lundi 9 novembre 2020

Laurent Petitmangin "Ce qu'il faut de nuit."


Je ne connaissais pas l'auteur et je n'avais lu aucune critique de ce livre. Un hasard, j'étais certaine qu'il me plairait en regardant la couverture, des enfants.

J'ai eu raison. Un petit livre plein d'émotion, un livre qui vous prend aux tripes, la gorge qui se serre pour ne pas laisser les larmes s'échapper. 

L'histoire se passe en Lorraine, le chômage mine cette région.

La mère est partie, emportée par un cancer combattu pendant des années, des enfants qui passent leur dimanche à l'hosto en compagnie de leur papa. Un père qui se retrouve seul pour les élever le mieux possible. Les trois font bloc pour s'en sortir, des moments de tendresse. Le papa est exemplaire. 

Frédéric l'aîné, surnommé Fus adore le foot, il grandit, l'ado basculera dans ce qui semble inimaginable pour le père qui est de gauche. Gillou le petit frère peut faire des études, il ira les poursuivre à Paris accompagné par Jérémy un ancien copain de Fus, militant au Parti Socialiste.

Il y aura le face à face entre un père et son fils, des moments de silence, d'incompréhension, le père est certain d'avoir merdé quelque part, le fils se mettra en danger...Des liens qui se brisent.

Je n'ai pas du tout envie de dévoiler toute l'histoire de ce livre, ce serait dommage pour les futurs lecteurs. Vous devez lire ce roman, impossible de ne pas l'aimer, de ne pas être touché. Attention, l'auteur n'est jamais dans le pathos, les mots sont justes.

Ce livre est une pépite.

Bye MClaire.

 




 

vendredi 30 octobre 2020

Romain Puértolas "Sous le parapluie d'Adelaïde"


 


Un écrivain que j'adore, il m'a fait beaucoup rire, des livres dévorés. Il est sympathique et beau, ses yeux ne seront pas cachés par ce masque qu'il faut porter, cela aurait été dommage.

"La police des fleurs..." avait un peu rompu le charme, je n'avais pas trop aimé, l'écrivain avait changé de voie, un polar qui me surprenait. J'ai acheté "Sous le parapluie d'Adelaïde" par fidélité ! J'ai eu raison, un roman jubilatoire, un polar un peu désuet.

L'histoire se passe dans une petite ville M. le matin du 25 décembre, cinq cents personnes assistent au spectacle,  Rose Rivières est assassinée au milieu de la foule, étranglée par deux mains noires, un photographe était là, le parapluie d'Adelaïde était ouvert, le visage n'était pas visible.

A  partir de cette photo, l'avocate commis d'office de Michel va enquêter, Michel est noir et premier suspect, un seul noir habite dans cette ville, l'avocate va essayer de trouver qui est la personne cachée sous le parapluie, elle a dû tout voir. Michel lui plaît beaucoup, elle veut l'innocenter.

Qui est Rose, l'épouse de Christian Rivières? Que faisait Adelaïde, une Allemande qui s'occupait de Basile Boniteau ?

"Pour l'instant, Basile Boniteau n'insiste pas et demeure tranquille sur son chariot , la couverture posée sur les genoux. Il tremble un peu car il a froid. S'il en avait, il claquerait des dents. " Basile était-il le seul témoin?

 Adelaïde était repartie avec précipitation en Allemagne le lendemain de l'assassinat.

A l'époque de cet assassinat les juges, les avocats n'avaient pas en leur possession toute cette technologie qui existe aujourd'hui, pas d'ordi, pas de téléphone portable. L'avocate devait voyager pour réunir des preuves.

Le livre fourmille de fausses pistes.. Qui était Rose? Qui est Christian? Qui est Michel? J'oubliais, qui est Basile?

L'histoire vous tiendra en haleine, le style d'écriture de l'auteur vous fera quelquefois sourire, le livre devrait vous plaire.

Qui a tué Rose?

Bye MClaire.




mercredi 21 octobre 2020

"Les Demoiselles" Anne Gaëlle HUON



     - Paloma, c'est quoi le nombril ?

- Le souvenir de maman.
  
- À quoi servent les étoiles ?

- À nous montrer d'où l'on vient.




Un passage du livre, mais c'est pour plus tard.

Je ne pensais pas aimer autant ce livre qui me semblait être une lecture d'été, facile, amusant, touchant, c'est plus que ça.
L'histoire de Rosa commence en Espagne, de l'autre côté des Pyrénées, un village pauvre, Fago en 1923. Rosa et Alma sont orphelines, elles vivent chez leur "abuela", une grand-mère qui aime, cajole, console mais qui ne peut leur donner que ce qu'elle a, c'est à dire pas grand-chose. Rosa arrive à persuader sa soeur d'aller travailler dans une fabrique d'espadrilles à Mauléon dans le Pays Basque, six mois, le temps d'économiser pour revenir aider leur abuela.
Tout ne se passera pas comme prévu, la traversée des Pyrénées à pied sera mortelle pour Alma, Rosa se retrouvera seule et devra s'assumer dans un endroit qu'elle ne connaît pas. La traversée lui aura fait connaître Pascual le berger qui cherche aussi "fortune" et Carmen qui en est à son troisième voyage.
Mauléon est la capitale de l'espadrilles, la fabrique emploie des petites couseuses, Rosa sera embauchée, elle sera "une Hirondelle" elle fera la connaissance de la délurée Colette qui vit dans une jolie maison en compagnie des Demoiselles. Qui sont ces femmes qui boivent du champagne, l'argent n'a pas l'air d'être un souci pour elles, que font-elles à Mauléon?
Ce sont elles qui feront changer Rosa, elle comprendra qu'elle est la seule à pouvoir prendre son destin en main, il faut oser, se battre.

Vous lirez la suite...

