vendredi 15 février 2013

Deux semaines depuis ma dernière gazette. C'est normal j'étais plongée dans mon pavé "La vérité sur l'affaire Harry Quebert."
Je dis plongée, vraiment, en immersion totale, rivée à un livre que je ne pouvais pas lâcher.
Depuis mon enfance j'ai pour habitude de ne pas lire le matin, ou très peu, une ou deux pages, pas plus. Mon éducation m'interdisait de lire le matin, à la maison il était interdit de lire le matin, nous devions être actives mais pas nous divertir, ma mère n'aurait pas supporté de nous voir lire, elle même lisait énormément mais l'après midi ou le soir, ou si elle le faisait le matin c'était en cachette de nous. Pas de grasse matinée, pas de lecture, c'était comme ça. Les devoirs pour l'école, un peu de ménage ou repasser nos tenues pour sortir, les livres attendaient le moment de la sieste ou plus tard dans la soirée, pas au lit, nous devions éteindre la lumière, je ne respectais pas toujours.
Si internet avait existé à cette époque, je n'ose pas imaginer quelles ruses nous aurions dû inventer pour y accéder. L'époque n'est vraiment plus la même. Les enfants font un peu ce qu'ils veulent.
Cinquante ans après je suis toujours conditionnée, j'ai l'impression d'être en faute lorsque je lis le matin. J'ai transgressé mes principes avec ce bouquin. Je me suis surprise en robe de chambre, bien installée pour lire, découvrir la suite et je n'avais pas honte, honte est un grand mot, mais c'est presque ça. D'un seul coup je posais la question "On mange quoi à midi?"
Les pages défilaient et en même temps il ne me tardait pas de le finir, la magie opérait. Je n'ai pas feuilleté la fin du livre comme à mon habitude. Ce livre est comme une addiction, des moments de grand bonheur et des moments de lucidité qui nous font penser "Mais pourquoi suis-je si accrochée à ce livre." Parce qu'après tout il y a des bouquins que j'ai adorés, beaucoup plus que celui-ci mais auxquels je n'étais pas en complète addiction.

Le livre commence directement par le chapitre 31 et finit par le chapitre 1, en fait ce sont les 31 conseils d'Harry à Marcus pour être un bon écrivain.
"Le premier chapitre, Marcus, est essentiel. Si les lecteurs ne l'aiment pas, ils ne liront pas le reste de votre livre. Par quoi comptez-vous commencer le vôtre?"
J'ai beaucoup aimé le début du livre, les souffrances de l'écrivain qui ne retrouve pas le peps d'écrire, toutes les tentatives d'écrire sont un échec, ce n'est pas bon, plat, son premier roman qui a été un succès le parasite. Son éditeur lui a fait signer un contrat pour cinq livres et le presse d'écrire le deuxième. Il finit par se réfugier chez son prof d'université, Harry Québert, qui lui est un écrivain reconnu grâce à un bouquin " Les origines du mal.". Ce prof habite une très jolie maison au bord de la mer dans le New-Hampshire. Il pense que l'endroit sera propice à l'écriture, que Marcus retrouvera dans cet environnement le talent de l'écriture.

 Plus tard Harry est accusé du crime d'une adolescente de quinze ans Nola. Là commence le thriller, enfin pas tout à fait à mon avis, c'est aussi une analyse de l'Amérique. J'ai relevé un passage :
"Et si Québert était un juif? Quelle horreur! Peut-être même un juif socialiste! Elle regretta que les juifs puissent être blancs de peau parce que cela les rendait invisibles. Au moins, les Noirs avaient l'honnêteté d'être noirs, pour qu'on puisse les identifier clairement."
C'est aussi ça l'Amérique, le racisme de certains américains. Il a vraiment fallu qu'Obama soit très fort pour arriver au pouvoir, on en prend conscience dans ce bouquin.

