dimanche 28 avril 2019

"David Foenkinos" Deux soeurs - Anne Percin "Comment (bien) rater ses vacances"



Je lis David Foenkinos depuis une dizaine d'années, je suis rarement déçue, ses bouquins ne sont pas tous sublimes mais j'ai toujours beaucoup de plaisir à le lire, je ne m'ennuie jamais.
Cela n'a pas été le cas du dernier publié "Deux soeurs", j'ai envie de dire heureusement il n'est pas épais 173 pages, des chapitres courts, vous pouvez le lire en deux heures. 
L'auteur s'est fourvoyé dans une histoire très banale, un homme quitte une femme pour une autre, elle ne s'y attendait pas du tout, ils prévoyaient même de se marier après cinq ans de vie commune. Le chagrin immense la mènera aux portes de la folie. Sa soeur Agathe est heureuse, elle a tout ce que Mathilde n'a pas, un mari aimant, un enfant, tout semble lui réussir..Agathe n'aurait pas dû la recevoir chez elle.
Le décor est planté, Mathilde acceptera de se réfugier chez sa soeur et la jalousie écrira le reste de l'histoire..
J'ai eu l'impression que les derniers chapitres de ce livre servaient à rattraper le vide des premiers, ceux où il ne se passait rien, tout était plat sans aucun intérêt. Vers la fin du bouquin nous retrouvons l'auteur que nous aimons, mais trop tard.
Je n'ai pas aimé. Je l'ai lu en deux heures, j'ai voulu connaître la fin et je n'aime pas abandonner une lecture.

Un autre bouquin attendait au dessus de la pile, un livre trouvé chez Easy-Cash pour un euro, je ne risquais rien, le prix est dérisoire par rapport au plaisir qu'il apporte, la joie, le rire, l'émotion :
"Comment (bien) rater ses vacances" Anne Percin

Dans les librairies ce livre doit être catalogué dans la littérature pour ado, nous pouvons tous le lire, ados et adultes. Je me suis régalée. La majorité d'entre nous a eu des ados à la maison ou des petits-enfants ados, ils nous ont fait rire ou pleurer quelquefois.
J'ai beaucoup ri, si j'avais lu ce bouquin dans un train ou chez le coiffeur, j'aurais eu des éclats de rire de la même façon, irrépressibles.
Maxime a 17 ans, l'âge du rejet des parents, il ne veut pas partir en Corse avec eux sur le GR20, des vacances avec sa petite soeur (elle aussi ne veut pas partir) et les parents ce n'est plus de son âge. Il ira passer un mois chez mamie qui habite pas loin, au Kremlin, là il pourra passer son temps devant l'ordi avec ses copines et copains virtuels. 
Tout ne se passera pas comme prévu, Mamie aura une crise cardiaque et Maxime connaîtra Bicêtre comme sa poche.
Une poche de plus en plus vide, il n'avait pas pensé qu'il allait être obligé de subvenir à ses besoins pour se nourrir. Les parents hors des réseaux téléphoniques, impossible de les joindre.

J'ai aimé Maxime, il provoque mais si tendre à la fois. Le parler des ados. Il passe deux heures à regarder "Sur la route de Madison" avec Clint Eastwood vieillissant et Meryl Streep qui ne se décide pas à quitter son mari pour cet homme qui vient d'entrer dans sa maison et dans sa vie.

J'ai beaucoup aimé ce film, tu as raison Maxime de l'aimer aussi.

Ces ados qui ont l'air si sûrs d'eux et si fragiles à la fois. 
Maxime s'occupe de la sortie de mamie, elle quitte l'hosto et il est seul :
-Au fait, Maxime. Je voulais te dire merci, pour tout ce que tu as fait.
-Moi ? Mais j'ai rien fait du tout. Enfin si, j'ai fait le 15.
-Merci d'avoir tenu le coup. Et d'avoir gardé tout ça pour toi. Ne te vexe pas, mais je n'aurais jamais cru ça de ta part...
En effet, il y avait de quoi se vexer. Mais je crois que je voyais ce qu'elle voulait dire. Après tout, je n'aurais pas cru ça de moi non plus.

