mercredi 26 juin 2019

"La tresse de Jeanne" Nathalie de Broc.




Salon du livre à Vannes, je bavardais avec Marie Sizun et mon oeil a été attiré par des livres posés à côté des siens, ceux de Nathalie de Broc, femme lumineuse, souriante, chaleureuse, comment résister, je lui ai acheté le livre qu'elle proposait "La tresse de Jeanne" en poche.
Une très belle découverte. Nathalie De Broc habite Quimper, elle est journaliste indépendante pour F.3 ou a été..

Autant l'écrire tout de suite, j'ai fini ce livre en larmes, Jeanne est très attachante je n'avais pas envie qu'elle souffre.

L'histoire ;

1905 dans la région de Roscoff, Louis Querrien gagne sa vie en s'embarquant comme johnny sur un bateau chargé d'oignons, les Anglais aiment ces oignons rosés. Les johnnies sont chargés de vendre sous les ordres du master, ils doivent parcourir des quartiers de Brighton en été, la campagne en hiver, les oignons sur un "vaz" bâton du johnny, le poids pouvait atteindre cinquante kilos, les épaules cisaillées.
A terre Louis n'est pas un homme heureux en ménage, seule Jeanne sa petite fille lui manifeste de l'affection, petite fille intelligente qui sait se faire aimer de tous, enfin pas tout à fait, sa mère résiste, froide, acariâtre, Ida en aimait un autre.
Job le meilleur ami de Louis est là, c'est lui qui s'occupe de Jeanne lorsque Louis est parti.
Le bateau qui devait ramener les johnnies a sombré, Louis ne sera jamais retrouvé, Jeanne ne veut pas y croire, elle reste persuadé que son père est toujours vivant et mettra tout en oeuvre pour le retrouver....

Vous lirez la suite..

J'ai aimé :

J'ai aimé découvrir cet endroit de la Bretagne à cette époque, ce métier qui n'existe plus ou qui est sans doute pratiqué d'une manière moins dure pour les hommes, j'ai lu qu'une cinquantaine de johnnies parcouraient encore la campagne anglaise.
Dans la tresse d'oignons l'oignon de base s'appelle capitaine ceux qui suivent, sont nommés les mousses.
Le travail des enfants qui s'embarquaient pour gagner un peu d'argent, aider leur famille, la vie était difficile dans le pays du Léon, ce monde pittoresque qui disparaît ou plutôt qui a disparu.
L'amour inconditionnel d'une fille pour son père, cette quête pour le retrouver qui engendre des souffrances. J'ai pleuré en lisant "Rien d'important".

Un passage :
"Comment a-t-il pu?
"Je ne suis pas certain qu'il le sache lui-même, répondit-il. Comment peut-on faire souffrir ceux qu'on aime? On le fait et c'est tout. Aucune explication à cela. Même si tu en avais, elles ne t'apaiseraient pas car elles ne seraient pas ce que tu attends...
"On peut aimer et faire souffrir?"
"La vie t'apprendra que le c'est le b.a.b.a de l'amour..On aime, on fait souffrir, on souffre soi-même. C'est lié, on ne sait pas pourquoi, mais c'est lié.
"Alors à quoi ça sert d'aimer?"
"A rien, ça ne sert à rien. C'est juste l'essentiel de la vie, comme respirer. Ce n'est pas fait pour servir à quelque chose. On aime...""


J'achète des oignons de Roscoff, les meilleurs, je les achetais naturellement, ils auront une autre saveur..

Evidemment j'ai partagé cette lecture, les bretons devraient aimer, tous les lecteurs aimeront ce beau travail d'écriture.

Le petit message de Nathalie de Broc à mon message :

"Oh quel cadeau vous me faites merci Marie Claire.. Je me souviens très bien de vous😉😉bonnes lectures après celle-ci et bel été. La trilogie de la rivière devrait vous plaire 😉😉

C'est noté, prochain achat "La trilogie de la rivière".

Je lis entre deux livres "La rose et le balai" livre offert par Barbara, à déguster et à relire.

Bye MClaire.




mardi 18 juin 2019

"L'Archipel du Chien." Philippe Claudel.





