lundi 9 novembre 2020

Laurent Petitmangin "Ce qu'il faut de nuit."


Je ne connaissais pas l'auteur et je n'avais lu aucune critique de ce livre. Un hasard, j'étais certaine qu'il me plairait en regardant la couverture, des enfants.

J'ai eu raison. Un petit livre plein d'émotion, un livre qui vous prend aux tripes, la gorge qui se serre pour ne pas laisser les larmes s'échapper. 

L'histoire se passe en Lorraine, le chômage mine cette région.

La mère est partie, emportée par un cancer combattu pendant des années, des enfants qui passent leur dimanche à l'hosto en compagnie de leur papa. Un père qui se retrouve seul pour les élever le mieux possible. Les trois font bloc pour s'en sortir, des moments de tendresse. Le papa est exemplaire. 

Frédéric l'aîné, surnommé Fus adore le foot, il grandit, l'ado basculera dans ce qui semble inimaginable pour le père qui est de gauche. Gillou le petit frère peut faire des études, il ira les poursuivre à Paris accompagné par Jérémy un ancien copain de Fus, militant au Parti Socialiste.

Il y aura le face à face entre un père et son fils, des moments de silence, d'incompréhension, le père est certain d'avoir merdé quelque part, le fils se mettra en danger...Des liens qui se brisent.

Je n'ai pas du tout envie de dévoiler toute l'histoire de ce livre, ce serait dommage pour les futurs lecteurs. Vous devez lire ce roman, impossible de ne pas l'aimer, de ne pas être touché. Attention, l'auteur n'est jamais dans le pathos, les mots sont justes.

Ce livre est une pépite.

Bye MClaire.

 




 

vendredi 30 octobre 2020

Romain Puértolas "Sous le parapluie d'Adelaïde"


 


Un écrivain que j'adore, il m'a fait beaucoup rire, des livres dévorés. Il est sympathique et beau, ses yeux ne seront pas cachés par ce masque qu'il faut porter, cela aurait été dommage.

"La police des fleurs..." avait un peu rompu le charme, je n'avais pas trop aimé, l'écrivain avait changé de voie, un polar qui me surprenait. J'ai acheté "Sous le parapluie d'Adelaïde" par fidélité ! J'ai eu raison, un roman jubilatoire, un polar un peu désuet.

L'histoire se passe dans une petite ville M. le matin du 25 décembre, cinq cents personnes assistent au spectacle,  Rose Rivières est assassinée au milieu de la foule, étranglée par deux mains noires, un photographe était là, le parapluie d'Adelaïde était ouvert, le visage n'était pas visible.

A  partir de cette photo, l'avocate commis d'office de Michel va enquêter, Michel est noir et premier suspect, un seul noir habite dans cette ville, l'avocate va essayer de trouver qui est la personne cachée sous le parapluie, elle a dû tout voir. Michel lui plaît beaucoup, elle veut l'innocenter.

Qui est Rose, l'épouse de Christian Rivières? Que faisait Adelaïde, une Allemande qui s'occupait de Basile Boniteau ?

"Pour l'instant, Basile Boniteau n'insiste pas et demeure tranquille sur son chariot , la couverture posée sur les genoux. Il tremble un peu car il a froid. S'il en avait, il claquerait des dents. " Basile était-il le seul témoin?

 Adelaïde était repartie avec précipitation en Allemagne le lendemain de l'assassinat.

A l'époque de cet assassinat les juges, les avocats n'avaient pas en leur possession toute cette technologie qui existe aujourd'hui, pas d'ordi, pas de téléphone portable. L'avocate devait voyager pour réunir des preuves.

Le livre fourmille de fausses pistes.. Qui était Rose? Qui est Christian? Qui est Michel? J'oubliais, qui est Basile?

L'histoire vous tiendra en haleine, le style d'écriture de l'auteur vous fera quelquefois sourire, le livre devrait vous plaire.

Qui a tué Rose?

Bye MClaire.




mercredi 21 octobre 2020

"Les Demoiselles" Anne Gaëlle HUON



     - Paloma, c'est quoi le nombril ?

- Le souvenir de maman.
  
- À quoi servent les étoiles ?

- À nous montrer d'où l'on vient.