Maxime amoureux, savoureux. Pika son amie virtuelle à qui il demande son sexe, garçon ou fille?
Pika : Si c'est si important pour toi, c'est que tu dois être puceau.
Petite phrase méchante, allégation gratuite, coup de griffe sous la ceinture, psychologie de magazine, raisonnement tordu : plus de doute, c'était une fille. Forcément, la suite de nos rapports (si j'ose appeler ça comme ça) a pris un tour plus musclé....

Précipitez vous pour trouver ce bouquin et d'autres du même auteure, je suis certaine d'aimer aussi, je pars à la recherche "Comment bien gérer sa love story"
"Comment devenir une rock star (ou pas)". Au scrabble vous pouvez jouer ROCKSTAR.

Bye MClaire.



lundi 22 avril 2019

Audur Jonsdottir "Tourner la page"








J'ai acheté ce livre chez Easy-Cash pour quelques euros, édité en 2015 aux Presses de la Cité. J'aime lire les écrivains des pays nordiques :
"Millenium" de Larsson - 
"Les chaussures italiennes" de Mankell 
"L'armoire des robes oubliées" de R.Pulkkinen - un très beau roman.
"Rosa Candida" de A.Olafsdottir. Du même auteure "ôr", je vous mets le lien d'une gazette
https://gazettemarieclaire.blogspot.com/2017/12/

"Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire" J.Jonasson, j'ai moyennement aimé.
J'ai même lu quelques polars de A.Indridason
Pour finir mes préférés, ceux de Katarina Mazetti
"Le mec de la tombe d'à côté" Formidable. D'autres aussi.

Et j'ai aimé "Tourner la page", attention ce roman n'est pas facile à lire, il exige une grande attention, des retours en arrière, les noms si peu familiers pour nous, j'ai appris que les Islandais ne possèdent pas à proprement parler de nom de famille, seulement un patronyme généralement composé du prénom du père suivi du suffixe -son pour les garçons ou -dottir pour les filles. Généralement ils s'appellent usuellement que par leur prénom.

Audur Jonsdottir est la petite fille du prix Nobel de littérature 1955 Halldor Laxness, de son vrai nom Halldor Guojosson, c'est important de le savoir.
Je me suis tout de suite posé la question "Comment peut-on oser écrire lorsqu'un membre de notre famille a obtenu cette prestigieuse récompense?"
J'ai eu la réponse en lisant, c'est long et douloureux.
La fille du prix Nobel a fait des tentatives, elle a renoncé très vite. Sa petite fille qui est l'auteure du roman a fini par publier dans sa langue maternelle, "Tourner la page" est son premier roman traduit en français.
Ce livre est je pense en grande partie autobiographique.

L'histoire se passe en Islande et en Suède,
Eyja se marie dans un petit village de pêcheurs islandais, son mari de vingt ans son aîné est un ivrogne, il ne pense qu'à boire, elle doit subvenir à leurs besoins. le Coup de Vent, c'est ainsi que tout le monde l'appelle rentre tard dans la nuit, il déambule, elle aussi boit facilement. Elle est consciente de la médiocrité de sa vie mais n'arrive pas à le quitter, on n'arrache pas facilement l'autre à ses démons, même si la relation est destructrice.
-Quitte le lui dit une amie.
-Je ne peux pas
 Elle écrit quelques articles pour un journal, comme sa maman qui a cessé de le faire, le prix Nobel pesait sur sa vie.
Eyra a une mère qui boit, des maris, des enfants, fille d'un père poète (le prix Nobel) et d'une mère parfaite. L'éternel conflit entre mère et fille "Ben..Maman. Elle peut être vraiment dure avec grand-mère. Je ne comprends pas pourquoi. Grand-mère fait de son mieux pour nous aider, tous autant que nous sommes".
"Peut-être qu'elle veut trop bien faire..."
Et grand-mère fera tout pour éloigner Eyra du Coup de Vent, elle lui donnera beaucoup d'argent pour aller s'installer en Suède chez Runa "la reine du ski", là elle sera tranquille pour écrire son roman..

