jeudi 1 août 2013

Les morues - Un livre pour l'été.


Ce n'est pas un chef d'œuvre, un livre inoubliable, mais il se lit avec plaisir, c'est bien tout ce que je demande à un livre pour l'été. Avant d'écrire son premier roman, l'auteure écrivait un blog qui avait beaucoup de succès.

J'ai commencé doucement, l'histoire de ces amies qui forment le club "des morues" ne me passionnait pas vraiment, je lisais parce que j'ai horreur d'abandonner la lecture d'un livre dès le départ et j'ai eu raison de persister.
L'histoire semble légère mais elle est bien écrite, très bien écrite et finalement pas si légère que ça. Le mal être d'une génération de femmes qui ont la trentaine ; vient se greffer dans ce club Fred, le bon copain, elles se retrouvent donc à quatre à leur réunion dans le bar d'Alice.
Il y a aussi Gabrielle descendante de Gabrielle d'Estrées, la favorite d'Henri IV, Ema personnage principal du livre, journaliste un peu rebelle et Fred, un jeune homme surdoué qui ne veut surtout pas d'une vie extraordinaire, il veut juste être normal, se fondre dans la masse au point qu'après avoir fait les grandes écoles il décide de prendre un poste de secrétaire dans une grosse entreprise, là où personne ne lui demandera de prendre des responsabilités. Il manque complètement de confiance en lui, c'est certainement pour cette raison qu'il est accepté par les trois copines.
Fred est obsédé par le sexe, l'amour mais il n'arrive pas à garder une nana. Il écrit un blog sous le pseudo de "Persona" titre d'un film d'Ingmar Bergman.
Ces filles, héritière du féminisme voudraient tout, l'amour mais être libres, du travail pour leur indépendance, un homme pour les consoler, elles recherchent l'équilibre parfait au cours de leurs discussions dans le bar d'Alice en sirotant pas mal de vodka.

L'histoire débute par un enterrement, l'enterrement de Charlotte amie d'enfance d'Ema, elle s'est suicidée avec une arme à feu, peu après la soirée consacrée à Kurt Cobain, le chanteur qui s'est aussi suicidé avec une arme à feu. Personne ne comprend le geste de Charlotte, un bon boulot, elle venait de se marier avec "Tout-mou". Peu à peu mûrit dans l'esprit d'Ema l'idée d'un meurtre, Charlotte s'occupait d'un dossier sensible. L'histoire bascule dans le polar, il y a les magouilles politiques, les privatisations qui se préparent.

La mort de son amie va bouleverser la vie d'Ema, elle se déconstruit, pense devenir folle, ne croit plus à son histoire d'amour avec Blister qui est elle aussi en train de basculer dans les habitudes. Elle se fait jarter de son boulot, se retrouve au chômage. Tout est remis en question et encore une fois la vodka est de la partie pour l'aider à surmonter toutes ses interrogations, elle peut aussi manger des tartines de Nutella. L'alcool est hélas trop souvent présent dans la vie des jeunes, ça ne résout rien, bien au contraire.

J'ai bien aimé la fin du livre que je vais vous laisser découvrir. La fin correspond à mes idées.

Ce livre a été adapté au cinéma par Sylvie Testud, j'en n' ai aucun souvenir, le film n'a pas dû être à la hauteur du succès du livre.

Mon avis ;

Je suis vraiment contente de ne pas avoir vécu ma trentaine à notre époque, la mienne a été plus douce. Internet est venu bousculer tous les paramètres de la vie des jeunes. Tous les personnages qui peuplent ce bouquin ne sont certainement pas caricaturaux de notre époque, je suis certaine qu'ils existent en nombre.
En lisant j'ai quelquefois eu l'impression que les femmes de ma génération étaient des extraterrestres, je n'ai jamais eu l'impression d'être une femme soumise, malheureuse, contrairement à ce que pense l'auteure lorsqu'elle décrit ces femmes qui ont mon âge, je suis une femme, lui est un homme, nous ne nous sommes pas semblables mais nous nous accordons.
L'alcool et le sexe sont omniprésents dans ce bouquin, la recherche de l'être parfait en se livrant aux hommes ou aux femmes, les déceptions après les expériences ratées.
C'est un livre de notre époque, écrit avec les mots d'aujourd'hui. Avec internet les rapports des jeunes et des moins jeunes peuvent manquer d'authenticité, tout peut être factice.
Finalement ils recherchent quoi ces jeunes ? Le repos, la sérénité, mais ils s'y prennent mal, ils y arrivent quelquefois après bien des déboires et le pire est que certains n'envisagent pas une vie entière avec la même personne. A mon avis lorsqu'on décide d'entamer une histoire avec quelqu'un, il faut se préparer à des très beaux moments, des engueulades, des moments où l'on pense que tout à échoué, des renaissances. La vie à deux n'est pas toujours un long fleuve tranquille, mais ça vaut le coup d'essayer de vivre toute son existence avec le même être qui nous connaît "presque" par cœur, je ne crois vraiment pas aux couples qui disent "Jamais un mot plus haut que l'autre". Pour moi la chose la plus importante est le respect de l'autre, je n'aurais jamais pu supporter de vivre avec quelqu'un qui ne m'aurait pas respectée ou que je n'aurais pas respecté, c'est l'élément le plus important après l'amour évidemment. 
Il y a un très beau passage de Musset :
"Il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on dit : J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé.
C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui." (On ne badine pas avec l'amour.)

Bye MClaire.