jeudi 29 août 2019

"La vie rêvée des chaussettes orphelines" Marie Vareille.



Il ne faut pas rêver, le livre ne vous donnera pas la recette pour ne pas perdre une chaussette mystérieusement entre le moment où elles vont au lavage et le moment où vous devez les ranger.
Marie Vareille fait partie des jeunes auteurs modernes qui vendent énormément de livres, c'est en apparence léger, facile à lire et toutes les femmes, jeunes et moins jeunes, peuvent se reconnaître dans leurs personnages. Il m'arrive d'avoir un a priori en commençant ces romans, je les appelle des "livres bonbons", celui que nous lisons après un livre fort, ce n'est pas du tout un livre bonbon. 
Nous passons de l'émotion aux yeux mouillés, nous rions un peu, finalement ce bouquin est assez profond.

Alice vit aux Etats-Unis.

Les difficultés pour faire un bébé, les souffrances physiques et psychologiques, cela existe dans la vraie vie.
Un père qui abandonne sa famille pour une autre femme, cela arrive tous les jours, ce n'est pas de la fiction. Il part en laissant femme et enfants "Débrouillez-vous, je vais vivre ma vie." La maman d'Alice devra élever seule Alice qui a été mise au monde grâce à une five et Scarlett qui miraculeusement a pointé son nez la même année tout à fait naturellement. Deux soeurs qui vont s'aimer, se soutenir, se comprendre, s'agacer, deux soeurs si différentes unies par un lien puissant. Il y a aussi les relations assez complexes avec leur mère, Alice est vénérée, Scarlett est le vilain petit canard qui complique tout, la preuve, elle est arrivée sans prévenir.

Alice et Olivier essaieront aussi d'avoir un bébé sans résultat, l'angoisse des tests de grossesse. Pour certaines si le test est positif une explosion de joie, pour d'autres des larmes et le contraire est vrai.
Scarlett choisira la musique, devenir une rock-star est son rêve.
Alice essaiera de protéger Scarlett :
"J’ai bien plus peur de laisser tomber et de passer le reste de ma vie à me demander si j’y serais arrivée. Il n’y a rien de pire que les regrets." 

Alice abandonnera tout pour s'installer à Paris. Jeune femme angoissée elle ne dort qu'à l'aide de somnifères, on devine très vite un lourd secret... Plus d'Olivier, plus de Scarlett, elle a coupé les ponts avec son passé, seuls quelques messages de son amie Angela "Allo, le pays des merveilles, ici la Terre..." Alice ne répond pas.
Elle travaillera dans une start-up sans grand avenir, une application pour réunir les chaussettes orphelines..Ses relations avec les autres personnages Christophe, Jérémy, Victoire, Reda seront-elles suffisantes pour l'apaiser?
J'ai beaucoup aimé Saranya, l'amie de l'amie d'Alice, bavarde, gentille, pleine d'énergie, sa philosophie de la vie, elle travaille dans une maison de retraite :
"Tu sais à force de travailler avec mes petits vieux, j’ai appris deux choses essentielles. La première, c’est qu’on se prend la tête toute la journée pour des trucs dont on ne se souviendra même pas dans un an, alors à l’échelle de toute une vie, autant te dire que ça n’aura plus la moindre importance. Et la deuxième, c’est que vivre vieux, c’est une chance que tout le monde n’a pas, alors les choses que l’on veut vraiment faire dans sa vie, les projets qui nous tiennent à cœur, il ne faut pas attendre avant de les entreprendre parce qu’on ne sait jamais quand ça s’arrête." 

J'ai aussi apprécié le petit journal d'Alice, elle le tenait avant son départ, dans son journal elle écrit à Bruce Willis sur les conseils de sa psy, il fait le lien entre son passé et sa vie à Paris.

Vous avez peut-être déjà lu ce bouquin, il a un tel succès.

J'ai commencé "Aya" petite fille africaine, histoire poignante.

Bye MClaire.





jeudi 22 août 2019

Haruki Murakami "Des hommes sans femmes."




