mercredi 25 février 2015

"Le réveil du coeur" François l'Eperoux"



Si vous n'avez pas encore lu ce roman je vous ordonne de le lire. Le vrai livre "bonbon" aimé, dégusté ou dévoré, j'ai fait les deux selon les chapitres. Je me demande encore comment est-ce que j'ai pu passer à côté de ce livre. Il a été publié en janvier 2014.
Je pense souvent que je suis née trop tôt, j'ai envie de connaître l'évolution du monde, ça m'effraie beaucoup et ça m'attire, j'aurais peut être été grand reporter, grand photographe, j'aurais connu les nouvelles technologies qui changeront tout, je n'y comprends pas grand chose mais je suis curieuse, en même temps je suis tellement contente d'avoir connu l'arrivée du progrès dans les maisons, je peux dire "de mon temps..." je suis heureuse d'avoir connu une planète propre, je sais que cela a existé et que l'homme peut encore inverser cette effrayante course à la consommation. C'est tout le paradoxe de notre époque, nous voulons que tout soit simplifié et nous voulons aussi moins consommer ces objets fabriqués pour durer 5 ou 6 ans qui polluent les décharges, manger rapidement de mauvais produits. Le véritable enjeu est là, éduquer nos enfants et nos petits-enfants.
C'est en partie le sujet de ce livre. Ce n'est qu'une partie. L'histoire est surtout celle d'un grand-père un peu misanthrope qui refuse tous les progrès de notre société et celle de son petit-fils Malo qui naît à l'époque des DVD, du téléphone portable, de Skype, des jeux vidéo, des burgers, de la malbouffe.
Le "vieux" comme il est appelé dans ce livre a un fils Jean qui travaille dans la pub, il faut donner aux gens l'envie de consommer, un monde cruel la pub, tout ce que n'aime pas "le vieux".
Jean est amoureux de Léila photographe franco-marocaine, elle lui annonce qu'elle est enceinte, il n'y était pas du tout préparé, la panique, devenir père c'est accoucher aussi de soi-même, l'accouchement de Léila se passera bien, pas celui de Jean, il adore son fils mais n'aime plus son couple. Malo sera l'enfant d'un couple qui se sépare, ils n'ont plus les mêmes idées de la vie. Léila enceinte avait mis en photo son ventre sur sa page Facebook sans l'accord de Jean, une belle colère et un passage sur ce réseau social qui peut faire réfléchir :

"Ces gens qui montrent leur tronche et font la promotion de leur petite existence à longueur de pages, ça donne la nausée. Facebook sous couvert de simplicité, c'est le canal mondial de la vantardise autoconcentrée.....Moi je, moi je! Bientôt, ils filmeront leurs crottes..."  "Des "like"...."Un "wall"! Quel cauchemar! J'avais oublié le gage indispensable d'appartenance au village global, la caution "hype" de l'échangisme verbal : l'anglais ! L'anglais obligatoire dont nous abreuvent tous ces reporters de leur propre destin, tous ces petits Pulitzer de leur propre cul, tous ces Albert Londres du Moi. Comme ils sont fiers, mon Dieu, de nous montrer qu'ils savent manier le grand espéranto des modeux! Regardez comme je parle bien l'anglais. Yes, mais on s'en fout toujours autant! "

Après avoir lu ce passage, j'avais presque envie de fermer mon compte Facebook, mais en y réfléchissant bien, non, je n'écris jamais en anglais et je ne suis pas prête de filmer mes crottes !!

"Le vieux" sera heureux d'être grand-père à plus de 70 ans, mais il manifestera ce sentiment avec un peu de réticence, il n'aime pas du tout sa presque belle-fille, le courant passe mal entre eux, il verra donc très peu Malo jusqu'au jour où son fils lui demandera de le garder tout le mois d'août dans la maison du "vieux" à Lacanau, plutôt une vieille baraque sans trop de confort, sans télé, construite au bord du lac de Lacanau dans un endroit pas trop touristique. Malo et "le vieux" feront connaissance, une rencontre magique, ils vont faire la conquête l'un de l'autre, "le vieux" lui apprendra à jouer avec des jeux d'un autre siècle, le diabolo, le jeu de la grenouille, il lui apprendra la nature, la pêche, le fera monter dans sa vieille 203 qui sent encore le cuir mais sans ceinture de sécurité, la belle-fille sera furieuse, il en fera installer.
Il apprend à l'enfant à manger des spaghettis, on ne coupe jamais les spaghettis "mieux vaut couper la parole à un facheux que de couper des spaghettis" même si la sauce éclabousse tout.

Malo donnera de l'énergie à ce grand-père qui découvre les liens puissants qui lient les petits-enfants et les grands-parents, enfin liens puissants jusqu'à un certain âge ou un certain point, lorsque Léila vient récupérer son fils, Malo oublie d'embrasser son grand-père en partant tellement il est heureux de retrouver sa mère (J'ai connu ça, après avoir gardé mes petits enfants pendant deux mois, mais c'est normal!).


J'ai adoré la description de la maison de vacances à Lacanau, de l'endroit, je nous voyais en vacances sous les pins, je sentais l'odeur de la résine et les rayons chauds du soleil sur la nuque. J'ai aimé les réflexions sur ce monde en sursis, l'auteur est un très bon témoin de notre siècle. Tout est savoureux chez "Le vieux", ses colères, son amour du passé, sa vieille télé à coins arrondis qui trône dans le salon à Garches, son vieux téléphone, ses DVD, oui il a cédé à la mode des DVD pour regarder de très vieux films encore et encore. Gina ou Sophia, quelle est la plus belle? Lui préfère Sophia.

"Ne jamais avoir à regretter de ne pas avoir tout tenté. Ne pas réussir, ce n'est rien, tant qu'on n'a pas essayé."
J'ai apprécié cette réflexion pleine de bon sens, ne pas baisser les bras.

Evidemment il y a une fin....

C'est vraiment un livre plein de sensibilité, de tendresse, c'est doux et quelquefois mordant, j'ai même cru un instant qu'il avait été écrit par une femme "Françoise et pas François" non c'est bien François. 
J'espère vous avoir donné l'envie de lire ce roman, vous ne regretterez pas son achat.

Merci aussi à ceux qui sont venus me dire à Biarritz qu'ils aimaient beaucoup ma gazette, ça m'a vraiment fait plaisir, redonner le goût de lire à ceux qui avaient un peu abandonner la lecture, un bel apostolat. Pour écrire des commentaires il faut ouvrir un compte Google, c'est indispensable.

Bye MClaire.