mercredi 27 décembre 2017

"ÔR" d'Audur Ava Olafsdottir.






"Ör", j'ai lu "L'exception" "Rosa Candida" du même auteure, et toujours autant de plaisir à me plonger dans ses histoires.
"L'exception" était l'histoire d'un homme qui annonce à sa femme qu'il la quitte pour un autre homme. Tout s'écroule pour Maria.
"Rosa Candida" était un roman initiatique, une histoire très touchante, un bijou de tendresse, j'avais adoré.

"Toute souffrance est unique et différente, on ne saurait les comparer entre elles. Le bonheur en revanche est le même pour tous"

J'ai beaucoup aimé "Ör", un petit livre dévoré en quelques heures.
L'écrivaine au nom imprononçable nous décrit avec talent les moeurs islandaises, les blessures des âmes, sans pathos, avec sensibilité.

"Or" est l'histoire d'un homme qui pense arriver à un croisement de son existence, pour lui tout est fini, sa femme Gundrun est partie en lui révélant que sa fille n'est pas de lui, il a élevé Gudrun avec amour et continuera à aimer "son" enfant, Sa mère Gudrun perd la raison doucement, elle vit dans une maison de retraite. Trois Gundrun.

Jonas, la cinquantaine, a vendu son entreprise, vit seul chez lui, Gundrun sa fille est partie vivre sa vie, elle a l'âge, seul son voisin lui tient compagnie quelquefois, un voisin sympa mais un peu bizarre. Jonas est très bricoleur mais il ne sait pas réparer sa vie, il n'y arrive pas et décide de se supprimer, pour lui c'est la seule issue. Il range sa maison, met de l'ordre dans ses affaires, emprunte un fusil de chasse à son voisin, mais encore une fois il n'arrive pas à se décider, remet toujours à plus tard le moment où il partira. Comment épargner à sa fille la vue de la scène du suicide, il ne veut pas lui imposer la vue de son corps sans vie. 
Il prend une décision, partir dans un pays détruit par la guerre, en paix tout récemment mais qui subit encore les mines enterrées, le pays n'est pas sûr. Il espère ne pas avoir à accomplir le geste irrémédiable, la mort viendra d'ailleurs, presque naturellement.
Le nom du pays n'est jamais cité, j'a pensé à un pays de l'ex-Yougoslavie, mais peu importe.
Il prend l'avion, peu de bagages, une caisse à outils, il lui faut du matériel pour planter le piton qui retiendra la corde. Cette caisse à outils sera son bien le plus précieux, elle participera à sa renaissance, l'hôtel "Silence" verra sa résurrection..Il finira par faire connaissance de lui-même.

Ne pensez pas que ce roman est morbide, bien au contraire, il est plein d'espérance. L'auteure sait raconter avec douceur les plaies de l'âme qui deviendront "ör" qui veut dire cicatrices en Islandais. 

J'ai aimé May et le petit Adam son fils qui a perdu l'usage d'une oreille sous les bombardements, enfant sauvage qu'il faudra apprivoiser.
J'ai aimé Fifi, frère de May qui essaie de faire revivre l'hôtel Silence, heureux d'avoir trois réservations.
J'ai aimé ces femmes sans hommes morts à la guerre qui décident de rebâtir une maison mais surtout de se reconstruire. 
J'ai aimé l'idée qu'avec un rouleau de scotch et un tournevis on puisse penser réparer des objets et donner de l'espoir aux habitants d'une ville martyre. 

Nous pouvons vivre dans une société où nous avons tout mais être malheureux et trouver le bonheur là où tout manque.

Jonas n'avait pas serré une femme dans ses bras depuis huit ans et cinq mois.

"Le nombril est notre point central, notre milieu, autant dire le centre de l'univers. C'est la cicatrice d'une fonction qui n'est plus"

Je vous conseille ce très beau livre, un roman poétique.    Bye MClaire.









samedi 16 décembre 2017

"A l'ombre des cerisiers" Dörte Hansen



Une jolie couverture, "un petit miracle de livre", une note écrite à la main dans le rayon de chez Leclerc-Culture, une note qui disait le plus grand bien de ce bouquin, je l'ai acheté. Il est en poche et ce roman a été un best-seller en Allemagne.
Je l'ai commencé "pas mal, vraiment pas mal" mais il y a un mais, j'ai commencé à m'embrouiller en lisant les prénoms des personnages, pas habituée du tout à la littérature allemande, je confondais Hildegard et Bretta, Ida et Vera, Heinrich avec Hinni, en fait ils ne faisaient qu'un, Carsten et Karl-Heinz surgissaient dans l'histoire, Burkhard Weisswerth, le bobo de service, bref! j'ai eu beaucoup de mal à mémoriser les personnages et j'étais prête à mettre le livre de côté, cela aurait été dommage et Christian qui a des facilités pour prononcer la langue allemande, me reprenait. Le roman est aussi constitué en chapitres qui ne s'enchaînent pas, on revient en arrière, on repart en avant, c'est assez déroutant au début.
J'ai persisté, je n'aime pas laisser un bouquin en plan, il peut réserver des surprises, je n'ai pas eu tort, l'histoire est agréable à lire et plutôt émouvante, les difficiles relations entre une mére et sa fille, les blessures secrètes, les non-dits. J'étais finalement contente d'avoir lu ce livre jusqu'au bout.