J'ai aimé ce livre pour l'histoire de Rosa mais aussi parce qu'il nous apprend une période de Mauléon, la vie des fabriques d'espadrilles, le patrimoine du Pays Basque, les traditions.
La vie des Cocottes, ces femmes qui charmaient les hommes dans les cabarets parisiens, ces femmes libres qui vivaient dans l'opulence, elles enfantaient mais leur enfant était placé, elles pouvaient continuer à croquer les hommes et vivre dans un univers de plumes, de paillettes et du champagne. Véra partira, quittera Paris...

Nous avons passé huit jours à Mauléon, dans la Soule ou Xibeora en basque, il reste quelques ateliers qui fabriquent des espadrilles cousues à la main. Le magnifique Pays Basque est toujours là, l'auteure le décrit si bien, vous n'aurez qu'une envie, faire votre valise. Bye MClaire.


lundi 12 octobre 2020

Grégoire Delacourt "Un jour viendra couleur d'orange."

 «Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange / Un jour de palme un jour de feuillages au front / Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront / Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche (…)» Aragon.












Je lis Grégoire Delacourt depuis qu'il a publié "La liste de mes envies" j'avais été conquise par cet écrivain et je n'étais pas la seule. Le dernier bouquin lu "Mon père", magnifique.

Toute la misère du monde est le sujet de ce livre. J'ai lu la première moitié du bouquin sans m'ennuyer un seul instant et au fur et à mesure que j'avançais mon envie de lire se faisait moins pressante, je posais le roman, je le reprenais. Trop de misère, trop de gens malheureux. Je n'arrivais pas à m'attacher aux personnages, il y a tout dans ce livre, les gilets jaunes, l'islamisme, l'autisme, la pauvreté, l'alcool, la souffrance de la maladie. La période que nous vivons nous angoisse terriblement, je pense que j'avais surtout besoin d'un sujet plus léger.

Le roman est très bien écrit, l'histoire de Pierre, vigile chez Auchan, révolté contre ce monde, ressemble à celle des milliers d'hommes et de femmes qui n'arrivent pas à boucler leur fin de mois et qui se retrouveront sur les ronds-points ou dans les villes pour manifester pendant des semaines. Pierre nous touche à travers ses colères contre la société, contre son fils autiste qu'il ne comprend pas. Louise sa femme est infirmière dans un service de soins palliatifs, elle essaie de faire durer cette histoire d'amour qui a commencé par un coup de foudre, mais elle s'épuise et finit par mettre son mari à la porte, loin de l'enfant, loin de Geoffroy qui ne veut pas être touché, qui ne vit qu'à travers les chiffres et des couleurs. Djamila, une camarade de collège finira par le charmer, elle est belle, douce, elle a quinze ans, lui treize, elle est captivée par Geoffroy, lui aussi, avec elle l'enfant se sent bien....Les frères de Djamila ne supportent plus cette soeur qui est trop française dans sa façon de s'habiller et ses fréquentations..

Je vous laisse découvrir la suite de ce roman.

Mes sentiments sont contrastés, mais vous aimerez peut-être découvrir ce livre qui est je le répète très bien écrit, plein d'humanité. Le moment de le lire était sans doute mal choisi ou il peut aussi nous faire prendre conscience de notre réalité, notre quotidien si différent de celui de Pierre.


Bye MClaire.







dimanche 4 octobre 2020

Daniel Picouly "Longtemps je me suis couché de bonheur."




J'ai une petite pile de livres à lire mais je n'ai pas pu résister, je l'ai acheté. J'aime lire D.Picouly, bonne humeur assurée, un vrai conteur et il est pareil dans la vie, il se rend tous les ans au Salon du livre à Vannes et il raconte avec des gestes, de l'humour, c'est un régal.

Dans ce livre, il nous transporte dans son univers, la banlieue d'Orly lorsqu'il avait quinze ans, son lycée, son copain Bala, ses profs, en particulier son prof de français Monsieur Taquin, ce prof fou de Proust qui lui fera aimer l'auteur. Sa famille qui habite un HLM, 13 enfants, ce qui n'empêche pas Paulette sa maman de rêver, adopter un enfant malheureux, cela arrivera mais le père lui dira "Tu sais il faudra le rendre." "Les histoires de famille sont des meubles fantômes dans lesquels on butera un jour."  Les années sixties sont si bien décrites, la mobylette, qui se déguise avec un réservoir de moto "ça vieillit un réservoir." Les garçons ont plus de chance auprès des filles.Toute une époque.

En se rendant dans une librairie, l'auteur aperçoit une jeune fille qui tient dans ses mains "La Recherche." Oui, elle lit Proust, il n'en revient pas, il décidera qu'elle sera son Albertine et se prendra de passion pour elle et pour Proust. 

 Monsieur Taquin, le prof de français, est irrésistible. Monsieur Taquin a une vache, pas l'animal, une vache qui est sa serviette où il range les copies corrigées, hélas, il perd sa vache le jour où il doit rendre les notes qui permettront aux élèves de 3B de connaître leur orientation. 

Il n'y a pas que la vache qui disparaît, Albertine aussi est perdue, il faudra la retrouver et l'enlever.

Ce livre est aussi truffé de références littéraires. 

Ce roman je l'ai aimé, il peut ne pas plaire à ceux qui n'aiment pas le mélange de la fiction et de la réalité. Je me suis laissée emporter par le dynamisme de l'auteur, ses bons mots, son imagination.


Bye MClaire.


dimanche 27 septembre 2020

Yasmina Khadra "Le sel de tous les oublis."



 

J'ai découvert cet auteur il y a quelques années, je le lis dès qu'il publie, rarement déçue, une fois peut-être. Le premier livre lu "Les hirondelles de Kaboul." j'avais beaucoup aimé.

"Le sel de tous les oublis." vient de paraître. 

L'Algérie après l'indépendance, la violence règne dans ce pays, les hommes qui sont au pouvoir n'ont pas rétabli la paix et les années 1990 seront celles qui verront une haine se déchaîner entre algériens. Nous faisons la connaissance d'Adem Naït-Gacem, instituteur dans un petit village, dans la région de Blida. Il rentre chez lui, son regard se porte sur une petite valise en carton, il ne comprend pas mais Dalal sa femme luit donnera des explications, elle part, elle en aime un autre.