Un passage du livre, mais c'est pour plus tard.

Je ne pensais pas aimer autant ce livre qui me semblait être une lecture d'été, facile, amusant, touchant, c'est plus que ça.
L'histoire de Rosa commence en Espagne, de l'autre côté des Pyrénées, un village pauvre, Fago en 1923. Rosa et Alma sont orphelines, elles vivent chez leur "abuela", une grand-mère qui aime, cajole, console mais qui ne peut leur donner que ce qu'elle a, c'est à dire pas grand-chose. Rosa arrive à persuader sa soeur d'aller travailler dans une fabrique d'espadrilles à Mauléon dans le Pays Basque, six mois, le temps d'économiser pour revenir aider leur abuela.
Tout ne se passera pas comme prévu, la traversée des Pyrénées à pied sera mortelle pour Alma, Rosa se retrouvera seule et devra s'assumer dans un endroit qu'elle ne connaît pas. La traversée lui aura fait connaître Pascual le berger qui cherche aussi "fortune" et Carmen qui en est à son troisième voyage.
Mauléon est la capitale de l'espadrilles, la fabrique emploie des petites couseuses, Rosa sera embauchée, elle sera "une Hirondelle" elle fera la connaissance de la délurée Colette qui vit dans une jolie maison en compagnie des Demoiselles. Qui sont ces femmes qui boivent du champagne, l'argent n'a pas l'air d'être un souci pour elles, que font-elles à Mauléon?
Ce sont elles qui feront changer Rosa, elle comprendra qu'elle est la seule à pouvoir prendre son destin en main, il faut oser, se battre.

Vous lirez la suite...

J'ai aimé ce livre pour l'histoire de Rosa mais aussi parce qu'il nous apprend une période de Mauléon, la vie des fabriques d'espadrilles, le patrimoine du Pays Basque, les traditions.
La vie des Cocottes, ces femmes qui charmaient les hommes dans les cabarets parisiens, ces femmes libres qui vivaient dans l'opulence, elles enfantaient mais leur enfant était placé, elles pouvaient continuer à croquer les hommes et vivre dans un univers de plumes, de paillettes et du champagne. Véra partira, quittera Paris...

Nous avons passé huit jours à Mauléon, dans la Soule ou Xibeora en basque, il reste quelques ateliers qui fabriquent des espadrilles cousues à la main. Le magnifique Pays Basque est toujours là, l'auteure le décrit si bien, vous n'aurez qu'une envie, faire votre valise. Bye MClaire.


lundi 12 octobre 2020

Grégoire Delacourt "Un jour viendra couleur d'orange."

 «Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange / Un jour de palme un jour de feuillages au front / Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront / Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche (…)» Aragon.












Je lis Grégoire Delacourt depuis qu'il a publié "La liste de mes envies" j'avais été conquise par cet écrivain et je n'étais pas la seule. Le dernier bouquin lu "Mon père", magnifique.

Toute la misère du monde est le sujet de ce livre. J'ai lu la première moitié du bouquin sans m'ennuyer un seul instant et au fur et à mesure que j'avançais mon envie de lire se faisait moins pressante, je posais le roman, je le reprenais. Trop de misère, trop de gens malheureux. Je n'arrivais pas à m'attacher aux personnages, il y a tout dans ce livre, les gilets jaunes, l'islamisme, l'autisme, la pauvreté, l'alcool, la souffrance de la maladie. La période que nous vivons nous angoisse terriblement, je pense que j'avais surtout besoin d'un sujet plus léger.

Le roman est très bien écrit, l'histoire de Pierre, vigile chez Auchan, révolté contre ce monde, ressemble à celle des milliers d'hommes et de femmes qui n'arrivent pas à boucler leur fin de mois et qui se retrouveront sur les ronds-points ou dans les villes pour manifester pendant des semaines. Pierre nous touche à travers ses colères contre la société, contre son fils autiste qu'il ne comprend pas. Louise sa femme est infirmière dans un service de soins palliatifs, elle essaie de faire durer cette histoire d'amour qui a commencé par un coup de foudre, mais elle s'épuise et finit par mettre son mari à la porte, loin de l'enfant, loin de Geoffroy qui ne veut pas être touché, qui ne vit qu'à travers les chiffres et des couleurs. Djamila, une camarade de collège finira par le charmer, elle est belle, douce, elle a quinze ans, lui treize, elle est captivée par Geoffroy, lui aussi, avec elle l'enfant se sent bien....Les frères de Djamila ne supportent plus cette soeur qui est trop française dans sa façon de s'habiller et ses fréquentations..

