jeudi 31 juillet 2014

Mr Gwyn - Alessandro Baricco


Publié chez Gallimard en avril 2014.

Je n'ai pas hésité à acheter ce roman lorsque mes yeux se sont posés sur lui, pas sur l'auteur, il est séduisant mais il n'était pas en photo, sur la couverture du livre. J'ai touché le papier, il me plaisait.
J'avais lu "Soie" d'Alessandro Barrico, un tout petit livre, j'avais adoré ce bouquin. Je n'avais pas lu de critiques de "Mr Gwyn" mais j'étais certaine qu'il me plairait, l'instinct toujours. Je n'ai pas été déçue.

Une pépite ce roman, à déguster, à lire doucement phrase après phrase. Un livre sur l'écriture, les écrivains, la décision d'arrêter d'écrire et pourtant le manque se fait très vite sentir mais lorsqu'on a promis que plus jamais on n'écrirait peut-on tenir sa promesse?

L'histoire :

Mr Gwyn est un jeune écrivain qui a publié trois livres qui ont eu un certain succès, il écrit aussi régulièrement pour "Le Guardian". Un jour, il écrit un article où il énumère 52 choses qu'il ne ferait plus, Il ne veut plus écrire de livres mais en plus il n'aurait jamais voulu publier de romans malgré sa consécration d'écrivain à succès.
 « la seule chose qui nous fait nous SENTIR vivants est aussi ce qui lentement nous tue. Les enfants pour les parents, les succès pour les artistes, les sommets trop élevés pour les alpinistes ».

Voilà, c'est exactement ça, Mr Gwyn ne se sent plus vivant, l'écriture le tue, il veut passer à autre chose.

Son éditeur et ami est catastrophé, il essaie de le persuader de renoncer à sa promesse, mais rien n'y fait.
Quelques mois passent et de nouveau le besoin d'écrire se fait sentir. Une visite dans une galerie de peinture, une rencontre avec une vieille dame dans une salle d'attente, l'idée jaillit, il deviendra copiste, mais ce métier est à découvrir. Ecrire des portraits, trouver des personnes qui voudront bien se soumettre à ses désirs tout à fait honnêtes et au bout d'un mois écrire le portrait de la personne, son histoire, ses secrets bien enfouis.

« Jasper Gwyn expliqua que ce projet d’écrire des portraits l’attirait parce qu’il mettait son talent à l’épreuve. Il se rendait compte du caractère absurde des prémices, mais c’était justement cela qui lui plaisait, dans l’idée que si on retirait à l’écriture la finalité naturelle du roman, quelque chose se produirait, un instinct de survie, un sursaut, quelque chose. Il dit aussi que ce serait ce “quelque chose” que les gens achèteraient et rapporteraient chez eux à la fin. Il ajouta que ce serait le fruit imprévisible d’un rituel intime et privé, non destiné à remonter à la surface du monde, échappant par là aux malheurs qu’il avait subis dans sa carrière d’écrivain. En effet, conclut-il, nous parlons d’un autre métier. Un métier dont un intitulé possible serait : copiste. »

L'idée semble absurde alors il décide de faire un essai avec Rebecca la secrétaire de son éditeur, une secrétaire très ronde qui veut bien poser nue comme chez un peintre. Elle deviendra son assistante jusqu'au dernier portrait qui sonnera le glas du métier de copiste, les très jeunes filles peuvent affoler les hommes, même ceux qui se pensaient à l'abri des tentations.. 
Mr Gwyn disparaîtra, s'évaporera, mais son secret sera découvert par Rebecca qui a toujours aimé l'écrivain sans rien dire.  Découvrez le livre.

Ce que j'ai aimé :

L'idée que les individus ne sont pas uniquement des personnages mais des histoires.
"Vous savez nous sommes un tas de choses, nous les hommes, et toutes ensemble".
Lorsqu'il rend le portrait écrit à la personne, les gens ne peuvent pas s'empêcher de le toucher, un dernier geste, un remerciement. Le temps passé dans l'atelier leur a fait découvrir un autre aspect de leur personnalité.
Nous avons toujours une image de nous-même "Chacun de nous s'arrête à l'idée qu'il est un personnage engagé dans Dieu sait quelle aventure, même très simple, or nous devrions savoir que nous sommes toute l'histoire, et pas seulement ce personnage"
"Chacun de nous est la page d'un livre, mais d'un livre que personne n'a jamais écrit et que nous cherchons en vain dans les rayonnages de notre esprit".

