mercredi 28 novembre 2018

"Les délices de Tokyo" Durian Sukegawa



Vous avez peut être vu le film tiré de ce roman. Je ne connaissais pas le livre et je n'ai pas vu le film.
Un petit livre lu assez vite, c'était délicieux, une histoire de pâtisserie, de haricots rouges qui vont créer des liens entre celui qui tient la boutique de dorayaki et une vieille femme qui un jour se présente à lui pour lui apprendre la cuisson des haricots rouges. Une vieille dame qui a des doigts déformés, pleine de mystère, elle parle aux haricots "écoute la voix des haricots azuki."

Sentarô, le gérant de la boutique, a eu une vie un peu compliquée, il a connu la prison, en sortant il y a eu la chance d'avoir une proposition, tenir la boutique d'un homme en fin de vie. Sentarô vendra et fabriquera les dorayaki, pâtisseries japonaises, un genre de pancake farci avec une pâte sucrée de haricots rouges
Une vieille dame, Tokue Yoshii, l'observe depuis la rue, elle ne bouge pas jusqu'au moment où elle se présente à lui, elle a lu la petite affichette collée à la vitre, Sentarô recherche un employé et elle a toujours rêvé de confectionner sa pâte de haricots pour régaler les clients d'une boutique.
Sentarô cède, il veut bien l'embaucher mais elle devra rester dans l'arrière boutique, il ne veut pas que la clientèle voit ses doigts déformés. 
Ce sera le succès, les clients feront la queue pour se faire servir, jusqu'au jour où le mystère de ses doigts déformés sera révélé à Sentarô, Tokue a eu la maladie de Hansen...

Ce roman est à déguster comme les petites pâtisseries japonaises. La cuisine est un acte d'amour, faire plaisir en se faisant plaisir. J'ai aimé cuisiner pour ma famille, j'étais heureuse en les regardant dévorer un plat, un gâteau, j'ai compris Tokue qui surveille avec tendresse sa pâte sur le feu, la cuisine est de la chimie.
Ce n'est pas que ça, c'est aussi la belle histoire d'une amitié entre deux êtres qui n'ont pas été épargnés. Un homme solitaire et une femme qui a dû quitter sa famille, son village où poussait une multitude de cerisiers si beaux au moment de la floraison. Elle avait 14 ans. 
Une très belle leçon de vie. Une histoire de transmission, de tolérance, les souffrances de la solitude. 

J'ai appris les conditions de vie au Japon des malades atteints par la lèpre. L'exclusion même lorsqu'ils sont guéris.
"Pouvoir franchir la haie de houx et se promener en ville. Pouvoir prendre le bus ou le train. Pouvoir voyager si l'envie m'en venait. C'était bien sûr une grande joie. Je n'oublierai jamais l'instant où j'ai pu sortir, au bout de cinquante années. Parce que tout brillait de mille feux. Mais, à force de marcher, j'ai compris quelque chose. Où que j'aille, je ne connaissais personne, je n'avais pas de famille non plus. Où que j'aille je n'étais qu'une anonyme égarée dans un pays inconnu.
Il était trop tard, voyez-vous. J'étais trop vieille quand la liberté m'a été donnée."

J'ai toujours eu envie de connaître le Japon, un pays qui me semble plein de délicatesse, de mystère, d'art de vivre, si loin de l'Occident. Je me trompe?

Ce livre est en poche, ne vous privez pas de sa lecture.

Bye MClaire.


mercredi 21 novembre 2018

Yasmina Khadra "Khalil"



















J'ai lu une dizaine de bouquins écrits par Y.Khadra, un seul et c'était le dernier lu "Dieu n'habite pas à la Havane" était à mon avis moins réussi, je n'avais pas aimé, il manquait de souffle. Si vous ne connaissez pas cet auteur, il faut commencer par "Les hirondelles de Kaboul" ou "L'attentat".

http://gazettemarieclaire.blogspot.com/2017/03/  "Dieu n'habite pas à la Havane"



J'ai aimé "Khalil" j'ai retrouvé l'écrivain qui me plaît, celui qui réussit à vous captiver au point de ne pas lâcher le livre, tous les mots sont justes, l'écriture est belle et pourtant simple. Ce roman est écrit à la première personne "Je" un livre d'imagination mais inspiré d'événements réels, alors nous y croyons, le parcours du terroriste est certainement celui des kamikazes qui ont ensanglanté Paris le 13 novembre 2015.

Khalil habite Bruxelles, le quartier de Molenbeek, désoeuvré il passe ses journées à errer dans ce quartier et finit par fréquenter avec assiduité la mosquée, écoute l'imam, c'est là que tout commence pour lui et pour Driss son ami depuis toujours.
Ses parents sont marocains, le père boit beaucoup, tient un petit commerce de légumes, la mère soumise rêve toujours de son Rif, elle est sans repères, met au monde des enfants dans un appartement vieillot, la mère se fait maltraiter, ce quartier est loin du vivre-ensemble des quartiers populaires. Khalil a une soeur jumelle Zahra, leur relation est fusionnelle.
" Mes mésententes avec mon père venaient principalement de là : je lui en voulais à mort de traiter ma mère comme une bête de somme. "
"Il ne s'agit pas de comment ça finit, mais de comment ça commence. Il suffit de bien peu de chose pour que l'on dégringole dans l'estime de soi. Et alors bonjour les dégâts. Tout part en vrille, ça paraît dérisoire, pourtant ça te fout l'existence entière en l'air. Il n'y a pas plus fragile qu'un apatride, Moka."

