dimanche 26 mai 2013

Le festival de Vichy, heu! non, le festival de Cannes est fini. J'ai un peu suivi, mais surtout aujourd'hui , c'était la distribution des prix. Je suis toujours fascinée par le cinéma, les actrices, les beaux acteurs, les jolies robes qui traînent par terre, des robes de princesse, les bijoux ne sont pas pour moi essentiels. Un peu suffoquée en voyant la robe d'Emmanuel Seigner, elle aurait été nue cela n'aurait pas été pire, elle était au bras du sulfureux Polanski, son mari.
Il fut un temps, c'était le cinéma américain qui était le plus récompensé à Cannes, bizness oblige, depuis l'émergence des pays asiatiques ce sont eux qui reçoivent des récompenses, bizness oblige.
 
Kim Novak, 80 ans, la belle Kim qui a dû faire rêver des millions de garçons au temps de sa splendeur, était là. Liftée, une silhouette de jeune femme, mais il a fallu l'aider pour descendre deux marches, difficile de tricher.
Après quelques hésitations, j'irai sans doute voir le film "Le passé" avec Bérénice Béjo, ça doit être très triste, mais puisqu'elle a obtenu le prix de la meilleure actrice, il doit valoir le coup. Les films récompensés ne sont pas toujours des films qui font des entrées, c'est bien connu, souvent trop cérébraux. Je vais au cinéma pour passer un bon moment, pas pour m'ennuyer et essayer de comprendre où le metteur en scène veut arriver. En même temps, les films de Dany Boon ne m'ont jamais fait rire !
Vive le cinéma, dernier bastion du rêve à notre époque, avec les livres.

 
En voyant ce dessin sur internet, dessin de Jacques Ferrandez pour une adaptation de "L'étranger" de Camus, j'ai eu un pincement au cœur en voyant le car rouge sur la route.
Cela me rappelait exactement les cars qui circulaient sur les routes d'Algérie. Mon premier souvenir aussi net, j'étais toute petite 4 ans peut être et ma mère m'amenait à Alger, nous n'habitions pas si loin d'Alger, mais nous n'avions pas de voiture et nous ne nous déplacions pas facilement. Assise sagement au début, je commençais à ne pas tenir en place, j'étais dans l'allée du car, chaque main posée sur les accoudoirs et d'un seul coup la mer, j'ai crié "Maman, la mer, regarde." et j'ai fait quelques galipettes dans le car. Je revois la scène comme si c'était hier. Ma mère essayait de me calmer, cette petite fille était décidément insupportable. Je ne me souviens plus du nom de la compagnie des cars en Algérie.
Pour revenir à l'adaptation de 'L'étranger" il paraît qu'elle est très réussie, une rencontre entre un auteur et un dessinateur. J'ai relu "L'étranger" il n'y a pas longtemps. Camus est fascinant.

Journée magnifique aujourd'hui, ciel bleu, soleil, seul un petit vent un peu frais pouvait nous déranger, il suffisait de se mettre à l'abri, j'avais chaud, je changeais sans arrêt mon transat de place. Je lisais, complètement conquise par "Mort d'un berger" de Franz-Olivier Giesbert.
Une vraie pépite ce petit livre publié en 2002.
Je connais Giesbert en tant que journaliste, animateur d'émissions politiques ou autres, il a du talent. J'avais lu un seul livre de lui, une biographie de François Mitterrand.
Sylviane du club de Vernon avait amené des livres à Vichy, merci, mille fois merci pour m'avoir donné un si beau moment de lecture.
Si vous aimez les livres de Barjavel, Clavel et Giono, des écrivains du terroir vous aimerez ce bouquin.
L'histoire se passe dans le Mercantour, la limite entre les Alpes et la Provence, un vieux berger Marcel Parpaillon vit là, dans une bergerie, aidé par Mohamed, appelé Mohamed VI, muet, dévoué, le fils de Marcel est revenu chez son père, mais un jour Patrick est retrouvé mort sur un sentier de montagne, une vilaine morsure au cou, il est tombé en arrière sur des pierres. Qui est l'auteur du crime? Parce que c'est un crime. Le voisin tant haï qui possède un molosse?
Une jeune femme fait son apparition dans le village Juliette Benamou, un peu nymphomane, elle tombe amoureuse de Mohamed. Qui est Juliette?
L'histoire se corse lorsque des brebis sont tuées, sans doute par un loup, les loups commencent à être introduits dans le Mercantour, le grand malheur de Marcel Parpaillon qui décide de l'éliminer alors que la loi l'interdit.
J'ai été éblouie par le vocabulaire et la façon d'écrire de Giesbert, chaque page recèle un mot que je ne connais pas, pour l'anecdote, il y a PIAPIATER, le grand prix à Pougues, mais attention, il y a de nombreux mots qui ne sont pas admis au scrabble, il faut vérifier.
Il y a la montagne si belle et si secrète, celle des touristes et celle des bergers. La montagne écrasée de chaleur, propice aux ébats amoureux de Juliette et de Mohamed, la chaleur exacerbe les sens, ils s'en donnent à cœur joie, mais tout est décrit avec des jolies phrases "Ils étaient trop occupés à se tripoter, derrière lui, avec quelque chose qui ne cessait de grandir en eux, une mer qui venait, tandis que leurs chairs frissonnaient sous les mains qui passaient."
Le monde de la télé est décrit en quelques phrases, l'auteur connaît bien :
"Y a tellement d'imbéciles, là-dedans, qui passent leur temps à se congratuler en se faisant dessus et par-derrière. Tout ça, en circuit fermé. Vous imaginez les odeurs là-dedans ! Non, vous n'imaginez pas, parce qu'elles sont inimaginables."
Un conseil aussi "Les ennuis arrivent toujours quand on commence à parler. C'est rassurant, d'ouvrir son cœur, et puis ça fait du bien partout. On se sent la tête légère. La respiration devient plus facile. Le sang circule mieux. On transpire moins. Mais ça finit par tuer l'amour, la parlote, car l'amour n'aime rien autant que le silence."
Bon, je suis mal barrée, mais depuis tant d'années il m'aurait bien dit de me taire !!!
Ce livre est aussi un hymne à la femme :
"Si Dieu avait été une femme, le monde n'en serait pas là."
Une note optimiste, la mort n'est pas triste, nous sommes tous des poussières d'étoile, un petit tas d' acides aminés qui pantelle dans l'infini.
C'est un livre un peu policier, pas trop, écolo oui, disons éco-policier. Après Dieppe que j'avais envie de connaître, voilà que le Mercantour m'attire aussi, je connais un peu, mais après avoir lu le bouquin j'ai très envie d'y séjourner. J'adore la montagne, j'irai même voir "Belle et Sébastien" lorsqu'il sortira en décembre.

Ce livre est un régal, si vous ne l'avez jamais lu, allez-y, il doit bien encore se vendre. Je vais me mettre à la recherche d'autres livres de Giesbert.

J'ai lu aussi "La mort de Napoléon" écrit par Simon Leys. Un tout petit bouquin amusant. Que serait devenu Napoléon s'il n'était pas mort aussi tôt. L'auteur imagine Napoléon évadé de St-Héléne en laissant un sosie sur l'île. Napoléon en vendeur de melons, ou visitant Waterloo, puis amoureux d'une femme 'l'autruche" dont il ne connait même pas le nom, c'est vraiment surprenant, j'ai beaucoup souri. Les situations sont cocasses, un homme qui a été l'homme le plus puissant du monde, qui retourne à un destin qu'il n'avait pas imaginé.

Bye MClaire.