vendredi 20 juillet 2018

"Les larmes noires sur la terre" Sandrine Collette.





En découvrant le visage de l'auteure j'ai pensé "Comment peut-on écrire un roman aussi noir en ayant une apparence aussi lumineuse" Une imagination débordante, une histoire poignante, Moe, jeune femme de 26 ans hantera longtemps ma mémoire.

Moe habite une île du Pacifique, là où nous rêvons tous de passer quelques semaines, elle pense le contraire, son rêve : connaître Paris, une ville pleine de promesses. Elle vit avec une famille aimante, simplement. Sa grand-mère disait "Faut pas regretter. Pas de regrets, pas de remords, puisque de toute façon c'est trop tard. Une fois que tu as cassé une barre en fer sur la gueule d'un type, tu vas pas aller t'excuser, hein, Moe. C'est pas que tu pourrais pas, remarque. Mais voilà, pour quoi faire? Autant aller de l'avant. Regarder en arrière, écoute moi bien : ça sert à rien." ..Elle disait aussi : faut réfléchir avant, y'a que ça."

Moe n'a pas suivi les conseils de sa grand-mère, elle a connu Rodolphe qui travaille sur l'île pour une durée de six mois et qui doit retourner chez lui dans la banlieue parisienne. Avant de s'envoler pour Paris, elle se doute bien que l'avenir ne sera sans doute pas aussi rose qu'elle le voudrait mais elle part. La réalité sera pire. Rodolphe se révélera goujat, il la traitera comme une domestique, lui imposera une grand-mère malade, elle devra soigner cette femme acariâtre, et puisque Rodolphe ne la touche plus elle sort, va dans les bals et se retrouve enceinte, Rodolphe ne dira rien, elle pourra garder l'enfant. Une amie lui proposera de quitter cet homme et de l'héberger avec l'enfant en attendant qu'elle trouve du travail, cela tournera très vite au cauchemar, Moe se retrouvera à la rue avec un bébé et quelques jours plus tard dans un endroit appelé "La Casse" un cimetière de voitures où vivent des miséreux, une prison en plein air, une sorte de camp de concentration, on lui attribue une épave, elle doit travailler pour payer son loyer, mais là vivent des femmes qui deviendront ses compagnes d'infortune, une vraie solidarité règne, son bébé Côme sera cajolé, des moments de tendresse incongrus dans ce quartier poubelle où la violence règne, il faut survivre..  
Vous lirez la suite.

Un roman futuriste? C'est possible. Un monde où les exclus n'auront plus leur place. La société déshumanisera des êtres, il faudra arriver tard dans le roman pour connaître le prénom de l'enfant. Un roman qui doit nous faire réfléchir.

Nous le lisons avec la boule au ventre, la misère, nous tremblons pour Jaja, M.Thérèse la douce, Nini qui ne veut pas renoncer aux plaisirs de la vie quitte à la perdre, Ada l'Afghane qui soigne à l'aide des herbes, Poule qui s'occupera beaucoup de l'enfant. Elles veulent quitter cet enfer, elles y croient, se soutiennent. L'enfant gazouille, sourit, de la lumière au milieu de la noirceur. Il faudra payer le prix pour être heureuses, elles le savent, mais quel prix?

J'ai adoré ce livre, il ne ressemble à aucun autre, il n'y a pas d'histoire d'amour dans ce roman, le seul amour de Moe est celui qu'elle porte à son enfant. Il est vendu en poche et a obtenu le prix des lecteurs 2018. Un scénario pour un film?

Bye MClaire.