 Khalil ne peut que constater, il rêve d'autre chose, il sera la proie rêvée pour les prédicateurs, il sera celui qui partira vers Paris avec Driss son ami d'enfance, il devra se faire sauter à la sortie d'une bouche de métro le jour d'un match, sauf que tout ne se passera pas comme prévu, sa ceinture d'explosifs restera inactive...Khalil n'atteindra pas le Paradis promis par l'imam, il lui restera à vivre la suite de cet acte manqué..

Je ne doute pas que vous aurez aussi envie de lire la suite de ce roman. Ce livre est écrit avec beaucoup de tolérance, sans les clichés habituels, les bons et les méchants.
L'auteur est impartial, jamais moralisateur, il va directement à l'essentiel. Combien de "Khalil" dans le monde sont prêts à se sacrifier pour une cause qui les dépasse? Certains jeunes sont fragiles.
J'ai aimé l'amitié qui lie trois garçons si différents, Khalil, Driss qui sont unis par le désamour des mères, des parents qui ne se sont jamais occupés de leurs enfants, des enfants qui perdent leur identité, qui ont la sensation de ne pas exister et Rayan qui au contraire a une mère aimante qui fera tout pour que son fils réussisse ses études, Rayan qui restera celui qui compte pour Khalil dans des moments difficiles. Belle histoire d'amitié. 

Une chose à ne pas oublier, Yasmina Khadra a été militaire en Algérie avant d'entamer une carrière d'écrivain, militaire pendant une dizaine d'années, période noire de l'Algérie, il a dû combattre les islamistes, il sait de quoi il s'agit, ce qui nous fait admirer un peu plus son impartialité.

Lisez Y.Khadra.  Bye MClaire. 












mercredi 14 novembre 2018

"Une vie de garçon" Olivier Papleux














J'ai déjà eu l'occasion d'écrire ce que je pensais d'un bouquin d'Olivier Papleux "La trappe aux oiseaux"

http://gazettemarieclaire.blogspot.com/2016/02/olivier-papleux-la-trappe-aux-oiseaux.html

Son éditeur Poussière de Lune vient de publier son dernier roman "Une vie de garçon". Je l'ai lu, j'ai aimé l'histoire amoureuse de Xavier, sans doute parce qu'il n'est qu'un personnage de roman, mais je me trompe peut être, il doit exister des Xavier partout dans le monde, en Belgique aussi, oui, non?

J'ai souri ou ri dès les premières pages, très bon signe. Ce petit garçon qui naît le jour où Mont-de-Marsan gagne son seul titre de champion de toute l'histoire du rugby, ce petit garçon n'était pas attendu, cela devait être une fille, pour Ysabel tout était prêt, chaussons, bonnet, robe, évidemment de couleur rose.
Le pendule de la mamie s'était trompé.

Pas de prénom choisi, il avait fallu se mettre d'accord :
"Boudu, Laurette, tu me les rasques! Puisqu'on est pas d'accord, on n'a qu'à le déclarer sous X, ce cochou." XY.
Oui, la testostérone avait bien agi sur son Y, le zigouigoui était en forme.
D'où le prénom Xavier, Xavier Pépillou.
La naissance de Xavier avait été fêtée
"J'offris un regard à la vie, si beau et craquant dans ma petite robe brodée de rose" Tout semblait parfait..

Les origines de la famille : Toulouse où vivait le père, Condom ville d'origine de la mère "ce qui ne l'avait pas empêché de tomber enceinte très vite."
Les parents de Xavier emménagèrent à Couyrasse.
Le papa était un pur gascon, il ponctuait toutes les fins de ses phrases de "con", ce "con" est amical dans le midi.

Xavier grandit, très tôt il sera fasciné par les femmes, sa maman, la Vénus de Lespugue qui obligera ses parents à consulter un psy, des passages dépressifs, des convulsions surgissaient s'il ne voyait pas la statuette.
Xavier ne marchait plus, il avait deux ans, il prolongeait le contact physique avec sa mère, se glissait sous la table pour zieuter les jambes de l'invitée, une copie de la Vénus lui rendra le sourire.
Vous avez compris, Xavier était l'enfant qui allait devenir l'homme amoureux des femmes, il avait découvert que "son petit bâton de sorcier" réagissait, il ne lui restait plus qu'à découvrir celle qui le rendrait heureux. La quête n'avait pas été facile, elles seront nombreuses celles qui traverseront sa vie, jupon, sourire, joli minois, prénoms, notes de musique, le mettront en émoi, exalté, il cédera à toutes ou elles lui céderont facilement.
Il sait être très romantique, peut écrire des jolis poèmes, ne pas conclure, les élans sentimentaux lui suffisent quelquefois. "Après quelques séances (de yoga) le découvris la capacité de la pensée à (é)mouvoir à distance mon petit boudha.." 