Vous découvrirez la suite.

J'ai aimé :

L'Islande, cette île soumise aux caprices de la nature, sauvage, ses habitants qui ne se soumettent pas. Il y a eu la révolution des casseroles pour se débarrasser des corrompus et se sortir du marasme économique, ils y sont arrivés sans violence.
Les relations compliquées entre les membres de cette famille, ils s'aiment mais ne savent pas comment le dire.
"Maman, quant à elle, a changé de discours : Si seulement j'avais eu ton courage ma chère Dame Joliette de France (c'est Eyra) dit-elle en offrant à sa fille un regard impénétrable et fier.
Eyra la fixe -un instant, elles se regardent dans les yeux, elles qui ont connu tant de hauts et de bas. Soudain, Eyra se dit qu'on ne doit peut-être pas comprendre sa mère plus qu'on ne comprend Dieu.."
J'ai versé une larme en lisant le passage page 442, celui qui pourrait donner l'explication du besoin d'alcool qui empoisonnait la vie du Coup du Vent.
Ils boivent beaucoup en Islande dans ce roman, l'hiver sans fin? Le climat?

J'ai aimé ce livre, sensible, écrit avec une grande délicatesse, il y a beaucoup de pudeur dans l'écriture.
Il peut aussi donner l'envie de visiter l'Islande, fille du Sud j'aime les pays nordiques, la Norvège surtout, la Suède est très bien décrite dans le roman, c'est exactement ça, mais je ne me souviens pas des moustiques. Les baignades dans les lacs en été, les forêts à perte de vue, les chalets colorés et la discrétion des habitants..


Bye MClaire


samedi 13 avril 2019

Aurélie Valognes "La cerise sur le gâteau"




J'ai toujours lu les romans de cette auteure après avoir lu des livres forts, émouvants, tragiques, ses livres nous reposent, ils se lisent facilement, sont plein de bons sentiments, nous ramènent à des situations vécues, nous font sourire.
Je n'avais pas adoré "Minute papillon"https://gazettemarieclaire.blogspot.com/2018/03/minute-papillon-aurelie-valognes.html

Je viens de relire ma gazette, aimé lire "Mémé dans les orties", et pas trop aimé "La cerise sur le gâteau", il se lit c'est tout, j'ai presque envie de dire que je m'ennuyais un peu à la fin du livre. Aurélie Valognes devrait faire un break, elle a beaucoup vendu, elle peut attendre et retrouver son inspiration du début, les filons ne sont pas inépuisables.

L'histoire aurait pu être très amusante. Brigitte est déjà à la retraite, Bernard pas encore, il n'a pas du tout envie de s'y retrouver, il aime son travail mais son employeur ne l'aime plus, trop âgé sans doute, le préavis est donné, il doit partir. Il perd toute dignité, il supplie son supérieur, il ne peut pas s'arrêter, il a tant donné à son entreprise, ils ne pourront pas se passer de lui, mais si, personne n'est irremplaçable. Le face à face avec Brigitte pendant des journées entières aura lieu, il aime sa femme mais il aimait tant son boulot !!

Jusque là je souriais souvent, première partie du livre et puis tout s'est gâté, trop de lieux communs, Bernard finira par se tourner vers l'écologie, très à la mode en ce moment, des pages et des pages sur le zéro déchet, l'addiction aux objets technologiques, des voisins acariâtres, une famille où les enfants en bas âge parlent comme des adultes, je n'arrivais pas à y croire. Bernard m'agaçait. L'histoire du petit colibri nous la connaissons.  

