samedi 29 juillet 2017

"Tout un été sans Facebook." Romain Puertolas




Vous ne connaissez pas cet auteur, alors précipitez-vous chez votre libraire favori, j'ai lu les trois et j'ai aimé les trois, j'ai ri aux éclats en compagnie de son fakir, j'ai eu la larme à l'oeil en lisant "La petite fille qui avait avalé un nuage...", j'ai beaucoup beaucoup ri en lisant "Tout un été sans Facebook." mais nous ne faisons pas que rire, nous adhérons aussi à l'amour que l'auteur porte aux livres, à la littérature en général, il en parle tellement bien.

Il faut aimer l'humour de l'auteur, décapant, ça fuse, à ne pas lire dans un lieu public, personnellement j'éclatais de rire sans retenue.
Il fait gris dehors, mais vous ne vous apercevrez même pas, vous ne lâcherez pas le bouquin.

Hier, chez Leclerc culture, je disais à la dame qui s'occupe du rayon livres "Vous pouvez le recommander, il est formidable." elle a répondu qu'il se vendait très bien, un vrai succès littéraire.
J'ai lu sur internet que ce livre était un "poilar". Exactement.

L'histoire :

Agatha Crispies est une policière qui a été mutée dans un commissariat perdu dans le Colorado, New-York Colorado, une mutation disciplinaire, elle exerçait au coeur du vrai New-York. Elle s'ennuie, il ne se passe jamais rien, elle mange des donuts au chocolat à longueur de journée, a une paire de fesses d'une ampleur incroyable, elle est noire et les habitants de ce coin oublié du reste du monde sont plutôt racistes. "Il n'y avait même pas un Zara dans ce patelin." c'est dire ! Pas de Zara mais des membres du K.K.K, vous apprendrez ce que veut dire K.K.K, encore une fois avec humour malgré la gravité du moment...

Pour tromper son ennui elle a monté un club de lecture fréquenté par deux personnes, la femme de ménage mexicaine qui n'a pas de papiers et qui a trouvé malin de bosser pour la police pour ne pas se faire arrêter et Franck un membre du groupe opérationnel.
Des moments hilarants, faire lire "Autant en emporte le vent."à Rosita, n'était pas une bonne idée, elle a vu le film et cite Clark Gable au lieu de Rhet Buttler, pourquoi lire un livre quand le film existe. "Tu te crois sur Allociné ou quoi !"

J'ai beaucoup aimé le passage où Agatha explique pourquoi elle aime les livres "Je lis tout. Il n'y a pas de sous-littérature, de sous-culture. On commence par dire qu'il y a des sous-livres, et après, on dit qu'il y a des sous-hommes. Le snobisme littéraire et culturel est une plaie aussi néfaste que l'illettrisme."
Agatha a un truc bien à elle, elle déchire les pages des livres qu'elles trouvent mauvaises. Exemple, il n'y a plus une seule page dans les livres de James Joyce. Qui a lu Ulysse ?


"Ecrivain irlandais (1882-1941) qui fut notamment l'auteur d'Ulysse et dont l'écriture savante, exploitant notamment les ressources du monologue intérieur, exprime une vision universaliste d'une profonde originalité."

Ne pas oublier que  ce roman est un polar, il y aura brusquement des crimes à élucider, trois crimes qui se suivent. Agatha sera débordée. "Décrispez-vous, Crispies." lui dit son chef.

Agatha a horreur des séries à la télé, tout est faux, "Les meurtriers de la vraie vie ne sont pas les meurtriers intelligents et élégants qui peuplent les séries."

J'allais oublier de vous dire le principal, New-York Colorado n'a pas de couverture internet, pas de réseau pour le portable, rien, pas de Facebook, c'est terrible...Des réflexions tellement vraies sur Facebook, à l'heure où nous pouvons défiler dans la rue pour défendre notre vie privée, nous affichons tout sur notre mur Facebook, le plat mangé à midi, l'endroit où nous sommes, l'endroit où nous irons, etc...

