jeudi 26 octobre 2017

La petite boulangerie du bout du monde - Jenny Golgan


462 pages d'un pur bonheur, j'avais l'impression d'avoir 15 ans en lisant ce bouquin, je sentais l'odeur des croissants, du pain chaud, j'avais très envie que Polly soit enfin heureuse, que ce grand dadais d'Huckle lui donne enfin un baiser, j'avais envie d'aller habiter sur une île battue par le vent où l'on accède qu'à marée basse, une île en Cornouailles et tout à coup j'ai pensé que nous aussi nous avions l'île de Berder à Larmor-Baden, cette île tant visitée où quelques imprudents se font piéger sur le passage à marée haute, mais c'est juste un peu moins "exotique" pour moi que Polbearne.
Envie d'adopter un macareux, même si ce n'est pas bien d'adopter un oiseau qui ne sait vivre qu'en groupe et pourtant Neil, c'est le nom du macareux, sera heureux avec Polly. Je vous le dis, ce livre n'apporte que du bonheur. Il y a aussi les abeilles, les fleurs, la mer qui peut se déchaîner mais qui nourrit toute l'île, un beau pêcheur, un jeune qui n'aime pas la mer et la pêche, Jayden, mais qui ne peut faire que ça pour nourrir les siens....
Je n'ose plus dire que c'est un livre pour les femmes depuis qu'un joueur de scrabble, lecteur de ma gazette, m'a dit à Sarzeau que lui aussi aimait les livres pour les femmes,

L'histoire :

Polly et Chris ont monté leur petite entreprise à Plymouth, au début tout marche mais avec l'arrivée des nouvelles technologies du numérique, la crise bancaire de 2008, tout s'écroule. La honte de la faillite, l'appartement saisi, un couple qui s'effiloche face aux difficultés, les amis qui n'osent plus poser des questions, ils téléphonent moins, sauf Kerensa, la belle amie fidèle et célibataire, elle propose des solutions à Polly qui refuse, elle tient à faire l'inventaire du positif mais elle se rendra à l'évidence, il lui faudra changer de train de vie, trouver un appartement bon marché, du travail, elle ne trouvera qu'un petit appartement délabré au dessus d'une boulangerie fermée, presque en ruine, sur l'île de Mount Polbearne, à 70 km de Plymouth, ses allocations chômage ne lui permettent que ça. Chris retournera habiter chez sa "môman" en attendant des jours meilleurs, sans se préoccuper de Polly, il n'est pas méchant Chris, juste un peu faible.
Après quelques jours d'abattement, Polly s'organise, elle fait la connaissance des pêcheurs qui débarquent leurs poissons sous ses fenêtres, et puisqu'elle sait si bien fabriquer son pain, ne pouvant pas avaler celui de l'odieuse Madame Manse propriétaire de son appartement et de l'unique boulangerie du village, elle confectionne son pain et le fait goûter aux pêcheurs par gentillesse sous l'oeil hargneux de Madame Manse, les pêcheurs adorent et voilà comment l'histoire de la réussite de Polly commence. Neil, le petit macareux blessé un soir de tempête, aime aussi, il grappille toutes les miettes.
Neil sera soigné avec tendresse, il réapprendra à voler, il faudra l'amener au sanctuaire des macareux pour qu'il puisse vivre comme un oiseau, mais....

Surgira dans la vie de Polly, Huckle, un américain de Savannah, qui est venu vivre momentanément sur cette île pour fabriquer du miel, miam, miam, le pain au miel pourrait bien rapprocher Huckle et Polly, Huckle est beau comme un Dieu, des poils blonds sur la poitrine, Polly a très envie d'y poser sa tête, mais....

Il y a aussi l'ami d'Huckle Reuben, riche comme Crésus, qui s'est installé sur une plage immense, belle maison, surf, jolies filles, il étale son argent et fait connaissance de la sophistiquée  Kerensa venue rendre visite à Polly, Kerensa a horreur de ce genre de type, mais.....

Voilà en gros l'histoire, il ne vous reste plus qu'à le lire. Il vient de paraître en poche.

Mais avant de terminer, je vais vous livrer une recette de Polly, un pain qui se nomme "focaccia" un pain italien, attention, ne pas jouer ce nom au scrabble.

