dimanche 24 novembre 2013

Sorj Chalandon "Le quatrième mur"








Presque systématiquement chaque année je lis le Goncourt des lycéens, je suis allée acheter "Le quatrième mur" de Sorj Chalandon pour ne pas faillir à mes habitudes et surtout parce qu'un autre lecteur m'avait recommandé ses bouquins.
J'ai dû lire plus d'un millier de bouquins depuis que je sais lire, je n'ai jamais compté, mais aucun ne m'a autant bouleversée, on ne peut pas sortir intacte lorsqu'on a tourné la dernière page de ce livre. Je suis à peu près certaine que ce roman restera à jamais gravé dans ma mémoire.
J'ai lu des livres passionnants, d'autres un peu moins, il m'arrive de saisir un livre à l'occasion d'un rangement et de me dire "Tiens, il parlait de quoi celui-là?" Je lis la quatrième de couverture ou quelques lignes et l'histoire apparaît, mais il n'a pas laissé de traces.
Autant vous avertir tout de suite, âmes sensibles s'abstenir. Ce "roman", enfin je n'arrive pas à intégrer l'idée que c'est un roman, tout à l'air tellement vrai, tout est vrai, le massacre de Chatila est vrai, la guerre du Liban est vraie, la folie des hommes est vraie.

Sorj Chalandon a mis son expérience de grand reporter au service de son roman. Il a couvert la guerre du Liban de 1981 à 1987, il a vu un jour de septembre 1982 le massacre de Chatila, une nuit couché sur le toit d'un immeuble il voyait les balles traçantes et il trouvait ça beau, là il a pris la décision d'arrêter parce qu'il ne pouvait plus vivre avec de telles images, sa raison était en train de vaciller. Georges le personnage principal du livre prend la relève du reporter, lui ira jusqu'à la fin, jusqu'au moment où il n'y a plus de limite, où la guerre prend possession de l'homme jusqu'à ce qu'elle lui paraisse indispensable à sa vie, jusqu'au point de sacrifier les personnes qu'il aime le plus au monde sa femme et sa fille restées en France dans leur petit confort qu'il ne supporte plus.

L'histoire imaginée par Chalandon : Sam un juif de Thessalonique a fui le régime des colonels en Grèce, il a fait la connaissance de Georges lors des combats d'étudiants d'extrême gauche et d'extrême droite. Sam est metteur en scène, adepte de la non violence, "La violence est une faiblesse" avait dit Sam après une embuscade tendue à des étudiants d'extrême droite, il ne supportait pas les coups et le slogan "CRS SS", un jour il avait pris Georges par le bras et s'était campé devant les CRS en disant :
"Alois Brunner (tortionnaire nazi) n'était pas là Georges. Ni aucun autre SS. Ni leurs chiens, ni leurs fouets. Alors ne balance plus jamais ce genre de conneries, d'accord ?"

Sam a une passion le théâtre et le rêve de faire jouer Antigone au Liban par des acteurs de tous les camps, Palestiniens, Chiites, chrétien Libanais, Druzes, phalangistes.., il a trouvé le lieu qui servira de théâtre, sur la ligne de démarcation. L'Antigone de Anouilh pas celle de Sophocle, Antigone la petite maigre qui tient tête à Créon, un symbole de liberté. une résistante. Il a recruté tous les acteurs, préparé minutieusement la mise à scène mais il tombe gravement malade, un cancer du poumon qui s'est généralisé, il va mourir mais ne veut pas abandonner son rêve, il demande à Georges de continuer ce qu'il a commencé. Georges est surpris, hésite et accepte, il n'a pas la force de lui refuser ça.
Il partira au Liban pour quelques semaines, il essaiera de porter à bout de bras cette utopie, aller jusqu'au terme de cette histoire, mais la guerre n'est pas du théâtre...

Il y a aussi la façon dont chaque acteur s'attribue leur rôle, chacun reporte dans le personnage ses propres croyances, la plus émouvante est la Palestienne, la belle Imane qui devra interpréter Antigone. Georges en tombera même un peu amoureux.
Créon est un chrétien, il se veut le garant de l'ordre, il impose sa loi. Eurydice sera jouée par une Chiite, mais elle ne veut pas se suicider à la fin, sa religion lui interdit ce geste, il faudra que Georges trahisse le texte d'Anouilh pour lui faire adopter son rôle. L'Arménienne sera Ismène. Hémon est Druze.

