lundi 27 octobre 2014

"Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier" P.Modiano et Immortelle randonnée J.C Rufin.



Dans la vie il nous arrive de nous enticher d'une personne à la seconde où nous l'avons rencontrée et un peu plus tard nous regrettons, finalement elle n'était pas aussi bien que ça, nous regrettons notre emballement sans pour autant la rejeter. Pour les livres c'est exactement la même chose.




J'aime beaucoup lire J.C Rufin, c'est un auteur talentueux qui sait nous entraîner dans ses histoires, j'aime bien l'homme aussi, il a vécu mille vies.

J'avais très envie de lire cette "Immortelle randonnée" mais j'achète très souvent les livres lorsqu'ils paraissent en poche, je fais aussi des exceptions si je suis trop impatiente. Là, j'ai attendu et je ne regrette pas cette attente, j'ai économisé 11 euros, j'ai pu acheter deux autres livres de poche !!

J'ai commencé le bouquin avec enthousiasme, j'ai dévoré la moitié du livre et puis j'ai senti que l'ennui commençait à s'installer, ça manquait de peps, le mot n'est pas approprié pour le chemin mystique mais c'est celui qui m'est venu à l'esprit.

J'avais déjà lu deux bouquins sur ce chemin, celui d'Alix de Saint-André et celui de Laurence Lacour il y doit bien y avoir une dizaine d'années mais je m'en souviens encore.
Deux très beaux livres. L'expérience des uns ne servant jamais aux autres, le chemin ne peut pas être compris de la même façon par ceux qui décident un jour de le parcourir, je pense que nous pourrions lire une multitude de livres le décrivant sans avoir l'impression de toujours lire le même bouquin.

J.C Rufin décide un jour de marcher 800 km par le chemin du nord, le moins emprunté, un des plus difficiles, il est parti d'Hendaye.

J'ai aimé l'écriture, toujours parfaite, les mots bien choisis, les portraits des gens rencontrés, rien à dire tout est bien écrit. J'ai moins aimé sa vision des autres pèlerins, il essaie quelquefois de faire de l'humour et n'y arrive pas, on le penserait confiné dans son habit d'académicien, il se complaît dans la description de la crasse, des pieds qui puent, dans un chapitre il fait caca dans un parc et a peur d'être vu, nous aurions pu nous en passer, tout ça ne sonne pas juste à mon avis. Alix de Saint-André me faisait vraiment rire, lui non.
Laurence Lacour m'avait touchée dans sa description du chemin en hiver, lui non.
Pour finir, l'arrivée à St-Jacques est vraiment décevante, c'est sans doute vrai mais je n'avais pas envie de savoir.
J'ai toujours rêvé de faire une partie de ce chemin et là je n'avais plus envie. De toutes les façons c'est beaucoup trop tard, je n'ai plus tous les moyens physiques pour le faire, mais j'avais encore envie de rêver. J.C Rufin dit une chose qui doit être vraie, c'est plus un chemin boudhiste qu'un chemin chrétien.

On dit de St-Jacques de Compostelle

"Le pèlerin use ses chaussures et, au fur et à mesure, use ses habitudes"

Vous pouvez le lire, c'est tout de même un beau récit mais pour moi pas aussi enthousiasmant que je le pensais. 

Passons au livre de Patrick Modiano que je n'avais pas trop envie de lire, trop d'actualité à son sujet, ça me lassait.

Je l'ai lu d'une traite tout à l'heure, installée dans mon relax au soleil sur la terrasse et je ne mens pas j'avais trop chaud.

J'ai dû lire deux livres de Modiano, dont le fameux "Rue des boutiques obscures", c'est le troisième et je suis enchantée après sa lecture. Je me suis laissée prendre par la fameuse "petite musique" de Modiano. C'est limpide, pas une seconde d'ennui, un grand écrivain, il mérite le Nobel.

Le livre met en scène Jean Daragane, un vieil écrivain qui vit reclus dans son appartement, plus personne ne téléphone et pourtant un jour le téléphone se met à sonner avec insistance, un homme veut lui rendre un petit carnet d'adresses qu'il aurait perdu dans une gare. Jean Daragane croit déceler une voix un peu menaçante mais il se déplacera pour se rendre au rendez-vous fixé. Dans ce carnet des numéros de téléphone inutiles, c'est vrai, si nous mettions à jour notre agenda combien de numéros devrions nous barrer ? Beaucoup, des gens que nous avons oubliés ou qui nous ont oubliés, des gens disparus.