Le bémol de ce livre, toujours à mon avis, les répétitions, je n'ai pas cru un seul instant à l'amour entre Nola et Harry, Nola qui a 15 ans et Harry plus de 30 ans, ce n'est pas la différence d'âge qui est choquante, cela arrive dans la vraie vie, ce sont les "Nola chérie" "Harry chéri" répétés à longueur de pages, c'est un peu ridicule. C'est aussi par moments un peu invraisemblable, mais nous tournons les pages fiévreusement. Nola est un personnage complexe, j'ai bien aimé son rôle. J'ai aussi ri lorsqu'apparaît le personnage de la maman juive de Marcus. Que dire de la fin?
Un peu décevante, j'aurais voulu une autre fin. J'ai pourtant tremblé lorsqu'Harry a été accusé du meurtre, mais j'aurais aimé qu'il apparaisse différemment à la fin du livre . Les assassins ne sont pas des assassins" romanesques", juste des petites crapules.

Je ne peux que vous conseiller de lire ce livre, puisqu'il est passionnant presque jusqu'à la fin, il y a des rebondissements (même un peu trop), de la drôlerie dans le personnage de Marcus, une vision de l'Amerique profonde, le monde de l'édition est décrit avec talent. Ce n'est pas un chef-d'oeuvre mais un très bon moment de lecture, de détente, l'écrivain est jeune il a 27 ans, d'autres romans viendront, sauf si le succès de celui-ci fait que Joël Dicker se retrouve à sec pour l'écriture d'un autre livre, je n'y crois pas parce que j'ai bien senti que Dicker est un grand amoureux de la littérature. C'est bien le sujet du roman que je viens de lire, non?  C'est un roman sur le roman. Je suis certaine que vous irez jusqu'à la page 664 sans sauter un seul passage. 

"Un bon livre, Marcus, ne se mesure pas à ses derniers mots uniquement, mais à l'effet collectif de tous les mots qui les ont précédés. Environ une demi-seconde après avoir terminé votre livre, après en avoir lu le dernier mot, le lecteur doit se sentir envahi d'un sentiment puissant ; pendant un instant, il ne doit plus penser qu'à tout ce qu'il vient de lire, regarder la couverture et sourire avec une pointe de tristesse parce que tous les personnages vont lui manquer. Un bon livre, Marcus, est un livre que l'on regrette d'avoir terminé."

Je me suis retrouvée dans la conclusion, lorsque j'ai aimé un livre, je le referme doucement, je caresse la couverture, je souris et je dis :"C'était formidable, dommage qu'il soit si court, ou dommage qu'il soit fini." Un peu de tristesse en le rangeant, comme un compagnon que nous n'avons pas envie d'oublier et pourtant nous l'oublions pour un autre.

Je ne sais pas si l'écriture de cette gazette est bonne, mais je suis satisfaite de l'avoir écrite pour vous faire partager ma passion de la lecture. C'est bien le principal. J'aime les écrivains.


Quelques dessins :


La démission du Pape, les humoristes ont eu de la matière. Personnellement, je trouve très bien qu'il se soit aperçu qu'il ne pouvait plus assurer sa fonction. Il y a d'autres dirigeants qui devraient faire la même chose, dans l'industrie, dans la politique etc.... Et Christine Boutin elle en pense quoi??







L'origine du monde, le tableau de Courbet, longtemps caché au public, je n'ai jamais trouvé ce tableau indécent, c'est là que tout se passe.






Johnny, l'increvable, lorsque je pense qu'il a mon âge, ça me fait du bien, un exemple de longévité !







Le scandale de la viande de cheval dans les lasagnes. Là aussi les dessinateurs se sont régalés, pas de lasagnes, mais de la fraude, parce qu'après tout la viande de cheval est très comestible. Ce monde de la viande est un monde très spécial. Je ne comprends pas qu'il n'y ait pas eu de contrôles vétérinaires dans l'entreprise, tous les abattoirs ont des vétérinaires sur place pour contrôler la viande, cela doit être la même chose dans les industries alimentaires, avant de transformer ils doivent bien contrôler si le produit n'est pas avarié et sa provenance. Il y a des zones d'ombre. Je suis triste pour tous ces gens qui perdent leur travail, c'est le plus important maintenant.   Bye MClaire.