Séisme dans la vie de celui qui pensait ne jamais connaître l'abandon, plus rien ne sera comme avant, il a honte et décide de tout quitter, son travail, son village, son errance commence.

« Sèche la mer et marche, lui intime le vieillard. Ne t’arrête surtout pas/Et confie ce que tu cherches/À la foulée de tes pas. »

Il rencontrera toutes sortes de personnages, ils lui voudront du bien mais il n'acceptera jamais une main qui se tend, il se mure dans le silence, boit beaucoup, une tristesse infinie l'habite, il recherche quoi? Des hommes veulent le consoler, il refuse.

Une femme, celle qu'il ne faut surtout pas, lui fera croire qu'il est encore vivant.

Il y a de tout dans ce roman, la trahison, la sagesse de ceux qui veulent le sauver, la violence toujours présente, le désir, la philosophie de Mika, le nain protecteur, j'ai beaucoup aimé Mika. L'histoire de l'Algérie se mêle à la fiction. Ce qui est rarissime, Yasmina Khadra ose décrire des scènes un peu osées.

Yasmina Khadra est un véritable conteur, vous lisez, lisez pour connaître la suite. J'ai d'autant plus aimé ce roman puisque je suis née dans ce pays, j'ai tant adoré ce pays que nous avons quitté en 1962, à l'indépendance, j'avais vingt ans. J'ai reconnu les paysages, j'ai compris la honte d'Adem, Dalal était bien courageuse en quittant un mari qu'elle n'aimait plus, un pays où un écart de conduite est sévèrement puni.

"Je l'ignore. Il est des choses qui arrivent et qui nous dépassent" "Tu ne peux pas savoir combien je regrette le mal que je te fais." Mais elle part et il s'effondre.

Je ne dois pas terminer cette gazette sans dire que j'ai trouvé Adem antipathique, c'est peut-être ce qui a fait fuir Dalal?

Lisez ce roman, il devrait vous plaire.

Bye  MClaire.



vendredi 18 septembre 2020

Anne Pauly "Avant que j'oublie."


 

Une copine scrabbleuse me recommandait ce livre "Il faut que tu le lises." J'ai obéi, nous avons souvent les mêmes goûts de lecture.

Ce livre est émouvant, intense d'émotion, vous pouvez rire, sourire et pleurer. L'auteure s'appelle Anne, le personnage principal du livre aussi.

C'est l'histoire d'une famille pas ordinaire, la mère se réfugie dans la religion, elle meurt, le père est brutal, alcoolique mais il sait être tendre, sensible, un mystère. Le frère est silencieux, emmuré dans sa colère. Anne observe, n'a pas la langue dans sa poche et n'arrive pas à détester ce père qui est tout de même un peu cinglé.

C'est l'histoire d'une vie avant la mort de celui qui a vécu dans une maison délabrée au milieu d'un désordre invraisemblable, cette maison située à Carrières-sous-Poissy, il faudra la vider. Se souvenir des mauvais moments et des bons, il y avait des bons moments, des moments où l'homme ne souffrait pas, où il avait balancé la prothèse de sa jambe dans un coin, ou ceux partagés avec sa fille qui le savonnait, le rinçait, le séchait, frictionnait ce grand dos voûté, le crémait, lui tondait les cheveux, il roulait jusqu'à un miroir et disait "Merci ma douce, c'est très bien, me voilà tout propre, tout neuf."

Il y a des scènes vraiment très drôles dans les pires moments, celui où il faudra choisir le cercueil, le père sera enterré pas incinéré "Le pin, ça faisait cagette, barbecue,fin de marché..En plus avec une carcasse pareille, il allait falloir du solide.." les obsèques dans cette église pleine, le prêtre qui se trompe de prénom, qui s'endort. Nous attrapons souvent un fou-rire nerveux pendant des obsèques.

Anne se réconciliera avec ce père énigmatique, le lien se créera, ce sera l'apaisement tout en sachant que perdre ses parents fait de nous des orphelins jusqu'à la fin de notre vie.

C'est une histoire entre un père et sa fille, une fille qui videra la maison, ce moment si particulier où Anne a accès au secret du père. La lettre de Juliette est magnifique. Nous avons le droit de pleurer. Le moment où il faut fourrer dans des sacs poubelles tout ce qui a fait une vie.

Anne a une fiancée qui la soutient.

J'ai tout aimé, vous pouvez lire ce bouquin très vite 138 pages ou choisir de lire lentement ce condensé d'émotion. Anne Pauly a une écriture très particulière, son premier livre.


Bye MClaire.




jeudi 10 septembre 2020

"Yoga" Emmanuel Carrère.



 

Difficile d'écrire une gazette sur un livre qui fait tant parler de lui, toutes les critiques sont unanimes, ce roman, mais est-ce un roman?, est le meilleur bouquin d'Emmanuel Carrère.

J'en ai lu quelques uns de cet auteur, il écrit si bien, j'ai acheté "Yoga" dès sa sortie, je n'ai pas été déçue, j'ai beaucoup, beaucoup aimé.

Ce livre est captivant, j'ai trouvé les 100 premières pages assez ardues, il faut s'accrocher, la méditation ce n'est pas trop mon truc, E.Carrère se rend dans un centre réputé, il prend le chemin du Morvan pour 10 jours de méditation, pas de téléphone, pas de contact avec les autres, ils ne se regardent pas, ne se parlent pas, sauf au bout de quelques jours où il se permet de demander à un participant à quoi il pensait, l'autre lui répond "Aux nichons, aux nichons." J'ai ri.

J'ai aussi appris le nom de ces mouvements qui agitent notre mental et qu'il faut chasser "les vrittis" le yoga aide à les raréfier. 

Il devra interrompre son stage au bout de quelques jours, il se passe quelque chose d'horrible à Paris, l'attentat de Charlie Hebdo en 2015, son ami Bernard Maris a été tué. A partir de cet événement sa vie dérape, lui qui se pensait à l'abri des turbulences va connaître le pire, dépression, séjour en hôpital psychiatrique, pulsion suicidaire, jusqu'à la découverte de son mal, la bipolarité, le lithium le sauvera.

