Serge Joncour, physiquement j'imagine un colosse un peu impressionnant mais au regard bienveillant.
Son livre est beau, une seule envie tourner les pages pour connaître la suite de ce bouquin qui parle d'amour avec les mots d'une sensibilité féminine. J'ai dévoré ce livre.
Christian me disait "Il doit être bien ce livre, tu ne le quittes pas." Je répondais "Attends, il faut absolument que je sache ce qui va se passer, ils en sont aux premiers baisers dans un endroit pas fait pour ça."
Pour moi le roman est toujours décalé, jamais au bon endroit, deux êtres qui n'étaient pas destinés à se rencontrer, deux mondes différents, lui issu d'un milieu d'agriculteurs, elle issue de la bourgeoisie. Ludovic est monté à Paris après avoir perdu sa femme emportée par un cancer, il travaille dans le recouvrement des dettes, elle est une styliste célèbre qui possède sa propre marque Aurore Dessage, mariée avec un homme riche avec qui il ne se passe plus rien, deux enfants, un appartement luxueux, une fenêtre donne sur l'appartement de Ludovic beaucoup plus modeste, une cour arborée sépare les deux immeubles.
Les soirs d'hiver chacun peut voir ce qui passe dans l'appartement de l'autre.
Aurore a la phobie des corbeaux installés dans la cour, la rencontre se fera là, Ludovic se chargera de la disparition des corbeaux.. S.Joncour doit aimer Hitchcock "Fenêtre sur cour" et "Les oiseaux".
La suite est un peu ambiguë, Aurore a compris que Ludovic est un homme fort, se servira t-elle de lui pour solutionner ses problèmes professionnels, pour la débarrasser de ceux qui veulent s'emparer de son affaire? Aurore est-elle une jeune femme fragile? Aurore osera t-elle quitter son mari?
"Quitter c'est se redonner vie à soi, mais c'est aussi redonner vie à l'autre, quitter c'est redonner vie à plein de gens, c'est pour ça que les hommes en sont incapables, donner la vie est une chose qu'ils ne savent pas faire.."
Vous le saurez en lisant ce livre qui ne ressemble pas du tout à un roman de la collection Arlequin..Ce livre ne se résume pas à une histoire d'amour.
Ce que j'ai aimé :
L'amour que Ludovic porte à sa vallée, quelque part au sud de l'Auvergne, là où les carderies existaient, ce monde paysan qui disparaît, une ferme qui ne peut plus faire vivre plusieurs familles, le père, la mère qui peu à peu s'éloigne du monde réel, le frère vivent là. Ludovic parcourt souvent les 600 km qui le séparent de sa famille, il n'aime pas Paris, cette ville l'étouffe, sa violence l'agresse, la solitude est vraie au milieu de la foule qui envahit les rues. Son travail ne lui plaît pas.
J'ai aimé la sensibilité de Ludovic lorsqu'il se présente pour recouvrer des dettes, une sensibilité qu'il ne doit pas montrer mais qu'il ressent à la vue des pauvres gens enfoncés dans leurs problèmes, arriver à percevoir les entourloupes, les vrais désargentés des charlatans. Ce boulot n'est pas facile et même dangereux. Ludovic est un vrai affectif, son physique imposant de joueur de rugby cache un sensible.
J'ai aimé les pages qui parlent de Mathilde, la femme de Ludovic, ce cancer qui ne sera pas vaincu, les trajets de Ludovic entre la ferme et l'hôpital, chaque soir il lui apportera de la soupe faite avec les légumes du jardin, ceux de la vallée du Célé, la seule chose qu'elle mangeait et de moins en moins. Son chagrin "l'espoir que ces voyages durent le plus longtemps possible ou qu'ils s'arrêtent, il ne savait plus".
J'ai aimé cet amour avec Aurore, qui unit et qui peut détruire, ces rencontres jamais programmées, cette ignorance du numéro de téléphone de l'autre.
Les personnages de ce roman sont forts et quelquefois faibles, comme dans la vie.
J'ai aussi appris que le montant des dettes des particuliers qui n'est pas payé est de 600 milliards d'euros, un chiffre vertigineux.
Ce livre a de vraies qualités d'écriture. C'est vraiment un beau roman qui pourrait être adapté au cinéma. Je l'ai trouvé chez Easy-Cash pour 2euros99, il existe certainement en poche.
Bye MClaire.