« aucun des noms n’appartenait aux personnes qui avaient compté dans sa vie et dont il n’avait jamais eu besoin de noter les adresses et les numéros de téléphone » :
« Il les savait par cœur. »

Cette rencontre va déclencher des souvenirs du passé qu'il pensait bien enfouis.

Nous savons si nous nous intéressons aux livres que Modiano tourne toujours autour des même thèmes, la solitude, la vieillesse, la mémoire, les lieux, les rues de Paris.
Dans ce livre il est beaucoup question de Saint-Leu-La-Forêt que je ne connais pas sauf lorsqu'il est question de scrabble, il y a un club à Saint-Leu. J'ai donc découvert cette ville de banlieue dans le roman de Modiano.

J'ai aimé la description du sentiment d'abandon qu'ont les vieilles personnes :
"A cause d'une trop longue solitude-il n'avait parlé à personne depuis le début de l'été-, vous devenez méfiant et ombrageux vis-à-vis des vos semblables et vous risquez de commettre à leur égard une erreur d'appréciation..." Comme dit l'auteur, faire la planche et se laisser dériver.

La fin du roman est une zone d'ombre, mais je m'y attendais.

Epigraphe de Stendhal : 

"Je ne puis pas donner la réalité des faits, je n'en puis présenter que l'ombre".

J'ai beaucoup aimé ce roman.   Bye MClaire.




dimanche 19 octobre 2014

Eric-Emmanuel Schmitt "Les deux messieurs de Bruxelles"



Si j'étais encore une petite fille qui a du mal à s'endormir sans qu'on lui raconte une histoire, j'aimerais que cela soit Eric-Emmanuel Schmitt qui le fasse. J'adore et le mot n'est pas trop fort cet auteur. C'est un conteur, avant d'être écrivain il a été prof de philo, agrégé de philo.
Il écrit d'une façon légère, souriante, bouleversante, il sait décrire les sentiments et faire deviner ceux que nous n'osons pas avouer.




Il a écrit cinq nouvelles complètement différentes et toutes aussi intéressantes.

La première un couple gay qui décide de se marier dans l'anonymat, derrière un pilier d'église pendant un vrai mariage, ils font les mêmes gestes, disent les mêmes paroles que le couple composé de Geneviève et Eddy, deux jeunes gens d'un quartier ouvrier de Bruxelles. Jean et Laurent décideront de s'approprier ce couple, ils le suivront pendant des années, toujours cachés, assisteront au baptême de leur premier enfant et du second aussi, mais le couple a bien changé, Geneviève ne semble pas heureuse et Eddy est devenu un mufle.
Cinquante cinq plus tard Geneviève reçoit la visite d'un notaire qui lui demande si elle accepte un héritage, elle ne connaît pas le donateur et finit par accepter, l'histoire commence.....Il est beaucoup question d'amour entre ces deux messieurs de Bruxelles.

Deuxième nouvelle : Le chien. Samuel Heymann qui est médecin à la retraite a toujours possédé un chien Argos, un beauceron, toujours le même chien, toujours le même nom. Son dernier chien se fait écraser, Samuel a 80 ans, ne supporte pas cette disparition, il se suicide. Sa fille Miranda veut connaître le secret de son père, elle s'adresse à l'auteur qui a plus ou moins fréquenté son père, sans vraiment être devenu son ami, seul l'amour d'un bon whisky a fait qu'ils se sont parlés. 
Avant de mourir Samuel a écrit quelques feuillets à l'auteur qui lui seront remis, le premier feuillet "Cher écrivain qui parle davantage qu'il n'écrit". Il veut que ce soit l'écrivain qui lise ses confessions avant de les transmettre à sa fille.
Cette nouvelle, est magnifique, bouleversante d'humanité, une histoire sur le pardon, mais peut-on toujours pardonner? J'ai beaucoup aimé.

Troisième nouvelle : Ménage à trois. La plus amusante et la plus surprenante.
Une veuve plus très jeune et pas vraiment jolie veut se caser, elle jette son dévolu sur un diplomate danois qui finit par la demander en mariage mais qui ne cesse pas de lui parler de son premier mari, un musicien qu'elle appelle un croque-notes, un mauvais musicien d'après elle, lui trouve qu'il avait du génie... Qui est cet homme qui se glisse au milieu de leur relation? Je ne vous raconte pas la suite.

Quatrième nouvelle : Un coeur sous la cendre et là j'ai pensé "Ce n'est pas possible, deux livres à la suite qui me parlent de l'Islande, c'est un signe, nous allons y aller un jour".

