mardi 16 juillet 2019

"Pactum salis" Olivier Bourdeaut.




Vous avez lu "En attendant Bojangles" du même auteur, vous aviez aimé, beaucoup aimé, il ne faut pas vous attendre à retrouver la même ambiance, le "même" roman. Trop souvent lorsqu'un auteur publie son premier livre nous pensons ressentir les mêmes émotions en lisant le deuxième, secrètement nous aimerions relire le même livre, ce n'est pas le cas "Pactum salis" ne ressemble pas du tout au premier. 
Au salon du livre - Vannes, j'ai un peu regretté d'avoir dit à Adeline Dieudonné que son premier livre "La vraie vie" était magnifique, sous-entendu "Comment allez-vous faire pour en écrire un autre aussi éblouissant ?" Une sacrée pression.

"Pactum salis" se déroule dans les marais salants de la presqu'île de Guérande, près de La Baule, l'histoire d'une amitié qui aurait pu se transformer en amitié durable mais qui tournera court. Amicitia pactum salis, l'amitié est un pacte de sel, nous pouvons comprendre sans avoir pratiqué le latin..L'amitié devrait être éternelle mais elle ne le sera pas.

Jean est paludier, il récolte le sel et la délicate fleur de sel. Jean a été élevé par des parents cultivés qui ne savaient pas quoi faire de cet enfant médiocre à l'école, au lycée, un travail manuel pour un fils d'intellectuels, il ne fallait pas y penser, ils s'en débarrasseront en lui payant une chambre de bonne dans un immeuble parisien. Il a oublié de prendre une cafetière, tant pis, sa cafetière ne lui manquera pas, ses parents non plus, pour une fois les deux partis sont d'accord.
Henri son voisin de palier souvent entre deux vins fera irruption de sa vie, personnage d'un autre temps..
Jean fera des rencontres jusqu'au jour où il décidera de suivre une formation de paludier, il adorera ce métier solitaire qui convient à un contemplatif, sa solitude sera troublée par un fêtard ivre qui s'est étalé dans son sel, une Porshe échouée sur le chemin et à partir de ce moment débutera cette drôle d'histoire qui aurait pu être de l'amitié.....

J'ai aimé :
L'écriture, son style très personnel. 
J'ai beaucoup aimé le personnage d'Henri, leur rencontre.

-Vous avez quel âge, Henri ?
-J'ai trente-quatre ans et vous ? Comment vous appelez-vous d'ailleurs ?
-Je m'appelle Jean et j'ai dix-hui-ans. Nous pouvons peut-être nous tutoyer ,
-Et pourquoi ne pas nous faire un câlin en nous regardant dans le blanc des yeux ? Je ne supporte pas la complicité de façade du tutoiement. Vous avez remarqué que les jeunes hommes se font la bise désormais, sans même se connaître ! C'était déjà pénible d'embrasser des filles moches, maintenant il faut bécoter des garçons hideux. Pouah!
-Vous avez raison Henri...
-Les vieux cons ont souvent raison..

J'ai aimé la description poétique des marais salants, si près de La Baule la riche voisine et en même temps si loin.

Il y a la fin, surprenante, inattendue.

J'ai aimé une interview de l'auteur "L’Education Nationale, refusant de comprendre ce qu’il voulait apprendre, lui rendit très vite sa liberté. Dès lors, grâce à l’absence lumineuse de télévision chez lui, il put lire beaucoup et rêvasser énormément".

Ce livre est en poche, profitez de vos vacances pour lire, le lire.

Bye MClaire.