"Lorsque je contemplai la femme du boulanger, je manquai d'air. Haletant, je l'interpellai, comme affamé. Je lâchai, telle une inspiration :
"Auriez-vous, bien au chaud, deux jolis petits pains au lait?"

Il se mariera très vite avec Fatiha, algérienne, hôtesse de l'air, ils auront des jumeaux qu'il faudra faire garder par une babysitter, quelle erreur, ce sera la fin de leur mariage. 

Il était dans la force de l'âge, il redeviendra "un obsédé romantique" pour lui la femme sera toujours sacrée.
Il avait connu Béatrix en Belgique à l'âge de huit ans, le hasard fera qu'il la reverra plus tard.. Elle aimera "son beau Gascochon" il l'aimera jusqu'à la fin.

J'ai aimé Xavier, il est fragile, touchant, il fait partie de ces hommes qui se font tout pardonner.
"Heureusement, en ce début de troisième millénaire, il n'était plus obligatoire de paraître macho. Au contraire, l'époque était au raffinement. Les mannequins avaient une démarche de garçonnes, les hommes au foyer ne faisaient plus sourire et même les footballeurs se féminisaient en faisant du banc solaire, en se rasant les jambes ou en se teignant les cheveux. J'avais lu que les humains mâles devenaient plus paons qu'hyènes, car les femmes n'avaient plus peur d'être célibataires. Dès lors, les hommes devraient beaucoup plus séduire que protéger."
Compris?

J'ai demandé à Olivier s'il avait vécu dans le Sud-Ouest, oui il y a passé 52 étés, dans le même camping que Xavier? La description de la région, des gascons est parfaite "le pays des conteurs de carabistouilles"
J'ai aimé l'histoire. Xavier n'est jamais irrespectueux "le culte de la Déesse-mère...cette part de la Déesse-mère lascive et bienveillante qu'il recèle en lui."
J'ai très souvent souri.

A mon avis, une chose est dérangeante dans ce roman, l'abondance des références littéraires et les paroles des chansons, l'histoire est vraiment agréable à lire, bien écrite, assez littéraire, elle pouvait très bien se passer de ces références qui encombrent le livre.

Je souhaite à ce roman d'être aimé par un maximum de lecteurs, l'auteur est belge, la maison d'édition aussi, mais il est possible de se le procurer en France. Olivier a une page Facebook, la maison d'édition aussi.

Bye MClaire.













mardi 6 novembre 2018

Guillaume Musso "La jeune fille et la nuit"




J'ai lu un livre de G.Musso, il y a très longtemps, j'ai lu deux livres de M.Levy, il y a aussi très longtemps, j'ai lu quelques livres de M.Bussi, il n'y a pas longtemps, je ne le lis plus.
Il se passera certainement des années avant d'en lire un autre, ma mémoire sera peut-être défaillante? Ce n'est pas du snobisme, pas du tout, je comprends très bien que d'autres lecteurs apprécient, G.Musso est l'écrivain le plus lu dans l'hexagone. Je n'aime pas.

Je ne l'avais pas acheté, c'est un prêt. Je l'ai commencé, j'ai persisté et finalement je l'ai refermé, mis de côté. Je n'aime pas laisser un livre en plan, je l'ai souvent dit, j'attends toujours le moment où il va me plaire. Je le regardais et je l'ai repris, je compare mon attitude à une histoire d'amour, si vous trouvez que l'autre a vraiment trop de défauts, vous pouvez le laisser et finalement renouer, mais les défauts seront toujours présents, un livre qui démarre mal et qui sera abandonné sera toujours une histoire d'amour ratée.

L'histoire :

Thomas est écrivain, il vit aux Etats-Unis, ses parents habitent toujours la Côte d'Azur.
Une réunion d'anciens élèves sur le campus le ramène en France. Ils étaient trois amis, Maxime, Fanny et Thomas, il y avait aussi Vinca, une jeune fille qu'ils ne reverront jamais, personne n'a jamais réussi à élucider la disparition de Vinca, ni celle d'Alexis qui a aussi disparu, Alexis prof de philo aurait eu une liaison avec Vinca..
Un lourd secret lie Maxime et Thomas, Fanny a aussi le sien.
Les parents de Thomas étaient proviseurs du lycée, Thomas vivait sur le campus. Ils étaient là lorsque le gymnase a été construit 25 ans plus tôt par Francis Biancardini, important entrepreneur de la région,  les murs de ce gymnase renferment deux cadavres et ce gymnase doit être détruit.

A vous de décider si ce livre vous passionnera en lisant la suite de l'histoire.

La Côte d'Azur est bien décrite, c'est là que Guillaume Musso a grandi.
A mon avis le livre part un peu dans tous les sens, l'intrigue est bien là, les rebondissements aussi mais je ne suis pas arrivée à le trouver passionnant. L'écriture est banale, trop de références à des auteurs célèbres, des citations.

J'ai bien aimé la citation d'Anthony Burgess :
"Il y a des moments où il y a ni beauté ni bonté dans la vérité"

Bye MClaire.