vendredi 31 juillet 2020

Agnès Martin-Lugand "Nos résiliences."



Agnès Martin-Lugand a publié huit livres, à mon avis avec plus ou moins de bonheur, j'ai aimé les premiers.

"Nos résiliences" vient de sortir en librairie. Le mot résilience est souvent employé par les psys que nous voyons à la télé, Serge Héfez par exemple, c'est un mot à la mode..

J'ai lu cette histoire sans trop d'intérêt mais je suis allée jusqu'au bout du livre. Une histoire d'amour passionnée entre Ava qui tient une galerie d'art et Xavier vétérinaire au grand coeur, il part tous les ans en Afrique, un mois pour s'occuper des grands fauves. Ils s'aimeront, se marieront, auront deux enfants et un jour il y aura l'accident qui bouleversera cette vie harmonieuse. Xavier se déplace en moto, il glissera sur la chaussée, s'encastrera à l'arrière d'une voiture en voulant éviter un vélo, la cycliste Constance est violoniste, mariée à un chef d'orchestre Sacha. 

Xavier et Constance seront transportés dans le même hôpital, Sacha et Ava se rencontreront. Nous devinons déjà la suite, c'est vraiment trop facile.

A longueur de pages l'auteure a voulu nous faire partager les états d'âme des personnages, les souffrances, les colères, la fatigue, l'incompréhension, le désarroi d'Ava. C'est long, trop long. J'attendais le petit truc qui vous fait aimer un livre, mais non, rien. Je suis en train de lire "Dans le bleu du ciel" et je vous assure qu'il y a deux pages qui seront inoubliables, le livre sera inoubliable.

Je ne pouvais pas m'empêcher d'imaginer la même histoire dans un autre milieu plus modeste, elle aurait certainement eu beaucoup d'intérêt, c'est mon avis. N'est pas Françoise Sagan qui veut.

Agnès Martin-Lugand a du talent, elle peut se renouveler, faire une pause. Elle est très sympathique, elle avait participé au Salon du Livre de Vannes, elle présentait un livre.

Vous aimerez peut-être ce roman, à vous de juger.   Bye MClaire.


lundi 20 juillet 2020

Marie Darrieussecq "La mer à l'envers."




Me revoilà. Deux livres lus depuis ma dernière gazette :




Je commence par celui d'Aurélie Valognes "Né sous une bonne étoile".
J'ai toujours du plaisir à lire cette auteure, c'est facile à lire et cela fait du bien, plein de bons sentiments, ça finit toujours le mieux possible. Le petit garçon Gustave est attendrissant, sa maman aussi et sa chipie de soeur n'est finalement pas si méchante.
Cela se passe dans une cité, la vie est dure, les habitants de l'immeuble se heurtent toujours à une porte d'ascenseur qui ne s'ouvre pas, en panne, les dealers squattent en bas de l'escalier et Gustave est leur souffre-douleur.
Gustave a la tête dans les nuages, il voudrait bien travailler mais il n'y arrive pas, il faut dire que le papa est parti rejoindre une maîtresse, pas celle qui apprend à l'école, non celle qui lui fait croire que la vie sera plus intéressante avec elle. Comme souvent ces hommes laissent femme et enfants, la maman doit se débrouiller seule, elle pleure en cachette, écoute "Mistral Gagnant" en boucle :
"Et entendre ton rire qui lézarde les murs
qui sait surtout guérir mes blessures."
 Cette maman fait beaucoup de câlins à son petit pour qu'il oublie ce monde si dur et qu'un jour enfin il trouve sa place dans la vie. 
Je vous ai dit que cela finissait toujours bien... Un très bon livre pour vos vacances, le virus n'était pas encore arrivé dans nos existences, le bouquin vous le fait oublier, Aurélie Valognes n'en parle pas.

Passons au roman de Marie Darrieussecq "La mer à l'envers"
Vous aviez peut-être lu "Truismes" il y a 24 ans ou moins. Je n'avais pas trop aimé, je n'avais plus rien lu d'elle.
Là, de nouveau, j'ai failli abandonner le livre dans un coin mais je n'arrivais pas à m'y résoudre, je tournais page après page plusieurs fois dans la journée, j'attendais, j'attendais un déclic, le sujet du livre me plaisait mais pas l'écriture, un récit trop lent, je m'ennuyais un peu.
Rose, la narratrice, part en croisière avec ses deux enfants, sur la route de cet énorme bateau une embarcation pleine de migrants, l'un d'entre eux s'appelle Younès, son regard rencontrera celui de Rose, il devait avoir l'âge de son fils ado, elle sera touchée, elle lui donnera un blouson et le téléphone portable de son fils avec tous les contacts, le sien évidemment. Les migrants seront pris en charge, le petit point bleu du téléphone localisera l'endroit où ils se trouveront.
Fin de la croisière et cela a failli aussi être la fin de ma lecture, là le déclic, je n'ai plus lâché le livre.
Rose retrouvera son mari, agent immobilier, gros buveur, doit-elle divorcer ou pas, elle continue de l'aimer. Ils déménageront, quitteront Paris pour le Pays Basque et Younès fera partie de leur vie....
Je ne raconte plus rien. J'ai beaucoup aimé la deuxième partie de de roman.