C'est une plongée bouleversante dans la folie des hommes. Je n'ai jamais lu des pages aussi fortes. Les pages décrivant la tuerie de Chatila sont terribles. La folie des hommes contaminera Georges, il sera lui aussi poussé à la folie.

J'ai aussi beaucoup aimé le personnage de Marwan le chauffeur de taxi Druze.

Je ne peux pas penser qu'il vaut mieux vivre une guerre plutôt qu'une autre, la guerre est tellement laide, mais je n'ai pas pu m'empêcher de dire "Au moins en Algérie, il n'y avait que deux camps, la France contre le FLN, on savait qui était en face." Au Liban c'est presque impossible, les alliances se font et se défont, les snippers sont au coin des rues.

J'ai une belle sœur qui est chrétienne libanaise, hier je l'ai appelée pour lui demander la date exacte de son arrivée en France, en 1976 pour suivre ses études en fac de pharmacie, elle ne pouvait pas étudier sérieusement au Liban, la situation était trop tendue. Le Liban est en guerre depuis presque 40 ans. Ce pays est fait d'alliances, il est aussi un refuge pour les émigrés qui fuient les conflits, leur grand problème en ce moment est l'arrivée des Syriens. Trop de communautés, comment arriver à s'entendre?

Lisez ce livre sublime, il vous bouleversera, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que Sorj Chalandon avait écrit une partie de sa propre histoire, il est Georges jusqu'à un certain moment où la fiction prend le relais. Je n'arrivais pas à m'endormir hier soir, ce livre me hantait.
Jusqu'à aujourd'hui mon livre préféré de l'année 2013 était "La cuisinière d'Himmler" "Le quatrième mur" est venu le concurrencer.
J'ai un autre de ses bouquins qui attend "La promesse" mais avant je vais lire quelque chose de plus léger "Journal intime d'un arbre" de Didier Van Cauwelaert, en poche.


Bye MClaire.

dimanche 17 novembre 2013

"La grâce des brigands" Véronique Ovaldé.


N'ayons pas peur d'être enthousiaste, ce roman est une pure merveille.

J'avais beaucoup, beaucoup aimé "Ce que je sais de Véra Candida", j'ai autant aimé celui-ci.
L'univers de V.Ovaldé me fait penser à celui de Carole Martinez (Le cœur cousu). La même imagination, la même poésie, la même envie de nous faire découvrir des femmes libres qui se débarrassent des chaînes de l'enfance, de parents étouffants.

Maria-Christina est la fille d'un couple mal assorti, ils semblent s'être mariés par ennui, le père imprimeur analphabète, un comble. Il est parti un jour de sa Laponie pour découvrir le monde, il voulait aller à Vancouver, il ne savait pas lire et s'est trompé de train, il est descendu à Lapérouse, un village construit sur la rive de l'Omoko ce fleuve est imaginaire. Un village qui porte très mal son nom, Lapèrouse ce navigateur aux multiples aventures, dans ce bourg il ne se passe rien, Maria-Christina et sa sœur mènent une vie austère, la mère est un peu foldingue, complètement obsédée par le Mal qui pourrait arriver à ses filles, le sexe est maudit, l'alcool interdit, le moindre goût du luxe est péché, on ne prononce jamais le mot Amour dans cette famille sauf en ce qui concerne le Seigneur. Marguerite Richaumont fait partie de l'Eglise de la Rédemption Lumineuse, une vraie dérive mystique. Tout acte d'amour est l'œuvre du Malin, le soir elle attache les mains de ses filles pour qu'elles ne se masturbent pas, sa hantise. M.Christina étouffe.
Un jour arrive l'accident, elle veut montrer à sa sœur au printemps la sortie par milliers des serpents jarretières à flancs rouges, sa sœur a une peur panique des serpents en reculant elle tombera dans un ravin et finira sa chute sur une pierre. Traumatisme crânien etc.. Elle restera toute sa vie une petite fille de 14 ans. M.Christina portera à jamais la culpabilité de l'accident.