L'histoire :

Hildegarde et sa petite fille Vera fuient la Prusse Orientale en 1945, un pays en ruines, il fait très froid, les gens meurent sur la route de l'exil, les mères épuisées pendent leurs enfants avant de se pendre elle-même, Hildegarde voit mourir son bébé dans son landau et le laisse au bord de la route, des scènes affreuses qui marqueront à jamais la petite fille Vera et qui transformeront Hildegarde en bloc de glace.
Elles se réfugient dans une vieille ferme en Allemagne près de Hambourg, dans une région de polders près de l'Elbe. Ida la maitresse des lieux leur offrira le coucher dans une pièce froide mais ne les nourrira pas :
-Il faudrait maintenant à ma fille quelque chose à manger, je vous prie.
Et Ida Eckhoff, forte de six générations de paysans du cru, veuve de son état et mère d'un soldat blessé au front, de riposter : "Moi, j'donne rien !"
Karl blessé, le fils d'Ida vit là avec sa mère, jambe droite raide, il a perdu un peu la raison, cauchemarde toutes les nuits, la guerre, la guerre, il surveille le ramassage des cerises assis sur son banc, Vera la petite fille s'en fera un allié, une infinie tendresse les réunira, Hildegarde deviendra la maîtresse des lieux et Ida mère de Karl préférera disparaître. 
Hildegarde prendra un amant, sera enceinte, accouchera d'une petite fille Marlène loin de la ferme et de Karl, Vera sera abandonnée aux bons soins de Karl. Il l'élèvera comme il pourra, elle héritera de la ferme, sera dentiste mais ne se mariera jamais, elle restera seule dans cette drôle de maison, jusqu'au jour où deux réfugiés se présenteront à sa porte, Anna et son petit garçon Léon, Anna est la fille de Marlène, demi-soeur de Vera...Elle vient de quitter son mari infidèle, meurtrie, elle a quitté le domicile conjugale pour laisser la place à l'autre aux ongles rouges. Le mari et la maîtresse voudraient qu'elle pardonne pour mieux vivre leur aventure, sans remords, ça elle ne peut pas !!
Les deux femmes, tante et nièce, écorchées par la vie tenteront de se construire une existence ensemble, dans cette maison où le soir elles entendent des chuchotements et des soupirs, une maison hantée par le malheur.
Je vais arrêter là....

Ce que j'ai aimé :

J'ai déjà écrit ce que je n'avais pas aimé.
J'ai aimé la description de ce pays, la vie de ces paysans attachés à leur terre, le chagrin de Heinrich lorsqu'il comprend que ses trois fils ne reprendront jamais la ferme, une peine ajoutée à une autre peine, il a perdu sa femme qu'il aimait tant dans un accident.
"Quand s’était glissée l’erreur ? Quand avait surgi ce malentendu, cette idée que les fils de paysans pouvaient choisir leur vie ? Opter tout simplement pour celle qui semblait agréablement variée et confortable ? "

Les passages sur la nourriture bio qui n'est pas toujours bio et la vie des "bobos" d'Hambourg qui décident de s'installer à la campagne pour vivre autre chose, enfin se retrouver, la campagne n'est pas la ville, j'aurais énormément de mal à m'adapter à la ville et le contraire est aussi vrai.
J'ai aimé Vera, la rude, la froide Vera qui cache tant de tendresse et tant de blessures. L'abandon d'Hildegarde la marquera à jamais.
Anne, qui pensait faire une carrière de musicienne jusqu'à ce que son frère se révèle un véritable génie du piano. Elle en souffrira, abandonnera tout. Sa souffrance est trop intense lorsqu'elle l'entend jouer, elle ne l'égalera jamais. Sa mère Marlene ne comprend rien. Mais Vera dira un jour à Anne:
-Tu ne connais absolument pas Marlene, tu ne connais que ta mère.
Que savaient donc les filles de leur mère ? Elles ne savaient rien. On peut tout demander aux mères, mais encore fallait-il ensuite pouvoir vivre avec les réponses.
La complexité des relations familiales. C'est vrai, nous ne connaissons rien des pensées secrètes de nos mères.

J'ai aussi aimé la façon d'expliquer la froideur des femmes de cette famille brisée. A la fin de l' hiver, les paysans arrosent les arbres, il se forme de la glace autour des bourgeons qui ne gèleront pas. Les femmes de cette maison se fabriquent une carapace de glace pour ne pas geler.
Et pour finir, j'ai beaucoup aimé Léon, le petit garçon très observateur, adorable enfant qui un jour attendrira Vera, elle qui n'a jamais caressé un enfant. Le vieux Karl était son enfant, elle s'en occupera jusqu'à sa mort, 92 ans.

Les passages les plus drôles, ceux qui décrivent la vie des citadins à la campagne

Ce livre est émouvant, bien écrit, je ne dis pas vous devez le lire mais vous le trouverez très intéressant lorsque vous aurez mémorisé les personnages. Une joueuse du club me disait que dans ce cas là elle dressait une liste avec une note "qui est qui" pour la guider au début de sa lecture. Je n'ai pas suivi son conseil, j'ai fini par comprendre.

Bye MClaire.
  





mardi 5 décembre 2017

"L'art de perdre" Alice Zeniter




Un grand roman, merci aux lycéens de l'avoir choisi pour lui décerner leur prix Goncourt, je ne suis pas surprise, ils ne se trompent jamais, je n'ai jamais été déçue.

Poignant, si bien écrit, Alice Zéniter a écrit l'histoire des harkis , ces supplétifs qui ont dû immigrer pour ne pas être abattus à l'indépendance de l'Algérie, ils avaient défendu la France et ne se pliaient pas aux ordres du FLN. Ali, le grand-père avait aussi vécu la bataille de Monte Cassino pendant la guerre de 40, bataille qu'il ne racontera jamais tant elle était chargée d'horreurs. Mon père aussi a combattu à Monte-Cassino, dans les Zouaves, il n'en parlera jamais. Les hommes n'aiment pas raconter la guerre, ils ont leurs raisons.

