Après une petite marche jusqu'au golfe sous un très agréable soleil d'automne, je m'installe devant mon ordi pour écrire une gazette, donner mes impressions sur le dernier Kennedy "Cinq jours".
Je lis toujours les bouquins de Kennedy en étant presque certaine qu'ils ne me décevront pas, il sait captiver le lecteur, il y a des livres que j'ai beaucoup aimés, d'autres un peu moins, mais je n'ai jamais reposé le roman en décidant de ne pas aller jusqu'à la fin.
Pour celui-ci mes sentiments sont partagés, j'ai aimé parce que l'histoire est toujours agréable à lire, j'ai moins aimé certains passages, un peu trop fleur bleue à mon avis. Si vous voulez de l'action ce n'est pas celui là qu'il faut acheter, rien à voir avec "L'homme qui voulait vivre sa vie." ou "Les désarrois de Ned Allen.".
Kennedy analyse la vie conjugale à la loupe, j'ai eu l'impression que c'était du vécu, un mariage qui s'étiole, morne, Laura n'en peut plus de sa vie rythmée par son travail, ses deux grands enfants qu'elle adore mais qui prennent leur envol, un mari licencié qui ne retrouve pas de travail et qui devient de plus en plus irascible. Elle est technicienne en radiologie, elle fait des scanners à longueur de journée, découvre des cancers ou pas, elle est de plus en plus perturbée par ces malades qui attendent une bonne nouvelle ou pas. Elle avait réussi à se forger une solide carapace devant le malheur et la carapace se fendille, preuve de son mal-être, les larmes au bord des paupières lorsqu'elle sait que le médecin devra annoncer le pire aux parents d'un enfant ou à une famille.
J'ai appris qu'un médecin ne viendra jamais vous voir après un scanner qui révèle une tumeur, s'il vient vous parler c'est que les résultats ne sont pas inquiétants, en principe. C'est vrai, je m'en souviens, ils ne veulent pas que nous leur posions des questions auxquelles ils ne pourraient pas répondre franchement, ils laissent ça aux médecins traitants ou aux médecins du service dans lequel vous êtes transportée et le médecin du service laisse ça au chirurgien qui viendra vous dire d'un seul coup "C'est un cancer", il le fait parce qu'il a bien compris que vous pouviez recevoir la nouvelle sans broncher, vous aviez deviné, vous faisiez face, vous étiez prête à entendre. Dans le livre ça donne lieu à de très beaux passages, assez émouvants, surtout dans le dernier chapitre.
Une bouffée d'oxygène pour Laura, on lui propose un week-end à Boston pour assister à un congrès de radiologie, elle accepte, heureuse de laisser derrière elle pendant quelques jours son mari et leurs soucis financiers. Le congrès se passe dans un hôtel sans charme et à l'accueil elle entame une conversation avec un homme disons banal physiquement mais qui sait parler, cette rencontre va bouleverser sa vie, les deux héros de ce bouquin se découvrent plein de points communs, surtout littéraires et plus puisqu'il y aura des affinités, cinq jours hors du temps. Chacun se laisse aller à des confidences, ils se racontent leur vie et découvrent qu'ils sont faits l'un pour l'autre...Ils vivent tous les deux dans le Maine, cet état magnifique mais où les commérages vont bon train, tout se sait. L'Amérique puritaine est bien décrite.
Je vais commencer par ce que je n'ai pas aimé :
Les chapitres où ils sont amoureux, un amour tout neuf qui m'a fait penser à la découverte des sentiments amoureux lorsque nous sommes ados, c'est un peu cucu dans la bouche de ces gens qui ont plus de 40 ans. Les citations littéraires à tout instant surtout lorsqu'ils sont dans leur chambre d'hôtel, ce n'était peut être pas tout à fait le moment. Là les dialogues étaient, oui comment dire, dignes des livres de Barbara Cartland ou de la collection Arlequin.
Finalement je me demandais si ce Richard était vraiment fait pour elle, il manquait un peu de fantaisie, trop englué dans ses propres problèmes familiaux. Richard est vendeur de contrats d'assurances, je n'ai rien contre les assureurs mais ce n'est certainement pas un métier qui vous permet d'être fantaisiste tous les jours, les clients seraient surpris, et comble de malchance son fils est interné en psychiatrie, il est bipolaire, il cumule les malheurs. Je préférais le commerçant qui vendait des couleurs pour les peintres, bien plus bohème, plus apte à la rendre heureuse à mon avis. Elle aurait parlé littérature, lui de peinture, cela aurait été moins lassant, ils se seraient enrichis mutuellement, mais peut être que..... Je ne vais pas tout raconter.
Ce que j'ai aimé :
L'histoire dans son ensemble, j'ai lu à tous les moments de la journée, 364 pages, c'est un signe. Je ne me suis pas ennuyée, c'est bien ce que l'on demande à un bouquin et ça fait du bien de temps en temps de lire un livre qui ne demande pas trop de concentration.
J'ai aimé cette femme qui finalement prendra la responsabilité de briser son couple pour vivre plus sereinement, loin d'un mari qui ne sait pas lui prouver son affection, un peu goujat, avec qui elle ne partage rien. Elle a à un peu plus de 40 ans, c'est maintenant ou jamais, elle le fera malgré toutes les conséquences. Elle a décidé de ne plus s'enliser dans cette vie qui ne lui convient plus, il lui faudra du courage. Pas facile de tout abandonner, mais il doit arriver un moment dans ces situations où il faut penser à soi avant qu'il ne soit trop tard. Cela nous fait apprécier d'autant plus une vie heureuse, un mari attentif, il va lire ma gazette j'en suis certaine, qu'est-ce qu'il va être heureux !
Il y a juste une chose qui m'énerve, il me contrarie lorsque j'indique le chemin à quelqu'un, il interrompt la conversation en disant "Attention, ma femme confond sa droite et sa gauche". Comme je parle beaucoup avec les mains, la personne avait bien dû comprendre non ?
Puisque nous jouons au scrabble c'est que nous aimons les mots et dans le bouquin, les mots rares ne manquent pas, normal puisque les héros aiment les mots. Je ne pense pas que nous pourrons les poser sur une grille, exemple : amphigourique, se dit du style d'un écrivain embrouillé et obscur.
Encore une fois, je ne sais pas si je dois vous recommander ce bouquin qui se lit avec plaisir mais qui est quelquefois décevant, ce n'est pas le meilleur Kennedy, ni le plus bouleversant comme le dit la quatrième de couverture. Lisez-le si l'occasion se présente. Il ne sera pas inoubliable, ce n'est pas non plus tout à fait un roman de gare, il y a de très bons passages.
Le livre de Kennedy que j'ai adoré "Au-delà des pyramides." Un récit de voyage, du grand Kennedy. Si vous avez l'occasion de le lire, foncez.
J'aime bien cette photo, ce n'est pas chez moi. Je pourrais faire la même, des piles de livres et un café brûlant.
Du coup je n'ai pas encore lu celui de Véronique Ovaldé, je vais m'y mettre, plus tard j'achèterai celui de Lionel Duroy "Vertiges.". Bye MClaire.