La fin de ce livre est complètement immorale mais pas choquante ! 

J'ai refermé ce bouquin avec regret, il y a toujours une fin aux meilleurs moments..

Lisez-le, même si vous lisez très peu, ce livre risque de vous faire aimer la lecture. Je crois que c'est un peu le but de Romain Puertolas.

Bye MClaire.





samedi 22 juillet 2017






Un écrivain informaticien de formation. Il écrit aussi des séries sur le web, Né à Madrid en 1979.
Ce livre est un prêt de Michelle, je crois qu'elle ne l'a pas encore lu, je vais lui rendre très vite et lui dire qu'elle a très bien fait de l'acheter. J'ai beaucoup aimé ce conte philosophique, pour moi c'est un conte, l'enfant Ionah est un personnage de conte.
Dès les premières pages nous ne pouvons pas nous empêcher de penser au Petit Prince de St-Exupéry, avec raison.

L'histoire :

Le désert, deux palmiers, un puits, un jardin potager minuscule, une bicoque, Ionah et sa maman vivent là depuis des années. La mère a été obligée de fuir un monde que nous devinons disparu, la folie des hommes a détruit ce qui existait. Elle est enceinte et accouchera de Ionah dans cet endroit perdu, le père est mort.
Désert, Ionah ne connaît que le désert, sa mère non, elle racontera, elle évoquera la musique, le piano, des gens qui écrivent sur du papier, l'odeur du café, mais Ionah pense qu'une chose ne peut pas nous manquer si nous ne l'avons pas connue."Je ne peux pas détester le désert. Je n'ai rien connu d'autre."
Les palmiers ont des racines très profondes, il y a forcément de l'eau là où ils poussent, la mère creusera un puits et trouvera de l'eau, il ne pleut jamais. Un petit potager, des dattes, des lézards séchés les feront vivre. La vie s'écoule.
La mère meurt, Ionah a douze ans, il restera seul, il ne se parlera qu'à lui même jusqu'à vingt et un ans, jusqu'à ce qu'il trouve Shui mourant dans le désert, Shui est chinois, il transporte avec lui un sac à dos. D'où vient Shui ? Quel est son secret ? Il sera celui qui obligera Ionah à partir vers autre chose, à abandonner cet endroit où il a vécu, à traverser le désert pour atteindre un lieu qu'il ne soupçonnait pas...

J'ai aimé, j'ai même un peu pleuré, Ionah parle à sa maman, pense qu'elle est là, au moment de partir, au moment où il abandonne sa bicoque, il est certain de voir sa mère qui lui parle une dernière fois :
"Je m'arrête et j'essaie d'étouffer un sanglot dans ma gorge.
Car l'espace d'un instant j'ai senti que mère mourait encore une fois.
-Je te reverrai ?
-Bien sûr.
-Quand ?
-Avant que tout se termine.
-Adieu, mère.
Mère s'approche et m'embrasse sur la joue. Je sens le frôlement de ses lèvres et je frémis.
-Adieu, Ionah. Ma petite colombe.

Un très beau livre qui nous fait prendre conscience que nous pouvons nous contenter de peu, un livre sur la survie, transmettre ce que nous savons, sur la solitude. nous faire prendre conscience que chacun de nous peut améliorer le monde et pas le détruire.
Ionah a un regard innocent qui nous bouleverse.

"Les enfants grandissent et deviennent des hommes. Les hommes grandissent et se détruisent eux-mêmes. (...)

Tous les enfants ne grandissent pas pour devenir des hommes, et tous les hommes ne vieillissent pas pour devenir des vieillards"


La pluie, je suis certaine que vous l'aimerez après avoir lu ce bouquin.

Que dire d'autre ? Rien, vous découvrirez ce roman qui est pour moi un vrai coup de coeur.