Ce livre me concerne aussi, je suis née là-bas, je me suis mariée à Miliana, j'ai eu mon premier enfant et nous avons dû partir, un matin très tôt, presque en cachette, le but était d'atteindre l'aéroport de Maison-Blanche, au milieu d'une cohorte de français, les pieds-noirs comme ils étaient appelés, qui laissaient tout pour sauver leur famille, l'exode, . Mon histoire est différente, nous savions où aller en posant les pieds à Marignane, Christian est d'Aix-en-Provence.
 Les harkis prenaient le bateau, comme du bétail, sans savoir où ils seraient logés. Le pire les attendait. Ils étaient français sur le papier, mais kabyles ou arabes avant tout pour la France, il fallait les parquer pour éviter le danger, quel danger ?
Alice Zéniter raconte à travers la voix de Neima l'histoire de sa famille, en 1962,133 harkis sont arrivés à Ongles dans les Basses-Alpes. Son grand-père y était.
Dans le roman, Ali et sa famille seront hébergés dans l'affreux camp de Rivesaltes qui avait vu passer des juifs; des espagnols, dans des conditions d'hygiène déplorables, sous des tentes cernées de barbelés..Certains, ne sortiront pas pendant des années, ne connaîtront rien du monde extérieur jusqu'à ce qu'ils soient transférés dans les Bouches-du-Rhône à Jonques, le camp s'appellait du joli nom "Le logis d'Anne" seul le nom était beau, les logis étaient en bois ou en fibrociment; Ali travaillera  pour l'Office national des forêts.
Plus tard, sans leur demander leur avis, ils seront de nouveau transférés en car pour rejoindre Flers, la Basse-Normandie, des barres de HLM, un tout petit logement pour loger sa nombreuse famille. Il travaillera à l'usine.

Le roman se divise en trois :
-L'Algérie de papa
-La France froide
-Paris est une fête. 

L'Algérie de papa, c'est celle du terrorisme, des embuscades, des tueries, les horreurs vécues, tout est vrai.
Je tiens à préciser que les crimes étaient commis de chaque côté, l'armée et le FLN, la vengeance était terrible. 
C'est à cette époque qu'Ali doit choisir son camp, il en paiera le prix.
Nous connaissions un arabe qui était adorable, il travaillait sous les ordres de mon père, Krim avait un petit garçon, et quelques mois avant de partir il était rentré chez nous avec son gamin dans les bras et il avait dit dans un éclat de rire :
"Il faut que tu montres à monsieur Crabos ce que nous allons lui faire " et le gamin avait fait le geste d'égorger. Krim avait choisi son camp. Nous étions stupéfaits.

La France froide, c'est celle des camps et du HLM de Flers, c'est la France d'Hamid, le fils aîné de la famille et le père de Naima. Une France peu accueillante, les difficultés pour s'intégrer, un père de famille qui rétrécit, des enfants qui s'échappent, Hamid qui est las de se voir attribuer des responsabilités trop lourdes pour son âge, il sait lire et écrire, pas ses parents. Hamid est brillant à l'école, il aura son bac et partira, il tombera amoureux de Paris et de Clarisse. Ce sera Paris est une fête.

L'instituteur d'Hamid dira à Ali "Votre fils peut faire des grandes études, Polytechnique ou Ecole Normale Supérieure" et Ali très fier mais qui ne connait pas ces écoles répondra "Il fera les deux"

Je ne vais pas vous cacher que j'ai pleuré à gros sanglots en lisant certains passages de ce roman, j'en profitais, Christian était dans le jardin. Oui, je pleure en lisant, au cinéma, mais j'ai beaucoup de mal à pleurer si un événement terrifiant arrive, je pleure quinze jours plus tard.

Emue aux larmes devant les déchirements d'Hamid, ses parents ne ressemblent pas aux parents de ses copains, il sait qu'il a un peu honte des effusions de sa mère qui ne parle pas français et qui serre encore et encore dans ses bras Clarisse, comme cela se fait en Algérie, sa culpabilité, ses silences, sa difficulté d'aimer complètement. J'ai été émue en lisant le mot "meskina" les mauresques prononçaient ce mot en nous voyant pleurer, "meskina" ma petite ça va aller, ça va passer. J'avais oublié ce mot. Je disais souvent à mes enfants "ça va aller, ça va passer"

Emue en lisant les efforts de Yema pour s'intégrer, acheter des langues de chat aux enfants pour faire comme les français, alors que ses gâteaux au miel sont mille fois plus délicieux.

Le coeur serré en lisant les retrouvailles de Naima avec sa famille sur la crête en Algérie, près de Palestro. Ses hésitations, les sentiments mélangés, elle sait qu'elle ne pourrait pas vivre avec eux, elle a envie de se retrouver chez elle, mais il fallait qu'elle fasse ce voyage, pour enfin trouver la paix après la violence de sa recherche d'identité, découvrir ce que son père n'a jamais raconté.
Oui, les vérités sont souvent assassines.

Je dis souvent que j'ai très envie de reposer les pieds sur cette terre d'Algérie mais après avoir lu ce livre j'ai un doute.
Est-ce qu'en revoyant l'Algérie ce pays m'offrirait ce que j'étais venue chercher ? 
Neïma dit à sa mère :
-Tu voudrais y retourner, Yema ? Est-ce que tu voudrais que je t'emmène avec moi si j'y retourne ?
-Oh benti, benti...murmure tristement Yema. Moi je voudrais mourir là-bas, c'est sûr. Mais aller comme ça ? Pour les vacances ? Je connais plus personne..
Elle dit : je ne vais pas rentrer chez moi et aller dormir à l'hôtel.

Alors si Yema qui est kabyle prononce ces paroles, comment comprendre la nostalgie d'une française qui est née là-bas mais qui sait très bien que l'Algérie n'est pas son pays ?
Christian me dit "Mais quand même, c'est le pays où tu es née et où tu as vécu toute ta jeunesse, c'est normal que tu aies envie de le revoir."  Je ne sais plus..
L'Algérie est pour Naïma son pays d'origine mais pas de naissance, pour moi c'est le contraire.

Lisez ce livre, il est magnifique, captivant, les jeunes générations connaissent très mal cette période tourmentée, ce roman peut faire sauter certaines barrières, rendre les gens plus conciliants. J'ai adoré, mais le contraire aurait été étonnant.   
Je vais choisir un roman léger pour digérer la lecture des deux derniers.  

Bye MClaire

vendredi 24 novembre 2017

"Bakhita" Véronique Olmi.




