jeudi 4 juin 2015
J.C Rufin- "Check-point"
Je suis arrivée au bout de ce roman, mais j'ai mis du temps pour arriver à la fin. Deux raisons : j'aime un livre et je n'ai pas envie de le quitter, ou il me plaît moyennement et je le laisse en attente, je lis quelques pages, je le repose.
C'est cette dernière raison qu'il faut retenir.
J'ai toujours beaucoup aimé cet auteur, mes préférés "Un léopard sur le garrot" "Le collier rouge". Je n'ai pas ressenti d'enthousiasme en lisant "Immortelle randonnée" et le même sentiment en lisant "Check-point".
Ce roman se lit mais sans passion. Est-ce parce que je n'aime pas les thrillers? C'est un thriller. Ce huit-clos dans un camion, la course poursuite peuvent faire l'objet d'un thriller.
J'ai souvent pensé à deux films en tournant les pages "Un taxi pour Tobrouk" et "Le salaire de la peur", des hommes réunis dans la même galère qui doivent atteindre un objectif, sauf que dans le bouquin il y a aussi une femme, Maud 23 ans, première mission humanitaire.
L'histoire : Deux camions, pas très neufs, d'une association humanitaire doivent distribuer des médicaments, des vêtements, de la nourriture en traversant l'ex-Yougoslovie en guerre.
Il y a cinq personnages, Lionel le chef de la mission, Vauthier un personnage inquiétant, peu bavard mais qui écoute,
Marc et Alex deux anciens militaires, qui étaient engagés dans cette guerre avant de quitter l'armée et Maud, une jeune fille qui veut aider les autres et qui se cache derrière des lunettes horribles pour masquer sa beauté et ne pas susciter le désir des hommes.
On sent dès les premières pages que l'hostilité règne entre les personnages, chacun se méfie de l'autre, Lionel est amoureux de Maud et il déteste Marc et Alex. Vauthier n'aime pas Marc pour des raisons que nous découvrons plus tard dans le livre.
Le but du voyage est Kakanj, des familles se cachent dans des grands fours à charbon encore tièdes. L'hiver est là.
La guerre dans toute son horreur.
J.C Rufin connaît le terrain, il a lui même fait de l'humanitaire dans cette région, il décrit très bien ce pays.
Nous avons traversé la Yougoslavie sous Tito pour nous rendre en Grèce, j'ai reconnu cette tristesse, ces paysages, les villages qui sentaient la pauvreté, les enfants qui cernaient la voiture dès que nous nous arrêtions pour quémander de la nourriture, la méfiance des aubergistes lorsque nous nous sommes arrêtés pour manger dans un petit village de montagne, nous n'étions pas très rassurés.
Ce pays est certainement très beau mais le contexte faisait que nous n'avions pas envie d'y séjourner. La guerre entre les Serbes, les musulmans et les Bosniaques a éclatée peu après.
J'aurais sans doute beaucoup plus aimé ce bouquin s'il n'y avait pas eu l'histoire d'amour improbable entre Marc et Maud, je ne sentais pas J.C Rufin à l'aise dans l'écriture de cet amour.
Raconter ce pays en guerre suffisait. Nous expliquer la haine qui régnait après avoir cohabité dans un même village suffisait. Le sujet est tellement vaste.
Décrire les traces que la guerre laisse dans le psychisme des militaires aurait pu donner l'occasion d'écrire de très belles pages, il y a quelques lignes mais très peu.
Je n'ai pas cru un seul instant à cette course poursuite dans la neige entre Marc et Vauthier, je voyais des plans de cinéma qui se superposaient.
Est-ce que l'humanitaire se déroule souvent dans ces conditions hasardeuses?
J'ai beaucoup aimé la postface, là j'ai reconnu J.C Rufin, mais quelques pages ne suffisent pas à sauver un livre.
C'est mon avis, vous aimerez peut être ce roman qui est sans doute très apprécié par d'autres.
Bye MClaire.