Tout au long du livre nous le suivons dans sa quête du "bonheur", il fera un séjour au milieu des migrants sur une île grecque, quatre jeunes migrants seront ses compagnons, des pages émouvantes.

 Il se décrit sans concession, vrai, ne cache pas ses addictions, un homme qui se cherche.

Je n'ai pas trouvé ce livre noir, au contraire, l'écriture est belle, ce livre est lumineux, il nous fait prendre conscience de notre fragilité ou de notre chance d'être des êtres forts qui aimons la vie, je n'ai pas lâché le livre, regrettant de tourner la dernière page. Je vous le conseille.


Bye MClaire.



vendredi 28 août 2020

"Sofia Aouine - Rhapsodie des oubliés."


 "Cette minute entre l'enfance et la jeunesse est la pire." Cocteau.

Conseillé par François Busnel, c'était écrit sur le bandeau du livre. J'ai lu la quatrième de couverture et j'ai acheté ce livre de poche. Un vrai coup de poing. 

Abad a treize ans, il vit dans le quartier de la Goutte-d'Or dans le XVIIIème, ce n'est pas le quartier le plus chic de Paris, c'est là que ses parents se sont installés après leur départ du Liban, un pays en guerre, ils sont des Arabes pas comme les autres, ils ne ressemblent pas aux Arabes qui vivent dans ce quartier mais pour les autres ils seront toujours des Arabes de Barbès.

Dès les premières lignes du roman nous entrons dans l'univers d'Abad, un gamin en pleine puberté qui ne pense qu'à ça, il sera fiché comme primo-délinquant. "Les adultes oublient toujours leur enfance, c'est pour ça qu'ils deviennent des vieux cons", c'était Odette une voisine qui disait ça. Le père Michel, le prêtre de l'Eglise syriaque avait conseillé à sa mère un pèlerinage au pays ou un exorciste. Il représentait le péché et en dernier recours il sera conduit devant une psy, une dame censée guérir son "dedans", le guérir de la "bagnette". Des belles lignes écrites, la psy est juive, Ethel Futterman elle comprendra la souffrance de cet enfant, j'ai beaucoup aimé ces moments d'apaisement, loin des pseudos imans, des prostituées, des Batman ces filles en jilbab qu'il ne faut jamais regarder sous peine "d'être traqué par un frère qui risque de te couper les couilles". Loin des cassos, des drogués, des Salafistes.

Gervaise est aussi un beau personnage de ce roman, prostituée, enlevée à sa fille qui est restée en Afrique, au Cameroun, elle devra payer une dette pour récupérer son enfant. Son destin sera tragique.

Odette fait aussi partie des personnages que nous n'oublierons pas, elle qui oubliera tout dans une maison de retraite. Elle était celle qui lisait du Camus à l'enfant, lui faisait écouter de la musique, des moments rares. Odette racontait "Alain Bashung a habité ce quartier jusqu'à la fin "La nuit je, la nuit de mens.." Lunettes noires, chapeau vissé au crâne, il errait la nuit et disparaissait dès que le jour se pointait. Il avait toujours vécu là"

Les parents d'Abad ont aussi leurs problèmes, ils sont pauvres, bossent beaucoup pour assurer le quotidien, le père parle peu, cogne souvent, la mère se tait, rase les murs. Après un accident de travail du père, tout se compliquera, il finira par disparaître après avoir vu un documentaire sur le Japon "Les évaporés" ceux qui disparaissent, qui ne seront jamais retrouvés, ceux qui ont honte de leur quotidien. La maman d'Abad finira par confier son fils à l'ASE, "Aide sociale à l'enfance", une famille de la Baie de Somme l'accueillera, sans affection, travaux de la ferme, école. Loin de la rue Léon-Barbès, Abad sera pourtant heureux, baignades, promenades en vélo, il oubliait doucement son quartier.....

J'ai regretté l'absence de conclusion.. Une suite?

Si vous acceptez les mots crus, le langage particulier de ce quartier, la langue du bitume, vous ne pourrez pas rester indifférent à ce roman. Personnellement, j'ai adoré découvrir ce que nous ne côtoyons jamais ou que nous ne voulons pas voir et entendre, le désespoir, la souffrance, la violence. Abad est lumineux. Un très beau premier livre pour cette auteure qui a aussi connu ces quartiers, elle est aujourd'hui reporter radio.

Bye MClaire.












mercredi 19 août 2020

Jean-Christophe Rufin "Le flambeur de la Caspienne."

 


J'apprécie cet écrivain, je ne me suis jamais ennuyée en le lisant, une belle écriture, il nous amène souvent en voyage, il connaît le monde qu'il nous fait parcourir, diplomate, médecin.

Je n'ai pas hésité à acheter ce livre qui nous amène à Bakou capitale de l'Azerbaïdajan, dans une ambassade où est nommé Aurel Timescu, le petit consul que nous connaissons, héros de deux précédents livres. Aurel est toujours aussi paresseux, étourdi, mal habillé et surtout fouineur. La femme de l'ambassadeur est morte dans des circonstances qui intriguent Aurel..

Mais voilà, cette fois-ci je n'ai pas été très captivée par cette histoire. En général j'ai toujours beaucoup de mal à poser le livre qui m'intéresse, là je l'ai posé assez souvent, un livre qui aurait pu être lu en quelques heures a mis plusieurs jours à se refermer. Je l'ai lu jusqu'à la fin, il y a toujours l'écriture de l'auteur qui nous attire.

J'ai aimé la description du pays, Bakou très peu visitée par des touristes et pourtant si attirante. 

J'ai aimé découvrir la vie dans l'ambassade, nous ignorons tout de ce qui se déroule dans ce qui représente la France à l'étranger.

Je n'ai pas aimé quelques passages trop faciles qui n'apportaient rien à la suite de l'histoire, du café se déverse dans une soucoupe, quel intérêt?

Quant à l'intrigue tout était écrit d'avance.

