dimanche 1 mai 2016


Je me suis régalée en lisant ce livre. J'ai presque envie de jouer au camelot "approchez, approchez, achetez ce livre, que du bonheur" le camelot vend souvent de la pacotille mais là non, c'est du solide, du bien écrit, original, palpitant, ça ne ressemble à aucun livre de cet auteur que j'aime.

Dès que David Foenkinos publie, j'achète, j'avais aussi adoré son dernier "Charlotte". Ce que j'aime chez lui, c'est qu'aucun livre ne ressemble à un autre, il nous surprend toujours cet écrivain à la voix tellement douce.

Dans "Le mystère Henri Pick." il nous transporte dans le monde de l'édition, un monde qui peut être cruel ; nous percevons sans cesse son amour des livres, la souffrance de l'écriture, les blessures de l'écrivain qui n'arrive pas à se faire publier. D. Foenkinos a aussi essuyé des refus, il sait de quoi il parle. Proust aussi a eu quelques refus, je n'ai jamais lu Proust, je n'ai pas envie, il aurait pu se retrouver sur une étagère des livres refusés sans que cela me dérange.

"Comment croire ceux qui disent écrire pour eux ? Les mots ont toujours une destination, aspirent à un autre regard. Ecrire pour soi serait comme faire sa valise pour ne pas partir."

L'histoire : Il existe à Crozon dans le Finistère, une bibliothèque municipale tenue par J.P Gourvec, un taiseux, un homme fou des livres et qui sans doute aurait bien voulu écrire le sien, mais il ne l'a pas fait officiellement, mais peut être l'a t-il fait dans le secret, qui sait ? Gourvec a vécu un mariage malheureux, il aurait pu écrire "Les dernières heures d'une histoire d'amour."
Il avait décidé d'ouvrir un espace dans cette biblio, un espace pour les livres refusés, mais les auteurs devaient en personne venir déposer les livres, il voulait faire "des échecs des autres, sa propre réussite." Ces livres restaient là sans que personne ne s'y intéresse, ils prenaient la poussière sous les yeux de Magali la nouvelle bibliothécaire, Gourvec est mort, elle finissait aussi par oublier ces romans, posés là. Les titres les plus farfelus "La masturbation et les sushis" une ode érotique au poisson cru, etc.
Jusqu'au jour où Delphine et Frédéric son fiancé, écrivain refusé, rendent visite à la bibliothèque. Delphine travaille chez Grasset, ses parents ont une maison de vacances à Morgat. En parcourant les rayons des livres refusés, ils tombent sur un roman écrit par Henri Pick qui a tenu une pizzeria à Crozon, intrigués ils demandent l'autorisation de l'amener chez eux pour le lire et c'est une révélation pour Delphine, elle pense qu'il doit être publié, elle en est certaine, ce livre sera un best-seller, mais avant il faut rencontrer la famille d'Henri Pick, Madeleine sa veuve, Joséphine sa fille. Madeleine tombera des nues, elle n'a jamais vu Henri écrire "que la liste des courses". Elle ne peut pas croire qu'elle ait pu vivre si longtemps à côté d'un "Fitzgerald de la pizza." ce n'est pas elle qui dit ça, elle ne connaît pas Fitzgerald. Pour elle ce sera un vrai séisme.
Ce livre bouleversera la vie de toutes les personnes qui s'y intéresseront de près. Des parcours croisés des personnages.  Il bouleversera surtout la vie tranquille de Madeleine qui se demande comment son mari a pu lui cacher cette passion d'écrire, on ne connaît jamais les pensées secrètes de l'autre, après tout pourquoi pas ? 
Le livre sera un grand succès, mais un homme doute, un ancien critique littéraire, ruiné, un peu alcoolique, désoeuvré, il ne croit pas au buzz, il cherchera à comprendre..

Je vous laisse découvrir la suite, la fin est surprenante, je n'ai pas eu une seconde l'intuition du nom de l'auteur. Tout le talent de D.Foenkinos.

J'ai aimé l'amour des livres, le lecteur qui se reconnaîtra toujours dans un livre "C'est incroyable, vous avez écrit ma vie." Il faut toujours lire le livre qui nous correspond, que ce soit un roman de gare ou le livre ardu d'un philosophe. Peu importe, la lecture est un moment magique.
La description des dérives de la notoriété, tout le monde veut avoir sa minute de gloire et cela passe souvent par la télé, Madeleine non, elle était tranquille dans sa petite maison de Crozon, ce sont les médias qui s'empareront d'elle, même François Busnel a effectué le déplacement, j'ai beaucoup ri, le microcosme parisien au bout du monde.

La façon de créer un buzz. Sa façon malicieuse de mêler des noms réels du monde de l'édition à des noms inventés, quelques bas de page(s) "Comme si la reconnaissance consistait à être compris. Personne n'est jamais compris, et certainement pas les écrivains. Ils errent dans des royaumes aux émotions bancales, et, la plupart du temps, ils ne se comprennent pas eux-mêmes."
J'ai beaucoup aimé le personnage de Magali, si mal dans son histoire de couple et qui retrouve pendant quelques jours le bonheur d'aimer avec un jeune homme qui pourrait être son fils. Là aussi Foenkinos nous émeut.
"Il est difficile de dater le début du déclin d'un amour. C'est progressif, insidieux, l'aisance sournoise des agonies...Quant les enfants seront grands, on pourra se retrouver, pensaient-ils. Ce fut exactement le contraire."

Pour finir, j'ai aimé que cette histoire se déroule à Crozon, en Bretagne, au bout du monde, un merveilleux bout du monde.

J'ai aimé, adoré cette histoire pétillante, ce roman dans le roman, je ne peux que vous conseiller de le lire. Je l'ai lu en deux jours, je l'ai fini dans la voiture, en route pour Vichy, une passagère pas très bavarde dans ce cas là.

Bye MClaire.