dimanche 24 août 2014



Toute l'histoire de ce roman est dans le titre.

C'est le deuxième livre de Sophie Simon "Après le très remarqué American clichés, Sophie Simon signe un roman virtuose qui déroule les destinées drôles et poignantes de personnages hantés par les liens du sang et du coeur".
Je n'ai pas lu le premier mais si l'occasion se présente, enfin si je le trouve dans les rayons de la Fnac, j'aimerais le lire, tous les livres ne sont pas édités en poche.

Vous avez certainement compris, j'ai adoré ce livre, jusqu'aux larmes et quelquefois j'ai souri, mais avant tout il est émouvant.

Gary habitait Cleveland, un quartier ni riche, ni très pauvre, un enfant élevé par sa mère, son père est parti vivre sa vie lorsqu'il était tout gamin " Je dois maintenant penser à moi...Je me suis perdu de vue en ne pensant qu'à toi". Mélany la maman doit élever seule son fils. Gary ne comprend pas ce départ, cet abandon, gardé par une baby-sitter, le lien fusionnel avec sa mère persiste mais il doit faire semblant de ne pas souffrir, jouer l'indifférence, les enfants savent très bien faire ça alors qu'ils souffrent horriblement de la situation.

Franck son copain de toujours et voisin est là pour lui rendre la vie plus agréable, ils sont inséparables pendant des années jusqu'au jour de l'accident, Gary se bat avec lui, le fait tomber sur la tête et Franck si brillant perdra quelques fonctions cognitives, il aura du mal à se concentrer, ne sera plus le Franck d'avant. Gary ne le verra plus et la culpabilité sera sa compagne pendant des années. Tracy la jeune fille qui faisait partie de leur bande  de copains est celle que convoitait Gary, elle partira vivre avec Franck, un échec pour Gary, un autre abandon.

Il y a un monde entre Cleveland et New-York, Gary partira tenter sa chance dans cette ville qu'il ne connaît pas, là où vit son père qu'il n'a pas vu depuis vingt ans et qu'il refuse de revoir. Les événements s'enchaîneront, le hasard conduira sa vie....

Il faut lire la suite de ce livre, il doit vous plaire.

Ce que j'ai aimé :

La description des liens d'amitié, une amitié trahie, lorsqu'un des personnages attend le mot pardon qui sera prononcé très tard, après bien des années.
L'histoire d'une amitié où l'un domine l'autre :
"Tu obstruais mon passage, m'empêchais d'atteindre un idéal inaccessible : ma propre vie.
Il fallait que je te rejoigne ou que je t'élimine. De rage, j'ai voulu me grandir contre toi. Te haïr...et j'ai tout construit dans le saccage et le rejet du seul être auquel j'aurais dû tendre la main. Le seul être qui s'est bâti lui-même, indépendamment, avec la même constance, la même obstination ; suivre sa voie".

Le miroir aux alouettes de la réussite, les déceptions, les humiliations jusqu'à perdre toute dignité. La réussite à tout prix.

Un roman sur les liens du sang, les parents qui bouffent les enfants, d'autres parents qui s'éloignent sans se soucier de la détresse des enfants, les enfants un peu cruels qui veulent faire payer les années de souffrance alors que le père ne veut qu'une chose retrouver ce fils qu'il a délaissé, il le fait d'une façon très maladroite parce qu'il ne sait pas comment s'y prendre. Les dernières pages sont magnifiques, la violence des sentiments s'expriment pleinement dans ces pages.
Le voyage en voiture avec son père pour rejoindre Franck est magnifiquement décrit, ils prennent conscience tous les deux du gâchis provoqué par toutes ces années où ils ne se sont pas vus.
Vern le père essaie de faire passer ses sentiments en récitant sans cesse un poème célèbre de Kipling :

"Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors, les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme mon fils....."

Gary répond - J'en suis loin.

C'est vraiment une histoire d'hommes, l'histoire d'un Gary qui ne sait pas devenir un homme parce que sa vie ne lui a pas permis de se construire vraiment et qu'il attendait sans cesse la reconnaissance, jamais sûr de lui, le regard des autres était la seule chose qui pouvait lui donner de l'importance. Il fera du chemin avant de retrouver l'estime de soi.

J'ai aimé le personnage de la maman Melany, un peu fantasque mais tellement mère. Tous les personnages de ce livre sont attachants à différents degrés.

Ce livre ferait un film magnifique si il était bien adapté et merci à Michelle pour le prêt.  Bye MClaire.