Je vous laisse découvrir la suite de ce roman.

Mes sentiments sont contrastés, mais vous aimerez peut-être découvrir ce livre qui est je le répète très bien écrit, plein d'humanité. Le moment de le lire était sans doute mal choisi ou il peut aussi nous faire prendre conscience de notre réalité, notre quotidien si différent de celui de Pierre.


Bye MClaire.







dimanche 4 octobre 2020

Daniel Picouly "Longtemps je me suis couché de bonheur."




J'ai une petite pile de livres à lire mais je n'ai pas pu résister, je l'ai acheté. J'aime lire D.Picouly, bonne humeur assurée, un vrai conteur et il est pareil dans la vie, il se rend tous les ans au Salon du livre à Vannes et il raconte avec des gestes, de l'humour, c'est un régal.

Dans ce livre, il nous transporte dans son univers, la banlieue d'Orly lorsqu'il avait quinze ans, son lycée, son copain Bala, ses profs, en particulier son prof de français Monsieur Taquin, ce prof fou de Proust qui lui fera aimer l'auteur. Sa famille qui habite un HLM, 13 enfants, ce qui n'empêche pas Paulette sa maman de rêver, adopter un enfant malheureux, cela arrivera mais le père lui dira "Tu sais il faudra le rendre." "Les histoires de famille sont des meubles fantômes dans lesquels on butera un jour."  Les années sixties sont si bien décrites, la mobylette, qui se déguise avec un réservoir de moto "ça vieillit un réservoir." Les garçons ont plus de chance auprès des filles.Toute une époque.

En se rendant dans une librairie, l'auteur aperçoit une jeune fille qui tient dans ses mains "La Recherche." Oui, elle lit Proust, il n'en revient pas, il décidera qu'elle sera son Albertine et se prendra de passion pour elle et pour Proust. 

 Monsieur Taquin, le prof de français, est irrésistible. Monsieur Taquin a une vache, pas l'animal, une vache qui est sa serviette où il range les copies corrigées, hélas, il perd sa vache le jour où il doit rendre les notes qui permettront aux élèves de 3B de connaître leur orientation. 

Il n'y a pas que la vache qui disparaît, Albertine aussi est perdue, il faudra la retrouver et l'enlever.

Ce livre est aussi truffé de références littéraires. 

Ce roman je l'ai aimé, il peut ne pas plaire à ceux qui n'aiment pas le mélange de la fiction et de la réalité. Je me suis laissée emporter par le dynamisme de l'auteur, ses bons mots, son imagination.


Bye MClaire.


dimanche 27 septembre 2020

Yasmina Khadra "Le sel de tous les oublis."



 

J'ai découvert cet auteur il y a quelques années, je le lis dès qu'il publie, rarement déçue, une fois peut-être. Le premier livre lu "Les hirondelles de Kaboul." j'avais beaucoup aimé.

"Le sel de tous les oublis." vient de paraître. 

L'Algérie après l'indépendance, la violence règne dans ce pays, les hommes qui sont au pouvoir n'ont pas rétabli la paix et les années 1990 seront celles qui verront une haine se déchaîner entre algériens. Nous faisons la connaissance d'Adem Naït-Gacem, instituteur dans un petit village, dans la région de Blida. Il rentre chez lui, son regard se porte sur une petite valise en carton, il ne comprend pas mais Dalal sa femme luit donnera des explications, elle part, elle en aime un autre.

Séisme dans la vie de celui qui pensait ne jamais connaître l'abandon, plus rien ne sera comme avant, il a honte et décide de tout quitter, son travail, son village, son errance commence.

