lundi 1 décembre 2014

"Charlotte"D.Foenkinos - "Le jour où j'ai appris à vivre" L.Gounelle.



J'avais des hésitations à la publication de "Charlotte", est-ce que j'allais aimer ce livre si différent de ceux qu'il avait écrits avant, des romans légers que je pouvais lire presque d'une traite parce que l'histoire m'intéressait, m'amusait, il est même arrivé qu'un roman devienne un film "La délicatesse".
"Charlotte" est complètement différent, plus profond, plus pensé et je l'ai aussi lu d'une traite, il est écrit comme un poème, une phrase, une ligne. J'ai souvent dit que j'adorais Augustin Trapenard et bizarrement en le commençant j'entendais la voix d'Augustin qui lisait, ça lui irait très bien, il pourrait le lire pour les non-voyants, ce serait un régal, Augustin traduit tellement bien les émotions.

Un auteur ne peut pas être un grand écrivain en écrivant des choses légères, ça n'existe pas, même si des milliers de gens le lisent, il faut écrire du Zola, du sérieux pour passer à la postérité.
Je soupçonne D.Foenkinos d'avoir voulu écrire un livre qui marque, celui que tous les écrivains portent en eux, il devait se sentir frustré de n'écrire que des choses légères, il était certainement persuadé de pouvoir faire beaucoup mieux et il y est arrivé. Je ne dis pas que tout est parfait, la Shoah a sans doute été beaucoup mieux décrite, il y a certainement des passages maladroits, mais le plaisir de la lecture est là, ce n'est pas la Shoah qui est au centre du livre, c'est la vie de Charlotte Salomon, ce peintre méconnu que D.Foenkinos a découvert et qui est morte très jeune, enceinte dans un camp de concentration.
Deux prix pour ce roman, le Renaudot et le Goncourt des lycéens, ces jeunes qui se trompent rarement en décernant leur prix.

L'histoire vraie de Charlotte :

Charlotte Salomon est née dans une famille juive en 1917, une famille touchée par des drames, du côté maternel beaucoup de suicides, de folie, sa mère se jette par la fenêtre lorsqu'elle est enfant, on lui cache la vérité, ses grands-parents s'occupent d'elle, son père un médecin brillant se consacre à l'hôpital et voit très peu sa fille, jusqu'au jour où il rencontre une cantatrice célèbre avec laquelle il se marie, Charlotte rejoint le domicile paternel. 
Ses grands-parents sentant la montée du nazisme se réfugient sur la Côte d'Azur, ils sont hébergés par une amie, ils insistent pour que Charlotte se joigne à eux, là où provisoirement règne la sécurité.
Il n'y a pas que des drames dans la vie de Charlotte, il y aussi d'heureuses rencontres, des sentiments amoureux, des amitiés, mais il y a l'humiliation, les interdictions de fréquenter certains endroits, elle est élève aux Beaux-Arts grâce à une connaissance qui ayant deviné son grand talent fait tout pour qu'elle soit l'unique juive à pouvoir apprendre dans cette institution. Il lui sera impossible de recevoir le prix qui récompense la plus belle oeuvre, son amie ira le chercher à sa place, elle ne pourra pas supporter cet affront et quittera les Beaux-Arts.
Et il y aura l'errance après "la nuit de Cristal" du 9 au 10 novembre 1938, jusqu'au dénouement fatal, vous lirez la suite....

Tout au long du roman, Charlotte essaie de survivre malgré la folie qui peut s'emparer d'elle, en peignant, en dessinant la vie de sa famille, pour laisser des traces de son passage, En luttant contre le mal étrange qui règne dans cette famille, la solution fatale. Elle veut donner la vie, penser qu'elle peut avoir une vie heureuse, avec un homme et un entant.

J'ai adoré ce livre, j'ai étouffé un sanglot à la fin, déportée après une dénonciation alors qu'elle était enceinte de 5 mois :

"Sur le bâtiment, on peut lire qu'on va prendre une douche,
Avant de pénétrer dans les bains, chacune se déshabille.
Il faut mettre ses vêtements sur un crochet.
Une gardienne s'époumone.
Surtout, retenez bien le numéro de votre porte-manteau
Les femmes mémorisent ce chiffre ultime
Et entrent dans l'immense salle.
Certaines se tiennent la main.
On ferme alors les portes à double tour, comme dans une prison.

La nudité sous une lumière glacée creuse les corps.
On remarque Charlotte avec son ventre.
Au milieu des autres elle ne bouge pas.
Elle semble s'extraire du moment.

Pour être là." :

Un autre roman lu cette semaine, il est épais mais il est écrit assez gros et il se lit très vite, il vient de sortir, je l'ai acheté parce que j'aime beaucoup Laurent Gounelle, il est spécialiste des sciences humaines, adore la philosophie et la psychologie, ses livres sont à chaque fois des vraies leçons de vie.






Il faut lire ce roman, si vous avez besoin de zénitude, de réfléchir sur notre société, d'apprendre à être bon, ne serait-ce qu'en offrant un sourire à l'autre, à rendre les autres meilleurs avec des actes de tous les jours.

Jonathan habite à San-Francisco, il rencontre une bohémienne qui lui prend la main et lui dit "Tu vas mourir". Sa vie prendra un autre sens, aidé par sa tante Margie qui lui tracera un chemin loin de son obsession, être le meilleur en faisant signer des contrats d'assurance, au point d'avoir perdu sa femme qui se sépare de lui en amenant leur petite fille.
Evidemment, il ne mourra pas mais il vivra autrement.
J'ai bien aimé les différents personnages de ce roman, Ryan est celui qui filme et écoute les gens de son quartier à leur insu et fabrique des vidéos qu'il balance sur internet, ça doit exister. Michael est détestable. La petite fille est adorable.

J'ai appris que nous avons trois cerveaux, un cerveau archaïque, un cerveau limbique et le néo-cortex siège du mental. Ne pas se laisser prendre aux pièges de notre vie moderne, internet, les flots d'e-mails, les SMS, les jeux vidéo, tout ça est utile mais ils finissent par induire en nous des émotions dont nous ne pouvons plus nous passer. C'est vrai.....Il m'arrive très souvent au moment de m'endormir de penser que nous sommes devenus accrocs à toutes ces nouvelles technologies et qu'il faudrait que pendant une journée je fasse un break, pas d'internet, pas de Facebook, pas de blogs, pas de télé, rien, comme avant, et je ne tiens pas ma promesse.

La vie intérieure, nous avons tous une vie intérieure, il faut la chercher, se connaître mieux pour pouvoir aimer les autres. C'est le sujet du roman. Depuis que je l'ai lu je dis à Christian "Attends, je vais te répondre, j'ai une vie intérieure" je ris mais en même temps je réfléchis.

En le lisant je pensais aux petits sourires que nous faisons quelquefois à celui ou à celle qui attendent à une caisse de grande surface et qui semblent impatients, aux petits mots gentils que je ne manque jamais de dire à la caissière qui est tellement transparente aux yeux de certains, des petites choses qui peuvent rendre la vie plus agréable et à tous les actes que nous pouvons faire, même s'ils semblent anodins pour que la planète soit vivable. L'agressivité pourrit la vie, se débarrasser des malsains pour vivre mieux

J'ai pris beaucoup de plaisir en lisant ce roman. Je ne sais pas si je vais devenir un exemple de vie zen, j'ai déjà appris à prendre de la distance avec certaines choses depuis ma maladie, je vais continuer à réfléchir en espérant n'être jamais ennuyeuse, j'aime trop rire..

Bye MClaire.