lundi 26 juin 2017

Les mille talents d'Euridice Gusmao -- Martha Batalha



La couverture attire le regard, colorée, exotique, sur l'étal du libraire le livre ne peut pas vous échapper. 

"L'histoire d'Euridice Gusmao, ça pourrait être la vôtre, ou la mienne, celle de toutes les femmes à qui on explique qu'elles ne doivent pas trop penser et qui choisissent de faire autrement."
Le titre aurait pu être "Histoire de l'invisibilité" le livre qu'essaie d'écrire Euridice jour après jour, l'invisibilité des femmes dans ce Brésil des années 50.

J'ai beaucoup aimé ce roman, simple à lire mais faut-il absolument écrire compliqué pour que les lecteurs aiment ? Avec des mots simples, nous pouvons exprimer tant de choses et ça a au moins le mérite d'être compris par la majorité des gens...

C'est l'histoire d'une famille portugaise qui s'est exilée à Rio dans un quartier populaire, Tijuca, le père Manuel, la mère Ana, la très belle Guida et l'intellectuelle de la famille Euridice, la douée pour tout, mais qui ne doit pas trop montrer qu'elle est supérieure aux autres.
Les parents tiennent une épicerie qui les fait très bien vivre, 
Guida ensorcelle les garçons, très surveillée par ses parents, Euridice est une excellente élevé, elle rêve de devenir musicienne, mais jouer de la flûte dans cette famille c'est perdre son temps.

Marcos fils de très bonne famille fait son apparition, il fait des études de médecine, enfin pas tout à fait, il ne va jamais aux cours mais tombe amoureux de Guida, une mésalliance pour cette famille qui procrée en toute consanguinité depuis des années, il ne faut pas éparpiller l'héritage...Autant dire que Guida n'est pas la bienvenue. Elle fugue avec Marcos, qui achète son diplôme de médecin et perd toute sa clientèle, il ne sait prescrire que de la pénicilline !! Des années de galère pour Guida...
Guida est un beau personnage du bouquin, une force de caractère peu commune pour sortir la tête de l'eau.

Euridice se marie avec Anténor, un futur banquier, mais catastrophe le soir de la nuit de noce Euridice ne saigne pas, Anténor est certain qu'elle a eu déjà une relation, chose impensable dans ce Brésil des années 50, ce sera un reproche continuel, il lui fera deux enfants, ne la comprendra jamais dans son désir d'évoluer, l'aimera à sa façon. Pour les saignements, nous saurons plus tard....
J'ai adoré le personnage d'Euridice, elle résiste à sa façon au pouvoir des hommes, laisse tomber ce qui la passionne et ne passionne pas du tout Anténor, elle est maligne Euridice, elle rebondit d'une autre façon. Tac, Tac, Tac, ce sera le bruit de la machine à écrire qui terminera le livre, la machine à écrire succédera à la machine à coudre.

Tous les personnages secondaires du roman sont intéressants.
J'ai souvent ri, la scène qui décrit les envies de meurtre de Guida envers sa belle-mère est irrésistible, une belle-mère envahissante, qui menace de mourir à tout instant et qui finalement s'étranglera avec des bonbons confectionnés par Guida, sans aucune arrière-pensée !!
Les livres achetés par Antenor "qui achetait des livres comme on achète des ampoules , il était bon d'avoir les plus grands penseurs chez soi, au cas où on en aurait besoin un jour."
J'ai eu la larme à l'oeil lorsque Guida se décide enfin à revoir sa famille et demande des nouvelles de sa mère. Sa mère est morte et elle ne l'a pas su.

J'ai aimé l'autodérision de l'auteure, une brésilienne qui aime son pays mais qui connaît tous les défauts de son peuple.
J'ai toujours beaucoup aimé l'autodérision, se moquer de soi-même est la meilleure façon de désamorcer les conflits.

Voilà, je ne peux que vous conseiller la lecture de ce roman, c'est un livre "bonbon." qui pourtant soulève des questions sur la force des conventions, sur la place des femmes dans notre société.

Bye MClaire.

lundi 19 juin 2017


Claudia Pineiro, écrivaine argentine, 57 ans, j'aime lire les écrivains argentins, je ne la connaissais pas, un de ses livres "A toi." a eu un gros succès, il doit être en poche.

"Une chance minuscule." est un très bon roman, l'histoire d'un acte involontaire, la mort d'un enfant dans une voiture qui traversait la voie ferrée, une barrière qui ne fonctionnait jamais, les automobilistes traversaient et un jour arrive l'impensable, une tragédie, l'histoire d'un remords éternel qui fera basculer toute la vie d'une famille.

"Cette douleur intense. Elle deviendra chronique. Chronique, c'est à dire durable, même si elle ne sera peut-être pas permanente.Cela peut aussi signifier que tu n'en mourras pas. Tu ne t'en libéreras pas mais elle ne te tuera pas..."Alice Munro. Ecrivaine canadienne.