J'ai aimé cette quête de l'écriture, ce besoin vital d'écrire. J'ai aimé le personnage de Rebecca qui comprend mais un peu tard :
"C'est fou ce dont nous sommes capables, pensa t-elle. Grandir, aimer, faire des enfants, vieillir-- et tout cela même lorsque nous sommes ailleurs, dans le temps suspendu d'une réponse non reçue ou d'un geste avorté". Mr Gwyn l'aimait et elle l'aimait mais ils n'ont pas su se rencontrer. Elle était prisonnière de ce corps trop imposant, lui voyait une autre Rebecca mais elle ne le savait pas ou feignait de ne pas comprendre à mon avis.

J'ai aimé la poésie de ce livre, un roman brillant, étrange. Il se peut qu'il ne plaise pas à tous les lecteurs, j'avais adoré "Soie" d'autres non, je crois qu'il faut rentrer dans l'univers de l'écrivain sans se poser de questions sur la vraisemblance des actes, des pensées, ne pas dire "Les morts ne parlent pas" La petite vieille rencontrée est morte mais il a des conversations avec elle, elle le conseille jusqu'à ce qu'il réussisse son métier de copiste. Est-ce que nous n'entretenons pas des conversations muettes avec nos morts ? J'ai toujours entendu "Nos proches ne sont pas morts tant que nous pensons à eux, c'est le jour où plus personne ne parle d'eux qu'ils sont vraiment partis". C'est vrai.

Alessandro Barrico a écrit un très beau portrait de Mr Gwyn.

J'ai commence le dernier FOG "L'amour est éternel tant qu'il dure" un autre genre, pour l'instant j'aime bien. L'été est propice à la lecture, je dévore, j'espère que tous les écrivains ne s'inspireront jamais de Mr Gwyn, ne plus écrire...

Bye MClaire.






vendredi 25 juillet 2014

La femme au carnet rouge

La femme au carnet rouge.
J'aime le titre, plein de mystère.




J'aime aussi connaître le visage des écrivains. Antoine Laurain

Cette semaine, j'ai fait le grand écart entre deux livres (grand écart virtuel, pas le vrai, je n'en suis plus capable !). J'ai lu Yann Queffélec "Désirable" et "La femme au carnet rouge" d'Antoine Laurain. 

Je vais être brève dans mon résumé pour celui de Yann Queffélec. Je n'arrive pas à avoir un avis, j'avais envie de le refermer sans le terminer et en même temps je voulais aller jusqu'au bout. J'ai beaucoup lu Queffélec, des livres intéressants, d'autres moins, celui-ci va être rangé dans la catégorie "à découvrir vous même". L'histoire est intéressante, la dérive d'un couple qui a perdu un enfant sur une plage de l'Ille-et-Vilaine, c'est sans doute la raison pour laquelle j'ai terminé le livre, connaître la fin de l'histoire. Je vais être crue, il y a trop de cul dans ce bouquin, tout tourne autour de ça, une façon pour Yolanda et Nividic d'exorciser leur chagrin.
L'écriture est belle, imagée mais voilà ça ne m'a pas convaincue. C'est mon avis, lisez-le si vous voulez, vous n'aurez peut être pas le même sentiment, les avis sur un livre sont tellement partagés. Le roman vient d'être publié, pas encore en poche.

Je vais avoir un avis dithyrambique pour celui d'Antoine Laurain, j'ai adoré ce livre romanesque mais pas nunuche du tout. Je me suis installée dans le jardin hier en début d'après- midi et je l'avais terminé le soir, juste avant l'orage.Je ne pouvais pas le lâcher tellement l'histoire est belle, mystérieuse, les lectrices devraient adorer. 
Laurent est libraire, ça ne pouvait que me plaire, le monde des livres, il est divorcé, a une fille qui vit avec sa mère. Un jour dans une rue de Paris pas très loin de chez lui, il trouve un sac mauve sur une poubelle, il est posé là, un très beau sac, il a été volé et le voleur s'en est débarrassé après avoir pris le portable, l'argent et les papiers d'identité. Le sac recèle beaucoup d'objets, un sac de femme.
Laurent se rend au commissariat pour le confier à la police mais on lui demande d'aller aux objets trouvés et là il décide de le garder chez lui en attendant de retrouver la propriétaire après une enquête faite à partir des indices trouvés dans le sac. Il y a un carnet rouge où Laure la propriétaire a écrit toutes ses pensées, ses goûts, Laurent a déjà une approche du personnage de Laure mais toujours pas son nom ni son adresse.

