mercredi 17 avril 2013

Il y a des jours, comme ça où vous pensez qu'il faut être heureuse, oublier ce monde qui nous angoisse, un jour où vous décidez que rien, ni personne ne viendra troubler votre décision d'être heureuse, aujourd'hui l'après- midi s'y prêtait, il faisait beau, le soleil un peu timide mais qui commençait à nous chauffer la peau, le jardin qui explose dès les premiers rayons, les azalées vont fleurir. J'ai remis mon transat en activité, comme a dit Christian "ça y est, c'est parti pour la saison".
J'avais pourtant essayé de désherber, mettre les mains dans la terre, mais très vite mon bras s'est rappelé à moi, j'ai abandonné en pestant un peu, alors j'ai semé la pelouse fleurie, ce n'est pas fatigant et cela me donne l'impression de participer, les fleurs seront sorties lorsque nous reviendrons après notre escapade. La première chose que je fais lorsque nous rentrons, sortir de la voiture et avant de rentrer dans la maison, je rends visite au jardin derrière la maison, le coin le plus agréable, tout a changé, lorsque la tondeuse est passée on se rend encore mieux compte du changement. J'ai 70 printemps et je suis toujours émerveillée par la nature, pas blasée du tout. En hiver j'aimerais habiter un appartement et dès les premiers beaux jours je me demande comment nous ferions si nous n'habitions pas une maison, nous nous priverions de beaux moments. Il faudrait avoir les deux, mais ce n'est qu'un rêve.
Christian a repeint le mur de la cabane, passé du désherbant dans les allées, mis du terreau pour des futures plantations et là il est en train de faire un essai sur un bout de mur pour nous débarrasser du lichen rouge qui envahit la façade ouest, celle qui est exposée à la pluie et au vent d'ouest. Une calamité pour les maisons en Bretagne. Prochaine étape la préparation de la caravane qui attend tout l'hiver que nous la fassions belle.

Puisque je ne peux rien faire pour aider, je me suis installée dans le transat pour finir "Du domaine des murmures" de Carole Martinez.
Longtemps "Le cœur cousu" est resté mon livre préféré, j'avais dégusté chaque mot et admiré l'imagination de l'auteure, "Du domaine des murmures" n'est pas décevant, différent mais tout aussi passionnant, un vocabulaire riche, l'imagination est aussi au rendez-vous.
Ce livre est une réussite. Un jour à la Fnac j'avais conseillé ce bouquin a des gens qui cherchaient un livre à offrir. Je ne l'avais pas lu mais j'étais certaine qu'il était beau, je suis rassurée.
L'histoire qui ressemble à un conte se passe au XIIème siècle, le moyen-âge, l'époque des mariages forcés, de la foi inconditionnelle en Dieu, des croisades.
Esclarmonde refuse de dire oui le jour de son mariage avec Lothaire, jeune homme qui court le guilledou et n'ayant aucune considération pour les femmes dont il se sert et qu'il rejette aussitôt, elle ne l'aime pas, dit non, se tranche l'oreille le jour de ses noces et décide de vivre recluse dans une "tombe" construite à côté de la chapelle de St-Agnés, seule une petite fenêtre avec des barreaux lui donnera accès au monde extérieur. Son père furieux fait construire la chapelle, la tombe. Le matin de son enfermement elle décide de respirer une dernière fois l'air de la forêt, un homme la viole, elle le reconnaît, décide de ne rien dire.
Elle devient une prêtresse, les pèlerins passent la voir, demandent des miracles. Un événement imprévu fait que sa décision de vivre recluse est ébranlée. Je ne vais pas vous dévoiler le livre.
A travers les yeux d'Esclarmonde nous participons aux croisades, aux souffrances de cette armée qui partait reconquérir le tombeau du Christ et qui arrivait à St-Jean-d'Acre, dont les murailles tombaient dans la mer,  en lambeaux, la maladie avait décimé de nombreux croisés, les chevaux avaient été mangés (rien à voir avec Spanghero), les sarrasins ne  craignaient même plus cette poignée d'hommes fous. Aidés par les mots de l'auteure, nous vivons le dernier moment de l'empereur Frédéric Barberousse, la construction du trébuchet qui devrait aider à gagner la bataille. Nous vivons avec eux dans ce pays saturé d'une odeur pestilentielle, à cause des cadavres, saturé d'un soleil meurtrier.
Il y a dans ce livre toutes les croyances populaires, les légendes du pays franc-comtois. C'est un livre riche et comme je suis scrabbleuse j'ai retenu quelques mots qui pourraient me servir. Lisez le bouquin et faites comme moi, mais vous chercherez sur l'ODS si ces mots sont toujours valables, ils ne le sont pas tous.

C'est l'histoire d'une femme libre dans sa tête dans un corps enfermé, mais qui nous fait voyager aux delà des frontières. Magnifique conte, mystique, sensuel, poétique.

Je vais lire "Profanes" et j'ai très envie de lire "Annabel" de Kathleen Bourgeois, un livre sur l'intersexualité, un enfant qui nait, ni garçon, ni fille, il paraît que ce roman est bouleversant.

Bye MClaire.