Le livre refermé, j'ai pensé un instant que la cause de ce désamour était le fait que Christian n'avait eu aucun mal à se mettre dans la peau d'un retraité, dès la première semaine il m'a dit "J'ai l'impression de n'avoir jamais travaillé". Aucun état d'âme. Je n'ai pas compris Bernard !!

Voilà, c'est tout ce que j'ai à dire sur ce bouquin, mais c'est mon avis, d'autres ont aimé ce livre.

Bye MClaire.




dimanche 7 avril 2019

Eric Plamondon "Taqawa"



A mon avis c'est aussi une pépite. Je l'ai lu d'une traite.

"Ici, on a tous du sang indien et quand ce n’est pas dans les veines, c’est sur les mains. »

L'histoire de la race blanche qui a pénétré les territoires de pêche, de chasse des Amérindiens. Passionnante histoire, tragique conquête. Les relations difficiles entre le Canada et le Québec. Les francophones et les anglophones.

Taqawan en langage mi'gmaq est le nom du saumon qui remonte la rivière après deux ou trois ans passés en mer. 
Le saumon pêché par cette communauté à la belle saison et qui leur permet de survivre tout l'hiver. Les autorités ont établi des quotas de pêche. Le 11 juin 1981 la police s'en prend à la tribu mi'gmaq dans la réserve de Restigouche, elle veut  supprimer leurs filets de pêche jetés dans la rivière, sous les yeux des enfants qui rentrent de l'école. Océane et des garçons s'échappent du bus et tentent de regagner leur village, là où leurs parents tentent de sauver leurs filets dans le bruit des zodiacs, de l'hélicoptère qui tourne au-dessus du fleuve :
"Quand les chiens sont lâchés, quand on donne le feu vert à des sbires armés en leur expliquant qu'ils ont tous les droits face à des individus désobéissants, condamnables, délinquants, quand on fait entrer ces idées dans la tête de quelqu'un, on doit toujours s'attendre au pire. L'humanité se retire peu à peu. Dans le feu de l'action, la raison s'éteint. Il faut savoir répondre aux ordres sans penser.....Alors quand on lâche une bande de gars de Québec dans une réserve, ça finit avec des côtes cassées et des épaules luxées...au mieux".

J'ai aimé ce livre parce qu'il mêle la fiction et l'histoire, c'est aussi un roman noir, l'histoire d'Océane jeune fille amérindienne, celle d'une enseignante française dans une région hostile mais si belle, et de deux hommes, un blanc garde-chasse Yves Leclerc et le vieil indien solitaire William.
La lointaine ancêtre de William avait fait un rêve, l'arrivée d'une île avec des ours qui montaient le long des troncs qui touchaient le ciel. C'était Cartier vêtu de blanche hermine qui se tenait à la proue du navire et des hommes barbus se balançaient aux cordages. Légende, histoire...

L'histoire du saumon est aussi passionnante. J'ai beaucoup appris.
Parlons de la nature, des lacs et des forêts, des espaces infinis. Du langage "parce qu'icitte il n'y a pas gaz".
De la violence pour survivre.

Un roman d'une grande profondeur, une histoire qui m'a fait comprendre un peu plus les relations des anglophones et des francophones. Nous sommes allés au Québec, mon ex belle-soeur était une authentique Québécoise, paradoxe,  professeur d'anglais à Montréal, j'avais été sidérée de constater son attitude dans un bar tenu par un Anglais, elle ne lui répondait qu'à la condition qu'il parle français. 
Et nous sommes à 99% des descendants du singe.

Lisez ce livre qui est vendu en poche. Vous avez aimer London, Konrad, vous aimez Sylvain Tesson (je l'adore) tous les livres d'aventure, vous aimerez Toqawan. Vraiment fascinant.

Bye MClaire.