Pendant ce temps Laure gît dans un lit d'hôpital, dans le coma, son agresseur lui a fait mal. 

C'est un jeu de piste qui le mènera vers un sentiment amoureux pour une inconnue.
Il y a des retournements de situation, des attentes, des joies, des déceptions jusqu'à la fin qui ne peut être que belle, comme dans un conte.
L'écriture est fine, joyeuse, fraîche. L'histoire est jolie mais pas creuse du tout, on découvre des choses dans la profondeur d'un sac à main de femme, un territoire interdit aux hommes en général. On ne retrouvera jamais mon sac à main, je n'en prends jamais, ça m'embarrasse, tous mes petits secrets sont dans ma tête, dans un endroit inviolable;.

Il y a aussi William, un personnage secondaire mais attachant et les chats Belphégor et Poutine. Je suppose qu'Antoine Laurain aime les chats..

Antoine Laurain a vendu les droits de son livre pour en tirer un film, cela fera une délicieuse comédie romantique si le cinéaste est inspiré.Je ne suis pas allée voir le film "La liste de mes envies" de Grégoire Delacourt, j'avais tant aimé le livre, je ne sais pas si nous irons voir le film tiré du livre d'Antoine Laurain.

Dans un de mes blocs-notes tout récemment je disais que lorsque j'étais une grande ado je me parfumais avec Habanera, presque plus personne ne se parfume avec Habanera, Laure oui, cette coïncidence m'a fait sourire. J'ai ri aussi lorsque la fille de Laurent se régale en regardant "L'amour est dans le pré", comme moi, je ne suis  pas la seule.
Il y a aussi le monde des écrivains, la description de Patrick Modiano est parfaite, cet homme qui semble toujours indécis, qui n'arrive pas à finir ses phrases et qui ne dédicace plus rien, sauf un de ses livres dédicacé à l'intention de Laure. Il y a les dédicaces amusantes dans les librairies avec des écrivains qui aspirent au Goncourt mais qui n'arrivent plus à écrire le livre de leur vie, inspiration en rade.

J'ai été complètement séduite par ce roman, vous aussi vous le serez sans aucun doute. Nous avons tous besoin de croire aux choses merveilleuses de la vie, au hasard. Un gros coup de coeur. Un roman parfait pour l'été. Je ne dis pas que ce livre restera à jamais gravé dans ma mémoire, mais c'est déjà énorme de prendre un tel plaisir en lisant, il y a tant de mauvais romans.


Bye MClaire.

jeudi 17 juillet 2014

"Le principe de Pauline" Didier Van Cauwelaert

Vous ne l'avez pas encore lu ? Alors foncez chez votre libraire, il vient de sortir et je me suis régalée.
Je peux manquer d'objectivité en ce qui concerne l'auteur, je le lis toujours avec tant de plaisir, j'aime D.Van Cauwelaert pour son écriture qui ne manque jamais de légèreté. ses personnages quelquefois farfelus, on le lit facilement, les histoires ne manquent pas d'imagination, son humour fait mouche, vous avez compris j'ai aimé ce livre lu en deux jours.
Puisque c'est l'été, je pense que c'est vraiment le livre parfait pour passer un bon moment pendant les heures chaudes de la journée.

Le sujet de ce livre : l'amour et l'amitié. Des choses importantes dans la vie, racontées ici avec tendresse.

Un jour sur les quais, chez un bouquiniste, Quincy retrouve un livre qu'il avait dédicacé vingt ans auparavant  "A Pauline et Maxime, ce roman qui aura permis notre rencontre. Avec l'espoir d'un bonheur futur auquel je m'associe de tout coeur".
Ce livre va changer le cours de sa vie.