Elle est douée pour les études et demandera une bourse avec l'accord du père qui se tait devant les divagations de sa femme mais qui comprend qu'elle veuille partir, elle ira donc à Los Angeles poursuivre ses études et là connaîtra tous les excès de cette ville, une ville dans un paysage de stuc. Elle adorait lire, se réfugiait dans la lecture pour fuir les crises mystiques de sa mère et adorerait écrire un roman, ce qu'elle fait sous la protection d'un écrivain qui rêve du Nobel, Rafael Claramunt a été un grand écrivain, mais il s'essouffle, consomme trop de drogue, il lui fera découvrir l'amour charnel a 17 ans et lui fera publier son premier bouquin "La vilaine sœur" livre où elle règle ses comptes avec sa famille et qui aura un immense succès. Un coup de téléphone viendra bouleverser sa vie, elle retournera sur les lieux de son enfance et reverra sa mère après tant d'années d'absence, une mère toujours aussi hystérique... la suite vous la découvrirez tout seul, si vous aimez lire vous devez l'acheter.

"Joanne lui demanda tout de suite, Mais tu veux faire quoi dans la vie toi ? et Maria Cristina répondit, Je veux écrire, et Joanne dit, Des poèmes, des chansons ? et Maria Cristina dit, Des romans, je veux écrire des histoires, je veux écrire des livres et Joanne dit, Tu ne peux pas écrire des livres, il ne t'est encore rien arrivé."

Je ne peux pas ouvrir un chapitre "Ce que je n'ai pas aimé" J'ai tout aimé.

J'ai aimé la narration, en lisant nous avons l'impression qu'elle nous raconte une fable, le langage imagé, toujours à la frontière de l'étrange, c'est très dense mais jamais barbant, l'écriture particulière de V.Ovaldé. Il y a de l'humour,  une étude acérée de notre société, des réflexions sur la célébrité, le snobisme des gens qui se pensent célèbres, elle étudie très bien chaque personnage de son livre, ils sont tous attachants à leur façon.
Il y aura des imposteurs, un imposteur "La grâce des brigands.", elle arrivera à se débarrasser de ces brigands qui ont pollué sa vie. L'émancipation féminine est un sujet récurrent chez cette auteure.

« Tu sais que ta notoriété a dépassé le stade de ta corporation à la façon dont ta présence exalte les gens et les contraint à garder un air parfaitement normal et blasé quand ils te parlent. C’est ça la vraie célébrité : elle se mesure à l’effort que produit chacun pour garder un air morose en ta présence tout en étant absolument électrisé ».

Les 50 dernières pages sont les plus émouvantes, la découverte de l'enfant qui viendra bouleverser sa vie, ce n'est pas le sien mais elle l'aimera très fort jusqu'à la fin...
Il faut toujours se méfier des gens qui disent "je ne veux pas d'enfant", ce sont les premiers à être bouleversés par l'arrivée d'un enfant dans leur vie, sans doute parce que justement ils pensaient être insensibles et se retrouvent surpris de sentir leur cœur battre très vite à la vue d'un petit être qui va chambouler toute leur vie bien ordonnée, ils se défendent et succombent, c'est ce qui arrivera à M.Christina.

Le dénouement du livre est surprenant mais reste plein d'espoir, j'aimerais bien que l'auteure écrive la suite, la vie du petit garçon Peeleete. V.Ovaldé a un sacré talent, il faut absolument se laisser embarquer dans ce récit, pour moi c'est un grand coup de cœur. 
 Véronique Ovaldé.
  Bye MClaire.



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samedi 9 novembre 2013

Douglas Kennedy "Cinq jours"

Après une petite marche jusqu'au golfe sous un très agréable soleil d'automne, je m'installe devant mon ordi pour écrire une gazette, donner mes impressions sur le dernier Kennedy "Cinq jours".

Je lis toujours les bouquins de Kennedy en étant presque certaine qu'ils ne me décevront pas, il sait captiver le lecteur, il y a des livres que j'ai beaucoup aimés, d'autres un peu moins, mais je n'ai jamais reposé le roman en décidant de ne pas aller jusqu'à la fin.


Pour celui-ci mes sentiments sont partagés, j'ai aimé parce que l'histoire est toujours agréable à lire, j'ai moins aimé certains passages, un peu trop fleur bleue à mon avis. Si vous voulez de l'action ce n'est pas celui là qu'il faut acheter, rien à voir avec "L'homme qui voulait vivre sa vie." ou "Les désarrois de Ned Allen.".