Magnifique, bouleversant, j'étais étranglée par l'émotion, il m'arrive d'avoir des larmes qui coulent en lisant mais là si je ne m'étais pas retenue j'aurais pu éclater en sanglots, je serrais les dents. 
Véronique Olmi a écrit le plus beau de ses livres. L'histoire vraie de Bakhita, ce n'est pas tout à fait une biographie, ce n'était pas possible mais elle a dû certainement passer un temps fou dans ses recherches pour raconter la vie de cette petite fille razziée à sept ans dans un village du Darfour. Une petite fille arrachée à ses parents, à sa soeur jumelle, à sa famille, par des marchands d'esclaves sans foi ni loi.

Bakhita est une petite fille presque heureuse qui chante, garde les vaches, va chercher de l'eau au ruisseau, elle fait ce que nous avons tous fait lorsque nous étions enfants, elle imagine, joue, invente des histoires, insouciante malgré une première alerte lorsqu'elle avait cinq ans, des hommes étaient venus brûler le village, des hommes qui enlevaient enfants, femmes, hommes pour les vendre comme esclaves, Kishmet sa grande soeur qui avait déjà un bébé a été enlevée, les hommes ont semé la mort dans le village et sont repartis en ne laissant que cendres, odeurs des corps brûlés. Des habitants se sont cachés.
Nous sommes en 1876.
A sept ans Bakhita ne va jamais seule mener les vaches à la rivière, la méfiance règne, cela ne suffira pas, les prédateurs seront là.... Esclave à sept ans, elle subira les pires horreurs, battue, affamée, violée plus tard, sera vendue cinq fois, servira de jouets aux filles de son dernier maître, sera scarifiée pour plaire aux invités, tatouée au rasoir dans d'atroces souffrances. Le Soudan est en guerre, les Turcs fuient, l'Italie est là, le Consul est un homme doux, il veut amener Bakhita avec lui en Italie pour l'offrir à sa femme, elle sera sa domestique. Ils prendront le bateau à Suakin...
Elle affrontera les regards des habitants, un diable noir, ils n'ont jamais vu de femme si noire, comment peut-elle ressembler aux autres ? Une lutte permanente pour se faire adopter. Les enfants auront peur, lui jetteront de l'eau pour voir si le noir déteint, mais ses plus beaux moments seront ceux qu'elle passera avec eux.
Comment garder toute cette humanité lorsque les hommes sont si cruels ?

L'esclave sera béatifiée et canonisée, Jean-Paul II la déclarera sainte. Toute une longue histoire à lire avant ce dernier épisode, un récit passionnant qui traversera l'Histoire, les guerres de 14 et 40, la montée du fascisme, Mussolini et ses chemises noires.

Je n'ose même pas employer le mot "aimer" pour dire combien cette histoire m'a émue. On aime ce qui est beau, nous ne pouvons pas "aimer" l'histoire d'une enfant soumise aux hommes, nous ne pouvons qu'être bouleversés par la souffrance de cette femme qui toute sa vie a essayé de se rappeler de son prénom, d'imaginer sa mère, son père, ses soeurs et qui ne savait pas où elle habitait lorsqu'on lui montrait une carte de l'Afrique. Une femme d'une force exceptionnelle qui n'oubliera jamais les chaînes qui l'entravaient, toute sa vie elle se consacrera aux autres, aux plus démunis, aux plus pauvres.

Il y a l'histoire de la foi, on peut ne pas croire, repenser à l'évangélisation de l'Afrique par les missionnaires qui constataient la misère sans agir, leur but baptiser, mais la foi de Bakhita est si pure, ce sont des vrais moments de grâce, un immense amour pour celui qu'elle appelle "El Paron"


.

Il ne faut surtout pas oublier que l'esclavage est toujours d'actualité dans le monde, des hommes, des femmes sont vendus, soumis à la violence des hommes.

L'écriture de Véronique Olmi est belle, des phrases courtes qui nous transpercent, une écriture remarquable. Lisez ce livre.
Il faut que je remercie Michelle qui me l'a prêté avant de le lire !

Bye MClaire.





vendredi 17 novembre 2017

Les fabuleuses tribulations d'Arthur Pepper" de Phaedra Patrick






Phaedra Patrick est anglaise, elle boit du thé comme le personnage de son livre Arthur, mais peut être pas à heure fixe.

Si je devais résumer ce livre en un seul mot, ou plutôt en deux mots : générosité et tendresse.
Arthur est veuf depuis un an, après quarante années de mariage sa femme est morte, quarante années d'amour fusionnel, ils se satisfaisaient l'un de l'autre, les enfants étaient partis, une vie faite de plaisirs simples.
Ils se sont mariés par amour, Arthur n'avait jamais connu de femme avant Miriam et il est persuadé qu'il avait été son unique amour.
La vie sans Miriam n'a plus la même saveur, il se calfeutre dans la maison pour échapper aux visites de sa voisine Bernadette qui s'est mis en tête de le le gaver de tourtes, de tartes et surtout de le divertir un peu. Elle sonne avec force, il ne répond pas, il ouvre sa porte rarement.
Il se contente de boire son thé à heure fixe et de s'occuper de la plante verte que sa femme aimait beaucoup. Ses enfants, Lucy et Dan se sont éloignés de lui, Dan est en Australie, la communication avec son père n'a pas toujours été simple, et Lucy se débat avec ses propres problèmes.

Au bout d'un an, il doit se résigner à se débarrasser des affaires de sa femme qui sont toujours dans la penderie, il le fait le jour de l'anniversaire de sa mort, et là surprise, dans une de ses bottes il découvre un bracelet où pendent des charmes, des breloques. Un très beau bijou.
Il ne connaissait pas ce bijou, un éléphant serti d'une pierre précieuse est le voisin d'une palette de peintre, d'une fleur, d'un livre, d'un dé à coudre, d'un tigre, d'un coeur et d'un anneau. Autant d'énigmes qu'il ne comprend pas, jusqu'au moment où il aperçoit un numéro de téléphone sur la queue de l'éléphant, il prend sa loupe et lit "Ayah 0091 832 221 897" l'indicatif de l'Inde depuis le Royaume-Uni, 40 ans après le numéro est toujours actif, est-ce possible ?.
Débute une folle histoire après l'appel d'Arthur, il découvre que Miriam avait été nounou en Inde dans une riche famille. Il est abasourdi et décide de résoudre toutes les énigmes des charmes. Lui qui n'était jamais allé très loin de York va se retrouver dans les pattes d'un tigre, dans la maison d'un écrivain atteint d' Alzheimer, à Paris dans une boutique de robes de mariée, il posera nu dans une école de peinture, bien malgré lui .....et découvrira à chaque fois un pan de la vie de Miriam qu'il ignorait complètement.
Comment ne pas se poser des questions sur leurs relations après toutes ces révélations ? Comment ne pas s'interroger sur sa façon d'être avec ses proches ? C'est aussi un peu un livre initiatique qui nous fait aussi penser à notre vie lorsque nous sommes dans son dernier tiers, les enfants, la façon de la vivre le mieux possible dans les dernières années, ne pas tomber dans la routine.