Chauffer le four à 220 °-
550 grammes de farine
1 demi-cuillerèe à café de sel
325 millimètres d'eau tiède
1 sachet de levure
2 cuillerées à café d'huile d'olive
Fromage/romarin, tout ce que vous voulez sur le dessus.
Mélanger la farine et le sel.
Mélanger à la main la levure et l'eau tiède. Ajouter le résultat à la farine salée.
Pétrir dix minutes. Laisser reposer une heure, en recouvrant pour conserver la température.
Etaler la pâte pour dessiner un rectangle de 30 centimètres sur 20 centimètres, puis laisser reposer encore 20 minutes.
Créer, en appuyant avec les doigts, des petites dentelures, puis faire cuire 20 minutes à 220.
Sortir du four, ajouter le fromage, les herbes aromatiques et encore quelques gouttes d'huile d'olive. Remettre au four pendant cinq minutes.

Je vous souhaite bon appétit, vous aurez remarqué qu'il n'y a pas de beurre, ça tombe bien, période de pénurie.....

Bye MClaire.








dimanche 15 octobre 2017

Anna Gavalde "fendre l'armure"




J'avais découvert Anna Gavalda en lisant "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part." c'était en 1999, j'avais beaucoup aimé ce livre de nouvelles et depuis je lis ce qu'elle publie, j'ai dû en "sauter" deux ou trois pas plus, la couverture ne devait pas m'attirer. 
Michelle m'a prêté "Fendre l'armure.", il ne restera pas dans ma bibliothèque, je vais lui rendre ! Un livre de nouvelles, encore.
Sept nouvelles plus ou moins passionnantes mais dans l'ensemble j'ai aimé, certaines sont délicieuses à lire, mignonnes, d'autres vraiment émouvantes. J'aime la légèreté du style d'écriture et la faculté de l'auteure à se mettre dans la peau de tous les personnages.

"L'amour courtois." écrit avec les mots des jeunes de la cité, cela pourrait offusquer certains lecteurs, moi j'ai souri. La vendeuse de croquettes de chez ProCanina est tordante et tellement désespérée. Ses mots d'amour sont ceux de sa génération.
-Vous faites quoi ?
-Je suis poète.
"Tain, j'ai eu l'air con. Je ne savais même pas que ça existait encore comme profession.
Et d'un seul coup, rac, il est devenir hyper triste.
Le visage gris et les yeux de cocker abandonné
Sérieux, ça devenait moins drôle et j'avais hâte que ma citrouille se raboule. (la citrouille est le RER)
Si on m'avait dit qu'un jour je prendrais le D de minuit avec Victor Hugo en personne et qu'en plus ça me chaufferait le bedon, franchement je me serais retournée pour voir de qui on parlait.


"La maquisarde." Tristesse d'avoir perdu un être cher, deux enfants, la vie qu'il faut affronter, le whisky bu en cachette, l'alcool qui ne laisse pas de répit et la rencontre avec une femme encore plus malheureuse qui s'épanchera sur son canapé pour être consolée, une liaison clandestine, lui ne veut pas quitter sa femme, elle l'attend. 
Si vous n'avez pas lu "Back Street" de Fannie Hurst, lisez-le, publié en 1931, un beau succès, je l'ai lu il y a longtemps, mais j'y ai pensé. Un amour dans l'ombre. Très beau bouquin qui doit être toujours édité.

"Mon chien va mourir."  Le chien va mourir alors qu'il l'avait aidé à surmonter, un peu, juste un peu, la mort d'un enfant asthmatique, il lui donnait un peu l'affection qu'il n'avait plus à côté de sa femme plongée dans le désespoir d'avoir perdu cet enfant. Une maison où il n'avait plus envie de rentrer, il était bien dans son camion, sur la route, avec son chien.
J'ai beaucoup aimé cette nouvelle.

"Happy Meal." C'est mignon, la chute est bonne.

"Mes points de vie." Un échange de Pokémon qui tourne mal, un gros chagrin d'enfant.

"Le fantassin." La meilleure nouvelle à mon avis, j'ai beaucoup aimé cette histoire d'amitié qui se noue entre deux voisins de palier, toujours impeccablement chaussés, Louis s'occupera de Paul lorsque tout ira mal. Paul ne sait pas aimer, il n'a jamais été aimé, né dans une famille de la grande bourgeoisie, il reprendra naturellement l'affaire prospère de la famille. L'argent n'est pas synonyme du mot Amour. On peut aussi se sentir misérable avec un compte banque à plusieurs chiffres.

"Un garçon."  Ce n'est pas ma nouvelle préférée, le mariage d'une ex- la beuverie, le retour sur Paris, je n'étais pas convaincue.

Je ne me suis pas ennuyée, j'ai lu ce livre avec plaisir.