Bye MClaire.




vendredi 14 juillet 2017

"Le tour du monde du roi Zibeline." Jean-Christophe Rufin.



Premier livre lu de J.C Rufin "Rouge brésil." je m'en souviens très bien, il a eu le Goncourt et en général je ne lis pas les prix Goncourt, une exception. Ensuite "Le léopard sur le garrot." je l'ai dans ma bibliothèque,  le magnifique "Collier rouge.", j'avais écrit une gazette sur "Check-Point.", aimé moyennement "Immortelle randonnée."
Je viens de terminer "Le tour du monde du roi Zibeline." j'ai retrouvé le grand J.C Rufin, passionnant, à l'aise dans l'écriture de ce roman qui est une épopée historique, un grand voyage à travers le monde, Auguste son héros est attachant, j'ai adoré, je n'avais pas envie de poser le livre.
J'ai acheté le bouquin au Salon du Livre à Vannes, dédicacé par l'auteur "Pour Marie-Claire et Christian en leur souhaitant un beau voyage littéraire."
Le voyage fut beau.

L'histoire :

Nous sommes à la fin du XVIIIème siècle, Auguste et Aphanasie se retrouvent devant un Benjamin Franklin vieillissant pour lui raconter leur histoire qui peut paraître invraisemblable, ils racontent à tour de rôle leurs aventures. Ils font la connaissance de Jefferson.
Auguste est né en Hongrie, fils d'un seigneur, élevé par un père très dur qui veut faire de lui un guerrier, un précepteur français lui enseignera la philosophie, la langue française, lui fera connaître Voltaire, Diderot, connaître et aimer, Auguste est passionné par cet enseignement qui lui donnera plus tard beaucoup d'humanité.
Aphanasie est russe, Auguste fera sa connaissance en Sibérie où il est prisonnier, elle est la fille du gouverneur, ils sont amoureux, s'évadent ensemble, font escale au Japon, à Formose, se retrouvent à Paris et plus tard à Madagascar. Auguste sera couronné roi de Madagascar, le roi Zibeline.Un fabuleux voyage.
Une histoire d'amour intense et surtout de belles pages sur la colonisation, les rêves de liberté des peuples que les dirigeants des pays de l'Europe ou des Amériques veulent soumettre à l'esclavage, en faire de la chair à canon, exploiter toutes les richesses de ces pays, piller à leur profit.
Madagascar sera la perte d'Auguste qui s'élève contre ces pratiques. Madagascar à notre époque est un des pays les plus pauvres du monde.

Aphanasie ne tient pas le rôle de la femme soumise, elle sera celle qui tout au long du roman fera comprendre à Auguste qu'il doit toujours agir comme un humaniste, elle aura une influence majeure sur Auguste. Une femme qui fait preuve d'une extraordinaire liberté pour cette époque. Un très beau personnage du livre.

J'ai aimé l'écriture de J.C Rufin, il se glisse à merveille dans la peau d'Auguste et dans celle d'Aphanasie. Un livre instructif, vous pourrez consulter les cartes des voyages du couple à la fin du livre.
Auguste Benjowski a vraiment existé, mais ce livre est un roman en grande partie inventé par l'auteur, le récit des voyages est fidèle, quant à Aphanasie personne ne sait ce qu'elle est devenue après la mort d'Auguste. La postface est très intéressante à lire.

Vous avez compris, j'ai dévoré ce livre, je l'ai terminé dans mon transat, je l'ai posé sur moi et j'ai repensé à cette histoire en regardant le ciel, je n'avais pas envie de le quitter.

Bye MClaire.







mercredi 5 juillet 2017

Marie Sizun "La gouvernante suédoise." - "Vous n'avez pas vu Violette."



