jeudi 3 février 2011

CHRONOS LE MAITRE DU TEMPS.

« Si tu t'imagines » Si tu t'imagines si tu t'imagines fillette fillette, si tu t'imagines xa va xa va xa va durer toujours, la saison des za la saison des za saison des amours, ce que tu te goures fillette fillette ce que tu te goures Si tu crois petite si tu crois ah ah que ton teint de rose ta taille de guêpe, tes mignons biceps tes ongles d'émail ta cuisse de nymphe et ton pied léger, si tu crois petite xa va xa va xa va va durer toujours ce que tu te goures fillette fillette, ce que tu te goures les beaux jours s'en vont les beaux jours de fête, soleils et planètes tournent tous en rond mais toi ma petite tu marches tout droit vers sque tu vois pas très sournois s'approchent la ride véloce la pesante graisse le menton triplé le muscle avachi allons cueille cueille les roses les roses roses de la vie et que leurs pétales soient la mer étale de tous les bonheurs allons cueille cueille si tu le fais pas ce que tu te goures fillette fillette ce que tu te goures. »

Ces derniers jours tout me ramenait au temps, au temps qui passe.

A la télé, Proust « A la recherche du temps perdu », au scrabble 3 minutes pour jouer, le chrono, 3 minutes sont passées, c’est à  la fois court et long trois minutes. J’ai écouté la magnifique chanson qui finalement est un hymne à la vie « Le temps qui passe » chantée par Serge Reggiani, cet acteur, chanteur, tout en sensibilité, une voix qui a vécu, cassée par la cigarette et quelques abus, mais tellement émouvante.

Il nous arrive à tous de pousser une porte et de nous trouver transportés des années en arrière, hors du temps, la porte d’une maison, d’un restaurant dans un petit village, d’un bar un peu vieillot avec en été les papiers tue-mouches qui pendent. Le temps suspendu. Il nous arrive aussi de nous retourner par-dessus notre épaule et de penser avec mélancolie à tout ce temps passé.

Si je jette un regard en arrière, je vois la petite fille aux yeux écarquillés, observatrice de ce qui l’entourait, celle qui devait s’adapter à chaque changement d’école, un père qui était muté sans arrêt, des nouvelles copines, des nouvelles maîtresses, je suis restée un caméléon, je m’adapte partout. Les enfants disent toujours « J’ai dix ans et demi » très important le demi, ils sont impatients de vieillir, j’étais impatiente, je le suis beaucoup moins.Une ado turbulente, une jeune fille amoureuse, une maman attentive, une trentaine que j’ai adorée, les plus belles années de ma vie, flamboyantes. Les quarante ans ont été vite là, les enfants grandissaient, s’envolaient, je n’avais pas vu le temps passer. Mamie très vite, j’ai adoré mon premier petit-fils, les autres aussi, mais le premier c’est magique, personne ne me contredira, je le gardais souvent, le rôle n’était pas le même que celui de parent, on riait beaucoup, je le pourrissais paraît-il. Arrive le moment où le conjoint est en préretraite à 56 ans, une autre vie commence, une autre organisation, la vie à deux 24 heures sur 24, mais tout a été facile, c’est même devenu fusionnel par la volonté des deux, les mêmes centres d’intérêt, le bonheur, je ne dis pas que quelquefois il n’y a pas une « engueulade » carabinée et heureusement, nous sommes explosifs tous les deux, ça fait du bien, et c’est vite oublié. Ils sont rares les couples qui n’ont jamais d’explication, mais ça existe peut être, nous ne fonctionnons pas tous de la même façon.
L’autre soir j’écoutais Pierre Palmade et Isabelle Mergault, surtout Isabelle qui parlait du couple, qui n’y croyait pas, qui ne pensait pas qu’on pouvait s’aimer toute une vie. Si les jeunes cherchent la passion en continu, c’est certain, ils seront déçus et ils partiront, mais s’ils acceptent l’évolution du couple, ils trouveront enthousiasmant de construire jour après jour une relation durable, partager nos failles, nos faiblesses, nos joies, nos douleurs, avec le compagnon de toute une vie, à mon avis il n’y a rien de plus passionnant, c’est une belle aventure, dans les moments difficiles et je sais de quoi je parle, cela fait du bien d’être deux, se lâcher, exprimer ses peurs. Hier, j’ai rencontré chez Carrefour, une connaissance, qui a des graves problèmes de santé, elle est seule, divorcée, elle n’arrêtait pas de me dire « Vous êtes deux, tu ne peux pas savoir la chance que tu as». Pourquoi être toujours à la recherche de ce qui n’existe pas, et s’apercevoir à la cinquantaine qu’on a rien construit, qu’on est tout seul, sans doute un peu malheureux, l’idéal n’existe pas. Il semble que ce sont les femmes qui décident de rester célibataires, indépendantes, elles sont de plus en plus nombreuses, surtout les diplômées d’après les statistiques. La trotteuse galope, on a vite cinquante ans.

Le temps ne passe pas de la même façon, pour qui attend encore, et pour  qui n’attend pas. Lorsque nous sommes en retraite, il ne faut pas se considérer hors du temps, en exil, attendre qu’il se passe quelque chose dans notre vie, il y a tant de choses à faire, à découvrir, à apprendre, j’ai toujours autant d’enthousiasme. Au temps des Grecs et des Romains, travailler était le signe d’une déchéance, les plus riches se consacraient aux arts, à la philosophie, c’est notre luxe lorsque nous sommes à la retraite, nous sommes riches de temps, faire ce qui nous intéresse. J’ai toujours peur de ne pas avoir assez de temps.
Les personnes très âgées attendent, l’infirmière, le facteur, la visite d’un proche, elles arrivent même à dire « J’ai assez vécu, j’encombre », le temps passe doucement, interminable, les affres de l’attente, de l’ennui. Nous appréhendons tous à un  certain moment cet instant qui ne manquera pas d’arriver.

Je n’aime pas être prise en photo, à chaque fois c’est la réalité qui m’explose au visage, dans ma tête je n’ai pas mon âge, mais en photo oui, je mesure le temps qui est passé. Je sais, certains d’entre vous vont dire « Oui, mais elle ne se gêne pas pour nous prendre en photo pendant les tournois. » Il faut dire que je vous trouve pas mal du tout sur les photos, mais nous n’avons pas notre visage sans arrêt en face de nous, c’est toute la différence, on ne se voit jamais comme on est, pour la voix c’est pareil, si nous sommes enregistrés on ne se reconnaît pas. Je vous vois vieillir, mais je ne m’aperçois pas que je vieillis, sauf en photo.





Pour être heureux, ne pas penser au temps qui passe. Carpe diem « Cueille le jour présent, et sois le moins confiant possible en l’avenir ». Savourer le présent.




Les dessins :



Celui-ci a un rapport avec mon texte.




Pauvre Martine. Il faut être blindé pour faire de la politique.

Les médicaments. On nous soigne et on nous empoisonne. A un moment de ma vie, il y a plus de 20 ans, j’ai pris de l’Isoméride, pendant deux mois, résultats époustouflants. Plus tard, puisque je faisais le yoyo, mon médecin m’a prescrit deux boites que j’ai laissées dans l’armoire pharmacie, pas envie de me mettre au régime, ce n’était pas catastrophique, j’ai été bien inspirée.  Bye MClaire.