Pauline travaille temporairement chez une libraire, une dame d'un certain âge qui tient une librairie comme nous aimerions encore en trouver dans les petites villes, des livres partout, un chauffage d'appoint en plein hiver, Jeanne Voisin aime vraiment les livres et ceux qui les écrivent.
Elle a fait venir Quincy Farriol, un écrivain qui ne vend pas mais Jeanne décide de le faire connaître et Quincy a obtenu un prix de la maison d'arrêt de St-Pierre-les Alpes, la ville où Jeanne vit, il y a quelques exemplaires à dédicacer et une conférence doit se tenir dans les murs de la maison d'arrêt. 
Maxime l'amoureux de Pauline reçoit Quincy, il est incarcéré depuis quelques mois, c'est grâce à lui que l'auteur a obtenu ce prix, Maxime est en prison par erreur, Maxime est le personnage farfelu du livre, surprenant, loufoque, un brin truand, son amitié pour Quincy au fil du livre est quelquefois embarrassante pour celui qui est si discret..
Tout oppose Quincy et Maxime mais voilà il arrive une chose qui n'aurait pas dû arriver, Quincy tombe amoureux de Pauline, il y aura donc une histoire à trois. Histoire d'amour et d'amitié, Pauline pense qu'e l'amour sert à construire une véritable amitié. Maxime qui ne sait pas combien de temps il croupira en prison décide de ne plus voir Pauline, par amour, pour qu'elle puisse poursuivre ses études à Oxford, dans un geste de grande générosité il demande à Quincy de l'aimer physiquement, pour qu'elle l'oublie.

Quincy ne se le fait pas dire deux fois, il se "dévouera" mais il n'arrivera jamais à oublier 
Pauline. Les histoires d'amour ne se déroulent pas toujours d'une façon linéaire, on peut aimer, se quitter, se retrouver.

"... mais je suis très émue que vous le preniez comme ça. J'ai un grand principe, dans la vie : l'amour, ça sert à fabriquer de l'amitié. Sinon on se plaît, on couche, on se lasse, on se quitte pour aller voir ailleurs, et on s'oublie. Quel intérêt ?"

Il y a aussi des magouilles politicos-mafieuses, Maxime était le chauffeur du Président du Conseil général, il a vu, entendu, comme dit Jeanne la libraire "Comme si la politique était un métier d'enfant de choeur !"

Je ne vais pas vous raconter toute l'histoire, découvrez-là.

Ce que j'ai aimé :

J'ai tout aimé, jamais un temps mort, j'ai souvent ri, l'auteur a le sens de la formule.

J'ai adoré la libraire, cette petite femme qui se bat pour garder sa librairie qui finira par se transformer en salon de coiffure, mais elle aura sa revanche, elle travaillera à Oxford chez Blackwell's, une des plus grandes librairies du monde, des kilomètres de rayonnages.



Le personnage de Maxime est aussi attachant, très attachant jusqu'à la fin, il nous surprend.

Quincy est un écrivain qui manque de chance, sensible, indécis, maladroit, il aime écrire mais n'écrit jamais ce qui se vend. Un livre sera pourtant responsable de son destin. J'ai eu de la tendresse pour Quincy.

Pauline est la clé de voûte du roman, c'est elle qui décide, elle sera celle qui réunira tout le monde. Pauline est une jeune femme de son temps, elle est libre, intelligente et pourtant elle se fourvoiera dans une histoire qui laissera des traces.

L'écriture est aussi au centre de ce livre, l'écriture qui peut décrire le réel, le mensonge, la vérité, "Je corrigeais la réalité, je réinventais ce qui aurait pu être l’aventure de ma vie". Le monde de l'édition qui décide du succès d'un livre, les contacts avec ceux qui font le succès d'un bouquin, ce sont eux qui ont le carnet d'adresses, l'auteur attend avec fébrilité d'être appelé pour faire une émission,

Il y aura un happy-end, ce n'est pas de refus par ces temps de morosité. Je suis enthousiaste en écrivant cette gazette, j'espère que vous ne serez pas déçus par le livre. C'est un bouquin délicieux. J'ai lu ce roman comme on suce un bonbon, avec l'envie que ça ne finisse pas, je l'ai refermé, caressé, j'ai caressé le visage de Quincy, de Pauline en leur disant "Soyez heureux". Je vous aime beaucoup Didier Van Cauwelaert, merci pour ce temps agréable passé sur mon transat avec votre bouquin dans les mains, quelquefois je m'endors mais là non, j'étais trop intéressée. Un vrai coup de coeur; Bye MClaire.

dimanche 13 juillet 2014


Voilà un livre que j'ai pris plusieurs fois dans les rayonnages de la Fnac ou Leclerc, je le prenais, je lisais la quatrième de couverture, je le feuilletais et je le reposais. Je n'arrivais pas à me décider, j'en achetais un autre.
Michelle l'avait acheté pendant mes vacances, il fallait absolument que je le lise, elle l'avait beaucoup aimé. J'ai accepté le prêt. Il est en poche.

