jeudi 2 juillet 2015

"Un ETE SANS LES HOMMES"


Découverte d'une écrivaine américaine. Un livre de poche acheté au pif, la quatrième de couverture me plaisait.
Je n'ai pas été déçue, j'ai savouré chaque page de ce roman plein de délicatesse.
Si vous aimez les livres qui "bougent" ce n'est pas celui-là qu'il faudra lire, à mon avis ça bouge mais dans les sentiments, pas dans l'action.

Mia la narratrice est poète, la cinquantaine, mariée à Boris un neuroscientifique, une fille Daisy actrice débutante.
Les premières pages du livre racontent le séjour de Mia dans un hôpital psychiatrique, une bouffée délirante après l'aveu de Boris, il veut faire une pause, il a rencontré une ravissante française dans son laboratoire, 20 ans plus jeune que lui, des vrais seins pas fabriqués, une belle intelligence, Boris s'est aperçu que ce qui est ne pourrait pas être, il fait sa crise, il veut vivre sa vie avec "la pause". Mia est dévastée par la douleur.
Après son court séjour à l'hôpital, elle décide de partir pour le Minnesota, vivre quelques mois dans une maison de location, près de sa mère qui passe ses dernières années dans une maison de retraite en compagne de quelques "pétillantes", elles ont surnommé leur groupe "Les cygnes". Elle donnera des leçons de poésie à sept ados, que se révéleront perverses, pleines de contradictions comme le sont tous les ados.
Mia a comme voisin un jeune couple et deux enfants très jeunes, les disputes sont continuelles, le mari est instable, coléreux mais aussi amoureux. Mia sera la confidente de Lola la jeune femme et le refuge des enfants lorsque Pete et Lola se disputent.
Les plus belles pages de ce livre sont celles où Mia se rend à la maison de retraite pour des visites aux veuves qui résident là en attendant la mort qu'elles repoussent jour après jour.
Ces femmes sont fragiles psychiquement et physiquement mais vivantes, gaies, gardent précieusement des secrets que Mia découvrira lorsqu'elle aura gagné leur confiance.
Evidemment, Boris est toujours là dans le cerveau de Mia, que fait-il? Dans un premier temps, elle ne veut pas répondre à ses messages, la douleur est trop vive, elle ne cesse de chercher ce qui a provoqué cette rupture et un jour Daisy leur fille avoue à sa mère qu'elle a revu son père, il ne va pas bien du tout, il faut que Mia réponde. Peut-elle pardonner? Le pardon sans doute mais elle ne pourra jamais oublier.
"Mais il y avait aussi l'histoire elle-même, l'histoire que nous avions écrite ensemble, Boris et moi, et dans cette histoire nos corps, nos pensées et nos souvenirs s'étaient si bien entremêlés qu'il était difficile de voir où se terminaient ceux de l'un et où commençaient ceux de l'autre".
Kierkegard est souvent cité dans le livre, ainsi que d'autres écrivains qui sont souvent américains, que nous connaissons moins. J'ai aussi aimé les références cinématographiques.

Je ne vous raconte pas la fin du livre.

J'ai tout aimé dans ce livre, le style, cette analyse du subconscient des autres, la description de la complexité de l'être humain. Ce n'est certainement pas un pamphlet contre les hommes, mais nous sommes si différents.
Les réflexions sur la vie, la mort, la vieillesse, sur l'enfance, les douleurs de l'enfance enfouies. Les douleurs des petits enfants qu'ils tentent de cacher en dialoguant avec leur "doudou" et avec une perruque que Flora la petite fille de Lola ne veut pas quitter. 
Les pulsions des ados qui s'acharnent à détruire l'une d'entre elles en envoyant des messages anonymes, on retrouve ça sur Facebook. La perspicacité de Mia qui leur fait endosser le prénom de l'autre pour décrire ce qu'elles pensent dans un texte.
Les erreurs des scientifiques au fil des siècles, Boris est un scientifique, les théories qui s'effondrent, nous vivons ce genre de situation.
C'est aussi un livre sur la comédie humaine, pas philosophique du tout, humain, tout simplement humain, un peu subversif mais en aucun cas féministe. 
Un coup de coeur.

Bye MClaire.