En recherchant un extrait d'une Gazette, je suis tombée sur ce passage "Parfums" :
""J'ai crainte qu'elle ne cesse, et qu'un soir, au coucher, en éteignant la lumière et en donnant un baiser à celle que j'aime, je ne fasse sans le savoir pour la dernière fois ces gestes accoutumés. Il ne s'agit pas d'une peur de mourir, mais plutôt d'une terreur à ne plus vivre, c'est-à-dire à emprunter seul des chemins inconnus, soit ceux de la mort dont nul  ne sait la nature mais que j'entrevois comme une impasse dont mes sens inopérants et ma conscience irréversiblement éteinte ne pourront me donner la mesure, soit ceux de la vie, mais la vie amputée de la présence de mon aimée, et qui serait alors une existence borgne, tranchée dans le vif, sanguinolente. Ainsi, lorsque je me réveille et reprends peu à peu ma place dans le monde engourdi, au coeur du matin et d'une lumière naissante, et que mes mains, comme aimantées, viennent effleurer le corps qui repose au côté du mien, et que je sens le chaud de ce corps, son rythme lent de respiration pour peu qu'il soit encore, lui, dans le sommeil, ne se doutant pas que je viens quant à moi de le quitter, je me blottis au plus près, peau contre peau, buvant la tiédeur nocturne enlacée dans le tissu des draps. ..... Voilà ici des instants de la plus haute intimité et de l'amour qui n'a besoin d'aucun mot pour se dire.....etc...."

Je publie ce passage parce qu'irrésistiblement j'ai pensé au livre de H.Murakami, des hommes qui vivent sans femmes, ceux qui dorment seuls, soit parce qu'ils ont été abandonnés, soit parce que l'autre est morte. La vie à deux n'est pas le sujet de ce livre. 
C'est un recueil de sept nouvelles.
"Il est très facile de devenir des hommes sans femmes. On a juste besoin d'aimer profondément une femme et que celle-ci disparaisse ensuite."
Impossible de résumer chaque nouvelle. A la fin de chaque histoire le mystère reste entier, que deviennent ces hommes?
J'ai aimé "Drive my car" cet homme trompé,acteur, veuf il décide de rencontrer l'amant de sa femme pour savoir ce qu'il avait de plus que lui, le type était insignifiant. Pourquoi? 
Après la mort de son épouse, il n'a plus eu de femme dans sa vie. Kafuku est intéressant.

La nouvelle que j'ai beaucoup aimée "Le bar de Kino."
Kino travaillait beaucoup, s'absentait de chez lui, il rentrera un jour avant celui annoncé et trouvera sa femme au lit avec son collègue de travail. Il fermera la porte de la chambre, réunira quelques affaires dans un sac, démissionnera et deviendra le patron d'un petit bar perdu dans une ruelle. Nouvelle très originale, la plus réussie à mon avis.

"Samsa amoureux" quelle imagination..L'histoire se passe à Prague, Gregor Samsa est un personnage dans "La métamorphose" de Kafka, chez Kafka il s'endort homme et se réveille transformé en monstrueuse araignée, chez Murakami c'est le contraire, il se réveille en être humain, il doit tout apprendre, bouger, comprendre le langage des hommes. Pas de femmes, sauf une jeune femme bossue qu'il regarde avec beaucoup d'attention, trop sans aucun doute. Elle disparaît.

L'auteur doit aussi aimer passionnément la musique, il cite souvent des musiciens de jazz. J'ai écouté sur Youtube "A Summer Place" de Percy Faith, de la musique d'ascenseur? Une mélodie qui a toujours autant de charme.

J'ai trouvé ce livre très intéressant, un autre pays, des moeurs différentes, mais je ne l'ai pas trouvé passionnant. J'étais frustrée en arrivant au bout de chaque nouvelle. Il y a quelques années j'avais aimé du même auteur "La ballade de l'impossible.".

Bye MClaire.





jeudi 15 août 2019

Alain Mabanckou "Les cigognes sont immortelles."





Avez-vous lu "Petit piment" du même auteur? Un petit livre que j'avais beaucoup aimé, une gazette écrite, en la relisant j'ai eu les larmes aux yeux, Michèle Briand ma copine scrabbleuse aujourd'hui disparue après un long combat contre la maladie, avait écrit un mail.

https://gazettemarieclaire.blogspot.com/2015/09/jai-decouvert-la-gouaille-de-cet-auteur.html

 Alain Mabanckou en écrivant "Les cigognes sont immortelles" nous transporte encore en Afrique, au Congo, dans sa ville  Pointe-Noire.