Kennedy analyse la vie conjugale à la loupe, j'ai eu l'impression que c'était du vécu, un mariage qui s'étiole, morne, Laura n'en peut plus de sa vie rythmée par son travail, ses deux grands enfants qu'elle adore mais qui prennent leur envol, un mari licencié qui ne retrouve pas de travail et qui devient de plus en plus irascible. Elle est technicienne en radiologie, elle fait des scanners à longueur de journée, découvre des cancers ou pas, elle est de plus en plus perturbée par ces malades qui attendent une bonne nouvelle ou pas. Elle avait réussi à se forger une solide carapace devant le malheur et la carapace se fendille, preuve de son mal-être, les larmes au bord des paupières lorsqu'elle sait que le médecin devra annoncer le pire aux parents d'un enfant ou à une famille.
J'ai appris qu'un médecin ne viendra jamais vous voir après un scanner qui révèle une tumeur, s'il vient vous parler c'est que les résultats ne sont pas inquiétants, en principe. C'est vrai, je m'en souviens, ils ne veulent pas que nous leur posions des questions auxquelles ils ne pourraient pas répondre franchement, ils laissent ça aux médecins traitants ou aux médecins du service dans lequel vous êtes transportée et le médecin du service laisse ça au chirurgien qui viendra vous dire d'un seul coup "C'est un cancer", il le fait parce qu'il a bien compris que vous pouviez recevoir la nouvelle sans broncher, vous aviez deviné, vous faisiez face, vous étiez prête à entendre. Dans le livre ça donne lieu à de très beaux passages, assez émouvants, surtout dans le dernier chapitre.

Une bouffée d'oxygène pour Laura, on lui propose un week-end à Boston pour assister à un congrès de radiologie, elle accepte, heureuse de laisser derrière elle pendant quelques jours son mari et leurs soucis financiers. Le congrès se passe dans un hôtel sans charme et à l'accueil elle entame une conversation avec un homme disons banal physiquement mais qui sait parler, cette rencontre va bouleverser sa vie, les deux héros de ce bouquin se découvrent plein de points communs, surtout littéraires et plus puisqu'il y aura des affinités, cinq jours hors du temps. Chacun se laisse aller à des confidences, ils se racontent leur vie et découvrent qu'ils sont faits l'un pour l'autre...Ils vivent tous les deux dans le Maine, cet état magnifique mais où les commérages vont bon train, tout se sait. L'Amérique puritaine est bien décrite.

Je vais commencer par ce que je n'ai pas aimé :

Les chapitres où ils sont amoureux, un amour tout neuf qui m'a fait penser à la découverte des sentiments amoureux lorsque nous sommes ados, c'est un peu cucu dans la bouche de ces gens qui ont plus de 40 ans. Les citations littéraires à tout instant surtout lorsqu'ils sont dans leur chambre d'hôtel, ce n'était peut être pas tout à fait le moment. Là les dialogues étaient, oui comment dire, dignes des livres de Barbara Cartland ou de la collection Arlequin.
Finalement je me demandais si ce Richard était vraiment fait pour elle, il manquait un peu de fantaisie, trop englué dans ses propres problèmes familiaux. Richard est vendeur de contrats d'assurances, je n'ai rien contre les assureurs mais ce n'est certainement pas un métier qui vous permet d'être fantaisiste tous les jours, les clients seraient surpris, et comble de malchance son fils est interné en psychiatrie, il est bipolaire, il cumule les malheurs. Je préférais le commerçant qui vendait des couleurs pour les peintres, bien plus bohème, plus apte à la rendre heureuse à mon avis. Elle aurait parlé littérature, lui de peinture, cela aurait été moins lassant, ils se seraient enrichis mutuellement, mais peut être que..... Je ne vais pas tout raconter.

Ce que j'ai aimé :

L'histoire dans son ensemble, j'ai lu à tous les moments de la journée, 364 pages, c'est un signe. Je ne me suis pas ennuyée, c'est bien ce que l'on demande à un bouquin et ça fait du bien de temps en temps de lire un livre qui ne demande pas trop de concentration.
J'ai aimé cette femme qui finalement prendra la responsabilité de briser son couple pour vivre plus sereinement, loin d'un mari qui ne sait pas lui prouver son affection, un peu goujat, avec qui elle ne partage rien. Elle a à un peu plus de 40 ans, c'est maintenant ou jamais, elle le fera malgré toutes les conséquences. Elle a décidé de ne plus s'enliser dans cette vie qui ne lui convient plus, il lui faudra du courage. Pas facile de tout abandonner, mais il doit arriver un moment dans ces situations où il faut penser à soi avant qu'il ne soit trop tard. Cela nous fait apprécier d'autant plus une vie heureuse, un mari attentif, il va lire ma gazette j'en suis certaine, qu'est-ce qu'il va être heureux !
Il y a juste une chose qui m'énerve, il me contrarie lorsque j'indique le chemin à quelqu'un, il interrompt la conversation en disant "Attention, ma femme confond sa droite et sa gauche". Comme je parle beaucoup avec les mains, la personne avait bien dû comprendre non ?