Alba est la tante de Jonas, Jonas a un problème cardiaque, il faudra le greffer, Alba a un fils Thor mais elle entretient une relation fusionnelle avec son neveu qu'elle adore. Thor a un accident de moto, accident mortel, il avait décidé de donner ses organes, à qui est allé son coeur? 
Une histoire vraiment touchante sur le don d'organes, sur le désir de vérité, sur la haine qui s'empare d'un être bouleversé par la disparition d'un enfant qui était sa chair. Une histoire qui s'achèvera dans la douceur, dans la paix retrouvée. Le printemps sera bientôt de retour.
L'Islande est superbement décrite, la nature de ce pays "Les téphras du volcan giclaient au sol, parfois aussi ténus que des oeufs, parfois pansus comme des menhirs".

Cinquième nouvelle : L'enfant fantôme. L'histoire d'un grand amour entre un homme et une femme qui s'aiment d'une façon égoïste, ils n'ont pas besoin des autres, même pas d'un enfant, leur enfant est leur couple, mais l'horloge biologique est là, la femme est prise d'un désir d'enfant malgré les risques d'une maladie génétique, l'enfant risque d'être atteint de pathologies invalidantes et en effet lorsque Séverine arrive à être enceinte, les examens révèlent que le bébé a la mucoviscidose...

J'espère que j'en n'ai pas trop dit, une copine scrabbleuse me disait l'autre jour qu'elle lisait toujours ma gazette mais qu'elle attendait un peu pour acheter le livre, l'instant où elle aurait un peu oublié l'histoire.

Malou à qui j'ai prêté le livre que Michelle avait acheté "L'amour et les forêts" D'Eric Reihnart m'a dit hier "Je l'ai fini à 3h du matin, complètement bouleversée, je ne l'ai pas ramené parce que je veux relire le début" Elle m' a dit la définition exacte de ce livre "Un livre horriblement beau".

A Nantes aussi une scrabbleuse m'a dit qu'elle était en train de le lire après avoir vu ma gazette, elle adorait.

Lisez "Les Deux Messieurs de Bruxelles", il est en poche, l'auteur vous amènera sur le questionnement de la nature humaine, tout est ciselé, l'écriture est parfaite comme d'habitude, je m'exalte, je m'exalte mais j'ai raison. L'AMOUR. J'espère avoir réveillé en vous l'envie de le lire, sinon tant pis, vous passerez à côté d'un très bon moment.

Bye MClaire.






samedi 11 octobre 2014



Un vrai, un très grand bonheur de lecture. Vous ne pourrez pas rester insensible à ce livre si vous ne l'avez pas encore lu, il a été un immense succès dans les pays scandinaves et en Allemagne.

J'aime beaucoup les écrivains nordiques, je ne connaissais pas Bergsveinn Birgisson. Je badais dans les allées de Leclerc-Culture sans idée précise et la couverture du roman était attirante, j'ai pris le livre, j'ai lu le résumé de l'histoire et j'ai su que j'allais beaucoup aimer. Aucune déception, au contraire.

J'aime les écrivains nordiques autant que les écrivains latins, par opposition, j'aime aussi les pays nordiques et j'aimerais aller en Islande. L'Italie me plaît, la Norvège, la Suède aussi, évidemment pour des raisons différentes, nous passons du bruit de la rue, des gens qui parlent fort, des sentiments exprimés au silence, à la discrétion, l'impression d'être dans un autre monde, déconcertant pour nous latins et la nature est splendide.

L'histoire se passe en Islande, c'est une longue lettre de 130 pages adressée à Helga, l'auteur Bjerni a aimé passionnément Helga et à l'orée de sa mort il lui adresse une lettre pour lui dire combien elle a été importante dans sa vie malgré sa lâcheté à lui, il n'a jamais voulu quitter sa campagne pour la suivre à Reykjavik, ils étaient mariés chacun de leur côté, elle était prête à tout pour lui et lui non malgré son immense passion pour elle.
Ce roman est un hymne aux traditions, à la campagne, à la vie calme, simple, au désir crûment décrit quelquefois, à l'amour obsessionnel et Bjerni a un amour inconditionnel pour la nature, pour ses brebis, pour la pêche en solitaire, pour son travail de contrôleur de fourrage et cet amour l'empêche d'assouvir son amour pour Helga jusqu'à la fin, il se spolie seul.

