samedi 9 février 2019

"ça raconte Sarah" Pauline Delabroy-Allard.



Ce livre est un prêt de Michelle "tu verras, c'est pas mal". Je ne l'aurais sans doute jamais acheté, je n'avais jamais entendu parler du bouquin, j'ai vu sur Internet qu'il avait été souvent cité pour les prix de l'automne 2018.

Une histoire de passion amoureuse dévastatrice entre deux femmes. Elle est professeure, a une petite fille, un compagnon. Sarah est musicienne, violoniste, fait partie d'un quatuor. Elles se rencontrent chez des amis le soir d'un réveillon.
"Sarah, sa beauté mystérieuse, son nez cassant de doux rapace, ses yeux comme des cailloux, verts, mais non, pas verts, ses yeux d'une couleur insolite, ses yeux de serpent aux paupières tombantes...'
Le mot qui revient le plus souvent "vivante", elle est vivante, fantasque, n'a jamais eu d'aventure amoureuse avec une femme, mais ce soir là elle est exaltée, animée, passionnée.
L'autre est en état de latence, vit une relation où tous les jours se ressemblent "Je m'applique à vivre la vie. Je ne la vis pas vraiment. Mais je suis bonne élève."
A partir de ce soir là Sarah s'introduira dans la vie de l'autre, des lettres, quelques mots puis une invitation pour aller écouter un concert, voir un film, une pièce de théâtre, elles se voient de plus en plus jusqu'au jour où Sarah lui dit "Je crois que je suis amoureuse de toi."  Une tempête.
Je ne raconte plus rien...

Finalement, ce livre n'est pas vraiment un bouquin sur l'homosexualité de ces deux femmes, c'est surtout un roman qui raconte la passion qui détruit tout, que cela soit entre un homme et une femme ou entre deux êtres du même sexe.
Sarah dévore l'autre, une obsession, Sarah est le feu, l'autre finit par ne plus pouvoir vivre sans la violence de Sarah. La passion se termine souvent souvent très mal, comment vivre un amour tranquille après la passion? 
Les mots sont vibrants d'amour et se transforment au fur et à mesure de la lecture, Sarah ne veut plus aimer, Sarah est malade..L'autre souffre, l'autre veut fuir... Cela tourne presque à la folie. Le style d'écriture est très beau. 
J'ai aimé la première partie du livre qui ne nous laisse pas un moment de répit, la seconde partie est plus dérangeante, comment peut-on fuir l'être aimé, son teint cireux, son crâne entièrement chauve? Tout ça est contradictoire, lorsqu'on aime nous devons aider l'autre à ramasser ses cheveux dans une baignoire, se décider à lui raser la tête pour éviter de retrouver des poignées de cheveux sur un oreiller, ne pas la laisser seule face à la maladie qui détruit son corps.
La passion ne supporte sans doute pas les faiblesses d'un corps.
Comment peut-on laisser son enfant ?
La fin du roman se déroule à Trieste, la bora souffle, un vent qui peut vous faire chuter, l'autre ne bougera plus, allongée dans le lit de la chambre rose.. Et Sarah? 
Et il y a la musique omniprésente, je ne pouvais pas m'empêcher d'aller sur Youtube pour écouter les morceaux cités, la magie de la musique, elle magnifie le musicien.
"Dans le silence étourdissant. L'octuor de Mendelssohn et elle premier violon. Huit corps, trente-deux cordes, tout est immobile. Plus rien ne bouge. La vie est figée.ça va durer cent ans, comme dans les contes. Mais non. Son mouvement de menton et tout bouillonne. Elle est une flamme qui déferle, dans tout l'allegro"

Voilà, ce livre qui n'est pas parfait est avant tout le récit d'une passion dévastatrice, à vous de décider de le lire ou pas.

Bye MClaire.