jeudi 11 décembre 2014

"Madame Diogène" d'Aurélien Delsaux et "Juste avant le bonheur" d'Agnès Ledig.


Deux livres depuis ma dernière gazette, deux livres complètement différents, ils parlent tous les deux de solitude, solitude d'une vieille femme, solitude d'une jeune femme qui a eu un petit garçon à l'âge de seize ans et qui doit assumer sa situation toute seule.



J'étais prévenue, ce livre est étrange, c'est Michelle qui l'a acheté. 
En le commençant je me demandais où je posais mes yeux, sur l'infâme, la description d'un terrier où grouille les bestioles, la crasse, la pire des solitudes, celle d'une vieille femme qui sombre lentement dans la folie, elle ne sort plus, se terre avec tous ses détritus, ne veut plus recevoir personne, elle a peur de ceux qui viendraient la chercher. Rien de réjouissant dans les premières pages, pourtant j'étais prise dans la lecture et je tournais les pages sans avoir envie de m'arrêter, 137 pages vite lues.
Nous voyons fréquemment des images à la télé, un appartement envahi par des sacs poubelles, un vieillard et quelquefois même pas, un homme ou une femme dans la force de l'âge qui vivent là dans une odeur nauséabonde, sans aucune hygiène.
Ce n'est pas rare.
Ce livre est un huis-clos, une femme et sa folie, l'exclusion à la fin de leur vie de nombreux vieillards qui ne parlent plus à personne et qui perdent même l'usage de la parole, à un moment du livre elle dit "pa-pa" le seul mot prononcé. Elle a des flashs de vie heureuse à la campagne, de ruisseaux qui cours, de prairies, des grands platanes aux formes d'homme aux bras levés, la première étoile, le vent...Georges, ce Georges qui est en photo, une photo qu'elle lèche, qui était Georges?
De sa fenêtre elle observe le monde, le boulevard, les gens qui se pressent, un monde qui continue à vivre mais sans elle.
Le vocabulaire de l'auteur est si précis et tellement imagé, je sentais les remugles, je me grattais à la description des bestioles, mais je lisais, je n'avais pas envie de refermer le bouquin, je voulais connaître la fin, une fin un peu plate, attendue.
C'est un roman sur l'exclusion, sur notre société, ce monde si indifférent aux autres, un monde de plus en plus violent. Cette femme pourrait être une voisine dans un immeuble.

L'auteur a du talent, c'est son premier roman, je ne peux pas vous le conseiller, vous faites comme bon vous semble. Il vient de paraître. J'espère que le prochain sera plus gai et qu'il y aura un peu plus d'action. Il est, disons, très intéressant.


J'avais lu celui-ci avant "Madame Diogène", prêté par Claudette, complètement différent mais qui traite aussi de la solitude d'une jeune fille de 20 ans maman d'un petit garçon de trois ans, enceinte après une fête bien arrosée, elle avait 16 ans. Elle met son petit garçon au monde, a son bac et arrête ses études pour travailler comme caissière dans une grande surface, un travail indispensable pour assumer leurs vies. Ses parents ne l'aident pas, la mère est alcoolique, le père assez violent. Cela doit arriver dans la vraie vie.
Julie a perdu l'insouciance de sa jeunesse, elle compte chaque euro, se prive de tout mais il y a Lulu.
Julie qui a 20 ans ne croit plus aux contes de fée depuis longtemps, son seul bonheur, retrouver son petit garçon, Ludovic, qui ne sait pas dire les R lorsqu'il parle, il est attendrissant, raisonnable comme le sont souvent les enfants qui devinent la détresse d'une maman. Ils vivent en tête à tête.
Elle a un patron qui est un vrai "connard" qui la harcèle, jusqu'au jour où Paul un homme qui pourrait être largement son père se présente à sa caisse, Paul sera celui qui fera basculer sa vie sans jamais rien lui demander en retour, il veut juste qu'elle soit heureuse, elle le touche. Elle a trois semaines de vacances, il l'amènera en Bretagne avec Lulu et son propre fils médecin qui a besoin de se reposer, de se retrouver.
Des rencontres, ce livre est fait de rencontres. Ce n'est pas du tout un roman à l'eau de rose, j'ai beaucoup pleuré en lisant, il arrivera le pire à Julie, mais aussi le meilleur à la fin, il y aura Romain le kiné qui saura soulager sa douleur.

C'est un roman sur le bonheur de vivre ensemble, sans égoïsme, tous les personnages sont des écorchés vifs qui en se retrouvant parviennent à être heureux, loin d'un monde fait d'individualités, d'agressivité. C'est un livre sur la coalescence, la reconstruction.
Une phrase :
" "Ne baisse pas les bras, tu risquerais de le faire deux secondes avant le miracle".

C'est un livre plein d'espoir que je vous recommande, il est en poche. N'oubliez pas la boîte de kleenex.

L'auteure Agnés Ledig est sage-femme, elle a perdu son petit garçon atteint d'une leucémie, c'est sans doute la raison qui rend son écriture si touchante, elle connaît toutes les émotions d'une maman qui perd son enfant, la colère, le chagrin qui fait hurler, et puis l'acceptation.
J'avais lu écrit par elle "Marie d'en haut" j'avais beaucoup aimé.