Cela ne m'empêchera pas de lire les bouquins qui suivront, J.C Rufin reste un grand écrivain, mais certainement pas la suite des aventures d'Aurel Timescu.

J'avais rencontré l'auteur au Salon du Livre de Vannes, très accessible, discret, charmant.



Bye MClaire.


mardi 11 août 2020

Mélissa Da Costa "Tout le bleu du ciel."



 


838 pages en livre de poche. Attirée par la couverture, un camping-car, j'avais adoré le film avec Sean Penn "Into The wild", un camping-car, dans le film Sean Penn était seul, dans le livre Emile n'est pas seul.

Emile est atteint pas une maladie rare, un Alzheimer précoce, il a 26 ans, plus que deux ans à vivre au maximum. Il décide de vivre ses deux années loin de ses parents pour ne pas avoir à subir la compassion qui ne manquera pas d'arriver, ses parents voudront qu'il suive un protocole à l'hôpital, il ne veut pas, il veut profiter au maximum de ce temps qui lui reste. Il achète un camping-car, passe une petite annonce "Recherche compagnon(ne) d'aventure pour partager avec moi ce dernier périple."

Il n'attend pas de réponse et pourtant trois jours plus tard il retrouve Joanne sur une aire d'autoroute, elle porte un grand chapeau noir, un seul bagage, un sac à dos. Elle parle peu, semble d'accord sur tout, le road-movie commence et nous transporte à travers les magnifiques paysages des Pyrénées.

N'oublions pas qu'Emile est malade, ses trous de mémoire sont bien présents, ses fugues aussi, mais il y a des moments magnifiques, l'amitié, l'amour, les rencontres, la solidarité. Joanne finit par se confier, son secret est bouleversant.

Je n'en dis pas plus.

J'ai aimé ce livre pour plusieurs raisons, il est poignant, plein d'humanité, malgré la gravité de la situation il y a des moments de rires, de joie, de complicité entre ces deux personnages atypiques. Emile parle avec les mots de son époque et il a une maladie qui touche les personnes âgées, un décalage.

J'ai traversé les Pyrénées avec les personnages, les racines de mon père sont là-bas, nous sommes souvent allés dans cette région, une attirance. L'auteur décrit ces montagnes avec des mots remplis de poésie, l'envie d'aller à Gruissan, au bord des étangs voir les flamants roses, l'envie de monter dans les alpages des Hautes-Pyrénées, de parcourir les Pyrénées-Atlantiques. 

Un reproche, le roman aurait pu être raccourci, il y a quelques longueurs, le lecteur peut avoir envie de sauter quelques pages sans que cela nuise à la compréhension de l'histoire.

Lisez-le, je suis certaine que vous verserez quelques larmes. Etienne aurait mérité de vivre longtemps, un beau personnage, mais...mais, enfin vous lirez la fin du livre qui est pleine d'espoir.

J'ai oublié de parler du petit chat Pok qui les suivra dans leur périple et qui est quelquefois celui qui console Joanne.

Je retourne dans mon transat, il fait très chaud, j'ai commencé le dernier bouquin de J.Christophe Rufin.


Bye MClaire.



 










vendredi 31 juillet 2020

Agnès Martin-Lugand "Nos résiliences."



Agnès Martin-Lugand a publié huit livres, à mon avis avec plus ou moins de bonheur, j'ai aimé les premiers.

"Nos résiliences" vient de sortir en librairie. Le mot résilience est souvent employé par les psys que nous voyons à la télé, Serge Héfez par exemple, c'est un mot à la mode..

J'ai lu cette histoire sans trop d'intérêt mais je suis allée jusqu'au bout du livre. Une histoire d'amour passionnée entre Ava qui tient une galerie d'art et Xavier vétérinaire au grand coeur, il part tous les ans en Afrique, un mois pour s'occuper des grands fauves. Ils s'aimeront, se marieront, auront deux enfants et un jour il y aura l'accident qui bouleversera cette vie harmonieuse. Xavier se déplace en moto, il glissera sur la chaussée, s'encastrera à l'arrière d'une voiture en voulant éviter un vélo, la cycliste Constance est violoniste, mariée à un chef d'orchestre Sacha. 

Xavier et Constance seront transportés dans le même hôpital, Sacha et Ava se rencontreront. Nous devinons déjà la suite, c'est vraiment trop facile.

A longueur de pages l'auteure a voulu nous faire partager les états d'âme des personnages, les souffrances, les colères, la fatigue, l'incompréhension, le désarroi d'Ava. C'est long, trop long. J'attendais le petit truc qui vous fait aimer un livre, mais non, rien. Je suis en train de lire "Dans le bleu du ciel" et je vous assure qu'il y a deux pages qui seront inoubliables, le livre sera inoubliable.

Je ne pouvais pas m'empêcher d'imaginer la même histoire dans un autre milieu plus modeste, elle aurait certainement eu beaucoup d'intérêt, c'est mon avis. N'est pas Françoise Sagan qui veut.

Agnès Martin-Lugand a du talent, elle peut se renouveler, faire une pause. Elle est très sympathique, elle avait participé au Salon du Livre de Vannes, elle présentait un livre.

Vous aimerez peut-être ce roman, à vous de juger.   Bye MClaire.


lundi 20 juillet 2020

Marie Darrieussecq "La mer à l'envers."




Me revoilà. Deux livres lus depuis ma dernière gazette :




Je commence par celui d'Aurélie Valognes "Né sous une bonne étoile".
J'ai toujours du plaisir à lire cette auteure, c'est facile à lire et cela fait du bien, plein de bons sentiments, ça finit toujours le mieux possible. Le petit garçon Gustave est attendrissant, sa maman aussi et sa chipie de soeur n'est finalement pas si méchante.
Cela se passe dans une cité, la vie est dure, les habitants de l'immeuble se heurtent toujours à une porte d'ascenseur qui ne s'ouvre pas, en panne, les dealers squattent en bas de l'escalier et Gustave est leur souffre-douleur.
Gustave a la tête dans les nuages, il voudrait bien travailler mais il n'y arrive pas, il faut dire que le papa est parti rejoindre une maîtresse, pas celle qui apprend à l'école, non celle qui lui fait croire que la vie sera plus intéressante avec elle. Comme souvent ces hommes laissent femme et enfants, la maman doit se débrouiller seule, elle pleure en cachette, écoute "Mistral Gagnant" en boucle :
"Et entendre ton rire qui lézarde les murs
qui sait surtout guérir mes blessures."
 Cette maman fait beaucoup de câlins à son petit pour qu'il oublie ce monde si dur et qu'un jour enfin il trouve sa place dans la vie. 
Je vous ai dit que cela finissait toujours bien... Un très bon livre pour vos vacances, le virus n'était pas encore arrivé dans nos existences, le bouquin vous le fait oublier, Aurélie Valognes n'en parle pas.

