mercredi 21 novembre 2018

Yasmina Khadra "Khalil"



















J'ai lu une dizaine de bouquins écrits par Y.Khadra, un seul et c'était le dernier lu "Dieu n'habite pas à la Havane" était à mon avis moins réussi, je n'avais pas aimé, il manquait de souffle. Si vous ne connaissez pas cet auteur, il faut commencer par "Les hirondelles de Kaboul" ou "L'attentat".

http://gazettemarieclaire.blogspot.com/2017/03/  "Dieu n'habite pas à la Havane"



J'ai aimé "Khalil" j'ai retrouvé l'écrivain qui me plaît, celui qui réussit à vous captiver au point de ne pas lâcher le livre, tous les mots sont justes, l'écriture est belle et pourtant simple. Ce roman est écrit à la première personne "Je" un livre d'imagination mais inspiré d'événements réels, alors nous y croyons, le parcours du terroriste est certainement celui des kamikazes qui ont ensanglanté Paris le 13 novembre 2015.

Khalil habite Bruxelles, le quartier de Molenbeek, désoeuvré il passe ses journées à errer dans ce quartier et finit par fréquenter avec assiduité la mosquée, écoute l'imam, c'est là que tout commence pour lui et pour Driss son ami depuis toujours.
Ses parents sont marocains, le père boit beaucoup, tient un petit commerce de légumes, la mère soumise rêve toujours de son Rif, elle est sans repères, met au monde des enfants dans un appartement vieillot, la mère se fait maltraiter, ce quartier est loin du vivre-ensemble des quartiers populaires. Khalil a une soeur jumelle Zahra, leur relation est fusionnelle.
" Mes mésententes avec mon père venaient principalement de là : je lui en voulais à mort de traiter ma mère comme une bête de somme. "
"Il ne s'agit pas de comment ça finit, mais de comment ça commence. Il suffit de bien peu de chose pour que l'on dégringole dans l'estime de soi. Et alors bonjour les dégâts. Tout part en vrille, ça paraît dérisoire, pourtant ça te fout l'existence entière en l'air. Il n'y a pas plus fragile qu'un apatride, Moka."

 Khalil ne peut que constater, il rêve d'autre chose, il sera la proie rêvée pour les prédicateurs, il sera celui qui partira vers Paris avec Driss son ami d'enfance, il devra se faire sauter à la sortie d'une bouche de métro le jour d'un match, sauf que tout ne se passera pas comme prévu, sa ceinture d'explosifs restera inactive...Khalil n'atteindra pas le Paradis promis par l'imam, il lui restera à vivre la suite de cet acte manqué..

Je ne doute pas que vous aurez aussi envie de lire la suite de ce roman. Ce livre est écrit avec beaucoup de tolérance, sans les clichés habituels, les bons et les méchants.
L'auteur est impartial, jamais moralisateur, il va directement à l'essentiel. Combien de "Khalil" dans le monde sont prêts à se sacrifier pour une cause qui les dépasse? Certains jeunes sont fragiles.
J'ai aimé l'amitié qui lie trois garçons si différents, Khalil, Driss qui sont unis par le désamour des mères, des parents qui ne se sont jamais occupés de leurs enfants, des enfants qui perdent leur identité, qui ont la sensation de ne pas exister et Rayan qui au contraire a une mère aimante qui fera tout pour que son fils réussisse ses études, Rayan qui restera celui qui compte pour Khalil dans des moments difficiles. Belle histoire d'amitié. 

Une chose à ne pas oublier, Yasmina Khadra a été militaire en Algérie avant d'entamer une carrière d'écrivain, militaire pendant une dizaine d'années, période noire de l'Algérie, il a dû combattre les islamistes, il sait de quoi il s'agit, ce qui nous fait admirer un peu plus son impartialité.

Lisez Y.Khadra.  Bye MClaire.