mardi 22 octobre 2019

Eric Fottorino "Dix-sept ans"



J'avais lu il y a quelques années "L'homme qui m'aimait tout bas" formidable déclaration d'amour à son père adoptif qui s'était suicidé en 2008 sur un parking de La Rochelle. Livre bouleversant.
J'ai acheté "Dix-sept ans" il y a quelques semaines, je savais que ce livre serait certainement aussi douloureux, il est en grande partie autobiographique, un rendez-vous manqué avec une maman qui l'a eu à dix-sept ans, fruit d'un amour avec un juif marocain, un homme rejeté par sa grand-mère très catholique, un enfant qui porterait un nom, celui de la grand-mère et surtout pas le nom de Maurice Maman, dans le roman il s'appelle Moshé, Moshé originaire de Fés. Il fallait éloigner Lina et son gros ventre de la ville où elle grandissait, Nice avait été choisie, une famille allait l'héberger jusqu'à la délivrance.
Un repas de famille, Lina et ses enfants, un jour où une confidence va bouleverser la famille, Eric se tient en retrait, il est le plus touché.
-A vingt ans tout a recommencé, Lina enceinte, un amour de passage, un Arabe, un étudiant qui arrivait du Maroc, encore. Sa mère folle de rage lui fait signer un papier, l'abandon de cette petite fille qui allait naître. Une femme avec un faux ventre, un ventre stérile, va repartir avec cette enfant, les bonnes soeurs et les bons pères étaient complices "Après l'expulsion (quel mot atroce) on me l'a enlevée sans la poser sur moi, même une seconde....Il n'y a pas eu un mot, pas un au revoir mon bébé, pas un bonjour. C'était fini." Une enfant volée.
Eric sonné par la révélation partira à Nice sur les traces de sa naissance, sur les traces de cette maman qu'il n'a pas su aimer, il voudra comprendre les raisons de cette angoisse, tous les non-dits, les mensonges. Une vérité qu'il cherchera dans les ruelles étroites de Nice, le long de la promenade, chez une brocanteuse qui a connu sa mère..

Une très belle phrase "Tu ne m'aimais jamais assez puisque je t'aimais toujours trop. Je ne te voyais pas comme tu étais."

J'ai aimé l'écriture, une écriture qui nous étreint, nous enveloppe, douce comme une chanson enfantine et soudain plus incisive.

Eric pourra enfin étreindre sa mère, les beaux instants pourront commencer, sans la douleur.

Je n'ai certainement pas besoin de vous dire que ce roman est magnifique.

Bye MClaire.