Passons au roman de Marie Darrieussecq "La mer à l'envers"
Vous aviez peut-être lu "Truismes" il y a 24 ans ou moins. Je n'avais pas trop aimé, je n'avais plus rien lu d'elle.
Là, de nouveau, j'ai failli abandonner le livre dans un coin mais je n'arrivais pas à m'y résoudre, je tournais page après page plusieurs fois dans la journée, j'attendais, j'attendais un déclic, le sujet du livre me plaisait mais pas l'écriture, un récit trop lent, je m'ennuyais un peu.
Rose, la narratrice, part en croisière avec ses deux enfants, sur la route de cet énorme bateau une embarcation pleine de migrants, l'un d'entre eux s'appelle Younès, son regard rencontrera celui de Rose, il devait avoir l'âge de son fils ado, elle sera touchée, elle lui donnera un blouson et le téléphone portable de son fils avec tous les contacts, le sien évidemment. Les migrants seront pris en charge, le petit point bleu du téléphone localisera l'endroit où ils se trouveront.
Fin de la croisière et cela a failli aussi être la fin de ma lecture, là le déclic, je n'ai plus lâché le livre.
Rose retrouvera son mari, agent immobilier, gros buveur, doit-elle divorcer ou pas, elle continue de l'aimer. Ils déménageront, quitteront Paris pour le Pays Basque et Younès fera partie de leur vie....
Je ne raconte plus rien. J'ai beaucoup aimé la deuxième partie de de roman.

J'ai aimé les questionnements de Rose qui est à la croisée des chemins, être psychologue ne favorise pas forcément les choses, elle découvrira qu'elle a un don de magnétiseur, soulagera les maux des autres..

Un extrait relevé dans le livre :

"Songe, lui dit son mari, que le sommeil nous plonge dans une vulnérabilité si grande qu'il faut s'en protéger le temps qu'il dure. Nous devons nous replier et répéter chaque nuit ce repli sans avoir à nous poser la question du où ni du comment [...] Nous les humains avons besoin d'un lit et d'une porte qui ferme. Un domicile. Une adresse sur la planète."


J'ai lu trois livres ces derniers jours, dans les trois livres les femmes sont épuisées au point de penser qu'elles pourraient abandonner leurs enfants, partir, pensée vite oubliée mais quand même...

Bye MClaire.


jeudi 9 juillet 2020

"Le pays des autres " Leila Slimani.




Selon vos origines, vous ne sortirez pas intacts lorsque vous refermerez ce livre.
Superbement écrit.
Le Maroc était un protectorat, l'Algérie était une colonie mais l'indépendance des deux est presque semblable, j'ai bien dit presque. 
Les personnages de ce roman vivent dans le pays des autres, les colons vivent au Maroc, pays qui n'est pas leur pays. Les indigènes, les paysans vivent dans un pays qui est le leur et il y a quelques exilés qui tentent de construire une autre vie.
Par amour Mathilde une jeune Alsacienne s'installe dans ce pays, à Meknès, elle a connu Amine Belhaj, un jeune Marocain qui a combattu dans l'armée française, ils se sont mariés en France et rejoignent le Maroc après la Libération.
Amine a hérité d'une terre aride, il y a tout à faire, le climat est rude, ils devront beaucoup travailler pour tirer de cette terre de quoi vivre. Deux enfants sont nés, Aicha, fragile petite fille et Sélim.

Mathilde souffre du manque de considération des hommes envers les femmes. Elle souffre de découvrir un Amine complètement différent, il n'est plus celui qu'elle a connu.
Deux religions, deux éducations, deux caractères forts, il y a l'amour qui sauvera leur mariage, Mathilde devra lutter. Amine fera des efforts, conscient de la souffrance de Mathilde, mais la force des traditions est là et il y a le regard des autres.
A l'occasion d'un voyage en France l'idée de tout abandonner l'effleurera furtivement, même ses enfants qui sont restés avec leur père. Mathilde est lasse, elle reviendra dans cette maison qui est la sienne.
Arrivera la révolte, il y aura les manifestations dans Meknès, les massacres, les colons qui verront brûler les fermes, tout ce qu'ils pensaient posséder. 
Le Maroc si fier veut se libérer..

Vous lirez ces pages...

Leila Slimani décrit avec beaucoup d'émotion ces années qui sont passées jusqu'en 1956.
J'ai compris cette soif d'indépendance, la déception des soldats Marocains qui avaient défendu la France et qui étaient oubliés, abandonnés par ceux qu'ils avaient aidés.

J'ai compris Mathilde, sa révolte, ses désirs inassouvis, elle ne voulait pas se soumettre, elle avait raison. Ecartelée entre deux pays, deux façons de considérer les femmes. Vivre dans un pays qui n'est pas le nôtre et ne plus être du pays qui a été le vôtre, comment exister?

J'ai reconnu les traditions, la cuisine, j'ai senti les effluves de la pâtisserie fabriquée dans l'humble maison de la maman d'Amine, dans la médina aux ruelles étroites. J'ai senti l'odeur des orangers, les orangeraies ne manquaient pas en Algérie. J'ai vécu 20 ans dans ce pays, jusqu'à l'indépendance en 1962, cela ne s'oublie pas, nous vivions dans le pays des autres mais nous ne vivions pas ensemble. J'avais le coeur serré en refermant le livre.