Bernadette sa voisine est un personnage attachant, elle se révélera indispensable à Arthur lorsqu'il rentrera chez lui et il sera celui qui recevra les confidences de Nathan 18 ans, fils de Bernadette, une sorte de grand-père adoptif. A cet âge, on se confie quelquefois plus facilement à des inconnus qu'à sa propre mère.
Je vous laisse découvrir la suite de l'histoire.

J'ai aimé lire ce bouquin, certainement pas inoubliable mais il m'a fait passer des bons moments, j'ai eu de temps en temps les yeux humides, les pages qui racontent l'anniversaire d'Arthur sont émouvantes, ses deux enfants sont là, ils sont enfin réunis, Bernadette et Nathan son fils aussi, il y a même les voisins.
Une merveilleuse fête familiale.
Les belles rencontres avec des inconnus, la générosité de certains, des beaux sentiments. Quelle est notre vision du bonheur ?

Le livre est publié en livre de poche.

Après "Fief" qui était plutôt dur mais beau, un livre écrit simplement me convenait. Je vais entamer le dernier bouquin de Véronique Olmi "Bakhita".

Bonne lecture.  Bye MClaire.



dimanche 5 novembre 2017

"Fief" de David Lopez









Une jolie petite "gueule" qui n'est pas trop cassée par la boxe.
J'avais lu tant d'éloges sur ce livre, j'ai eu très envie de le lire, je sentais que j'allais l'aimer, je sentais que ce livre avait été écrit dans une complète liberté. Lorsque nous aimons lire nous pouvons tout lire si le livre est bon, des passages un peu crus, des mots qui ne sont pas les nôtres, la description d'un monde qui nous est complètement étranger, avec ses "cailleras", ses trafics, les abus, les petites combines.

David Lopez a écrit du rap et fait de la boxe, la boxe demande de la précision pour ne pas prendre des coups, ses mots sont aussi précis et ils nous atteignent aussi fort qu'un uppercut. 
Au moment où j'ai tenu le bouquin dans mes mains, j'ai dit :
-Il sera vite lu, pas trop épais.
Non, il ne peut pas être lu rapidement, les mots employés nous sont tellement étrangers, il faut s'attarder, lire doucement pour saisir toutes les nuances, je posais le livre sur mes genoux et je réfléchissais, comment arriver à comprendre ces jeunes des cités ou des banlieues désargentées ? Ils n'ont comme horizon que les tours, le petit bois près de chez eux où ils se rencontrent, le shit fumé à longueur de journée, les cartes, les copains d'enfance. Un avenir sans horizon.

Jonas, le personnage principal, est né dans une zone pavillonnaire située entre ville et campagne. Le père est une ancienne petite gloire locale du foot, mère absente. Jonas boxe, s'entraîne dans un lieu miteux. Monsieur Pierrot voudrait faire de lui un champion, beaucoup pour lui, un peu pour Jonas. Le reste du temps Jonas est désoeuvré, il rencontre ses potes, Jonas parle, Jonas cache bien son jeu, beaucoup plus intelligent qu'il veut paraître. Il y a parmi eux le plus instruit qui la ramène toujours un peu, Lahuiss.
J'ai ri, beaucoup ri lorsqu'il leur parle du Candide de Voltaire, Candide cultive son jardin, eux cultivent un plan de shit. Candide raconté à la façon de Lahuiss, tordant mais on comprend tout :
"Bien plus tard donc il retrouve sa meuf, Cunégonde, sauf qu'elle a morflé vénère t'sais, parce qu'elle a eu la lèpre ou je sais plus quoi mais voilà quoi elle a une gueule toute fripée la meuf, on dirait un cookie, mais t'as vu Candide c'est un bon gars alors il la renie pas "
"Ton jardin, si tu le cultives pas, il te donnera pas à manger. ..C'est tout con c'que j'te raconte en fait. Le jardin c'est juste une métaphore pour parler de ton être, de ton esprit"
Ces jeunes ont quand même le sens de l'honneur !
 La dictée proposée par Lahuiss, tordante, ils la font tous avec plus ou moins de fautes.
"Et Céline c'est une meuf ?"

Il y a aussi Wanda, la petite bourge qui s'encanaille, Jonas en pince un peu pour elle, mais il ne se fait aucune illusion, il est habitué à ne pas avoir d'illusions, il est lucide mais jamais honteux.

Les pages écrites sur la boxe sont très belles, très précises. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser à mon père qui adorait Cerdan, il s'était levé dans la nuit pour écouter les commentaires du match qu'il livrait aux U.S.A, la radio était dans la pièce où je dormais, je l'avais vu l'oreille collée contre le poste, il ne pouvait pas manifester, il pensait que je dormais, mais je regardais et j'écoutais, j'ai toujours cette image en mémoire dès que j'entends le mot boxe..

J'ai lu ou entendu que David Lopez voulait appeler son bouquin "L'aquarium" il a dû changer d'idée, un auteur américain David Vann avait publié un livre "Aquarium" alors le mot FIEF s'est imposé, leur fief, leur territoire.
Le livre se termine comme il a commencé.