Premier livre lu "Le Café de l'Excelsior". J'avais aimé :
« Va donc petit, je te pardonne, mange la vie car c’est du sucre à ton âge"  L'enfant a huit ans.
Je n'ai pas lu tous les livres de cet auteur mais au moins cinq et si j'ai un conseil à vous donner lisez "Le Rapport de Brodeck." Un livre magnifique, celui qui vous marque et que vous n'oublierez jamais. L'auteur parlait déjà de la destruction de l'homme par l'homme, il écrivait aussi sur la peur de l'étranger, de l'intolérance, sujet qu'il aborde dans "L'Archipel du Chien" L'instituteur n'est pas né sur l'île..

L'histoire :

Une île située quelque part dans une mer qui pourrait être la Méditerranée. Un volcan le Brau qui laisse couler de la lave, sur l'île tout est noir, les rues, les maisons et nous le saurons assez vite l'âme de certains habitants, mais aussi la peau de ces trois cadavres qui viennent s'échouer sur une plage, découverts par la Vieille et son chien, la Vieille est l'ancienne institutrice remplacée par un homme qui vient d'ailleurs, il fait du jogging, se trouve là lorsque les cadavres sont tirés sur les galets, il y a aussi le maire, le curé et le docteur. Que faire de ces cadavres encombrants alors que l'île devrait recevoir des thermes, une aubaine pour les habitants. Le maire ordonne que tout le monde se taise, le cratère du volcan sera leur sépulture .. L'instituteur sera celui qu'il faudra abattre, il n'est pas d'accord. C'est un gêneur et ils le feront de la pire façon.

Vous lirez la suite...

La principale qualité de ce roman est qu'il nous fait prendre conscience de la noirceur de l'humanité, nous le savions que certains hommes sont prêts à tout pour réussir, prendre le pouvoir, faire mettre à genoux ceux qui résistent mais là tout est plus subtil, qui est le coupable, celui qui commande ou celui qui obéit? Le curé croit-il encore en Dieu ou beaucoup plus à ses abeilles? 
Sommes nous toujours à la hauteur lorsque la vie nous confronte à un événement terrible? Sommes-nous des lâches? Combien de migrants disparaissent chaque jour dans la Méditerranée sans que nous réagissions?
La honte encore la honte, un thème universel..

J'ai relevé ce passage :
"Donnez du feu, du fer et un marteau à un homme, il va en deux temps trois mouvements forger une chaîne pour attacher un autre homme qui lui ressemble comme un frère et le tenir en laisse, ou une pointe de lance pour le tuer, plutôt que fabriquer une roue ou un instrument de musique. La roue et la trompette, ça arrive bien plus tard, beaucoup plus tard après la chaîne et la pointe de lance, entre-temps on s'est déjà beaucoup massacré. Et si la roue a été inventée, c'est uniquement pour porter plus loin de massacre, comme la marine à voile, pour que tout le monde en profite, et la trompette n'a servi qu'à couvrir les hurlements de ceux qu'on assassinait et à célébrer des boucheries. Point final. Et puis maintenant, nous avons les satellites."

C'est un roman noir, puissant, une description du monde auquel nous appartenons et qui peut nous faire honte, un roman que nous n'oublierons pas aussitôt lu. Il est publié en poche.

Bye MClaire.





mercredi 12 juin 2019

"Radeau" Antoine Choplin




Premier livre lu écrit par cet auteur. 
L'art de dire l'essentiel en peu de mots. Un style minimaliste, j'ai aimé. Je ne peux pas faire de comparaisons avec ses autres bouquins, mais je le lirai encore si l'occasion se présente.
J'ai acheté ce petit bouquin à Vichy, chez un libraire qui résiste à Amazon...

1940 - La débâcle, Louis est chargé de transporter à l'abri des tableaux d'une grande valeur, parmi eux "Le radeau de la méduse." de Géricault. Il roule vers une destination située dans le Sud, c'est le soir. La cargaison est calée, les trésors seront bientôt à l'abri, mais il lui faudra deux jours pour accomplir sa mission. Le moteur ronronne, l'air sent l'été et une silhouette dans ses phares, la femme marche les pieds nus, ses chaussures à la main, toujours la même position. Louis hésite, les ordres sont de ne prendre personne dans la cabine, la femme marche, il ouvrira la portière, lui posera la question "Est-ce que tout va bien.." 
Elle montera dans la cabine, des mots rares, elle mangera, dormira un peu, elle s'appelle Sarah...Sarah caressera son ventre doucement, Louis comprendra qu'elle n'est pas seule..