'Certains meurent de causes extérieures. D'autres meurent parce que la mort depuis longtemps soudée à leurs veines travaille en eux, de l'intérieur. Tous meurent. Chacun à sa façon. Certains tombent par terre au milieu d'une phrase. D'autres s'en vont paisiblement dans un songe. Est-ce que le rêve s'éteint alors, comme l'écran à la fin du film ? Ou est-ce  que le rêve change simplement d'aspect, acquérant une autre clarté et des couleurs nouvelles ? Et celui qui rêve, s'en aperçoit-il tant soit peu ?".

Ce sont les premières phrases du livre.

L'écriture est souvent poétique, j'étais touchée à chaque ligne par les mots du narrateur.

"L'amour ne se réduit pas au romantisme citadin où il s'agit de trouver la seule, la vraie qui comblera votre âme jusqu'à la faire déborder et dégouliner telle une pompe intarissable. L'amour est présent aussi dans cette vie que j'ai menée ici, à la campagne."

"Ici à la campagne, j'ai eu de l'importance. Et si ce n'est qu'une idée, au moins aurai-je eu l'impression d'en avoir. Voilà une différence qui compte. Ici j'ai pu voir le fruit du travail de mes mains".

"Je ne veux pas dire que tout est réellement merveilleux par ici, ni que les gens sont des anges. Bien sûr, ici il y a des ragots, la jalousie, et toutes sortes de conneries qui vont avec l'espèce. Mais ces gens là vous dépanneront d'un pneu de tracteur en cas de besoin".


Il dit quelquefois en parlant de sa Belle "Tu es belle comme un tracteur" mais pour lui c'est la plus merveilleuse façon de décrire la beauté d'Helga. 

J'ai aimé le passage où il décrit tout ce qu'il fait de ses mains et pas des objets qui viennent des quatre coins du monde "Le premier a une âme et l'autre non".

J'ai aimé découvrir l'âpre existence de ces Islandais qui ne peuvent pas enterrer leurs morts lorsque tout est gelé, le chapitre du fumage du corps pour attendre le printemps est saisissant. 

Je sais que si je visitais ce pays je ne pourrais pas l'oublier parce qu'il ne doit ressembler à aucun autre.

J'ai aimé faire ce voyage en lisant ce livre à défaut de le faire vraiment mais qui sait?

Lisez ce roman, vous ne regretterez pas ces quelques heures passées dans votre canapé parce que vous n'arriviez pas à lâcher le livre.. C'est un magnifique chant d'amour, adressé à une femme et à la nature... 

J'ai quelques livres qui attendent, Michelle a alimenté la pile. Hier, j'avais acheté en poche "Immortelle randonnée" de J.C Rufin et il a été oublié sur le tapis de la caisse chez Carrefour, je vais le récupérer la semaine prochaine, j'attendais avec impatience qu'il sorte en poche, je vais encore attendre un peu.


 Bye MClaire.







vendredi 3 octobre 2014



C'est le troisième bouquin de cet auteur que je lis. J'avais aimé "La liste de mes envies", aimé un peu plus parce que l'écriture avait pris de l'assurance et que l'histoire me plaisait "La première chose qu'on regarde", je n'ai donc pas hésité une seconde à lire ce troisième livre  Trois romans écrits en trois ans, pas mal.

Autant le dire tout de suite, je suis très partagée, j'ai aimé, je n'ai pas aimé...et pourtant je l'ai lu presque d'une traite, alors que j'avais abandonné deux livres avant celui-là. J'abandonne si je m'ennuie et c'est assez rare, là je ne me suis pas ennuyée, pas une seconde, mais l'histoire est tellement noire, triste, nous pouvons être désorientés. Je cherche les raisons, la première à mon avis est que j'ai encore en tête le livre de Reinhart "L'amour et les forêts'", un roman noir magnifique et le livre de Delacourt ne supporte pas la comparaison 
J'ai beaucoup aimé à partir de la deuxième partie, celle qui est plus lumineuse, la rédemption d'un homme sous le soleil du Mexique et le cheminement du pardon d'une fille envers son père, là je l'avoue c'est vraiment superbe.

