mercredi 31 janvier 2018

Delphine de Vigan "Les loyautés"
















Vous préférez le livre papier ou la tablette ? J'aime le livre, le vrai, celui que nous pouvons sentir, toucher.

Est-ce que j'ai aimé lire "Les loyautés" ? 

Je lis Delphine de Vigan depuis la publication de "No et moi" en 2007, très beau roman, j'ai aimé tout autant les suivants Là, je reste dubitative, j'étais happée par l'histoire et je ressentais un sentiment dérangeant. Zola moderne, tout y est, l'alcoolisme, les méfaits d'internet, le divorce des parents, le chômage, la lenteur de l'Education Nationale qui est incapable de traiter rapidement le cas d'un enfant en danger, il faut rester dans les rails, l'emprise d'un être sur un autre plus faible.
Roman noir et la fin ne nous rassure pas, à nous d'imaginer.
L'écriture aussi est légèrement perturbante, ce sont des petits chapitres, les adultes, Hélène et Cécile racontent à la première personne, les enfants, Théo et Mathis à la troisième personne. 

L'histoire :
Le personnage principal Théo est un enfant, 12 ans, parents divorcés, la mère n'a jamais admis que son mari la quitte, la garde est alternée et chaque retour de Théo après une semaine passée chez son père est un vrai supplice pour l'enfant, il doit faire profil bas et répondre le  plus brièvement possible aux questions de sa mère. Il a appris à regarder le bout de ses chaussures.
Théo a un copain Mathis qui vit dans une famille normale, papa, maman, petite soeur et Mathis, sauf que papa mène une double vie devant son ordi. Cécile la mère fera une découverte qui bouleversera les belles apparences.
Mathis admire Théo, il l'accompagnera dans ses dérives, boira en cachette la bouteille que Théo lui tend, jusqu'à l'ivresse.
Un jour Mathis sera obligé de ramener Théo ivre chez son père et il découvrira horrifié le quotidien de l'enfant et la déchéance du père qui ne travaille plus, au bout de ses droits. Théo ne l'a jamais dit à personne, Théo n'a jamais dit qu'ils devaient se nourrir avec 20 euros pas semaine, sa mère aurait exigé que l'enfant ne rejoigne plus son père.

Hélène est professeure, elle a un sérieux doute en observant Théo et Mathis, mais elle ne doit pas dépasser le cadre de l'enseignement, la vie privée des enfants est zone interdite.
Hélène a aussi des comptes à régler avec son adolescence, avec sa famille, ce qui la rend plus sensible aux fêlures des autres.

Vous lirez la suite de ce petit roman, vite lu en quelques heures.

Je l'ai lu sans ennui, j'avais envie de savoir. J'étais très mal à la fin du livre, la détresse des enfants me touche toujours, pour moi l'enfance est sacrée. Je n'ai jamais souffert lorsque j'étais une enfant, une des raisons de mon malaise en refermant ce livre? L'histoire est douloureuse, je reconnais le talent de Delphine de Vigan, elle explore très bien les traumatismes des personnages, des préados, pour moi c'était un peu trop  . Vous aurez peut-être un autre jugement.
Les parents divorcés qui liront ce livre se sentiront concernés, en aucun cas l'enfant doit être l'arbitre des conflits.

Les loyautés.
"Ce sont les lois de l'enfance qui sommeillent à l'intérieur de nos corps, les valeurs au nom desquelles nous nous tenons droits, les fondements qui nous permettent de résister, les principes illisibles qui nous rongent et nous enferment. Nos ailes et nos carcans.
Ce sont les tremplins sur lesquels nos forces se déploient et les tranchées dans lesquelles nous enterrons nos rêves "

Bye MClaire.