Bye MClaire.


dimanche 8 octobre 2017

Claudie Gallay "La beauté des jours"



J'ai lu quelques livres écrits par Claudie Gallay, j'avais beaucoup aimé "Les déferlantes". 
J'aime la présentation des livres d'Actes Sud, hasard, j'aime toujours les livres qu'ils publient, ils font les choix qui me conviennent.

"La beauté des jours" est un livre profondément attachant, Jeanne est attachante. J'avoue avoir été un peu perturbée par elle, sa façon de mener sa vie, faite d'habitudes, de moments précis, attendre que le train de 18h01 passe au bout de son jardin, inventer des vies aux passagers, voilà elle aime les habitudes mais rêve de rencontres improbables, c'est Jeanne.
" De l'intérieur des wagons, on devait la regarder aussi, saison après saison, une femme dans son jardin, sa maison devait faire envie, surtout maintenant, au printemps, un tel pavillon fleuri. "

Jeanne travaille à la poste, un boulot routinier qui lui convient. Elle est mariée à Remy depuis vingt ans, un homme attentionné qui ne souhaite que son bonheur mais qui l'amène tous les étés à Dunkerque alors qu'elle rêve d'autre chose, mais ne le dit pas, New-York par exemple, là où vit Marina Abramovic, une artiste plasticienne, j'ai regardé sur Internet, Marina Abramovic existe réellement, elle pratique un art qui pourrait aussi vous paraître bizarre, allez jusqu'au bout de sa résistance sous les yeux de ses admirateurs. Jeanne collecte tout ce qui se dit, s'écrit sur elle, elle est fascinée. Elle lui écrit des lettres, certaines ne sont jamais postées, son rêve : la rencontrer.

Jeanne et Remy ont deux filles, des jumelles qui se sont envolées loin de la maison, la maison paraît vide.

Jeanne fait aussi quelques folies, elle suit des inconnus dans la rue, une fois, une seule fois pour deviner à quoi ressemble leur vie. Et là arrive ce qui la fera chavirer, elle rencontre Martin, un copain de lycée, elle était amoureuse de lui, elle lui avait fixé un rendez-vous, il était arrivé accompagné de trois copains. Adieu amour de ma jeunesse. Il y aura Rémy.
Martin bousculera sa vie.

Les parents de Jeanne ont une ferme, elle a été élevée à la campagne, quatre filles, le premier enfant qui était un garçon est mort-né. Jeanne est l'enfant de remplacement, une fille alors que le père désirait un garçon, pour le nom, la ferme.
Le père ne l'embrassait pas, ils se regardaient. Le père est un taiseux. Il y a aussi la M'né, sa grand-mère qui la comprend.

Dans la rue de Jeanne, habite sa meilleure amie, Suzanne, qui s'est fait plaquer par son mari Jef, un type pas très intéressant, elle souffre, ne peut accepter ce départ, Jeanne est toujours là pour la consoler.

J'arrête, j'ai planté le décor.

J'ai aimé :

Tout, j'ai tout aimé. L'écriture, des phrases courtes, la description des sentiments si précise et délicate. Le personnage de Jeanne, lumineuse, si douce, mais pas soumise, Jeanne qui n'hésite pas à franchir les limites fixées, mais qui comprendra que son bonheur est là, près de Rémy, de ses enfants, avec ses habitudes. Elle ne se sacrifiera pas, elle choisira.

J'ai beaucoup aimé Rémy, sensible, qui devine, mais ne dit rien pour ne pas briser l'harmonie de la famille.

Les femmes n'avouent pas toujours leurs pensées, les gens ne perçoivent que ce que nous voulons bien montrer, Jeanne a une vie intérieure.

J'ai aimé la description de l'île de Teshima au Japon.

"Dans une petite maison de bois noire, le petit musée de Christian Boltanski contient l'œuvre Les archives du cœur. Depuis 2008, l'artiste a enregistré les battements de cœurs d'inconnus à travers le monde. Artiste français le plus prisé au Japon, Boltanski a su toucher l'âme de ses résidents à travers cette installation. Il est même possible d'enregistrer votre propre cœur à l'intérieur de la galerie !"

Martin est parti au Japon, mais avant il a enregistré les battements du coeur de Jeanne, celui de Zoé sa nièce, une enfant différente.
Les messages de Martin sont très apaisants
"Ici, on apprend aux enfants à être libres et heureux, en plus de tout le reste. On leur apprend aussi à ne pas avoir peur. On fait du bonheur une matière à part entière, avant tout, une matière sensible et non notée."
"La douleur c'est secret. Je vis tranquillement. Je regarde la mer."

