J'ai toujours aimé la pastèque, c'est ma madeleine de Proust, ma seule référence à Proust que je n'arrive toujours pas à lire. J'aime aussi les figues de barbarie, les petits vendeurs en Algérie enlevaient la peau pleine de piquants avec dextérité, les figues étaient tenues au frais dans un seau plein de glaçons, je n'en ai plus mangées depuis que nous sommes partis. Il y a des figuiers de barbarie vers Collioure, l'Espagne etc.. mais les fruits sont rabougris, sans doute même pas mangeables, je n'en sais rien après tout.
En me rendant au rayon fruits je suis passée devant le rayon livres, j'ai acheté "Les témoins de la mariée" de Didier Van Cauwelaert, un petit livre parfait pour l'été, il paraît qu'il est formidable et drôle, c'est exactement ce qu'il me faut en ce moment, court, formidable et drôle. J'ai un contrôle à l'hosto cette semaine, un contrôle de routine mais je suis toujours angoissée lorsque je m'y rends, la lecture chasse les angoisses, nous faisons plein d'efforts pour oublier les mauvais moments et il faut de nouveau entrer dans un service d'oncologie, la chimio derrière chaque porte.
Pendant cette semaine passée dans le Cotentin j'ai pu lire deux livres légers, faciles, marrants, parfaits pour cette saison.
"La mise à nu des époux Ransome" d'Alan Bennett :
J'avais beaucoup aimé "La reine des lectrices" du même auteur, son humour très british, les situations un peu décalées. J'ai aimé aussi celui-ci, peut être pas autant que l'autre, mais il se lit sans ennui, c'est déjà beaucoup.
Je vous raconte l'histoire :
Après une soirée un peu ratée passée à l'opéra, Mr Ransome est fan de Mozart, les époux Ransome rentrent chez eux et découvrent un appartement complètement vide, les voleurs ont tout pris, même le papier toilette, bien embêtant lorsqu'un mal au ventre se déclare et que Mr Ransome doit se servir du programme de la soirée comme PQ, du papier glacé qui ne veut pas s'évacuer, il a fait ses besoins sur Mozart, crime de lèse-majesté, c'est bien raconté, sans vulgarité et j'ai ri.
Ce couple d'anglais mène une vie dans la plus parfaite banalité, elle est un peu nunuche, ne dit jamais rien qui pourrait contrarier son mari, un mari coincé, obsédé par sa chaîne hifi qui vient de disparaître, il est désagréable, très condescendant envers sa femme.
Ce cambriolage assez curieux va bouleverser toute leur vie, ils perdent tous leurs repères, une opportunité pour changer de vie, surtout celle de Madame Ransome qui découvre un monde qu'elle ne connaissait pas, il faut bien acheter des produits de première nécessité, elle fait la connaissance d'un pakistanais épicier, bazar, elle ne savait même pas que ce genre de personnage existait, mais ça lui plaît à Madame Ransome, elle achète une télévision pour passer le temps et découvre la télé-réalité, ce qui permet à l'auteur une critique de ce genre d'émission, elle devient accroc aux histoires de fesses et autres.
Toute la sécurité d'une vie bien programmée vole en éclats, Madame Ransome se découvre un attrait pour le monde extérieur, lui reste étriqué.
Je m'arrête là, vous lirez peut-être ce livre et vous n'avez certainement pas envie de connaître l'histoire du cambriolage et la fin.
J'ai aimé l'humour un peu absurde tout au long du livre, j'ai aimé l'histoire de ce couple qui vit comme de nombreux couples dans les non-dits, les cachotteries, par exemple Mr Ransome teint régulièrement sa petite moustache qui a tendance à virer sur le roux, elle sait et lui croit qu'elle ne sait pas, hélas les voleurs ont aussi emporté avec eux le précieux petit flacon de teinture, les revues coquines cachées, elle sait aussi mais ne dit rien, rien ne doit fendiller les apparences.
J'ai aimé cette femme qui se libère du joug de son époux par petites touches, elle devient intéressante au fur et à mesure que nous avançons dans la lecture.
A lire.
"Demain j'arrête" de Gilles Legardinier. J'ai eu un brin d'admiration pour l'auteur masculin qui écrit la vie d'une fille, les sentiments des filles sans se tromper, ce n'est pas évident de décrypter le comportement des filles.
Je me suis retrouvée avec ce livre dans les mains grâce à la couverture attirante, elle ne peut pas vous échapper. Je suis aussi aveuglément les conseils de lecture de Gérard Collard qui a écrit "400 pages de pur bonheur".
L'histoire débute par "Dis-moi, Julie, c'est quoi le truc le plus idiot que tu aies fait dans ta vie ?"
Julie a 29 ans, elle a donc cinquante réponses à proposer, mais cette question lui fait l'effet d'une gifle. Elle a une vie qui ne lui convient pas, un boulot dans une banque, une relation d'amour loupée, elle a mis à la porte son petit copain qui mène une vie de musicien raté, rien d'excitant et les années filent. Arrive un nouveau locataire dans son immeuble, Ricardo Patatras, un nom de clown, mais ce n'est pas un clown, elle veut absolument savoir à quoi il ressemble ce qui donne la description d'une scène irrésistible de drôlerie.
Il y a toute la vie d'une petite ville qu'elle n'a jamais quittée, la vie d'un quartier, les petits travers de chacun. J'ai adoré.
La fin est un peu tirée par les cheveux, mais il faut bien une fin, nous sommes souvent un peu déçus par la conclusion des livres, nous nous construisons aussi notre roman en lisant et nous voudrions que la fin des bouquins soit conforme à ce que nous attendons, mais dans ce cas ce n'est pas grave, cela ne gâche rien au bonheur d'avoir lu ce livre.
"On peut partager le genre humain entre ceux qui sont faits pour aimer et ceux qui ne comprennent même pas ce que cela veut dire. Les affectifs et les autres."
Cela doit être triste de ne jamais aimer.
Il faut absolument lire ce bouquin si vous voulez un peu de fraîcheur, de la gaieté, ne pas vous torturer l'esprit en tournant les pages, vous aimerez Julie si drôle qui parle avec les mots de son époque, maladroite, gaffeuse, amoureuse à la folie de son Ricardo Patatras.
Je lirai sans aucun doute le dernier livre de Gilles Legardinier "Complètement cramé." il a dû sortir, mais j'attends souvent que le livre de poche soit en vente.
Bye MClaire.