J'ai aimé les questionnements de Rose qui est à la croisée des chemins, être psychologue ne favorise pas forcément les choses, elle découvrira qu'elle a un don de magnétiseur, soulagera les maux des autres..

Un extrait relevé dans le livre :

"Songe, lui dit son mari, que le sommeil nous plonge dans une vulnérabilité si grande qu'il faut s'en protéger le temps qu'il dure. Nous devons nous replier et répéter chaque nuit ce repli sans avoir à nous poser la question du où ni du comment [...] Nous les humains avons besoin d'un lit et d'une porte qui ferme. Un domicile. Une adresse sur la planète."


J'ai lu trois livres ces derniers jours, dans les trois livres les femmes sont épuisées au point de penser qu'elles pourraient abandonner leurs enfants, partir, pensée vite oubliée mais quand même...

Bye MClaire.


jeudi 9 juillet 2020

"Le pays des autres " Leila Slimani.




Selon vos origines, vous ne sortirez pas intacts lorsque vous refermerez ce livre.
Superbement écrit.
Le Maroc était un protectorat, l'Algérie était une colonie mais l'indépendance des deux est presque semblable, j'ai bien dit presque. 
Les personnages de ce roman vivent dans le pays des autres, les colons vivent au Maroc, pays qui n'est pas leur pays. Les indigènes, les paysans vivent dans un pays qui est le leur et il y a quelques exilés qui tentent de construire une autre vie.
Par amour Mathilde une jeune Alsacienne s'installe dans ce pays, à Meknès, elle a connu Amine Belhaj, un jeune Marocain qui a combattu dans l'armée française, ils se sont mariés en France et rejoignent le Maroc après la Libération.
Amine a hérité d'une terre aride, il y a tout à faire, le climat est rude, ils devront beaucoup travailler pour tirer de cette terre de quoi vivre. Deux enfants sont nés, Aicha, fragile petite fille et Sélim.

Mathilde souffre du manque de considération des hommes envers les femmes. Elle souffre de découvrir un Amine complètement différent, il n'est plus celui qu'elle a connu.
Deux religions, deux éducations, deux caractères forts, il y a l'amour qui sauvera leur mariage, Mathilde devra lutter. Amine fera des efforts, conscient de la souffrance de Mathilde, mais la force des traditions est là et il y a le regard des autres.
A l'occasion d'un voyage en France l'idée de tout abandonner l'effleurera furtivement, même ses enfants qui sont restés avec leur père. Mathilde est lasse, elle reviendra dans cette maison qui est la sienne.
Arrivera la révolte, il y aura les manifestations dans Meknès, les massacres, les colons qui verront brûler les fermes, tout ce qu'ils pensaient posséder. 
Le Maroc si fier veut se libérer..

Vous lirez ces pages...

Leila Slimani décrit avec beaucoup d'émotion ces années qui sont passées jusqu'en 1956.
J'ai compris cette soif d'indépendance, la déception des soldats Marocains qui avaient défendu la France et qui étaient oubliés, abandonnés par ceux qu'ils avaient aidés.

J'ai compris Mathilde, sa révolte, ses désirs inassouvis, elle ne voulait pas se soumettre, elle avait raison. Ecartelée entre deux pays, deux façons de considérer les femmes. Vivre dans un pays qui n'est pas le nôtre et ne plus être du pays qui a été le vôtre, comment exister?

J'ai reconnu les traditions, la cuisine, j'ai senti les effluves de la pâtisserie fabriquée dans l'humble maison de la maman d'Amine, dans la médina aux ruelles étroites. J'ai senti l'odeur des orangers, les orangeraies ne manquaient pas en Algérie. J'ai vécu 20 ans dans ce pays, jusqu'à l'indépendance en 1962, cela ne s'oublie pas, nous vivions dans le pays des autres mais nous ne vivions pas ensemble. J'avais le coeur serré en refermant le livre.

J'ai aimé tous les personnages forts de ce livre. J'ai adoré Aicha, petite fille douée qui sera certainement le personnage principal du deuxième roman de la trilogie.

Vous avez peut-être aimé "Une chanson douce" du même auteure, vous aimerez "Le pays des autres." et son écriture tellement sensible.

Leila Slimani sera présente au Salon du livre de Vannes au mois de septembre. J'irai la voir.

Bye MClaire.