Un très beau roman pour cette rentrée littéraire, à ne pas manquer, vous aimerez, j'en suis certaine.

Bye MClaire.






mardi 3 octobre 2017

Karine Tuil "Quand j'étais drôle."




J'ai découvert Karine Tuil en lisant "L'invention de nos vies."
J'avais aimé, je l'ai prêté à une amie qui n'a pas du tout aimé,.
"Quand j'étais drôle." pourrait provoquer le même effet. J'ai aimé l'écriture, l'histoire, l'humour de certains passages.
Ce livre était offert, deux livres de poche achetés, un offert, je l'ai choisi.


L'histoire commence lorsque Jérémy est en prison, c'est
celle d'un loser. Jérémy Sandre est un humoriste sous son nom de scène, Jerry Sanders. Il fait partie d'un trio, il y a Alain et Thomas, ses compères. Ils ont un certain succès, sont connus, reçus dans le milieu people, tout roule, jusqu'au jour où Jérémy décide de conquérir l'Amérique seul.
Il décide de partir avec son amoureuse du moment, une russe, Natalia, qui rêve elle aussi d'un avenir au cinéma.
Jérémy avait déjà fait un séjour aux U.S.A lorsqu'il était plus jeune, il avait connu une jeune fille, lui avait fait un enfant, une fille Eve, enfant non souhaité, mais le mariage avait eu lieu, le divorce avait suivi et il était revenu en France.
Pension alimentaire versée lorsque tout allait bien, mais il n'avait jamais assuré le rôle de père traditionnelle, sa fille ne le voyait jamais. Elle a 15 ans, lorsqu'il décide de la revoir.

Retour à New-York, un contrat dans une salle qui tourne au fiasco, les français n'ont plus la faveur du public, la guerre d'Irak est passée, Bush est réélu, une blague court :
"Comment appelle-t-on un avion français qui vient en aide aux troupes américaines et anglaises en Irak ? Un mirage."
Boycott sur tout ce qui est français, Jérémy subit le bouche- à-oreille qui fonctionne mais à l'envers, il cumule les handicaps. N'importe quelle personne sensée serait retournée en France avant d'être oubliée, lui non, il persiste et touchera le fond de la misère financière et morale.
Il fait croire à ses parents et à ses frères qu'il a du succès, n'ose pas avouer ses échecs, un vrai affabulateur qui vivra dans l'imposture, il sera découvert lorsque son père se rendra à New-York, à la fausse adresse, celle d'un ami fortuné. Son père a fait le voyage pour lui annoncer qu'il quitte sa mère, veut vivre une nouvelle vie avec une autre femme  et il a besoin d'argent...
"Une histoire d'adultère, voilà ce qui t'a fait venir jusqu'ici ?" ai-je demandé.
"Non, m'a t-il corrigé, une histoire d'amour."
J'étais abasourdi. "Qu'est-ce que cette femme à de plus que maman ?"
"Cinq ans" a t-il répondu.

Il rentrera en France, retournera vivre chez sa mère, Eve sa fille le rejoindra, une Lolita qui use de son pouvoir sur les hommes, le pire se produira et Jérémy se retrouvera en prison...

Je ne raconte plus, vous lirez la suite si vous arrivez à vous procurer ce bouquin qui est en poche.

J'ai aimé :

Rien de plus horrible pour un humoriste d'entendre de la bouche d'une femme qu'il pense aimer "Tu ne me fais plus rire." Le rire est important dans une relation qui débute sur ce critère "Tu me fais rire.".
L'humour de certains passages, il a des allergies "Avez-vous des antécédents familiaux." "Je n'ai que cela."
Ses relations avec son père "Longtemps, je me suis cherché un père, un père alors que le mien était vivant..."
Ce père s'invente une maladie neurologique et profite de toutes sortes d'aides.
"Comme les escrocs milliardaires s'installent dans des édens fiscaux, il s'était choisi un paradis social, la France, pour y vivre une retraite paisible."

La description du milieu artistique, être au sommet, gâté, et le jour d'après plus personne ne vous connaît, le téléphone ne sonne plus, on ne vous rappelle plus. C'est très justement décrit.

Cet homme est lâche, il geint sans arrêt, menteur et mauvais fils, cynique, mais nous finissons par nous attacher à son personnage. L'auteure a réussi à se mettre dans la peau d'un homme, ce qui n'est pas toujours évident pour une femme..

Un bouquin plaisant à lire.

Bye MClaire.