"La barrière était abaissée. Elle freina, derrière deux autre voitures. Le signal d'alarme brisait le silence de l'après-midi. Un feu rouge clignotait au-dessus du signal ferroviaire. La barrière abaissée, l'alarme et le feu rouge annonçaient l'arrivée d'un train. Pourtant, le train n'arrivait pas. Deux, cinq, huit minutes et aucun train n'arrivait. La première voiture contourna la barrière et passa. La seconde avança et pris sa place."

Ce passage revient souvent dans le livre, chaque fois un peu plus long, jusqu'à la révélation, ce qu'il s'est vraiment passé.

L'histoire :

Mary Loran vit à Boston, depuis 20 ans, elle a fui son pays l'Argentine, elle est condamnée socialement, abandonne son enfant qui a six ans, le père directeur de clinique ne veut pas le laisser partir avec elle, pour le bonheur de l'enfant elle se sacrifie. Marilè Lauria devenue Mary Loran enseigne dans un collège célèbre de Boston, elle a retrouvé l'amour auprès de Robert qui disparaît des années plus tard, victime d'un cancer, et par le plus grand des hasards, elle doit retourner en Argentine pour évaluer le collège de sa jeunesse, qui a demandé d'être établissement partenaire du Garlic Institute.

Elle redoute cet instant, se transforme pour qu'on ne la reconnaisse pas mais elle a une envie très forte de revoir le quartier de sa jeunesse et surtout espère rencontrer son fils, cet enfant qui est devenu un homme. Qu'est-il devenu ? Quel métier exerce t-il ? Est-il marié ? Une si longue absence, tant d'années perdues, a t-il oublié sa mère ?
Le destin sera t-il au rendez-vous ? Il y aura t-il une chance minuscule pour qu'ils se rencontrent ?

C'est un très beau livre sur la culpabilité, sur l'amour qu'une mère porte à un enfant, sur les liens du sang, la blessure ne s'est jamais cicatrisée, un enfant ne peut pas oublier sa mère mais peut-il continuer à l'aimer ?

Mary a écrit un texte, Fédérico son fils a écrit une lettre, ils attendaient plein d'espoir le moment de les échanger pour que chacun comprenne l'autre.

Cette chance minuscule pourra t-elle réparer cette femme brisée ou plutôt rompue. La rencontre se fera sous le signe de la pudeur, pas d'embrassades mais des regards "Mon fils me sourit et me présente sa femme "Voici Ariana." puis "Voici Amelia" La petite fille qui se trouve dans les bras de sa femme.

J'ai réécouté la musique de Piazzolla après avoir lu son nom dans le bouquin, j'adore le tango, le bandonéon, la maman de Mary aimait aussi. 

https://www.youtube.com/watch?v=VTPec8z5vdYhttps://www.youtube.com/watch?v=VTPec8z5vdY

Bye MClaire.






dimanche 11 juin 2017





J'ai refermé ce livre avec regret, il m'a fallu du temps pour le lire, ce n'est pas un roman, Sylvain Tesson publie son journal écrit entre 2014 et 2017.
Pour apprécier, il faut déjà avoir lu cet auteur, cet homme si particulier qui a pour domicile le monde entier, il peut passer d'un continent à l'autre très vite, son goût de l'aventure, de l'escalade, de la solitude quelquefois lui a fait parcourir le monde. J'ai lu quelques bouquins écrits par lui et j'ai toujours aimé, il a une si grande culture, nous apprenons forcément avec lui.
J'avais écrit une gazette, après avoir lu "Sur les chemins noirs.", livre publié après son grave accident, une chute de 10 mètres.
Cet accident l'a certainement fait réfléchir sur le brièveté de la vie, en même temps il l'avait bien cherché, on ne boit pas lorsqu'on grimpe !

Il nous livre des aphorismes qui m'ont fait souvent sourire ou réfléchir.
"Le problème de cette planète, c'est qu'entre les enfants et les bêtes il y a l'homme."
"Tout attachée", m'a t-elle dit en me donnant son adresse. Mais c'était une adresse mail."

Il grogne souvent contre les nouvelles technologies qui envahissent la vie des enfants et des grands.
"Etant donné l'état d'abrutissement dans lequel la fréquentation de la télévision plonge l'humanité, il est heureux que l'invention du petit écran soit advenue après des conquêtes telles que l'aiguille à coudre ou l'imprimerie, dont les découvertes respectives n'auraient pas été possible si la télé leur avait pré-existé !"
J'ai appris que le nom "Yahoo" ce serveur sur internet voulait dire en arabe "Dernier degré de l'esclavage."

S'insurge contre les touristes qui passent leur temps à photographier les endroits qu'ils devraient admirer oeil nu. Il a raison. Nous manquons peut-être un moment intense en photographiant.

