vendredi 13 décembre 2013

Sorj Chalandon - Une promesse


Après avoir lu "Le quatrième mur" du même auteur, je craignais d'être un peu déçue. Les écrivains peuvent écrire un chef-d'oeuvre et d'autres bouquins plus inégaux, le talent n'est pas quelque chose qu'ils possèdent à vie, il faut sans cesse se remettre en question, ça doit être assez stressant et même paralysant. Je regardais une émission sur Françoise Sagan l'autre soir "Bonjour tristesse" a été son plus grand succès et c'était le premier, on se rappelle de ce titre mais les autres, Est-ce que vous pourriez citer cinq titres de Sagan? Honnêtement moi non, en m'aidant de Wiki il me reviendrait à l'esprit quelques histoires racontées par elle, c'est tout.

"Une promesse" a été publié en 2007, prix Médicis, écrit bien avant "Retour à Killybegs" qui paraît-il est un de ses très bons bouquins, je vais le lire, je me suis entichée de cet auteur.

J'ai commencé à le lire tranquillement, l'histoire semblait belle, prenante, j'ai fini le bouquin en larmes, mais vraiment en larmes, pas de simples larmes de tristesse vite effacées le long de la joue. Je me pose toujours la question "Pourquoi est ce que je pleure si facilement en regardant un film, en lisant en livre et pas lorsque j'ai un vrai chagrin, les larmes sont bloquées, le chagrin m'étouffe mais ne s'exprime pas, ce n'est que quelques jours plus tard que tout se déverse, et il faut un déclencheur?" Je remarque une attitude qui me blesse profondément, je ne dis rien, je ne pleure pas et un jour ce sont les chutes du Niagara, c'est comme ça.

J'ai aussi la chance de rire, de beaucoup rire, heureusement. Je suis une vraie méditerranéenne, souvent excessive mais spontanée, vivante.

J'ai essuyé mes larmes, je peux vous raconter ce qui m'a tant plu dans ce livre.

Il ne se passe pas grand chose dans ce roman, très peu d'action, que des sentiments décrits avec un talent fou.

C'est une histoire d'amitié et d'un amour profond, un vieux couple qui s'aime jusqu'à la mort, ils mourront ensemble, parce que lui ne peut pas imaginer vivre sans elle.

Etienne et Lucien sont les deux fils d'un marin mort au large de Penmarch, la mère décide de quitter le bord de mer pour éviter à un de ces enfants de mourir en mer, elle part s'installer dans les terres, en Mayenne. Les enfants se font des amis qui resteront toujours dans ce petit village, des vraies amitiés d'enfance, il y aura un amour d'enfance qui se transformera en amour de toute une vie, Fauvette et Etienne qui se sont tenus la main petits et qui se la tiendront jusqu'à la fin. Il y aura aussi des amis qui viendront se greffer au groupe et tous fréquenteront avec assiduité le bistro de Lucien "Le bosco", le lieu de rencontre, là où ils boiront le vin de "la promesse".

La promesse est qu'après la mort de Fauvette et d'Etienne, Lucien le "petit" frère d'Etienne fait promettre à leurs sept amis de continuer à faire vivre la maison "Ker Ael", chacun sa tâche et chacun son jour. Ils ouvrent les volets, mettent le couvert, des fleurs fraîches dans les vases, font exactement comme si Fauvette et Etienne étaient toujours là. C'est presque écrit comme un conte, il y a une lampe qui prend beaucoup de place dans l'histoire, une lampe magique?.
Ce livre est une réflexion sur la mort, sur l'oubli de ceux qui sont partis, parce qu'à un moment du récit il y a la lassitude qui s'installe, certains ne veulent plus accomplir le rite.
La fin est bouleversante, elle ne peut pas ne pas nous toucher.

Les vieux couples sont toujours touchants si toute leur vie ils se sont aimés. Comment admettre de laisser l'autre seul si l'un des deux doit partir? Je crois que la solitude est plus dure à supporter pour un homme, les femmes arrivent toujours à surmonter sans pour autant oublier, l'autre est toujours présent, il manque toujours terriblement.
Lorsque j'ai été très malade, sauvée de justesse après une septicémie avant d'être opérée du cancer,  je ne pensais qu'à ça, ne pas laisser Christian seul, je m'accrochais. C'est sans doute ce qui a provoqué mes larmes hier, trop de souvenirs, mais comme chez nous la tristesse ne s'impose jamais j'ai dit "Finalement, tu te serais peut être très bien débrouillé, je me fais sans doute des illusions" et nous avons éclaté de rire avec un beau regard de tendresse. Christian a ajouté "Tiens, j'aurais peut être même perdu la carte bleue, elle ne me manquerait pas" Il a dit ça parce que pendant mon séjour à l'hosto, les débits de CB étaient presque inexistants, j'étais stupéfaite, il se nourrissait comment ? C'est bien de parler des petites choses sans importance de la vie, de rire, ça dédramatise tout et c'est ce que feront les amis lorsqu'ils fermeront les volets de "Ker Ael", ils voulaient retarder le deuil, ils l'ont fait pendant quelques mois. La vie continue.

C'est un très joli roman, un livre plein de tendresse. Il est en poche.
J'ai commencé celui de Gille Legardinier "Et soudain tout change" là je suis certaine de ne pas pleurer, ou pleurer de rire. J'avais beaucoup aimé "Demain j'arrête", beaucoup ri aussi;

  Bye MClaire.