vendredi 5 novembre 2010

 De l’Algérie où je suis née à Vannes où j’habite (en fait Baden)

Hier, en partant du club, nous sommes passés par la ville, puis par la Rabine qui longe le port, tous les arbres avaient revêtu leur parure d’automne. A chaque fois, j’ai toujours un vrai coup de cœur pour cette ville et je répète « Quelle jolie ville, cela me ferait vraiment de la peine de partir ». Evidemment, rien ne m’y oblige, sauf un coup de tête, ça m’est déjà arrivé de décider de déménager pour aller ailleurs alors que je me plaisais bien dans un coin, j’avais envie de nouveauté.
Je lisais les avis de certaines personnes en ce qui concerne Vannes sur Linternaute, ville à la population qui vieillit, bourgeoise, manque de manifestations culturelles, difficile de circuler à certaines heures ;  mais elle ne peut pas tout avoir cette ville, situation au bord du golfe, des balades le long des chemins côtiers, une vieille ville à parcourir, un riche patrimoine, un  climat tempéré, personnellement je connais très peu de personnes qui n’aiment pas Vannes, (si une, mais je ne vais pas la dénoncer) alors si un jour vous êtes en Bretagne, n’hésitez pas à passer par Vannes, et vous direz comme moi « Quelle jolie ville », j’avais juste envie de partager mon amour pour cette ville, j’habite Baden à 12 km pour des raisons financières, l’immobilier est hors de prix à Vannes. Bizarrement, lorsque j’étais enfant et que j’habitais de l’autre côté de la méditerranée, Vannes me faisait rêver en apprenant la géographie ou l’histoire, à la fin du moyen âge cette ville était le lieu favori des ducs de Bretagne.

Cette semaine à la télé l’Algérie fait l’objet de nombreux reportages et même d’un téléfilm sur le général De Gaulle, j’ai regardé, je savais déjà pas mal de choses mais Serge Moati a eu le mérite de nous faire découvrir la vérité dans toute sa cruauté, on nous mentait, nous sommes passés de l’espoir au désespoir. Toutes les manœuvres étaient inavouables, on nous considérait comme des immatures. Les atrocités étaient commises des deux côtés, on ne peut pas revenir sur l’histoire, mais pourquoi ne pas avoir négocié dès le départ de l’insurrection ?
Cela aurait évité bien des carnages, nous ne saurons jamais si la cohabitation après une décolonisation rapide aurait été possible.
Mon père est décédé il y a presque deux ans, il était adepte de l’ordre par le vide, cela veut dire qu’il ne gardait pas ses papiers, sauf ceux qui étaient absolument nécessaires. Nous avons été obligé de fouiller dans une petite sacoche pour retrouver quelques renseignements et là il y avait une lettre qu’il avait conservée, mes parents avaient laissé en Algérie tout ce qui leur appartenait, les meubles, le linge, les photos, ils avaient fait l’acquisition d’une télé après le « Je vous ai compris » de De Gaulle, ils avaient la certitude qu’un transporteur effectuerait leur déménagement, rien n’est jamais arrivé, je me souviens de leur attente et chaque jour de leur déception .Mon  père avait écrit en Algérie à un responsable pour se renseigner, la réponse avait été cinglante « Ne vous avisez pas à venir chercher vos biens », Il avait gardé cette lettre que je n’avais jamais vue, et je suppose qu’il devait la lire souvent, celle lettre avait 47 ans.
Ma mère va sur ses 91 ans et elle n’a pas toujours sa tête, à chaque fois que je vais à Paris elle veut absolument me donner sa ménagère pour l’offrir à ma fille, elle est persuadée qu’elle est en argent comme celle qu’elle avait en Algérie et qui est restée là-bas, alors que c’est tout simplement de l’inox, elle confond tout, elle reste avec ses souvenirs.
Pourquoi tant de reportages sur l’Algérie en ce moment, alors que ce sujet a si longtemps été tabou ? Je suis la dernière génération qui a encore des souvenirs. Le secret défense est donc levé, c’est comme si on nous avait dit « On vous a menti, mais c’était pour votre bien, pour ne pas vous faire souffrir » Balivernes, la souffrance a été intacte jusqu’à la fin pour ceux qui sont partis. Heureusement,  pour ceux de ma génération l’adaptation a été rapide, la nostalgie moins grande, nous ne souffrons pas, je suis juste très en colère lorsque je découvre les dessous de la politique comme dans le film de Moati ou hier soir dans le documentaire « Mitterrand et l’Algérie », Mitterrand qui votait pour la peine de mort à l’époque, il a sans doute voulu se racheter plus tard en abolissant cette même peine de mort. Les mensonges qui ont couverts tous les moyens pour arriver à la fin. La vie des uns et des autres ne représente pas grand-chose face à l’aspiration au pouvoir. Personnellement, je garde toujours une certaine tendresse pour tous ceux que j’ai connu de l’autre côté de la méditerranée, nous n’étions pas fait pour vivre ensemble dans un pays colonisé, mais nous avions tout de même des relations amicales, il n’y a qu’à regarder les images du forum d’Alger lorsque De Gaulle est venu nous dire « Je vous ai compris ».
Chez nous la famille était grande, « heureusement » ce mot n’est pas vraiment adapté, je n’ai eu « qu’un » cousin qui a été tué dans la rue par deux balles dans la nuque, c’est toujours une victime de trop, mais il y a eu des familles entières décimées, des familles arabes ou européennes.

Il y a eu un moment où nous espérions retourner là bas avec notre fils aîné qui est né à Miliana, il avait deux mois lors de notre départ, j’aurais voulu qu’il connaisse son pays de naissance, mais c’est fini, l’envie n’est plus là, et surtout j’ai tellement peur d’être déçue.
Je ne regrette rien, j’habite ici et j’habite tout près de Vannes, cette si jolie ville qui me faisait rêver enfant. La boucle est bouclée.

Je suis entrain de lire « Nom de jeune fille » de Françoise Bourdin, gentillet, un peu roman-photo, fleur bleue, mais ça se lit, et cette histoire arrive aussi dans la vraie vie. Un mari médecin dans un hosto qui trompe sa femme, mais qui ne veut surtout pas la quitter, elle est belle, intelligente, lui a fait deux beaux enfants, jusqu’au moment où elle découvre tout et décide de le quitter pour reprendre son métier, médecin aussi, une histoire banale mais aussi une leçon pour les femmes qui se consacrent à leur foyer et qui se font larguer pour une nénette de 20 ans aux seins hauts et à la peau fraîche.
Ma prochaine lecture, toujours de Didier Van Cauwelaert « La Demi-Pensionnaire » l’histoire d’une femme assise dans un fauteuil roulant qui peut aider un homme à se relever. D’après les critiques un de ses meilleurs romans.



Les dessins, j’adore celui de J.L Borloo qui est taxé d’instabilité, par contre je n’aime pas du tout la réputation qu’on lui fait, est-ce que cela a été vérifié ? Dur de se défaire d’une rumeur.
J.L Borloo est sympathique, mais c’est vrai il fait un peu dilettante, ce n’est pas un tueur en politique ou alors je me trompe.






Un sur Dany, si il laisse tomber la politique il nous manquera, il a peut être autant de talent pour commenter un match, alors on ne s’ennuiera pas.





Celui sur les élections aux USA est pas mal non plus. Ces sacrés français qui veulent toujours donner des leçons aux autres.  Bye MClaire.