jeudi 8 octobre 2015




183 pages. Je l'ai lu. Je vais aller à contre-courant des critiques, me dissocier des autres lecteurs.
J'aime beaucoup Eric-Emmanuel Schmitt, je lis ses romans dès qu'ils sortent, certaine de passer un excellent moment, c'est un auteur érudit, une écriture riche, imagée, un peu philosophique, il est philosophe de formation, vous ne pouvez pas ne pas aimer "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran" ou "Les dix enfants que madame Ming n'a jamais eus" et bien d'autres bouquins
Là, je suis désolée, j'étais pressée de finir ce bouquin, mais paradoxe je le lisais doucement pour comprendre, je n'avais sans doute pas envie de me poser des questions sur mon propre parcours, une enfance et une adolescence très chrétienne, trop chrétienne, imposée, plus rien après, je n'ai plus la foi. Je crois, sans doute avec innocence, que quelqu'un me protège, mais ce quelqu'un a le visage tantôt de mon père, tantôt de ma grand-mère, je reconnais qu'il m'arrive dans un moment douloureux de sentir remonter en moi mon éducation catholique, mais c'est très bref, je pense aussitôt "Quelle hypocrisie, tu ne pratiques pas." Tout ça est très complexe et souvent dérangeant
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La révélation de la foi en Dieu dans le désert, je n'y croyais pas. Le désert est toujours un parcours initiatique pour de nombreuses personnes, pour d'autres pas du tout.
La présence de l'ermitage de Charles de Foucauld à Assekrem, ce noceur qui avait reçu la révélation mystique un jour d'octobre dans l'église Saint-Augustin à Paris, a peut être influencé l'esprit de l'auteur, il n'avait que vingt-huit ans, un âge où tout est encore perméable.
Je crois l'auteur qui a perçu ce feu alors qu'il était perdu dans le désert, mais que Dieu se révèle à lui en une nuit, je reste sceptique, il l'écrit aussi "Ce récit s'il ébranle certains, ne convaincra personne..J'en suis conscient. J'en souffre.."
ou "La perspective de quitter le Hoggar me fragilisait. A mesure que le temps passait, que le mont Tahat s'éloignait, je portais un regard critique sur ma nuit étoilée.. Ne m'étais-pas emballé trop vite ? N'avais-je pas interprété de façon mystico-religieuse des phénomènes purement somatiques?
La soif, la faim, l'épuisement avaient affecté mon corps et m'avaient conduit au délire. Et ce bien-être absolu dont je gardais le souvenir, ne le devais-pas à mon hypothalamus qui avait secrété des endorphines?..."

J'ai quand même aimé sa tolérance envers les agnostiques, philosophiquement il demeure agnostique, mais à la question "Dieu existe-t-il?" il répond "Je ne sais pas" et ajoute "Je crois que oui." Il ne veut pas confondre croyance et science.

J'ai aussi lu avec un certain plaisir la description du désert, la découverte du monde touareg, le vocabulaire de l'auteur est tellement riche, pour un scrabbleur c'est une mine de mots.

Vingt-cinq ans se sont écoulés, Eric-Emmanuel Schmitt a toujours la foi, il est toujours aussi tolérant :
"En l'autre, je dois respecter d'abord le même que moi, celui qui voudrait savoir et ne sais pas ; puis au nom du même, je respecterai ensuite ses différences."

Une dernière chose, j'ai toujours pensé que l'auteur était bouddhiste, tant son visage reflète de la bonté, de la sagesse, un visage de lama du Tibet. Je m'étais trompée.

J'ai aussitôt entamé la lecture du livre de Jeanne Bénameur
"Otages intimes", j'adore.

Bye MClaire.