J'ai découvert Marie Sizun en lisant "La femme de l'Allemand." Elle participait au Salon du Livre de Vannes au mois de juin et j'ai eu le plaisir d'échanger avec elle. Je voulais acheter "Vous n'avez pas vu Violette." elle est arrivée à me convaincre de lire aussi "La gouvernante suédoise." j'ai eu raison de l'acheter.
Marie Sizun est très douce lorsqu'elle parle, son écriture l'est aussi, jamais violente même dans des situations insupportables pour les femmes, les femmes sont les personnages les plus importants dans ses livres, les plus fragiles et les plus fortes.

"La gouvernante suédoise."

L'histoire est en partie celle de la famille de l'auteure qui a des racines en Suède, son arrière grand-mère était suédoise.
Elle s'est plongée dans le passé, y a découvert des secrets.
Chaque année elle se rendait au cimetière avec sa mère sur la tombe de son arrière- grand-père, son arrière-grand-mère,ses grands-oncles et tantes, sa grand-mère maternelle, elle n'avait jamais connu personne. Sur la tombe figurait le nom de Sézeneau mais Hulda la Suédoise, épouse Sézeneau, morte à vingt-sept ans reposait là.
Après le divorce des parents de l'auteure vient s'installer chez elle une vieille tante de sa mère, Alice, Alice est une conteuse, la dernière née d'Hulda et de Léonard et qui peu à peu révélera l'histoire de la famille en montrant des photos couleur sépia, racontera mille anecdotes. "Il y a des histoires étranges, des choses inavouables, inavouées, quelquefois terribles, sur lesquelles les adultes se taisent, comme si le silence pouvait étouffer la réalité, et, qui sait, la faire disparaître."
Un jour Alice prononcera un prénom jamais entendu Livia, qui est Livia ? La gouvernante suédoise.
Après la découverte d'un petit livret de maroquin noir, dont les dernières pages ont été arrachées, l'auteure veut comprendre ce qui s'est passé.
Je n'en dis pas plus...

J'ai beaucoup aimé ce livre, je l'ai dévoré en deux jours.
Marie Sizun a le don de nous transporter dans l'atmosphère feutrée de la maison de Stockholm, les parquets blonds, le rai de lumière, les cris joyeux des enfants, les bougies sur les fenêtres pour Noël, ce qui rend plus triste la grande maison de Meudon.

J'ai quelquefois eu l'impression en lisant de regarder une peinture.
La ville de Stockholm est bien décrite.
Nous avons eu la chance d'y aller, c'est exactement ça, une ville qui regarde la mer, qui plonge dans la mer.

Tout m'a plu, l'histoire, la description d'une certaine bourgeoisie, les non-dits, le style d'écriture, les chapitres courts, je ne peux que vous inciter à le lire.

"Vous n'avez pas vu Violette." 

Un petit livre, un recueil de nouvelles.
L'amour et le désamour chez les couples.
On s'aime, on se sépare, lui aime, elle n'aime plus, elle aime, lui n'aime plus. L'amour peut se transformer en violence, en haine.
"Elles s'appellent Claire, Sophie, Fanny, Marion ou Violette.", une chose en commun, un absolu besoin de liberté."

J'ai beaucoup aimé Violette qui passe ses vacances sur une plage bretonne, Ile-Tudy sans doute, là où Marie Sizun possède une maison. Violette a vécu toute sa vie entre un mari et un amant qui était marié, ce trio s'entendait bien, le mari savait et permettait, le monsieur avait aussi une maison de vacances et les rejoignait quelquefois pour prendre un café, ils avaient tous les trois plus de quatre-vingts ans.
Violette vivait cette situation en toute liberté depuis plus de quarante ans, elle aimait beaucoup son mari, plus comme un frère. En septembre, tout le monde repartait pour Bordeaux, l'amant habitait près de chez Violette, et un jour l'Alzheimer a eu raison de leur relation, le monsieur se perdait, la famille ne voulait plus qu'il la rencontre, ils se téléphonaient. Violette
est triste mais veut ignorer "l'implacable menace du Temps."

Bye MClaire.