mercredi 7 août 2013

La première chose qu'on regarde.



J'ai toujours pensé que les critiques de cinéma ou de littérature étaient jaloux lorsqu'ils écrivaient un article féroce sur un film ou un livre. Ce sont souvent des cinéastes ou des écrivains ratés, ils auraient bien voulu écrire le livre, ou tourner le film qu'ils démolissent.
Un film n'est jamais vraiment mauvais à 100 %, un livre non plus. Tout dépend de ce que l'on aime, tous les goûts sont dans la nature. Enfin, c'est ce que je pense lorsque les critiques ne sont pas de mon avis.....
J'ai lu de très mauvaises critiques du dernier livre de Grégoire Delacourt "La première chose qu'on regarde", de très bonnes aussi.
Personnellement, j'ai beaucoup aimé. C'est un livre que vous pouvez dévorer en quelques heures s'il vous intéresse évidemment.
J'avais lu "La liste de mes envies" avec plaisir, l'histoire de cette petite mercière qui gagne au loto était attendrissante. J'ai trouvé "La première chose qu'on regarde" beaucoup plus abouti, un autre style, l'auteur fait des progrès.
Une imagination débordante qui peut déranger, je le concède, de la férocité, des sentiments, de nombreuses références à la musique et au cinéma.

L'histoire :

 
Ce soir là Arthur Dreyfuss vêtu d'un marcel et d'un caleçon (oui, il est tout seul chez lui, il a le droit non ?) regarde un épisode des Soprano, pour mémoire, une des plus grandes séries américaines, des histoires de mafieux, le personnage principal est mort en Italie au mois de juin pour de vrai, Arthur plongé dans sa série entend sonner à sa porte, il ouvre, écarquille
 
les yeux, Scarlett Johansson en personne, pas de doute les nibards sont bien à elle, elle est belle et triste. Arthur n'en croit pas ses yeux, lui qui est fan des grosses poitrines adore Scarlett. Elle demande à entrer dans la minuscule maison, s'installe, parle avec un délicieux accent américain, demande l'asile pour quelques jours, elle en a assez d'être poursuivie par les journalistes, veut la paix. Arthur ne comprend plus rien mais accepte, qui mettrait à la porte Scarlett, surtout pas lui le petit garagiste de vingt ans, pas gâté par la vie, malheureux enfant, il lui arrive un truc incroyable, il ne veut pas gâcher ces instants.
Hélas ! Ce n'est pas Scarlett, juste Jeanine Foucamprez son sosie, une écorchée par la vie, trop belle et qui est tombée amoureuse d'Arthur en le voyant un jour porter secours à un enfant sur son vélo, Jeanine faisait une tournée publicitaire et passait dans ce village du nord de la France.
Commence une histoire d'amour, touchante, bouleversante, mais on sait très vite qu'elle tournera mal.

Lisez la suite, je vous recommande ce bouquin, à condition d'entrer vraiment dans l'univers d'Arthur, de ne pas trouver mièvres les allusions à Céline Dion comme le font ces snobinards de critiques. Céline Dion est aimé par des millions de fans, ils ne sont pas tous idiots tout de même. Il y aussi "Can you see the real me" C.Jérôme, là je connais un peu plus, vous pouvez écouter en cliquant sur le lien, C.Trénet.
Jeanine aime bien la pâte d'amande et les petits nains en plastique avec leurs scies sur les bûches de Noël, et alors, des milliers de gens aiment bien la pâte d'amande, l'auteur décrit juste la réalité, méchant critique qui n'a jamais goûté à la pâte d'amande de la bûche de chez Audiard ou Fauchon, puisqu'il n'y en n'avait pas, servie par ses parents dans les beaux quartiers, pas de petits nains en plastique, pas de petits bouts de meringues qui se transforment en champignons sur la bûche de monsieur Tout le Monde, c'est bien dommage pour lui. J'avais les yeux qui pétillaient lorsque la bûche arrivait sur la table, qui aurait en premier le morceau de pâte d'amande ou le bout de meringue ?

Les petits bols "Elle" et "Lui" il y en a dans plein de cuisines, pas chez moi, j'ai celui à pois et Christian celui avec des rayures, ils sont très beaux nos bols. Faut pas se moquer, vilain critique.

J'aime le cinéma, j'ai aimé les références à des films et à des acteurs, même si certaines de ces références me sont vraiment étrangères, je ne connais pas par cœur le cinéma américain. Que le patron d'Arthur ressemble à Gene Hackman me plaisait bien, il a une belle gueule Gene Hackman, ou il avait une belle gueule, il doit avoir 82 ans maintenant, quel acteur !

 
Ce que j'ai aimé par dessus tout est l'idée de l'apparence , le poids des apparences, on peut être très malheureuse  même en étant très belle, la beauté peut être source de souffrances, Jeanine est souvent confondue avec Scarlett, aimée parce qu'elle ressemble à l'actrice et elle veut absolument être aimée pour elle même. J'ai eu une vraie tendresse pour Jeanine/Scarlett qui ne veut pas perdre son identité.
De nombreux enfants sont malheureux dans leur propre famille, Arthur a vécu une enfance terrible, un père qui disparaît après le drame de la mort de sa petite sœur, sa mère sombre dans la folie, ça arrive aussi dans la vraie vie, des enfants qui meurent tragiquement et des parents qui ne surmontent pas laissant à la dérive celui qui reste et qui devra se reconstruire seul. Les blessures de l'enfance peuvent marquer à jamais, c'est très bien décrit par l'auteur.
Avec la maturité mais beaucoup trop tard, la jeunesse n'est pas toujours synonyme de compassion, j'ai compris les silences de mes beaux-parents qui ont vécu un drame terrible avec leur premier enfant qui est parti à l'âge de 4 ans, ils avaient choisi le silence mais ont été exemplaires dans leur façon de continuer à vivre avec ceux qui sont arrivés après, Christian n'a jamais su lorsqu'il était enfant, il n'a donc pas été perturbé, ses souvenirs d'enfance sont toujours agréables. Vous voyez ça arrive aussi dans la vraie vie monsieur le critique.

Vous avez compris, j'ai beaucoup, beaucoup aimé ce bouquin écrit par Grégoire Delacourt qui est aussi publicitaire, c'est bien ce que les critiques lui reprochent de vendre ses livres comme un produit, moi je ne trouve pas, c'est vrai, je n'ai pas encore lu M.Proust (je radote)

Bye MClaire.