mardi 3 décembre 2019
"La panthère des neiges" Sylvain Tesson.
Ce livre existe grâce au talent des deux hommes, l'écrivain et le photographe animalier qui a entraîné Sylvain Tesson au Tibet à la recherche de la panthère des neiges.
Un livre qui est un hommage à la nature.
Ce matin je regardais par la fenêtre, il a gelé cette nuit en Bretagne, je voyais une quantité de pigeons sur la pelouse, ils cherchaient de quoi se nourrir, j'allais quitter la fenêtre et j'ai pensé à la phrase de Sylvain Tesson dans le livre :
"Le jardin de l'homme est peuplé de présences. Elles ne nous veulent pas de mal, mais elles nous tiennent à l'oeil. Rien de ce que nous accomplissons n'échappera à leur vigilance.....Je savais désormais que je n'étais pas seul.
"Les artistes le savent : le sauvage vous regarde sans que vous le perceviez. Il disparaît quand le regard de l'homme l'a saisi"
J'ai de nouveau regardé, je n'avais vu que les pigeons mais il y avait aussi des petites grives et d'autre oiseaux que je n'avais pas vus. Ils se sont tous envolés dés que j'ai porté mon regard sur eux.
Revenons à nos moutons, non erreur, à nos yacks...
L'auteur, Marie la compagne de V.Munier et Léo se sont envolés pour le Tibet. Sans repères, ils devront être à l'affût pendant des jours dans des conditions spartiates, dans le froid à plus de 4 500 mètres d'altitude, là où vivent des tribus nomades gardiennes des yacks qui ne sont plus sauvages, il y a d'autres yacks qui vivent libres, les drung et qu'ils verront souvent, des chèvres bleues, des renards, des ânes sauvages. Ils finiront par apercevoir la panthère après des jours d'affût.
J'ai tout aimé en lisant ce livre. La culture de l'auteur est immense, il y a de nombreuses réflexions philosophiques, nous apprenons. C'est un homme libre, ses réflexions sur notre vie de nation civilisée sont percutantes, justes et précises, il nous oblige à réfléchir, je ne pense pas qu'il veuille le faire, à mon avis il nous laisse notre libre arbitre lui qui est rebelle à la discipline, il ne se soumet pas, l'humour est souvent là.
J'ai évidemment aimé la description des paysages, des endroits où il ne faut pas tricher. La patience sur les sols glacés.
"Chaque âge a son élégance, chaque époque fait ce qu'elle peut. La nôtre prenait le soleil en slip".
Les enfants, j'ai aimé ce qu'il a écrit :
"A huit ans, ces mômes avaient la notion de la liberté, de l'autonomie et des responsabilités, la morve au nez, le sourire en coin, un poêle comme seconde mère et un troupeau de géants à charge (des yacks). Ils craignaient les panthères, mais portaient un petit poignard à la ceinture et se seraient défendus en cas d'attaque. En outre, ils conjuraient les peurs par leurs chants gueulés dans l'air glacé. Ils n'avaient pas de conseiller d'orientation, ils savaient courir la montagne. Ils circulaient chaque jour devant des promesses de défilés conduisant à des cols ouverts sur l'horizon. Ils échappaient à l'infamie de nos enfances européennes : la pédagogie, qui ôte aux enfants la gaieté. Leur monde avait ses bordures, la nuit ses froidures, l'été ses douceurs, l'hiver ses souffrances. Ils peuplaient un royaume crénelé de tours, percé d'arches, défendu de parois. Ils ne regardaient jamais d'écrans et peut-être leur grâce était-elle proportionnelle à l'absence de haut débit"....
Si vous n'avez jamais lu Sylvain Tesson il faut absolument le faire. Lisez "Berezina " "Sur les chemins noirs" etc. Vous ne serez pas déçus.
"La panthère des neiges" est un livre sublime, il nous rappelle que l'homme n'est qu'un maillon de la chaîne.
Bye MClaire.