J'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce bouquin qui raconte trois jours dans la vie de Michel, en 1977 le Président Marien Ngouabi est assassiné à Brazzaville, cet événement ne sera pas sans conséquences pour l'enfant et sa famille.
Nous devinons qu'Alain Mabanckou a écrit un livre autobiographique, Michel est Alain.
En racontant l'Afrique à travers le regard d'un enfant l'auteur est habile, c'est naïf, spontané, léger, la violence n'est jamais traumatisante. Michel n'arrive jamais à pleurer.

Maman Pauline et Papa Roger sont les parents de Michel, pas tout à fait, Papa Roger a pris maman Pauline comme seconde épouse, Michel était déjà là, il y a aussi Maman Martine sa première femme et ses nombreux enfants qui vivent dans un autre quartier. Papa Roger est employé dans le bel hôtel de la ville, Maman Pauline vend des bananes. Ils habitent dans une maison en bois comme de nombreux habitants de Pointe-Noire, des maisons qu'ils appellent "maisons en attendant" en attendant de pouvoir construire en dur.
Les Africains ont un langage très imagé, j'adore. Monsieur Mintodo a voulu ramener une femme d'URSS après ses études, les parents et les grands-parents l'ont menacé :
"Si tu prends une femme blanche nous te maudirons, tu n'auras jamais d'enfants avec elle, ou alors vous allez faire des enfants qui auront un museau et des pattes de sanglier! Nous allons te choisir nous-mêmes, dans notre ethnie des Kamba, une femme grosse et petite de taille, pas une de ces Blanches qui sont minces et grandes comme si elle ne mangeaient que des macaronis du matin au soir !"

En trois jours l'enfant raconte toute la politique du Congo, les ravages du colonialisme, la corruption, est-ce que ces pays d'Afrique oublient ou cicatrisent ? L'Afrique a été pillée, un continent à la dérive. L'influence de la France au Congo et aux autres pays limitrophes, les meurtres commandités. Les visites de nos dirigeants racontées par les enfants, celle de G.Pompidou est irrésistible.

J'ai aussi beaucoup aimé la phrase répétée par Michel :
"..Ce que je ne vais pas expliquer ici, sinon on va encore dire que moi Michel j'exagère toujours et que parfois je suis impoli sans le savoir."

Je vous laisse découvrir ce très beau livre, les personnages pittoresques, la candeur de Michel. 
Vous devez aimer ce roman.

Bye MClaire.

jeudi 8 août 2019

Bernard Pivot "La mémoire n'en fait qu'à sa tête".


"On s'arrête tout à coup de lire. Sans pour autant lever les yeux. Ils restent sur le livre et remontent les lignes, reprenant une phrase, un paragraphe, une page. Ces mots, ces simples mots, ne nous évoquent- ils pas notre enfance, un livre, une querelle, des vacances, un voyage, la mort, des plaisirs soudain revenus sur nos lèvre ou courant sur la peau... Décidément la mémoire n'en fait qu'à sa tête. Imprévisible et capricieuse, elle aime bien déclencher sur moi des ricochets semblables à ceux obtenus par ces petites pierres plates que je faisais rebondir sur la surface étale des étangs et des rivières de mes jeunes années. C'est sans doute pourquoi elle interrompt aussi mes lectures pour des bagatelles, des sottises, des frivolités, des riens qui sont de nos vies des signes de ponctuation et d'adieu."

J'aime B.Pivot depuis toujours, je n'ai jamais dû zapper une de ses émissions, "Ouvrez les guillemets"en 73 "Apostrophes" de 75 à 90. Une façon unique de présenter ses invités, d'interviewer, poser les bonnes questions et toujours ce regard facétieux, un homme qui aime la vie, la littérature et certainement les femmes, pourquoi certainement...Il aime les femmes. La première chose que je fais en allumant l'ordi, lire ses tweets, en peu de mots il dit tout, il y en a des sublimes, d'autres un peu moins mais ils restent toujours intéressants et intelligents.