Très beau roman, vous commencez et vous ne le lâchez plus tant que votre emploi du temps vous permet de lire. La vie d'une léproserie au large de la Crête, un monde complètement inconnu pour la majorité d'entre nous,  mais un monde qui tente de vivre le plus normalement possible. Il y a des histoires d'amour, des jalousies, de la souffrance, beaucoup de souffrance, des espoirs de guérison, des médecins qui se dévouent et qui risquent aussi d'attraper la maladie. Quitter l'île après la découverte du traitement a été très difficile pour certains, ils s'étaient habitués à leur vie, le monde extérieur leur faisait peur.

Il y a aussi ceux qui restent de l'autre côté privés de leurs proches. Maria et Anna les deux enfants d'Eleni manifesteront leur chagrin d'une façon complètement différente lorsqu'elles verront leur mère partir pour la léproserie. L'analyse des caractères des deux soeurs est très bien décrite.




L'histoire : Alexis une jeune anglaise vient passer ses vacances à la fin de l'été en Crête. Elle est aussi à la recherche d'une amie de sa mère qui habite Plaka, juste en face de l'île de Spinalonga qui abrite les lépreux, cette île existe vraiment, elle a été débaptisée pour prendre le nom de Calédonie depuis 1954, l'île est surplombée d'une citadelle vénitienne en ruine.
Alexis pressent que l'histoire de sa mère est compliquée, elle raconte très peu de choses de son enfance, La jeune fille découvrira un terrible secret et surtout l'existence de cette île qu'elle ne connaissait pas, ce lieu a abrité son arrière grand-mère lépreuse et sa tante qui guérira de cette terrible maladie grâce au traitement mis en place par l'Institut Pasteur.

Il y a une intrigue amoureuse évidemment, sinon ce serait simplement un récit. La Crête est bien décrite, les mots trouvés sont justes, les traditions, les paysages, les préjugés, l'évolution des mentalités. Le récit n'est pas larmoyant, j'ai pourtant versé quelques larmes à la fin, lorsque Sofia se rend compte qu'elle a été cruelle dans sa relation avec ceux qui l'avaient élevée, mais il est trop tard, elle ne peut plus revenir en arrière, le remords est immense. L'adoption n'est pas facile, faut-il dire, pas dire, révéler la vérité très tôt ou plus tard ? 
J'ai beaucoup aimé le personnage de la mère Eleni, puis Maria qui prend sa place, un personnage solaire aussi lumineux que la lumière qui inonde cette île au milieu de la Méditerranée.
Je dois tout de même dire qu'il y a quelques passages qui manquent de consistance, mais ils sont peu nombreux et nous sommes pris dans l'histoire, nous les remarquons à peine.

J'ai aussi apprécié qu'il y ait un fond historique, vrai. Je ne connaissais pas la lèpre ou si peu, je savais qu'ils étaient des "impurs", qu'ils vivaient dans des endroits faits pour eux sans contact avec les autres. Si vous connaissez un endroit qui s'appelle "La Maladière" il est fort probable qu'une léproserie était située sur les rives d'une rivière au Moyen-Äge.
Il y a encore 1,5 millions de lépreux dans le monde qui sont certainement moins stigmatisés puisqu'il existe un traitement. Elle sévit surtout dans l'Asie du Sud-Est, c'est une maladie bactérienne qui ne s'attrape qu'au contact de la chair, un baiser par exemple. Il y a plusieurs sortes de lèpres, des mortelles, d'autres pas, certains sont défigurés et d'autres pas du tout.

La lèpre était la punition de la transgression de l'interdit sexuel pour la religion. Les lépreux ne devaient pratiquer qu'une profession infamante. Les gens vivaient dans l'obscurantisme, ils étaient effrayés en voyant un lépreux, les malades cachaient souvent cette maladie qui ne se manifestait pas tout de suite, les lepromes arrivaient plus tard au bout de quelques années, dans le roman Eleni est touchée en même temps qu'un de ses élèves, qui a contaminé l'autre ?

Je vous recommande ce livre qui est triste mais en même temps plein d'espoir, de leçons de vie, oui d'espérance. Très beau roman, il est facile à lire mais le contenu est émouvant, profond.

Bye MClaire.








dimanche 6 juillet 2014

COMBIEN ? De Douglas Kennedy



Du tourisme au pays de l'argent ? Non, ce n'est pas pour moi. Je n'aime pas et je ne comprends pas tous les termes qui désignent le profit, la bourse, les obligations, le monde de la finance, tout ça est du chinois, j'aurais fait une piètre banquière, j'aurais dit à mes clients "Profitez de la vie avec votre argent, ne faites pas d'insomnie parce que vous cherchez les meilleurs placements, la vie est courte et au bout n'ayez pas de regrets". Les profits de la banque auraient été en baisse, j'aurais été licenciée et je me serais reconvertie dans une agence de voyages, mon discours aurait été beaucoup mieux perçu.
J'ai pourtant fait du tourisme avec D.Kennedy au pays de l'argent, avec plaisir. Un littéraire qui m'explique l'argent, ça me va.