Je vous laisse découvrir ce bouquin que j'ai beaucoup aimé, mais je dois préciser qu'il ne peut pas être mis entre toutes les mains, si vous aimez Barbara Cartland il vaut mieux éviter. Un premier bouquin très réussi.

Bye MClaire.



jeudi 26 octobre 2017

La petite boulangerie du bout du monde - Jenny Golgan


462 pages d'un pur bonheur, j'avais l'impression d'avoir 15 ans en lisant ce bouquin, je sentais l'odeur des croissants, du pain chaud, j'avais très envie que Polly soit enfin heureuse, que ce grand dadais d'Huckle lui donne enfin un baiser, j'avais envie d'aller habiter sur une île battue par le vent où l'on accède qu'à marée basse, une île en Cornouailles et tout à coup j'ai pensé que nous aussi nous avions l'île de Berder à Larmor-Baden, cette île tant visitée où quelques imprudents se font piéger sur le passage à marée haute, mais c'est juste un peu moins "exotique" pour moi que Polbearne.
Envie d'adopter un macareux, même si ce n'est pas bien d'adopter un oiseau qui ne sait vivre qu'en groupe et pourtant Neil, c'est le nom du macareux, sera heureux avec Polly. Je vous le dis, ce livre n'apporte que du bonheur. Il y a aussi les abeilles, les fleurs, la mer qui peut se déchaîner mais qui nourrit toute l'île, un beau pêcheur, un jeune qui n'aime pas la mer et la pêche, Jayden, mais qui ne peut faire que ça pour nourrir les siens....
Je n'ose plus dire que c'est un livre pour les femmes depuis qu'un joueur de scrabble, lecteur de ma gazette, m'a dit à Sarzeau que lui aussi aimait les livres pour les femmes,

L'histoire :

Polly et Chris ont monté leur petite entreprise à Plymouth, au début tout marche mais avec l'arrivée des nouvelles technologies du numérique, la crise bancaire de 2008, tout s'écroule. La honte de la faillite, l'appartement saisi, un couple qui s'effiloche face aux difficultés, les amis qui n'osent plus poser des questions, ils téléphonent moins, sauf Kerensa, la belle amie fidèle et célibataire, elle propose des solutions à Polly qui refuse, elle tient à faire l'inventaire du positif mais elle se rendra à l'évidence, il lui faudra changer de train de vie, trouver un appartement bon marché, du travail, elle ne trouvera qu'un petit appartement délabré au dessus d'une boulangerie fermée, presque en ruine, sur l'île de Mount Polbearne, à 70 km de Plymouth, ses allocations chômage ne lui permettent que ça. Chris retournera habiter chez sa "môman" en attendant des jours meilleurs, sans se préoccuper de Polly, il n'est pas méchant Chris, juste un peu faible.
Après quelques jours d'abattement, Polly s'organise, elle fait la connaissance des pêcheurs qui débarquent leurs poissons sous ses fenêtres, et puisqu'elle sait si bien fabriquer son pain, ne pouvant pas avaler celui de l'odieuse Madame Manse propriétaire de son appartement et de l'unique boulangerie du village, elle confectionne son pain et le fait goûter aux pêcheurs par gentillesse sous l'oeil hargneux de Madame Manse, les pêcheurs adorent et voilà comment l'histoire de la réussite de Polly commence. Neil, le petit macareux blessé un soir de tempête, aime aussi, il grappille toutes les miettes.
Neil sera soigné avec tendresse, il réapprendra à voler, il faudra l'amener au sanctuaire des macareux pour qu'il puisse vivre comme un oiseau, mais....

Surgira dans la vie de Polly, Huckle, un américain de Savannah, qui est venu vivre momentanément sur cette île pour fabriquer du miel, miam, miam, le pain au miel pourrait bien rapprocher Huckle et Polly, Huckle est beau comme un Dieu, des poils blonds sur la poitrine, Polly a très envie d'y poser sa tête, mais....

Il y a aussi l'ami d'Huckle Reuben, riche comme Crésus, qui s'est installé sur une plage immense, belle maison, surf, jolies filles, il étale son argent et fait connaissance de la sophistiquée  Kerensa venue rendre visite à Polly, Kerensa a horreur de ce genre de type, mais.....

Voilà en gros l'histoire, il ne vous reste plus qu'à le lire. Il vient de paraître en poche.

Mais avant de terminer, je vais vous livrer une recette de Polly, un pain qui se nomme "focaccia" un pain italien, attention, ne pas jouer ce nom au scrabble.

Chauffer le four à 220 °-
550 grammes de farine
1 demi-cuillerèe à café de sel
325 millimètres d'eau tiède
1 sachet de levure
2 cuillerées à café d'huile d'olive
Fromage/romarin, tout ce que vous voulez sur le dessus.
Mélanger la farine et le sel.
Mélanger à la main la levure et l'eau tiède. Ajouter le résultat à la farine salée.
Pétrir dix minutes. Laisser reposer une heure, en recouvrant pour conserver la température.
Etaler la pâte pour dessiner un rectangle de 30 centimètres sur 20 centimètres, puis laisser reposer encore 20 minutes.
Créer, en appuyant avec les doigts, des petites dentelures, puis faire cuire 20 minutes à 220.
Sortir du four, ajouter le fromage, les herbes aromatiques et encore quelques gouttes d'huile d'olive. Remettre au four pendant cinq minutes.

Je vous souhaite bon appétit, vous aurez remarqué qu'il n'y a pas de beurre, ça tombe bien, période de pénurie.....

Bye MClaire.








dimanche 15 octobre 2017

Anna Gavalde "fendre l'armure"




J'avais découvert Anna Gavalda en lisant "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part." c'était en 1999, j'avais beaucoup aimé ce livre de nouvelles et depuis je lis ce qu'elle publie, j'ai dû en "sauter" deux ou trois pas plus, la couverture ne devait pas m'attirer. 
Michelle m'a prêté "Fendre l'armure.", il ne restera pas dans ma bibliothèque, je vais lui rendre ! Un livre de nouvelles, encore.
Sept nouvelles plus ou moins passionnantes mais dans l'ensemble j'ai aimé, certaines sont délicieuses à lire, mignonnes, d'autres vraiment émouvantes. J'aime la légèreté du style d'écriture et la faculté de l'auteure à se mettre dans la peau de tous les personnages.