« Sèche la mer et marche, lui intime le vieillard. Ne t’arrête surtout pas/Et confie ce que tu cherches/À la foulée de tes pas. »

Il rencontrera toutes sortes de personnages, ils lui voudront du bien mais il n'acceptera jamais une main qui se tend, il se mure dans le silence, boit beaucoup, une tristesse infinie l'habite, il recherche quoi? Des hommes veulent le consoler, il refuse.

Une femme, celle qu'il ne faut surtout pas, lui fera croire qu'il est encore vivant.

Il y a de tout dans ce roman, la trahison, la sagesse de ceux qui veulent le sauver, la violence toujours présente, le désir, la philosophie de Mika, le nain protecteur, j'ai beaucoup aimé Mika. L'histoire de l'Algérie se mêle à la fiction. Ce qui est rarissime, Yasmina Khadra ose décrire des scènes un peu osées.

Yasmina Khadra est un véritable conteur, vous lisez, lisez pour connaître la suite. J'ai d'autant plus aimé ce roman puisque je suis née dans ce pays, j'ai tant adoré ce pays que nous avons quitté en 1962, à l'indépendance, j'avais vingt ans. J'ai reconnu les paysages, j'ai compris la honte d'Adem, Dalal était bien courageuse en quittant un mari qu'elle n'aimait plus, un pays où un écart de conduite est sévèrement puni.

"Je l'ignore. Il est des choses qui arrivent et qui nous dépassent" "Tu ne peux pas savoir combien je regrette le mal que je te fais." Mais elle part et il s'effondre.

Je ne dois pas terminer cette gazette sans dire que j'ai trouvé Adem antipathique, c'est peut-être ce qui a fait fuir Dalal?

Lisez ce roman, il devrait vous plaire.

Bye  MClaire.



vendredi 18 septembre 2020

Anne Pauly "Avant que j'oublie."


 

Une copine scrabbleuse me recommandait ce livre "Il faut que tu le lises." J'ai obéi, nous avons souvent les mêmes goûts de lecture.

Ce livre est émouvant, intense d'émotion, vous pouvez rire, sourire et pleurer. L'auteure s'appelle Anne, le personnage principal du livre aussi.

C'est l'histoire d'une famille pas ordinaire, la mère se réfugie dans la religion, elle meurt, le père est brutal, alcoolique mais il sait être tendre, sensible, un mystère. Le frère est silencieux, emmuré dans sa colère. Anne observe, n'a pas la langue dans sa poche et n'arrive pas à détester ce père qui est tout de même un peu cinglé.

C'est l'histoire d'une vie avant la mort de celui qui a vécu dans une maison délabrée au milieu d'un désordre invraisemblable, cette maison située à Carrières-sous-Poissy, il faudra la vider. Se souvenir des mauvais moments et des bons, il y avait des bons moments, des moments où l'homme ne souffrait pas, où il avait balancé la prothèse de sa jambe dans un coin, ou ceux partagés avec sa fille qui le savonnait, le rinçait, le séchait, frictionnait ce grand dos voûté, le crémait, lui tondait les cheveux, il roulait jusqu'à un miroir et disait "Merci ma douce, c'est très bien, me voilà tout propre, tout neuf."

Il y a des scènes vraiment très drôles dans les pires moments, celui où il faudra choisir le cercueil, le père sera enterré pas incinéré "Le pin, ça faisait cagette, barbecue,fin de marché..En plus avec une carcasse pareille, il allait falloir du solide.." les obsèques dans cette église pleine, le prêtre qui se trompe de prénom, qui s'endort. Nous attrapons souvent un fou-rire nerveux pendant des obsèques.

Anne se réconciliera avec ce père énigmatique, le lien se créera, ce sera l'apaisement tout en sachant que perdre ses parents fait de nous des orphelins jusqu'à la fin de notre vie.

C'est une histoire entre un père et sa fille, une fille qui videra la maison, ce moment si particulier où Anne a accès au secret du père. La lettre de Juliette est magnifique. Nous avons le droit de pleurer. Le moment où il faut fourrer dans des sacs poubelles tout ce qui a fait une vie.

Anne a une fiancée qui la soutient.

J'ai tout aimé, vous pouvez lire ce bouquin très vite 138 pages ou choisir de lire lentement ce condensé d'émotion. Anne Pauly a une écriture très particulière, son premier livre.


Bye MClaire.