vendredi 28 septembre 2018

"La mélancolie du kangourou" Laure Manel




Passer du puissant livre de Zafon à ce roman est extrêmement dépaysant. Je ne connaissais pas cette auteure, Michelle ma copine lectrice l'avait mis dans la pile de livres prêtée et elle a eu raison, j'ai passé un excellent moment de lecture.

Un roman sur la résilience.
Antoine, 35 ans, marié à Raphaëlle vit de très beaux moments, ils s'aiment, ils ne manquent de rien, l'envie d'un enfant est de plus en plus présente, la boîte de pilules est jetée à la poubelle et très vite elle est enceinte.
Ils vont être parents pour la première fois, le moment tant attendu est là, le bébé est dans la bonne position, son coeur bat normalement, tout se présente bien, sauf que le pire peut arriver, la petite fille pointe son nez mais Raphaëlle suffoque, convulse et meurt.
Antoine est anéanti, comment aimer cette enfant qui lui a pris sa femme, la petite fille s'appelle Lou, un prénom choisi par Raphaëlle. Antoine est anesthésié, il lui faudra du temps pour la prendre dans ses bras, s'en occuper, beaucoup de temps, Rose la baby-sitter embauchée est jeune, 20 ans, mais elle saura faire aimer Lou à Antoine, elle est pleine de vie, aime la danse, avec elle la vie revient dans cette maison où les portraits de Raphaëlle sont très présents. Les vêtements, le manteau dans l'entrée, la brosse à dents dans le verre, tout est là, personne n'ose y toucher et Antoine ne veut pas.

Vous lirez cette histoire, sans pathos. Evidemment, nous devinons la fin.

J'ai aimé le personnage de Rose, elle est pétillante, j'ai aimé sa délicatesse, ne rien brusquer. 
Antoine est quelquefois irritant, comment peut-on être indifférent devant un bébé, son bébé, il lui faudra du temps pour la prendre dans ses bras, un enfant ressent tout, même s'il ne peut pas s'exprimer.
Nous partagerons quatre année avec eux, avec des absences, des retours, des déprimes, des moments de joie, et la vie qui revient, se donner le droit de vivre sans oublier l'autre qui n'est plus là. La tendresse sans la colère.

Un roman tout en émotion. Un livre sur le deuil. L'auteure arrive à véhiculer des beaux sentiments, elle raconte une histoire crédible.

Bye MClaire.




jeudi 20 septembre 2018

"Carlos Ruiz Zafon - Le labyrinthe des esprits"





J'ai retrouvé "L'ombre du vent" édité en poche, il est sur une étagère au milieu d'autres bouquins, c'est lui qui m'a fait aimer Zafon, c'est le premier livre de la série, très réussi, celui qui donne envie de lire ceux qui suivront.
Je viens de terminer "Le labyrinthe des esprits" le dernier de la saga. 840 pages, un livre qui pèse..
Carlos Ruiz Zafon est un écrivain qui vend, il vit ou a vécu en Californie, loin de l'Espagne, loin de Barcelone, une ville toujours présente dans ses romans, Barcelone magnifique et inquiétante.

Comment faire un résumé de son livre? Impossible, il faut le lire, se faufiler dans son labyrinthe, les personnages sont nombreux, les bons et les méchants. Je pense souvent à Alexandre Dumas que j'ai aimé dans ma jeunesse ou à Eugène Sue "Les mystères de Paris", Carlos Zafon écrivain leur ressemble.
Il nous immerge dans l'Espagne franquiste, nous fait parcourir les rues sombres de Barcelone, nous raconte des faits véridiques, les enfants vendus à des riches familles, des couples qui ne pouvaient pas avoir d'enfants, les parents étaient supprimés, assassinés. Les hommes au pouvoir qui intriguaient, la répression.
Il nous raconte l'histoire d'Alicia, personnage sorti de son imagination, petite fille meurtrie dans sa chair, Barcelone a été bombardée, elle deviendra "l'associée" de Léandro, un policier qui n'hésitera jamais à sortir son arme pour punir. La belle Alicia, jeune fille élégante qui cache une âme sombre.
Nous retrouverons la famille Sempere, libraire, et surtout Fermin, j'adore ce personnage truculent, cultivé, chaque passage où il apparaît est magique.

Daniel, Julian, Fernandito, nous les aimons.

Les lignes consacrées aux livres sont admirables :
"Une histoire n'a ni début ni fin, seulement des portes d'entrée.
Une histoire est un labyrinthe sans fin de mots, d'images et de pensées réunis pour nous révéler la vérité invisible sur nous-mêmes. En définitive, une histoire est une conversation entre une personne qui raconte et une personne qui écoute. Or un narrateur ne peut conter que dans la mesure de ses capacités, et un lecteur ne lit que ce qui est déjà écrit dans son âme.
Telle est la règle d'or sur laquelle repose tout artifice d'encre et de papier, parce que lorsque les lumières s'éteignent, que la musique cesse, que le parterre se vide, seul compte le mirage demeurant gravé dans le théâtre de l'imagination interne de tout lecteur. Et également l'espoir de tout faiseur de contes: que le lecteur ait ouvert son coeur à l'une de ses créatures de papier et lui ait confié quelque chose de lui-même pour le rendre immortel, ne fût-ce que pendant quelques minutes..."