"L'amour courtois." écrit avec les mots des jeunes de la cité, cela pourrait offusquer certains lecteurs, moi j'ai souri. La vendeuse de croquettes de chez ProCanina est tordante et tellement désespérée. Ses mots d'amour sont ceux de sa génération.
-Vous faites quoi ?
-Je suis poète.
"Tain, j'ai eu l'air con. Je ne savais même pas que ça existait encore comme profession.
Et d'un seul coup, rac, il est devenir hyper triste.
Le visage gris et les yeux de cocker abandonné
Sérieux, ça devenait moins drôle et j'avais hâte que ma citrouille se raboule. (la citrouille est le RER)
Si on m'avait dit qu'un jour je prendrais le D de minuit avec Victor Hugo en personne et qu'en plus ça me chaufferait le bedon, franchement je me serais retournée pour voir de qui on parlait.


"La maquisarde." Tristesse d'avoir perdu un être cher, deux enfants, la vie qu'il faut affronter, le whisky bu en cachette, l'alcool qui ne laisse pas de répit et la rencontre avec une femme encore plus malheureuse qui s'épanchera sur son canapé pour être consolée, une liaison clandestine, lui ne veut pas quitter sa femme, elle l'attend. 
Si vous n'avez pas lu "Back Street" de Fannie Hurst, lisez-le, publié en 1931, un beau succès, je l'ai lu il y a longtemps, mais j'y ai pensé. Un amour dans l'ombre. Très beau bouquin qui doit être toujours édité.

"Mon chien va mourir."  Le chien va mourir alors qu'il l'avait aidé à surmonter, un peu, juste un peu, la mort d'un enfant asthmatique, il lui donnait un peu l'affection qu'il n'avait plus à côté de sa femme plongée dans le désespoir d'avoir perdu cet enfant. Une maison où il n'avait plus envie de rentrer, il était bien dans son camion, sur la route, avec son chien.
J'ai beaucoup aimé cette nouvelle.

"Happy Meal." C'est mignon, la chute est bonne.

"Mes points de vie." Un échange de Pokémon qui tourne mal, un gros chagrin d'enfant.

"Le fantassin." La meilleure nouvelle à mon avis, j'ai beaucoup aimé cette histoire d'amitié qui se noue entre deux voisins de palier, toujours impeccablement chaussés, Louis s'occupera de Paul lorsque tout ira mal. Paul ne sait pas aimer, il n'a jamais été aimé, né dans une famille de la grande bourgeoisie, il reprendra naturellement l'affaire prospère de la famille. L'argent n'est pas synonyme du mot Amour. On peut aussi se sentir misérable avec un compte banque à plusieurs chiffres.

"Un garçon."  Ce n'est pas ma nouvelle préférée, le mariage d'une ex- la beuverie, le retour sur Paris, je n'étais pas convaincue.

Je ne me suis pas ennuyée, j'ai lu ce livre avec plaisir.

Bye MClaire.


dimanche 8 octobre 2017

Claudie Gallay "La beauté des jours"



J'ai lu quelques livres écrits par Claudie Gallay, j'avais beaucoup aimé "Les déferlantes". 
J'aime la présentation des livres d'Actes Sud, hasard, j'aime toujours les livres qu'ils publient, ils font les choix qui me conviennent.

"La beauté des jours" est un livre profondément attachant, Jeanne est attachante. J'avoue avoir été un peu perturbée par elle, sa façon de mener sa vie, faite d'habitudes, de moments précis, attendre que le train de 18h01 passe au bout de son jardin, inventer des vies aux passagers, voilà elle aime les habitudes mais rêve de rencontres improbables, c'est Jeanne.
" De l'intérieur des wagons, on devait la regarder aussi, saison après saison, une femme dans son jardin, sa maison devait faire envie, surtout maintenant, au printemps, un tel pavillon fleuri. "

Jeanne travaille à la poste, un boulot routinier qui lui convient. Elle est mariée à Remy depuis vingt ans, un homme attentionné qui ne souhaite que son bonheur mais qui l'amène tous les étés à Dunkerque alors qu'elle rêve d'autre chose, mais ne le dit pas, New-York par exemple, là où vit Marina Abramovic, une artiste plasticienne, j'ai regardé sur Internet, Marina Abramovic existe réellement, elle pratique un art qui pourrait aussi vous paraître bizarre, allez jusqu'au bout de sa résistance sous les yeux de ses admirateurs. Jeanne collecte tout ce qui se dit, s'écrit sur elle, elle est fascinée. Elle lui écrit des lettres, certaines ne sont jamais postées, son rêve : la rencontrer.

Jeanne et Remy ont deux filles, des jumelles qui se sont envolées loin de la maison, la maison paraît vide.

Jeanne fait aussi quelques folies, elle suit des inconnus dans la rue, une fois, une seule fois pour deviner à quoi ressemble leur vie. Et là arrive ce qui la fera chavirer, elle rencontre Martin, un copain de lycée, elle était amoureuse de lui, elle lui avait fixé un rendez-vous, il était arrivé accompagné de trois copains. Adieu amour de ma jeunesse. Il y aura Rémy.
Martin bousculera sa vie.

Les parents de Jeanne ont une ferme, elle a été élevée à la campagne, quatre filles, le premier enfant qui était un garçon est mort-né. Jeanne est l'enfant de remplacement, une fille alors que le père désirait un garçon, pour le nom, la ferme.
Le père ne l'embrassait pas, ils se regardaient. Le père est un taiseux. Il y a aussi la M'né, sa grand-mère qui la comprend.

Dans la rue de Jeanne, habite sa meilleure amie, Suzanne, qui s'est fait plaquer par son mari Jef, un type pas très intéressant, elle souffre, ne peut accepter ce départ, Jeanne est toujours là pour la consoler.

J'arrête, j'ai planté le décor.

