgit Simon le policier, ami d'enfance, premier amour de Maryline, il sèmera le trouble dans sa vie presque bien rangée, elle commençait à se lasser de William qui rentre souvent ivre. Simon sera là, à l'excès, pour lui redonner le goût de la passion. Jusqu'à quand ?
Dans cette grande maison vit la fille de Maryline et de William, une ado difficile un peu ronde Georgia, vit aussi pour quelques mois de vacances, Miss Meriman et Annick la femme de ménage.

Ce n'est pas un roman policier ou si peu, pas vraiment un roman d'amour, un mélange des deux que nous pouvons lire avec plaisir.

J'ai aimé les réflexions de Miss Meriman, sur la vieillesse, sur les couples :
"C'est affreux ces couples qui s'éteignent dès qu'ils sont seuls. il suffit qu'ils se sachent regardés et ils s'animent à la manière des automates. On s'éloigne et leurs mains retombent, mortes le long de leur corps."
Ne plus rien avoir à se dire doit être horrible.

"Avez-vous remarqué que nos états d'âme, nos émotions au moment où ils apparaissent et s'installent dans notre esprit sont des paysages avec leur lumière particulière, une densité propre et leur propre géographie ? Je suis vieille et je ne peux plus compter sur aucun de mes sens. Tout est devenu intellectuel. Il n'y a plus de coulisses, vous voyez ? ..C'est un prodige, vous savez, de rester gai et souriant après soixante-dix ans."
Je ne suis pas d'accord, j'ai plus et j'ai toujours envie de rire.

"Vous savez, ma chère, nous passons notre vie à protéger les autres d'eux-mêmes, à essayer de comprendre de quoi sont faits ceux que l'on rencontre. On finit toujours par s'apercevoir que les personnalités indéchiffrables le sont parce que nous ne parvenons pas à savoir comment eux nous voient."
Je suis d'accord, mais il arrive toujours un moment où nous lâchons prise, les autres sont moins importants, leur avis sur nous compte beaucoup moins, même plus du tout. La sérénité de la vieillesse pour certains.

Il y a aussi les tourments de l'adolescence qui sont très bien décrits.

La description de tous ces personnages est la réussite du livre, ils sont bien croqués. Maryline est une femme de son temps, est-ce qu'elle réussira à préserver l'équilibre de tous ?
Lisez ce livre si vous en avez envie, il oscille entre la comédie et le drame.

Bye MClaire..


samedi 17 décembre 2016

Karine Tuil - L'invention de nos vies.


"Avec le mensonge, on peut aller très loin mais on ne peut pas en revenir", énonce un proverbe yiddish 
Cité dans le roman.

Ce livre a été publié en 2013, il est en poche. Recommandé par un scrabbleur-lecteur. Je n'ai pas regretté une seule seconde de l'avoir acheté, je l'ai lu avec avidité, hier, je suis restée assise trois heures sans bouger, je lisais.

L'histoire :

Un trio, Samuel, Nina, Samir Tahar. Samuel et Nina s'aiment ou plutôt sont amants, il l'aime, elle un peu moins. Samir est l'enfant d'une femme de ménage d'origine maghrébine, Samuel est un enfant adopté par un couple d'intellectuels convertis au judaïsme, très pratiquants, la révélation de l'adoption de Samuel sera un choc terrible pour lui, il claquera la porte.  Ils vivent tous les trois dans une cité sous tension de la banlieue

Samuel doit se rendre en Israël, son père et sa mère sont morts dans un accident de voiture, ils voulaient être enterrés en Israël, il accompagnera les cercueils,  il confie Nina à Samir, il doit veiller sur elle pendant son absence, il a tort, une attirance physique irrépressible réunit Nina et Samir, Samuel enterre ses parents et Samir couche avec Nina, mais le retour de Samuel se transforme en tragédie, Nina doit faire un choix, Samuel menace de se suicider, elle restera pendant vingt ans avec lui par pitié. 
Samir s'éloignera, fera des brillantes études de droit à Montpellier, Nina restera son obsession mais il ne cherchera pas à la revoir. Il s'envolera pour New-York, 

Samir deviendra Sam Tahar, il a supprimé deux lettres à son prénom, se fera passer pour un juif séfarade, le nom Tahar peut être juif ou arabe, Sam trouvera du travail dans un grand cabinet d'avocats, Samir n'en trouvait pas, trop arabe. une carrière prestigieuse s'offrira à lui, il deviendra le meilleur avocat pénaliste de l'état de New-York il épousera une riche héritière juive, Ruth, il aura deux enfants. Une vie basée sur un mensonge débute. Sam se permet tout, sûr de lui, inconscient du danger, il peut être démasqué. Infidèle, séducteur, très sexe, manipulateur, un imposteur charmeur.
Il arrive à oublier sa mystification identitaire.
Nous ne pouvons nous empêcher de penser à DSK qui pensait n'être jamais puni.