Un passage sur les arbres :
"Les arbres nous enseignent une forme de pudeur et de savoir-vivre. Ils poussent vers la lumière en prenant soin de s'éviter, de ne pas se toucher, et leurs frondaisons se découpent dans le ciel sans jamais pénétrer dans la frondaison voisine. Les arbres, en somme, sont très bien élevés, ils tiennent leurs distances..."

Cite des écrivains complètement inconnus pour la majorité d'entre nous, j'ai appris.
Une belle page consacrée aux bouquinistes de Paris.
Ecrit beaucoup sur l'Islam, souvent avec un ton rageur.
Pleure sur le sort des Yazidis avec raison.

J'ai regretté son adhésion à certains actes de Poutine, il ne le critique jamais.

Une lueur d'espoir, il reste encore des endroits à découvrir sur notre planète, il y a encore des sommets et des gouffres inconnus.

J'ai beaucoup aimé ce livre, je me répète, lisez d''autres livres de Sylvain Tesson avant d'arriver à celui-ci. Vous comprendrez mieux ce journal.

J'ai passe quelques heures pendant deux jours au Salon du Livre à Vannes, j'étais heureuse de rencontrer les écrivains, Marie Sizun, Grégoire Delacourt, Daniel Pennac, J.C Rufin, Didier Decoin, Iréne Frain, J.L Debré (politique et écriture)
Bernard Werber. Michel Bussi et bien d'autres...

Bye MClaire.








vendredi 2 juin 2017




J'ai connu F.A Niquille au scrabble, à l'occasion des festivals, il m'a fait connaître cette auteure en me prêtant son dernier livre "Mort sur la Jogne", une écrivaine suisse.
Je jouais beaucoup au scrabble pendant cette semaine, le temps pour lire était compté et pourtant dès que j'avais quelques minutes je lisais, j'ai fini le bouquin en voiture, preuve que je voulais absolument connaître la fin.

Je vais être sincère, j'ai aimé le tout début du roman et d'un seul coup beaucoup moins, l'histoire s'étirait sans vraiment me captiver, jusqu'à la page 40 exactement. Je n'aime pas laisser un livre, j'ai persisté et j'ai eu raison, Je n'apprécie pas les romans policiers, j'en lis très peu "Mort sur la Jogne." est un policier historique, il y a du suspense mais pas que ça.
Je ne sais pour quelle raison l'écriture de Madame de Sévigné s'imposait à moi, l'histoire d'un jeune homme insouciant, sa grand-mère, un château, le récit fluide, une écriture simple mais très agréable. Peu à peu nous rentrons dans un autre univers, celui de Vidocq, des hommes à la mine patibulaire, des auberges, des rues inquiétantes, des crimes, un coupable que nous ne soupçonnions pas.

L'histoire se déroule au XVIIIè siècle :

L'auteure nous fait voyager de Paris au Val de Charmey en Suisse.
Le corps de Jacques Aragnin a été découvert sans vie, sans doute noyé dans le Jogne. A l'annonce de sa mort, sa femme qui est enceinte, met au monde un enfant mort-né et meurt à son tour après cet accouchement douloureux. La famille était appréciée par tous les habitants de la région, et comme si cela ne suffisait pas la maison des Aragnin brûle, cet endroit devient maudit, la mort de Jacques semble suspecte.

Beaucoup plus loin, à Paris, la grand-mère de Célestin; Thomasine de Wépion, décide d'expédier son petit-fils loin de Paris, dans cette vallée suisse qu'il ne connaît pas, sous prétexte qu'il risque le pire en ayant séduit la femme de Monsieur de Pignole, Isabelle. Elle l'envoie vivre chez l'abbé Currat qui rédige un ouvrage sur la faune de la région, Célestin est un très bon dessinateur, il l'aidera. 
Thomasine élève Célestin depuis qu'il est bébé, sa mère est morte, elle lui porte une immense affection.
Célestin obéit à contre-coeur, il part, pensant à l'ennui qui le guette..Joseph le fidèle domestique l'accompagnera.
L'ennui ne sera pas au rendez-vous, bien au contraire....

J'ai aimé découvrir le Val de Charmey, les coutumes, le vocabulaire de cette région, les armaillis, Antoinette Bourquenoud nous tient en haleine tout au long de l'histoire en nous faisant parcourir les alentours de Féguières, je me suis fait avoir, moi qui n'aime pas les romans policiers. J'ai aimé la jeune Luce, la filleule de l'abbé, spontanée elle ne pouvait que séduire Célestin, mais nous ne le saurons pas, l'histoire aura sans doute une suite.
"Tant que le blé n'est pas moissonné, il ne sert à rien de compter les sacs de farine. Bien des choses peuvent survenir durant l'été."

J'ai aussi aimé les très jolis dessins de Corentin qui illustrent le livre tout au long de notre lecture.

Ce livre est en vente sur internet, vous pouvez le commander. 

Bye MClaire.