J'ai aimé tous les personnages forts de ce livre. J'ai adoré Aicha, petite fille douée qui sera certainement le personnage principal du deuxième roman de la trilogie.

Vous avez peut-être aimé "Une chanson douce" du même auteure, vous aimerez "Le pays des autres." et son écriture tellement sensible.

Leila Slimani sera présente au Salon du livre de Vannes au mois de septembre. J'irai la voir.

Bye MClaire.




mardi 30 juin 2020

Olivia Ruiz- La commode aux tiroirs de couleurs.



Vous connaissez la chanteuse, vous apprendrez à aimer l'écrivaine. 
C'est un premier livre, Olivia Ruiz est une vraie conteuse, il y a forcément quelques maladresses, mais dans l'ensemble ce roman se lit avec beaucoup d'intérêt.
La guerre d'Espagne qui a jeté sur les routes des milliers d'espagnols, des enfants seuls, ils fuyaient le régime franquiste pour franchir les Pyrénées. J'ai retrouvé le camp d'Argelès sur la plage (aujourd'hui transformé en camping "Le Roussillonnais") un camp de transit, ils avaient faim, froid, parmi ces enfants il y avait la grand-mère de Cali la narratrice, Rita son "abuela", ses deux soeurs Leonor et Carmen, les parents sont restés en Espagne, ils ne les reverront jamais.


Les enfants inventent des histoires. A la mort de sa grand-mère Cali hérite d'une commode aux tiroirs de couleurs, elle n'avait jamais ouvert les tiroirs, elle découvrira ou inventera toute la vie de son "abuela" vie jamais racontée de son vivant, ceux qui ont fait la guerre, qui ont vu des horreurs racontent rarement. 
"Se taire et brûler de l'intérieur est la pire des punitions qu'on puisse s'infliger." Federico Garcia Lorca.
Alors Cali raconte à sa manière et cela donne un beau roman.
Nous nous attendrissons, nous admirons la liberté de ces femmes, les audaces si rares à cette époque, nous versons quelques larmes, la solidarité et ce besoin de tout se raconter, de se voir, de se toucher, typique des habitants de la Méditerranée.

La seule chose qui m'embêtait un peu était que je connaissais les réactions souvent passionnées de ces familles tellement soudées.
J'avais vécu. J'ai passé mes vingt premières années dans une famille maternelle originaire d'Espagne, je retrouvais les réactions, cela n'était pas une découverte. Mon arrière "abuela" avait certainement des secrets, elle n'en parlait jamais et nous aimait tous du même amour que Rita. Un paradoxe, la pudeur et l'impudeur des femmes. Je pouvais imaginer les accouchements de mes grands-tantes, pas vraiment dans la discrétion.

J'ai beaucoup aimé les dernières pages du livre, trente pages magnifiques, j'ai pleuré.

J'ai cherché à comprendre le mystère du "Pépé", pourquoi?

J'ai aimé les mots en espagnol, les "mantecados" que je n'aimais pas trop mais que certains adorent. On en trouve dans les vitrines des pâtisseries de Port-Vendres.

Olivia Ruiz fait une très belle entrée dans le monde littéraire, à suivre...

Bye MClaire


 



mardi 23 juin 2020

Laurence Peyrin "Les jours brûlants."




Ce roman est un vrai coup de coeur, un livre que vous n'avez pas envie de quitter. 
Encore une fois, je ne connaissais pas cette auteure.

Laurence Peyrin raconte l'histoire d'une femme privilégiée, élevée dans une famille de classe moyenne elle se marie avec son amour de jeunesse, Thomas avec qui elle a eu très tôt une petite fille conçue à l'arrière de la banquette en cuir d'une Pontiac, sur le parking du Las Vegas aux néons rose et bleu. 
Joanne est mère au foyer, devient la reine des cocktails lorsqu'elle reçoit leurs amis, Thomas est chirurgien, deux enfants, une vie sans histoire, agréable jusqu'au jour où Joanne est agressée dans une petite rue de Modesto, elle est en vélo, le junkie lui vole son sac à main en la traitant de connasse, salope à plusieurs reprises, elle est blessée, plusieurs points de suture au front, elle est brisée...Le traumatisme est immense. Un mal-être profond qui lui fait accomplir des actes insensés, changer son caddie avec celui d'une autre cliente qui est dans une allée, accumuler les paquets de céréales, se donner comme règle de se servir de tout ce qu'elle trouve dans le caddie, même la vodka !

Thomas lui dira un jour " Tu me fais peur chérie, et tu fais peur aux enfants." Il l'aime d'un amour infini, il ne comprend plus.

Ce sera le déclic. Qu'est-ce qui fait qu'un jour une femme choisit de disparaître ? Joanne part, le fait-elle pour protéger ses enfants ou pour se reconstruire ailleurs ? Elle part et arrive à Las Vegas, dort quelques nuits dans sa voiture, a la chance de rencontrer une femme qui devine son désarroi, elle la recommande au patron du Bunny Bunny, un couple Mormon qui s'occupera d'elle, Joanne a un don pour confectionner des cocktails, elle fera des cocktails pour les clients qui fréquentent cet établissement où des filles aussi perdues que Joanne se déshabillent sans enlever leur string, c'est une règle.

"La plupart du temps, c’était ainsi qu’elle fonctionnait : en mode séquentiel. Dormir, manger, répondre, remplir des verres. Une chose en entraînait une autre, dans une logique rassurante, comme lorsqu’elle alignait ses pots de crème sur sa coiffeuse à Modesto…"

Je ne raconte plus rien....

J'ai tout aimé dans ce bouquin, il n'y a pas une seule longueur, j'ai aussi aimé Silas Jones, le guitariste du Bunny Bunny..
Nous connaissons Las Vegas, tout est bien décrit, l'ambiance des casinos, ces hôtels immenses, les perdants qui hantent les salles de jeu (jeux), ceux qui passent la nuit sur la même machine, vous vous couchez, la nuit passe et le lendemain ils sont encore là. Cette ville ne dort jamais.
Je me suis aussi posée une question :
"Une agression peut-elle avoir les mêmes conséquences sur des êtres différents ou nous réagirions différemment?"
Sommes-nous préparés selon notre mode de vie ?
Pourrions nous abandonner nos enfants ?"