Ce livre n'est pas une biographie, ni un livre de souvenirs. Des chapitres courts, une écriture simple, des anecdotes succulentes sur les écrivains rencontrés ou sur ceux qui ne sont plus là depuis longtemps. Un pur moment de bonheur.
Bernard Pivot est un provincial qui est monté à Paris, il n'a jamais oublié Lyon mais a toujours préféré Saint-Etienne, le foot fait partie de sa vie.
Il a su refuser les propositions des chaînes, présenter le J.T, non ce n'était pas pour lui, il connaît la limite de ses compétences, un chapitre sur "Le principe de Peter" 
-Dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s'élever jusqu'à son niveau d'incompétence."
Qui aurait résisté? Il a refusé.
Les jaloux, les crocs-en-jambe, il raconte avec humour, ce n'est jamais méchant.
Je me suis laissé surprendre en lisant un chapitre, son interview de Louise Labé. Il était son amant depuis six mois...
Je ne comprenais plus rien, je savais que Louise Labé était morte au 16 ème siècle, y aurait-il une autre Louise Labé? J'ai cherché bêtement. Non, le récit était purement imaginaire. J'ai ri. Il est vraiment espiègle.
Le repas des Goncourt comble tous les appétits, ils sont gourmets, de la soupe de grenouilles? Je préfère les desserts.
Je suis d'accord avec Bernard Pivot, Le Clézio est très beau, Jorge Semprun aussi et ils ne manquent pas de talent.

J'ai appris que les lecteurs avaient une curiosité de concierge pour ce qui se cache sous les couvertures.

Je ne vais pas tout vous raconter, vous découvrirez avec délice ses anecdotes.

Merci Bernard Pivot d'être toujours présent et aussi peu vaniteux.
J'ai rencontré votre fille au salon du livre-Vannes, elle aussi est très sympathique et elle ne manque pas de talent, j'ai lu son livre. 


Bye MClaire.








jeudi 1 août 2019

Daniel Picouly "Quatre-vingt-dix secondes".






Daniel Picouly, un homme chaleureux, un conteur, un poète, un écrivain fécond, lisez "Le champ de personne" "L'enfant léopard" "Le cri muet de l'iguane".
J'avais écrit une gazette :
https://gazettemarieclaire.blogspot.com/2015/08/jai-aime-beaucoup-aime-un-livre.html

L'auteur décrivait déjà l'explosion de la montagne Pelée. Une question devait l'obséder "Comment était-il possible que 30.000 personnes se soient fait piéger à St-Pierre alors que le volcan donnait tous les signes d'une prochaine explosion ?" Les habitants ne fuyaient pas.
Daniel Picouly a voulu comprendre, il a écrit un livre. Le personnage principal est le volcan, il le fait parler, lui qui voit tout.

C'est toujours très difficile d'écrire une critique sur un auteur que nous aimons et qui ne nous a pas vraiment convaincue.
Je lisais, je posais le livre, je trouvais des passages captivants, d'autres beaucoup moins, je me lassais. L'écriture est magnifique, le vocabulaire recherché, chaque mot est choisi, mais trop c'est trop, je me perdais et je cherchais à comprendre pourquoi l'auteur avait décidé de faire parler le volcan, de lui prêter des sentiments.
Les personnages secondaires ne m'intéressaient pas, des personnages de fiction dans une histoire vraie. Le volcan décidait d'en épargner quelques-uns d'autres pas, un peu irréaliste. L'explosion était trop horrible pour adopter un ton badin. Je n'adhérais pas.
Le livre est très bien documenté, nous apprenons les coutumes de la Martinique, le fonctionnement de cette île à cette époque, les ambitions politiques, une île qui est française mais si loin de chez nous.
L'histoire du survivant dans son cachot est vraie. Une fillette et son frère sont parvenus à s'échapper dans un canot. Dans le roman D.Picouly en a fait deux amoureux Othello et Louise, Othello est noir, Louise est blanche, ils s'aiment. Trois survivants, 28.000 morts dans les archives.

"Un jour, Louise et Othello raconteront ce 8 mai 1902 où la montagne Pelée a tué à Saint-Pierre, 30.000 personnes en quatre-ving-dix secondes. Il était 7 h 52".

Vous avez certainement compris, je n'ai pas toujours aimé.
Vous pouvez le lire ou pas, je n'ai pas de conseils à vous donner.

Bye MClaire.