Puisque nous jouons au scrabble c'est que nous aimons les mots et dans le bouquin, les mots rares ne manquent pas, normal puisque les héros aiment les mots. Je ne pense pas que nous pourrons les poser sur une grille, exemple : amphigourique, se dit du style d'un écrivain embrouillé et obscur.

Encore une fois, je ne sais pas si je dois vous recommander ce bouquin qui se lit avec plaisir mais qui est quelquefois décevant, ce n'est pas le meilleur Kennedy, ni le plus bouleversant comme le dit la quatrième de couverture. Lisez-le si l'occasion se présente. Il ne sera pas inoubliable, ce n'est pas non plus tout à fait un roman de gare, il y a de très bons passages.
Le livre de Kennedy que j'ai adoré "Au-delà des pyramides." Un récit de voyage, du grand Kennedy. Si vous avez l'occasion de le lire, foncez.

J'aime bien cette photo, ce n'est pas chez moi. Je pourrais faire la même, des piles de livres et un café brûlant.


Du coup je n'ai pas encore lu celui de Véronique Ovaldé, je vais m'y mettre, plus tard j'achèterai celui de Lionel Duroy "Vertiges.".  Bye MClaire.



vendredi 1 novembre 2013

"Les nymphéas noirs" Michel Bussi.


La pluie, la pluie, il fait sombre, le vent recommence à souffler, pour oublier tout ça il faut se plonger dans un livre, j'ai pu finir "Les nymphéas noirs." pelotonnée dans mon fauteuil. Lorsqu'il fait soleil, ce fauteuil est bien placé, il est inondé de lumière.
J'ai fini ce bouquin, livre papier pas sur une tablette électronique. Je vous dis ça parce qu'hier soir j'ai regardé le reportage sur la 2, la mort des librairies, elles ferment les unes après les autres, à cause de la liseuse mais aussi d'Amazon.
Je suis certaine que je ne pourrais pas lire un roman sur une liseuse, j'aime trop le toucher, l'odeur du papier, c'est comme si vous alliez acheter une baguette sur votre tablette et que vous fassiez semblant de la manger, vous auriez toujours faim, là c'est pareil, j'aurais l'impression de ne pas avoir lu le vrai bouquin, un fac-similé, j'aurais toujours faim.

Il y a des libraires qui font preuve d'imagination pour maintenir leur boutique ouverte, installer un salon de thé ou un restaurant qui compose des plats à base de recettes des livres de cuisine vendus. Évidemment, nous ne pouvons pas empêcher la société d'évoluer, de changer, mais c'est triste de voir une librairie disparaître, on ne tient pas une librairie par accident, ce n'est pas un métier comme un autre, il faut beaucoup aimer les livres, faire partager sa passion, connaître les auteurs, c'est un beau métier.


«Trois femmes vivaient dans un village. La première était méchante, la deuxième était menteuse, la troisième était égoïste. Elles possédaient pourtant un point commun, un secret en quelque sorte : toutes les trois rêvaient de fuir… »
Ce livre commence comme un conte.