Il a évincé sa mère Nawel et son demi-frère de sa vie, la seule chose qui le culpabilise, sa mère reçoit sa visite rarement, sa plus grande honte, une faute morale, chez eux la famille est sacrée, quant à son demi-frère il ne le connaît pratiquement pas, François, blond, peau claire, est l'enfant d'un député connu,  Nawel sa mère était femme de ménage chez lui, il ne le reconnaîtra pas, les abandonnera, surtout ne pas briser sa vie de famille bien ordonnée.
François sera celui qui mettra Sam en danger...Mauvaises fréquentations, embrigadement.

Samuel arrivera à l'âge de quarante ans, aigri, il voulait être écrivain, tout ce qu'il écrit est refusé par les éditeurs, il ne sera qu'animateur social, petite vie étriquée, incapable d'offrir à Nina la vie dont elle rêve, mais un soir, un reportage à la télé va bouleverser leur vie, Sam est interviewé par une grande chaîne de télé américaine, ils le reconnaissent, font des recherches sur internet.. Samuel comprendra très vite que Samir s'est emparé se sa vie pour construire la sienne.

Et il y aura Nina, la magnifique Nina.. Le trio se reconstituera et explosera une nouvelle fois.

Je n'en dis pas plus.

Ce que j'ai aimé :

Evidemment l'écriture, rapide, originale, forte, un style qui nous tient en haleine.
J'ai moins aimé les petites notes à la fin de quelques pages, elles me semblent d'aucune utilité, je n'ai pas tout lu.

Ce livre publié en 2013 raconte tous les maux de notre époque, le trafic de drogue aux portes des immeubles, la violence dans les caves, "les tournantes", les jeunes qui se laissent embrigader pour aller combattre en Afghanistan ou ailleurs et qui reviendront pour commettre le pire, qui n'ont pas peur de mourir. La discrimination dans la recherche d'un emploi. C'est aussi un roman social.

Les affres de l'écriture, j'avais lu un jour que le premier livre d'un écrivain est souvent l'histoire de sa vie ou de sa famille, souvent autobiographique. Samuel finira par être publié avec succès en racontant l'histoire de leur trio. Il faudra écrire un deuxième livre et cela deviendra très compliqué.

Cette cicatrice au cou que porte Samir et qui résume un peu son histoire, il a essayé de la faire disparaître mais elle est toujours là pour lui rappeler d'où il vient.

J'ai aimé la décision des deux femmes Nowel et Nina, devenir des femmes libres qui ne dépendront plus des hommes. Ne seront plus soumises à leur désir, attendre qu'ils les appellent, ces hommes qui sont souvent des pervers narcissiques, ils veulent des femmes dépendantes d'eux. Elles se libéreront.

Je ne suis pas arrivée à détester Samir, le charmeur, la fin du livre est belle, enfin il pourra être lui même.

Je pense avoir tout aimé dans ce roman, lisez-le.


Noël arrive, faites vous offrir des livres, j'ai souvent un bon d'achat de la FNAC, je vais choisir, le dernier roman de Karine Tuil peut être ?




Bye MClaire.







samedi 10 décembre 2016

"Ce pays qui te ressemble;" Tobie Nathan.



Le visage de l'auteur ne m'est pas étranger, nous avons dû le voir à la télé, je n'ai lu aucun livre de ce psychiatre et spécialiste de l'ethnopsychiatrie. 
J'ai lu "Ce pays qui te ressemble." avec beaucoup d'intérêt, un livre de 540 pages avec quelques longueurs, j'ai sauté quelques lignes, les prières revenaient un peu trop souvent, elles ne me semblaient pas indispensables à la compréhension du livre, mais si elles n'avaient pas été
 citées, l'histoire n'aurait sans doute pas eu toute sa crédibilité. 
Nous comprenons très vite que les habitants juifs d'un quartier du Caire pratiquaient un peu la sorcellerie, étaient très superstitieux, priaient sans cesse pour protéger l'un des leurs et si cela ne suffisait pas s'alliaient aux arabes pour que l'une des leurs enfante, stérile depuis trop longtemps.

C'est une saga qui débute dans les années 1920 et finit à la chute du roi Farouk, Nasser le chasse, en 1952. Un roman historique et un grand roman d'amour.