L'histoire :

C'est l'histoire d'Antoine, 38 ans, il travaille dans les assurances, son boulot: traquer les fraudes, il est expert
Antoine traîne avec lui une immense tristesse, le mal d'amour, sa mère est partie vivre sa vie en le laissant seul avec un père un peu lâche, sans envergure et Anne sa petite soeur qui vient de perdre sa jumelle Anna, à 7 ans celle-ci ne s'est pas réveillée. Anne n'arrivera plus à prononcer une phrase complète, un mot sur deux, un langage mutilé, amputé. Antoine liera des liens avec cette petite soeur qui ne s'occupait jamais de lui puisqu'elle vivait avec son double, ils seront deux pour essayer de se reconstruire dans une famille qui vient d'exploser et un père qui n'a jamais eu un geste de tendresse, ça ne se faisait pas, Antoine est docile, impuissant, il ne se rebelle pas comme son père à qui il ne voulait surtout pas ressembler.
La lecture du début de ce livre est pesante, toutes les misères du monde sont rassemblées, le chômage, le cancer, les enfants délaissés, le départ d'un des parents, tous les maux de notre société, dans le livre c'est même un peu trop.
Antoine rencontre Nathalie, ils s'aiment trop vite, trop passionnément, Joséphine naît et Nathalie prend un amant, elle revient, Léon naît et finalement elle repart. Antoine est de nouveau abandonné.
Il perd son travail accusé d'avoir voulu favoriser une assurée.

Il y a de quoi péter les plombs et c'est ce qui arrive. Le pire, l'irréparable.

La deuxième partie est beaucoup plus lumineuse, Antoine part s'installer au Mexique, près de Puerta-Vallarta, il devient homme de ménage dans un hôtel, le "Desconocido" l'inconnu. Il rencontrera un enfant dans une rue qui lui demandera de jouer au foot avec lui, puis Matilda la "soeur" du gamin, supposée être sa soeur, l'amour naîtra doucement, ils ne sont pas pressés "Notre famille naît dans le silence. Dans la grâce. Dans la paix enfin".

La troisième partie est bouleversante, racontée par Joséphine la fille d'Antoine. Le pardon sera au rendez-vous au bord d'une plage mexicaine. J'ai pleuré évidemment.

Il faut se blinder avant de commencer à lire, rendre étanche tous nos sentiments si nous ne voulons pas nous laisser submerger par l'émotion, je n'ai pas pu le faire et c'est sans doute la raison pour laquelle le début de ce livre m'a paru pesant, si sombre.
Ce petit garçon je l'ai aimé et j'ai détesté ses parents incapables de dire "Je t'aime", cette absence d'amour est insupportable. J'ai aimé cet enfant et j'ai moins aimé l'adulte qu'il est devenu, lâche comme son père mais toujours à la recherche de sa mère, il la retrouve mais cette rencontre ne sera pas salvatrice, au contraire. Il ne sait pas se révolter et ça les femmes n'aiment pas, elles partent. C'est très difficile d'être un gentil dans notre société, il vaut mieux être un peu voyou, lui ne sait pas, lui aurait juste voulu que son père réponde à la question " Comment se forme la pluie" et son père n'a pas répondu. Lui aurait juste voulu que sa mère ne réponde pas "A quoi ça sert" lorsqu'il a demandé si elle l'aimait. 

"Ce n’est pas que je n’ai pas voulu de toi, disait-elle ; je n’ai pas voulu de moi. Je ne comprenais pas. Elle a essayé de m’expliquer : elle ne s’était pas rêvée en parfaite petite mère de famille. Ça ne l’intéressait pas, c’est tout. Mais moi ? avais-je demandé. Moi, tu m’aimes, maman ? Tu m’aimes ? Elle m’a répondu : sans doute. Sans doute, mais à quoi ça sert ? ».

Il y a aussi l'écriture bien particulière, des phrases courtes, un style un peu hachuré. Au début de chaque chapitre dans la première partie il y a un prix, le prix d'une vie, le prix d'un geste, le prix d'un objet, notre société de consommation.

Pour une raison plus personnelle, cela m'a fait plaisir de relire les descriptions de la région de Puerta-Vallarta, nous connaissons, nous y sommes allés deux fois, pourtant c'est là que nous avons failli perdre la vie dans un tremblement de terre, mais oublions et essayons de nous souvenir que des beaux moments, des paysages magnifiques, de l'océan qui peut être meurtrier, les vagues sont puissantes on peut très vite se retrouver dans un tambour de machine à laver. La région de Puerta-Vallarta est aussi évocatrice de films "La nuit de l'iguane" par exemple..

Voilà mes impressions, à vous de juger, je suis sortie un peu secouée de ce bouquin mais vous? J'allais oublier j'ai aimé la petite phrase d'introduction d'Henri Calet "Ne me secouez pas, je suis plein de larmes".

 Bye MClaire.


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