mercredi 7 septembre 2016



Gérard Collard trouve ce livre sublime, un des cinq livres de l'année. Je l'ai cru comme toujours, il a une critique très sûre. J'ai eu raison de le croire, un livre vraiment sublime.

Il faut se laisser bercer par l'écriture, mais elle ne vous endort jamais, de toutes les façons vous ne pourriez pas vous assoupir, trop de vent, c'est un livre sur le vent, sur les sentiments conjugaux et filiaux et surtout sur l'Antarctique, sur la Tasmanie, sur Bruny île de Tasmanie, au sud de l'Australie. Attention, je n'écris pas que tous les lecteurs aimeront, vous pouvez ne pas apprécier ce genre de roman, vous ennuyez, c'est possible. Je n'ai pas sauté une seule ligne.

L'histoire :

Mary Mason a été l'épouse d'un gardien de phare, Jack.
Elle a eu trois enfants, Jan, Gary et Tom, elle a élevé ses gamins sur l'île de Bruny, loin de tout, dans le vent qui souffle sans arrêt, au milieu des oiseaux, d'une nature intacte.
Elle a des relations plus étroites avec Tom, son dernier, enfant qui adore la solitude, étudie les oiseaux, se balade seul sur les plages, les deux aînés sont partis en pension pour poursuivre leurs études, Tom reste seul avec ses parents, un père taiseux avec qui il ne partagera pas grand chose, une mère aimante avec qui il partagera toujours l'amour de cette île sauvage.
Plus tard, Tom partira en Artarctique pour trois saisons, il est diéséliste et marié avec Debbie, pour améliorer leurs finances il faut qu'il aille là-bas, loin de tout, une maison à payer.
Elle ne supportera pas cette absence si longue et le quittera pour un autre, elle a attendu que le dernier bateau quitte l'Antarctique pour lui annoncer la rupture, ensuite aucune possibilité de naviguer dans les glaces, il ne pourra pas la voir pour la supplier de rester.

Il reviendra à Hubart à la fin de son contrat, fou de chagrin, se murera dans la solitude, mais restera toujours près de sa mère qui est malade, cardiaque, son cas est grave.
Mary ne veut pas terminer sa vie en maison de retraite, elle décide de repartir sur l'île de Bruny, dans un petit cottage, seule, Léon le garde-forestier passera tous les jours prendre de ses nouvelles, un début de relation houleux et peu à peu le jeune homme se prendra d'amitié pour cette vieille dame qui vit ses derniers mois, elle veut revoir tous les endroits où elle a eu tant de bonheur et tant de chagrin, elle comptera bien sur lui pour la balader. Tom lui rendra visite souvent, un ferry fait la navette, il n'a qu'une crainte, ne pas assister aux derniers instants de sa mère, son père est mort pendant son séjour en  Antarctique, il n'a pas assisté à ses funérailles, le remords ne le quittera pas.

Il y a un secret dans la vie de Mary, j'ai très vite deviné quoi, mais cela n'enlève rien à la suite du roman, il reste toujours aussi captivant. Une lettre qu'elle n'arrivera jamais à brûler.

J'ai aimé et même adoré la description de la nature, un endroit que nous ne verrons jamais, je savais à peine qu'il existait. Les oiseaux, les tempêtes, la vie du phare.
J'ai aimé Mary, une femme forte et fragile à la fois, ses failles, son désir ardent de sauver un couple qui ne fonctionne plus. Jack ne la regarde plus.

"Du haut de son grand âge, elle distinguait la maille qui avait sauté dans le tricot de leur vie commune. Elle avait mis des années à comprendre que, si on ne les prononce pas à point nommé , les mots s'effacent pour toujours . Quand elle avait commencé à discerner ce qui n'allait pas dans sa relation avec Jack, le fil avait déjà été rompu. Le vent l'avait emporté et tout ce qui restait, c'était du vide."

J'ai beaucoup aimé Tom, un homme brisé qui porte en lui l'envie d'aimer et qui n'arrive pas à l'exprimer, seul Jess sa chienne a l'air de le comprendre. Dans une fratrie il arrive qu'il y en ait un qui soit plus fragile, les parents devinent et veulent tout faire pour qu'il soit heureux, qu'il ne s'égare pas, surtout la mère dans ce cas, ce n'est pas une préférence, c'est juste un devoir de protection, comme les puffins du roman envers leurs poussins.
J'ai détesté Jan la fille, Mary a tout fait pour que les choses aillent bien entre elles, mais ça n'a pas marché, Jan est autoritaire, directive. Mary veut mourir loin de ces mouroirs que sont les maisons de retraite, Jan veut qu'elle y aille, au point de ne jamais lui rendre visite sur l'île de Burny son dernier refuge. Elle la verra morte, pleurera, mais ce sera trop tard.

J'ai aimé découvrir la vie en Antarctique, les hommes et les femmes qui vivent dans un décor de glace magnifique mais qui se saoulent à la moindre occasion, on boit beaucoup dans les bases, on trompe aussi beaucoup celui qui est resté à la maison, l'hiver est long pour les "hivernants". L'auteure a une expérience d'un séjour dans une base. Le retour dans la vraie vie n'est pas toujours évident, tous les hommes et femmes qui vivent une expérience dans une base ont dans les yeux quelque chose de différent. L'Antarctique ne laisse pas intact, leur âme en est imprégnée, une seule envie, y retourner.
"...et cette sensation de liberté vous donnera des ailes En même temps, le germe d'une nostalgie éternelle a été planté en vous. Vous ne penserez plus qu'à y retourner. A vous glisser dans cette nouvelle peau qui est la vôtre sur la banquise, ce "moi" qui ne connaît plus de bornes conventionnelles. De retour dans votre ancien monde, parmi les blessures que vous a infligées le pôle Sud, le regret lancinant vous ronge. Votre âme est enchaînée. Vous ne guérirez pas avant des années."

Vous découvrirez ce livre et j'espère que vous l'aimerez.

Bye MClaire.