Douglas kennedy a écrit ce livre il y a plus de vingt ans, il est réédité chez Pocket. Ce livre n'a pas pris une ride, il est toujours d'actualité. Je soupçonne Kennedy d'être un grand malin, je trouve qu'il était un peu en mal d'inspiration dans ses deux derniers livres, moins passionnants, il ressort des récits et lorsqu'il écrit des récits il sait être passionnant.
J'avais beaucoup aimé "Au-delà des pyramides" à lire absolument, "Au pays de Dieu", je n'avais pas lu "Combien ?" et j'ai aimé ce livre écrit comme un roman mais qui traite de l'argent à travers les places financières de la planète. Je vous disais que je ne comprenais rien aux termes employés par les traders mais là j'ai tout compris, c'est très bien expliqué et nous sommes entraînés dans ce monde parce qu'il nous raconte des anecdotes, des vies bouleversés par l'appât du gain, l'évolution des pays qui se sont ouverts à l'argent. 
Le style est fluide, pas de mots compliqués pour une néophyte et quelle néophyte, une vraie !!

Nous passons de New-York à Marrakech, à Singapour, à Sydney, à Budapest après la chute du communisme, à Londres. Chaque chapitre est consacré à une ville et à ses traders qui finissent par s'isoler complètement de la vraie vie, boivent beaucoup, ne dorment plus et qui un jour se retrouvent sur le carreau parce qu'ils ne sont plus rentables.
Certains d'entre eux se retrouveront tout en haut de la hiérarchie avec jaguar, rolex, appartement dans les plus beaux quartiers et après....Après, ils se posent presque tous la question : "Cela sert à quoi tout ça". Leur femme est souvent partie, ils ne voient pas leurs enfants, ils se retrouvent seuls.
Trevor dira avant d'aller bosser "Encore une putain de belle journée au paradis", pour lui c'est devenu l'enfer. Est-ce que ses aspirations lorsqu'il était plus jeune étaient celles qu'il était en train de vivre ?

J'ai aussi appris que n'importe qui pouvait être trader, une voix puissante, une bonne analyse, être ambitieux, aimer l'argent, avoir le feeling, pas d'états d'âme.

- Tu as vu Wall street, le film d'Oliver Stone ? m'a-t-il soudain demandé.
-Oui.
-J'ai beaucoup aimé, beaucoup. Surtout le milieu qu'il décrit, celui des...golden boys, ceux à qui tout réussit.
-Mais...Stone les dépeint comme une bande de salauds, pourtant.
-Exactement ! Le message du film est très clair : si on veut bosser dans le secteur financier, on doit être un salaud.

Une autre phrase de ce livre "Je me suis dit que les idéalistes, les plus pathétiques sont certainement ceux qui n'ont pas trouvé ce qu'ils voulaient idéaliser".

La plupart de ces traders quittent la finance et se retrouvent boulangers, marchands de vins, pépiniéristes.

-ça semble un peu régressif, après ce qu'ils ont connu, non ?
- Une fois qu'on a joué en première division "tout" ce qui vient après est une régression.

Réflexion personnelle "C'est pour ça qu'au scrabble, les joueurs qui atteignent le sommet s'arrêtent de jouer lorsqu'ils sont moins bons ?"  Fermons la parenthèse.

Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser à Jérôme Kerviel qui lui aussi a fini par succomber à l'argent pour finalement dégringoler très bas. Etait-il complètement fautif ?

J'ai aimé parcourir la planète avec D.Kennedy, cela m'a conforté dans l'idée que l'argent ne doit pas tenir une place centrale dans notre vie, le bonheur n'est pas dans un relevé bancaire à dix chiffres (j'écris un nombre à dix chiffres pour voir si cela fait beaucoup !), on peut être heureux avec beaucoup moins,  J'ai aimé ses pointes d'humour, son oeil exercé qui observe. Je ne peux pas dire que je ne pouvais pas lâcher le livre, ce serait mentir, il doit se lire par chapitre, ce n'est pas un vrai roman. Bonne lecture.  Bye MClaire.