J'avais lu "Un avion sans elle" de Michel Bussi, j'avais beaucoup aimé. Autant le dire tout de suite, j'ai bien aimé "Les nymphéas noirs" mais pas autant, lorsqu'un bouquin me passionne, je lis sans arrêt, la moindre petite minute disponible et je lis une page, là non j'ai lu tranquillement, avec intérêt mais sans passion.
Ce livre est un hommage à Monet, à Giverny où a vécu le peintre, niché dans un méandre de la Seine, tout petit village qui est très visité chaque année par des touristes du monde entier. Il y a la maison de Monet, le jardin de Monet et dans le roman il y a des meurtres. Une vieille femme très inquiétante qui épie à longueur de journée ce qu'il se passe dans les deux rues de ce village, elle habite un moulin 'Le moulin de la sorcière".
Il y a Fanette, Vincent, Paul, Mary, Camille, les élèves de la très belle institutrice Stéphanie qui est mariée à Jacques. Pour élucider le premier meurtre arrive un bel inspecteur et son adjoint. Laurenç Séverac l'inspecteur tombera amoureux de Stéphanie, l'instit qui a des yeux de la couleur des nymphéas, mais....
Fanette a un don, elle a 11 ans et peint admirablement bien, elle a du talent, James un américain peint aussi avec elle, lui donne des conseils, mais un jour James est assassiné, meurtre mystérieux, Fanette et sa maman ne retrouve pas le cadavre sur le lieu du crime, est-ce que Fanette a inventé James?
Quels liens entre cette vieille femme et les autres? Il y a aussi un chien Neptune qui traîne toute la journée dans le village, le chien de la vieille dame, il sait tout Neptune mais il ne peut pas parler.
 

Bien sûr les peintures de Monet sont très présentes, surtout les nymphéas peints à longueur de vie, 272 tableaux des nymphéas peints par Monet, un seul tableau s'est vendu 25 millions de livres dernièrement. Est-ce qu'il y aurait un tableau non répertorié ? Est-ce qu'il existerait quelque part un tableau "Nymphéas noirs."? La rumeur dit que des toiles seraient toujours cachées dans la maison de Monet, mais ce n'est qu'une rumeur.

Michel Bussi a su décrire Giverny, à la manière d'un peintre, par petites touches. L'épilogue du bouquin est surprenant, mais en même temps j'avais un peu deviné, je savais qui avait tué, cela n'a pas été une surprise pour moi, la surprise vient de l'explication de la vieille dame. Si nous sommes un peu attentives lorsque nous lisons les prénoms des enfants il y a un lien avec des peintres célèbres.
J'ai toujours eu envie d'aller à Giverny, ça ne s'est jamais fait, pour quelle raison? Alors est-ce qu'après avoir lu ce livre mon envie est encore plus forte? Je ne crois pas. J'irai sans aucun doute, un jour. J'irai aussi au musée de Vernon. Michel Bussi décrit tous ces cars de touristes qui déferlent sur Giverny, les queues interminables pour entrer dans la maison, il faudrait savoir quel jour est le plus approprié pour visiter sans cette foule. Pour la saison hélas! le choix n'est pas trop étendu si nous voulons voir le jardin dans toute sa splendeur cela doit être le printemps et l'automne. Je crois. En octobre j'aimerais bien, lorsque la pluie fait revivre la nature, que le feuillage flamboie et surtout que la queue pour visiter s'amenuise. En visitant la cuisine on peut même imaginer l'odeur des confitures, c'est ce qu'il se passait lorsque je visitais Nohant tout près de La Châtre, la cuisine de George Sand. J'aime ces grandes cuisines où les cuivres brillent sur les murs.

Une citation :
"Ce que je tiens tant à retrouver, c’est un carton, un simple carton de la taille d’une boîte à chaussures, rempli de vieilles photos. Vous voyez, ce n’est guère original. Il parait que maintenant, j’au lu ça, toute une vie de photos peut tenir dans une clé USB de la taille d’un briquet. Moi, en attendant, je cherche ma boîte à chaussures. Vous, à plus de quatre-vingts ans, vous chercherez dans votre fourbi un minuscule briquet. Bon courage. Ça doit être le progrès."

J'aime beaucoup la peinture des impressionnistes, c'est celle que je préfère, si j'étais Liliane Bettencourt il y aurait des Monet pendus chez moi, c'est certain, mais je ne suis pas Liliane, je n'ai pas 400 millions de revenus chaque année, je dois me contenter de regarder ceux qui sont suspendus dans les musées.

Je me répète, j'ai bien aimé ce bouquin qui décrit des destins croisés, vous aimerez encore plus si vous aimez les polars, ma retenue vient sans doute du fait que je n'aime pas beaucoup les polars, j'en lis très peu, Michel Bussi a écrit un polar mais aussi un livre sur Monet, ce n'est pas tout à fait un policier, c'est sans doute pour ça que je suis allée jusqu'à la fin sans ennui. Je crois que pour aimer, il faut accepter de rentrer dans l'imaginaire du romancier.
Il est vendu en poche.

Je vais attaquer celui de Véronique Ovaldé "La grâce des brigands.". Bye MClaire.