Evidemment, je vous recommande ce roman.

Bye MClaire.







vendredi 12 juin 2020

"Une joie féroce" Sorj Chalandon.




Deux livres lus "Une évidence" d'Agnès Martin Lugand et celui de Sorj Chalandon. Je n'ai pas du tout envie de commenter "Une évidence" je l'ai trouvé ennuyeux, des longueurs, des répétitions, il m'arrive rarement de tourner la dernière page d'un livre et de dire "Ouf! enfin." J'ai lu des livres plus intéressants écrits par cette auteure.

A l'inverse, j'ai aimé celui de Sorj Chalandon. Surprenant.

J'aime cet écrivain, si vous n'avez jamais lu "Le quatrième mur" n'hésitait pas.
Dans ce roman il nous surprend, il change complètement de registre, il s'agit encore d'une guerre, celle que mène des femmes contre le cancer qui est arrivé dans leur vie, des femmes jeunes, déjà bien chahutées par la vie et qui doivent affronter un ennemi sournois, le cancer, nous le sentons sous nos doigts, nous savons qu'il est là, après l'opération il faut se battre contre une chose qui n'est plus sensible sous les doigts, il est peut-être encore là mais où? On se bat ou on s'écroule, et si l'homme qui partage votre vie décide que c'est insupportable, qu'il ne peut pas affronter ce qui vous ronge, il arrive à prononcer des mots violents, claque la porte, ne vous accompagnera jamais aux séances de chimio, le pire est là.
En lisant je pensais que ces pages auraient pu être écrites par une femme, tout est dit, les douleurs, la fatigue, les nausées, les cheveux qui tombent, ces mèches qui se détachent, bouchent le siphon de la baignoire, le rasoir qui passe sur votre tête parce que c'est mieux, les sentiments ressentis, les séances de radiothérapie, le jour du tatouage, ces petits points qui restent gravés à jamais,  si personne n'est là pour vous soutenir vous pouvez vous écrouler. Le cancer prends ses aises lorsque le corps renonce. Matt, le mari de Jeanne s'inscrit aux abonnés absents. La lutte à deux scelle à jamais un couple.

Jeanne est la victime, elle est libraire, un métier qu'elle adore, elle trouvera du soutien à l'hosto dans la chambre qu'elle partage avec Brigitte pour subir sa séance de chimio, Brigitte lui proposera de partager son appartement avec deux autres copines, Assia qui est sa compagne et la très jeune Melody, cancer du sein, la "gamine" erre dans Paris entre deux chimios, elle trouvera refuge chez Brigitte. Quatre femmes en mal d'enfants.

Le bouquin bascule dans un autre registre et là j'ai vraiment été happée par l'histoire, j'ai tout lu sans m'arrêter, nous comprenons le titre "Une joie féroce."
Ces femmes décident, agissent et exécutent un plan qui peut paraître loufoque.
Elles ont toutes été confrontées à la goujaterie des hommes du roman, j'exagère, pas tous. Elles se rapprochent.....Une belle leçon d'amitié et de solidarité. 

Je vous laisse découvrir cette folle aventure... Je suis même arrivée à rire.

J'ai beaucoup aimé.


Bye MClaire.
 

samedi 30 mai 2020

"Nos espérances " Anna Hope.




La chaleur, le très beau temps, le jardin et la lecture, je lis tous les jours mais un peu moins qu'en hiver, ce relax est un tentateur, je lis, je pose le livre ouvert sur moi et puisque c'est l'heure de la sieste, pourquoi pas? 
  


"Nos espérances" est le troisième roman écrit par Anna Hope, actrice et écrivaine.
Vous avez peut-être lu "La salle de bal" et sans doute beaucoup aimé, je mets le lien de ma Gazette
https://gazettemarieclaire.blogspot.com/2018/08/inoubliable.html

Hannah, Cate, Lissa, trois amies inséparables. Elles vivent en colocation dans les années 1990, une petite maison pleine de charme au coeur d'une ville qui est en pleine mutation, Londres.
Les années passent, elles vieillissent, chacune essaie de vivre ses rêves avec plus ou moins de bonheur.
Hannah se marie avec Nathan, elle obtient un job qui lui plaît. Hannah a un désir d'enfant qui finira par être obsessionnel. Elle enchaînera les FIV, fragilisera ce qui semblait un amour exemplaire.
Cate se marie avec Sam, est très vite enceinte, mais est-elle heureuse ?
Lissa continue a courir les castings pour obtenir un rôle au théâtre ou au cinéma, son rêve de devenir une grande actrice s'éloigne davantage chaque année. Elle a des amours éphémères, sa maman Sarah militante convaincue, féministe vit toujours, elle reste celle qui peut écouter Lissa.

Les trois amies se rencontrent quelquefois mais ce qui était une amitié sans jalousie, sans frustration se ternit. Il y aura la trahison. Le temps des illusions perdues.

Le roman est construit avec des retours en arrière qui permettent de mieux comprendre le présent. J'ai aimé.

J'ai aimé le second rôle du livre, joué par Sarah, un personnage plein d'empathie, une femme qui dira "« On est allées changer le monde pour vous. Pour nos filles. Et qu'est-ce que vous en avez fait? "

J'ai aimé ce livre jusqu'à la page 350, pratiquement la fin du roman. La fin est un peu convenue, c'est vraiment dommage, ces petites filles qui jouent, qui tournent, tournent, ce passage n'était pas nécessaire.
Je l'ai trouvé un peu moins passionnant que "La salle de bal" mais agréable à lire.
Anna Hope sait décrire Londres, l'envie de parcourir cette ville.

J'oubliais, j'ai dit "Les Anglais aiment le vin rouge, j'ai l'impression qu'ils sont toujours en train de boire." 

Vous pouvez le lire, il vous plaira, je pense.

Bye MClaire.