Vous n'êtes pas obligés de lire toute la saga, le roman est très compréhensible, mais je vous conseille de lire "L'ombre du vent" magnifique. Très bizarre, j'en parle, je l'avais rangé et il vient de tomber sur le parquet, je l'avais sans doute mal rangé ou les livres nous entendent, ils ne veulent pas être rangés au "Cimetière des livres oubliés" c'est possible...

Bye MClaire.

samedi 8 septembre 2018

"Un million de minutes" Wolf Kuper.










« Ah, papa, j'aimerais avoir un million de minutes avec toi. Rien que pour les jolies choses, tu vois ? »

Histoire vraie.

J'ai fini de lire ce bouquin il y a trois jours, je n'arrivais pas à me décider à écrire ma gazette, j'avais sans doute encore envie de le garder pour moi, le partager plus tard. Nul ne peut expliquer nos sentiments lorsque nous lisons. Ce livre est touchant, il me correspond, j'ai tellement eu envie de parcourir le monde avec mari et enfants et des sacs à dos, sans jamais oser franchir le pas de la porte, il faut beaucoup de courage pour partir et tout laisser, il faut aussi de l'argent, le quotidien nous rattrape toujours. Rien n'interdit de rêver.
J'ai aussi beaucoup pensé à Louis mon petit-fils qui est parti, il est en Australie, après avoir parcouru la Nouvelle-Zélande, il a le projet de partir en Asie en passant par la Nouvelle-Calédonie, le voyage inverse du livre. La famille Küper a commencé par la Thaïlande et a terminé son périple en Nouvelle-Zélande.

Rien ne prédisposait l'auteur à accomplir ce voyage, il détient un doctorat en politiques internationales de l'environnement, il parcourait le monde pour son travail, un emploi du temps chargé, il travaillait beaucoup, un bel avenir. Deux enfants, Nina et Simon qui venait de naître. Nina est une petite fille différente, elle est très lente, elle déborde de vie mais il lui faut prendre son temps. Son père n'a pas tout son temps, il lui faut s'adapter à ce rythme, jusqu'au jour où l'enfant prononcera la phrase "Ah, papa j'aimerais avoir un million de minutes avec toi. Rien que pour les jolies choses, tu vois?"
Le déclic, sa femme Vera voudrait aussi que Wolf s'intéresse davantage à ses enfants, ils décident de tout vendre, font des calculs pour ne prendre que le nécessaire, les kilos de bagages sont comptés et ils partent. Ce voyage sera t-il bénéfique à Nina? Les médecins parlent de "spécificités comportementales et cognitives".

Je vous laisse découvrir le voyage.

J'ai aimé l'évolution de l'auteur, au départ je pensais que nous allions uniquement suivre l'évolution de Nina, les histoires sont parallèles.
Faut-il travailler autant, gagner beaucoup d'argent, consommer autant, pour être heureux? 
Le passage du livre que j'ai beaucoup aimé est le séjour en Australie-Occidentale, Walpole, Peaceful Bay, Denmark et Albany, le pays du Grand Océan austral, là où l'Océan "se fracasse avec une indomptable sauvagerie contre les falaises rocheuses à pic, en un tonitruant feu d'artifice d'air et d'eau." Le pays des vrais mecs "Wolfi, a man has to do what a man has to do - Un homme doit faire ce qu'il a à faire."
L'amour de leur terre.
"On dirait aussi que cette terre est un lien entre les habitants du village. Comme si vous aviez une sorte de... réseau de racines qui vous reliait. C'est possible?" La solidarité, ils échangent, troquent, se dépannent, on peut aussi glisser un peu d'argent sous un fil tendu autour d'un arbre.

Chacun vit à son rythme, peut explorer son moi intime, se remettre en question.

Faut-il être toujours le vainqueur dans une compétition? La course des escargots est pleine de philosophie.

Les paysages de la Nouvelle-Zélande sont magnifiquement décrits, les petites mésaventures deviennent amusantes sous la plume de l'auteur. 

Le voyage durera deux ans, Nina aura eu son million de minutes.

J'aimerais connaître la suite, que sont-ils devenus? 

J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre, il n'est pas encore vendu en livre de poche, il vient juste de paraître. Merci à ma copine scrabbleuse Michelle pour ce prêt, une belle découverte. 

J'ai commencé le dernier roman de Zafon "Le labyrinthe des esprits", un gros bouquin à lire qui devrait me prendre quelques jours, j'aime bien les premières pages.

Bye MClaire.