Zohar, le héros du livre, naît dans ce ghetto juif du Caire, sa mère est considérée un peu folle, sujette à des crises d'hystérie, mais Esther est une jeune fille flamboyante, elle épouse Motty qui est aveugle, un immense amour les réunira lui l'aveugle qui devine tout et elle qui sera la lumière de ses yeux. Elle ne sera pas enceinte pendant des années, une sorcière arabe lui permettra d'avoir un enfant après toutes sortes de rites.
Les mauvaises langues qui se réunissaient sur les marches de la ruelle dite du jeudi critiquaient beaucoup Esther, mais elles la craignaient aussi, elles pensaient qu'elle possédait des dons.
Lorsque Zohar naît, petit garçon chétif, Esther ne peut pas le nourrir, pas une goutte de lait, elle doit faire appel à une nourrice qui allaite Masreya, une magnifique petite fille qui aura une voix d'or et qui plus tard charmera le roi Farouk.
Les coutumes juives interdisent à deux enfants de lait de s'unir plus tard et pourtant Zohar et Masreya seront attirés l'un vers l'autre. La malédiction planera sur eux.
Zohar sera un enfant un peu bizarre pendant quelques années, il aura du mal à trouver sa place au milieu de ses deux parents qui s'aimaient tant. Il deviendra un jeune homme un peu taciturne mais "dégourdi", réussira dans les affaires, jusqu'à ce qu'il soit obligé de quitter l'Egypte, les juifs seront persécutés. Ils possédaient un passeport italien, fourni par les Italiens pour qu'ils acclament le maréchal Pietro Badoglio en visite officielle au Caire, en tendant le bras droit, habillés avec une chemise noire.
En fuite, en quittant l'Egypte, ils passeront tout naturellement par l'Italie.
Le roi Farouk adulé par son peuple lorsqu'il était plus jeune, sera détesté à la fin de son règne et obligé d'abdiquer en 1952.
Un pays où se côtoyaient toutes les religions, un pays envahi par les grecs, les turcs, les coptes, les juifs, les apatrides et qui sera à son tour victime des Frères Musulmans, de quelques fanatiques qui rendront ce pays dur, intolérant, déserté par les touristes plus tard.
Nino le jeune juif ami de Zohar se convertira à l'Islam, des pages sur la façon d'enrôler les jeunes "
– Notre prophète est un chef de guerre. Il nous guide par l’exemple. La communauté se réveillera par la guerre. Le djihad est l’exigence de la guerre… et la mort, notre plus fidèle alliée. – Que veux-tu dire ? – Il te faut comprendre, mon frère, si tu veux nous rejoindre. Notre amour de la mort, c’est la présence de Dieu. Tel est l’enseignement du Prophète. Et il répéta : – Tu dois aimer la mort !

J'ai aimé les paroles d'Esther ;
"Nous vivons près des Arabes comme un homme vivrait près de son foie. Leur Coran contient nos histoires et notre bouche est emplie de leur langue. Pourquoi ne sont-ils pas nous ? Pourquoi ne sommes-nous pas eux ?"
Question éternelle entre des peuples qui se ressemblent et qui n'arrivent pas à cohabiter.
Faux de croire qu'un pays ne peut vivre qu'habité par une seule communauté, nous avons besoin des autres.

Ce que j'ai aimé :

Apprendre et encore apprendre. Ce livre est un voyage dans une Egypte que je connais très peu, les livres d'histoire ne disent pas tout. L'occupation de l'Egypte par les Anglais qui voulaient grignoter sans cesse un peu plus de territoire.

En lisant les frasques du roi Farouk j'ai souri, les lectures de "Point de vue et images du monde" me revenaient en mémoire. Farouk fréquentait les actrices, les casinos, il était photographié. Il était devenu énorme.
Farouk avait eu un grave accident de voiture en Egypte et il n'était plus du tout le même après son séjour à l'hôpital, choqué. Je ne savais pas qu'il avait été cleptomane, il volait des objets précieux dans les maisons où il allait, au point que les propriétaires cachaient tout avant sa visite.
L'auteur nous fait découvrir les moeurs dépravées des puissants, le Shah d'Iran n'y échappe pas. 
Sa plume est quelquefois acérée.
J'ai aimé les odeurs, les parfums, la douceur de vivre dans cette ville avant la guerre. Les descriptions du désert, des bords du Nil. La sensualité du livre.
J'ai aimé lire la nostalgie de l'auteur "Si j'ai quitté l'Egypte, l'Egypte ne m'a jamais quitté. Quelquefois je pense que c'est seulement mon ombre qui est partie,alors que moi je suis resté là-bas, seul, errant, comme durant ma jeunesse."
Tous les déracinés pensent un peu la même chose.

J'ai en tête la photo de ce magnifique palace au bord du Nil, 
"L'old Cataract" Palace construit dans une Egypte alors britannique, les riches clients pouvaient et peuvent encore voir les felouques glisser sur le Nil. Si je ne me trompe pas, c'est dans cet hôtel que F.Mitterrand a vécu son dernier Noël.
Agatha Christie a écrit "Mort sur le Nil." en s'inspirant de cet endroit.




Je regrette vraiment de ne pas avoir connu ce pays.

Si vous aimez l'histoire, les histoires d'amour originales, apprendre en lisant un roman d'aventure, lisez ce livre, il devrait vous plaire.

Bye MClaire.