J'ai aimé :

Tout, j'ai tout aimé. L'écriture, des phrases courtes, la description des sentiments si précise et délicate. Le personnage de Jeanne, lumineuse, si douce, mais pas soumise, Jeanne qui n'hésite pas à franchir les limites fixées, mais qui comprendra que son bonheur est là, près de Rémy, de ses enfants, avec ses habitudes. Elle ne se sacrifiera pas, elle choisira.

J'ai beaucoup aimé Rémy, sensible, qui devine, mais ne dit rien pour ne pas briser l'harmonie de la famille.

Les femmes n'avouent pas toujours leurs pensées, les gens ne perçoivent que ce que nous voulons bien montrer, Jeanne a une vie intérieure.

J'ai aimé la description de l'île de Teshima au Japon.

"Dans une petite maison de bois noire, le petit musée de Christian Boltanski contient l'œuvre Les archives du cœur. Depuis 2008, l'artiste a enregistré les battements de cœurs d'inconnus à travers le monde. Artiste français le plus prisé au Japon, Boltanski a su toucher l'âme de ses résidents à travers cette installation. Il est même possible d'enregistrer votre propre cœur à l'intérieur de la galerie !"

Martin est parti au Japon, mais avant il a enregistré les battements du coeur de Jeanne, celui de Zoé sa nièce, une enfant différente.
Les messages de Martin sont très apaisants
"Ici, on apprend aux enfants à être libres et heureux, en plus de tout le reste. On leur apprend aussi à ne pas avoir peur. On fait du bonheur une matière à part entière, avant tout, une matière sensible et non notée."
"La douleur c'est secret. Je vis tranquillement. Je regarde la mer."

Un très beau roman pour cette rentrée littéraire, à ne pas manquer, vous aimerez, j'en suis certaine.

Bye MClaire.






mardi 3 octobre 2017

Karine Tuil "Quand j'étais drôle."




J'ai découvert Karine Tuil en lisant "L'invention de nos vies."
J'avais aimé, je l'ai prêté à une amie qui n'a pas du tout aimé,.
"Quand j'étais drôle." pourrait provoquer le même effet. J'ai aimé l'écriture, l'histoire, l'humour de certains passages.
Ce livre était offert, deux livres de poche achetés, un offert, je l'ai choisi.


L'histoire commence lorsque Jérémy est en prison, c'est
celle d'un loser. Jérémy Sandre est un humoriste sous son nom de scène, Jerry Sanders. Il fait partie d'un trio, il y a Alain et Thomas, ses compères. Ils ont un certain succès, sont connus, reçus dans le milieu people, tout roule, jusqu'au jour où Jérémy décide de conquérir l'Amérique seul.
Il décide de partir avec son amoureuse du moment, une russe, Natalia, qui rêve elle aussi d'un avenir au cinéma.
Jérémy avait déjà fait un séjour aux U.S.A lorsqu'il était plus jeune, il avait connu une jeune fille, lui avait fait un enfant, une fille Eve, enfant non souhaité, mais le mariage avait eu lieu, le divorce avait suivi et il était revenu en France.
Pension alimentaire versée lorsque tout allait bien, mais il n'avait jamais assuré le rôle de père traditionnelle, sa fille ne le voyait jamais. Elle a 15 ans, lorsqu'il décide de la revoir.

Retour à New-York, un contrat dans une salle qui tourne au fiasco, les français n'ont plus la faveur du public, la guerre d'Irak est passée, Bush est réélu, une blague court :
"Comment appelle-t-on un avion français qui vient en aide aux troupes américaines et anglaises en Irak ? Un mirage."
Boycott sur tout ce qui est français, Jérémy subit le bouche- à-oreille qui fonctionne mais à l'envers, il cumule les handicaps. N'importe quelle personne sensée serait retournée en France avant d'être oubliée, lui non, il persiste et touchera le fond de la misère financière et morale.
Il fait croire à ses parents et à ses frères qu'il a du succès, n'ose pas avouer ses échecs, un vrai affabulateur qui vivra dans l'imposture, il sera découvert lorsque son père se rendra à New-York, à la fausse adresse, celle d'un ami fortuné. Son père a fait le voyage pour lui annoncer qu'il quitte sa mère, veut vivre une nouvelle vie avec une autre femme  et il a besoin d'argent...
"Une histoire d'adultère, voilà ce qui t'a fait venir jusqu'ici ?" ai-je demandé.
"Non, m'a t-il corrigé, une histoire d'amour."
J'étais abasourdi. "Qu'est-ce que cette femme à de plus que maman ?"
"Cinq ans" a t-il répondu.

Il rentrera en France, retournera vivre chez sa mère, Eve sa fille le rejoindra, une Lolita qui use de son pouvoir sur les hommes, le pire se produira et Jérémy se retrouvera en prison...

Je ne raconte plus, vous lirez la suite si vous arrivez à vous procurer ce bouquin qui est en poche.

J'ai aimé :

Rien de plus horrible pour un humoriste d'entendre de la bouche d'une femme qu'il pense aimer "Tu ne me fais plus rire." Le rire est important dans une relation qui débute sur ce critère "Tu me fais rire.".
L'humour de certains passages, il a des allergies "Avez-vous des antécédents familiaux." "Je n'ai que cela."
Ses relations avec son père "Longtemps, je me suis cherché un père, un père alors que le mien était vivant..."
Ce père s'invente une maladie neurologique et profite de toutes sortes d'aides.
"Comme les escrocs milliardaires s'installent dans des édens fiscaux, il s'était choisi un paradis social, la France, pour y vivre une retraite paisible."

La description du milieu artistique, être au sommet, gâté, et le jour d'après plus personne ne vous connaît, le téléphone ne sonne plus, on ne vous rappelle plus. C'est très justement décrit.

Cet homme est lâche, il geint sans arrêt, menteur et mauvais fils, cynique, mais nous finissons par nous attacher à son personnage. L'auteure a réussi à se mettre dans la peau d'un homme, ce qui n'est pas toujours évident pour une femme..

Un bouquin plaisant à lire.

Bye MClaire.