Nous retrouverons Louis et Sarah en 1943, en février 1944 -

Si vous aimez l'art ce livre devrait vous combler, Louis adore la peinture, il raconte très bien ce que nous cherchons à comprendre lorsque nous regardons un tableau. Deux pages sur l'histoire du Radeau.
Une très belle scène sur la sortie des tableaux, leur faire prendre l'air étalés sur l'herbe pour qu'ils ne s'abîment pas.

"Louis dit que oui, les musées, évidemment. C'est une drôle de chose les musées. En fait une sorte de trahison. Quand on pense à toutes ces oeuvres façonnées dans la solitude, souvent créées dans le dénuement, sans souci les unes des autres, et qu'on retrouve là, les unes à côté des autres, accrochées dans ces salons d'apparat à haut plafond, au parquet bien lustré. Les musées, ce devrait être les ateliers d'artistes, avec leur vraie lumière, avec les chiffons salis et les odeurs de vernis. Alors là."
A mon avis les musées auraient plus de visiteurs si les tableaux étaient exposés de cette façon, entrer dans un musée est impressionnant, certaines personnes n'osent pas.

Des personnages secondaires savoureux, Michel-Ange, le Taiseux. La solidarité pendant ses heures sombres.

J'ai aimé lire cet écrivain, si vous ne le connaissez pas il vous reste à le découvrir.

Bye MClaire.


mardi 4 juin 2019

"Un jardin en Australie" Sylvie Tanette.



Deuxième roman de cette auteure, je ne la connaissais pas, Sylvie Tanette a été critique littéraire à la Radio suisse romande et aux Inrocks. Je vais à mon tour donner mon avis sur son bouquin.
J'ai aimé cette histoire qui se déroule en bordure du désert, au centre du pays, un désert de sable rouge et les Hills au loin. Salinasburg fut une cité minière. Un quartier Hamilton Creek jadis habité par les aborigènes "Le lieu d'où les morts ne partent pas."

Ann la première habitante de la maison erre toujours dans la maison et le jardin, elle est morte mais elle n'est jamais partie, elle aime observer Valérie, cette française qui habitait Marseille s'est mariée avec un australien, un médecin nommé à Salinasburg, tombée amoureuse de cette petite maison abandonnée et du jardin qu'Ann avait pris tant de soin à cultiver, un pari, faire pousser des légumes et des plantes malgré le climat, la chaleur et la terre rouge.

Deux histoires qui ne s'entremêlent pas, leurs vies sont parallèles, la vie de Valérie n'est pas celle d'Ann, seul le jardin sera le lien.
Il y aussi Elena, la petite fille de Valérie et de Frédéric, elle a trois ans et ne parle pas, elle observe.
Valérie se passionne pour son travail, elle aime l'art, organise des expositions, découvre une artiste typique du Territoire du Nord, Beetsy Najinpanga, une allure de bad boy, serveuse dans un bar planté au bord d'une route, bar, station essence, motel, elle doit gagner sa vie. Le dimanche, elle se promène dans le désert, ramasse cette terre rouge qu'elle mélange à de l'eau et sculpte des créatures bizarres, son imagination fait tout, elle laisse sécher et leur parle. Personne ne sait d'où elle vient, personne ne connaît son histoire, elle intrigue Valérie la française.

Ann pendant les absences des habitants de la maison parcourt son jardin et se souvient de ses moments avec le beau Justin Callaghan, son mari parti avant elle. 

Je ne vais pas en écrire plus, vous lirez...

J'ai tout aimé. Un roman de 174 pages qui peut être lu en quelques heures.
J'ai aimé ces deux femmes fortes qui ont décidé d'être les maîtresses de leur vie dans des familles où les traditions sont bien ancrées, où la femme doit servir, faire des enfants et se taire. J'ai surtout aimé Valérie, née dans une famille qui habite la banlieue nord de Marseille, des immigrants descendus d'un bateau au tournant du siècle, des italiens qui se retrouvent dans un pays où ils ne comprennent pas la langue. Valérie aussi est une immigrée. Peut-on arriver à s'enraciner ? Par expérience, je ne crois pas. Le jardin a des racines...Cet endroit magique sera un lieu de transmission.
J'ai aimé la description de cette région de l'Australie, loin des plages, du surf, une région qui avait été habitée par les aborigènes, chassés par les blancs.

Je vous souhaite une agréable lecture, ce livre devrait vous plaire.

Bye MClaire.