Vous connaissez la chanteuse, vous apprendrez à aimer l'écrivaine.
C'est un premier livre, Olivia Ruiz est une vraie conteuse, il y a forcément quelques maladresses, mais dans l'ensemble ce roman se lit avec beaucoup d'intérêt.
La guerre d'Espagne qui a jeté sur les routes des milliers d'espagnols, des enfants seuls, ils fuyaient le régime franquiste pour franchir les Pyrénées. J'ai retrouvé le camp d'Argelès sur la plage (aujourd'hui transformé en camping "Le Roussillonnais") un camp de transit, ils avaient faim, froid, parmi ces enfants il y avait la grand-mère de Cali la narratrice, Rita son "abuela", ses deux soeurs Leonor et Carmen, les parents sont restés en Espagne, ils ne les reverront jamais.
Les enfants inventent des histoires. A la mort de sa grand-mère Cali hérite d'une commode aux tiroirs de couleurs, elle n'avait jamais ouvert les tiroirs, elle découvrira ou inventera toute la vie de son "abuela" vie jamais racontée de son vivant, ceux qui ont fait la guerre, qui ont vu des horreurs racontent rarement.
"Se taire et brûler de l'intérieur est la pire des punitions qu'on puisse s'infliger." Federico Garcia Lorca.
Alors Cali raconte à sa manière et cela donne un beau roman.
Nous nous attendrissons, nous admirons la liberté de ces femmes, les audaces si rares à cette époque, nous versons quelques larmes, la solidarité et ce besoin de tout se raconter, de se voir, de se toucher, typique des habitants de la Méditerranée.
La seule chose qui m'embêtait un peu était que je connaissais les réactions souvent passionnées de ces familles tellement soudées.
J'avais vécu. J'ai passé mes vingt premières années dans une famille maternelle originaire d'Espagne, je retrouvais les réactions, cela n'était pas une découverte. Mon arrière "abuela" avait certainement des secrets, elle n'en parlait jamais et nous aimait tous du même amour que Rita. Un paradoxe, la pudeur et l'impudeur des femmes. Je pouvais imaginer les accouchements de mes grands-tantes, pas vraiment dans la discrétion.
J'ai beaucoup aimé les dernières pages du livre, trente pages magnifiques, j'ai pleuré.
J'ai cherché à comprendre le mystère du "Pépé", pourquoi?
J'ai aimé les mots en espagnol, les "mantecados" que je n'aimais pas trop mais que certains adorent. On en trouve dans les vitrines des pâtisseries de Port-Vendres.
Olivia Ruiz fait une très belle entrée dans le monde littéraire, à suivre...
Bye MClaire