dimanche 29 mars 2020

"Les recettes de la vie" Jacky Durand.




Vous devez avoir le temps de lire, j'ai lu que paradoxalement les gens lisaient moins en ce moment, l'angoisse, vous n'arrivez peut-être pas à vous concentrer?
Vous devez lire "Les recettes de la vie" de Jacky Durand, un petit livre de poche qui vous enchantera et vous fera oublier ces temps troublés. J'ai vraiment adoré. J'avais entendu Gérard Collard en parler.
"Les recettes de la vie" vous mettra l'eau à la bouche, vous fera verser quelques larmes, touchant et émouvant.
Jacky Durand est journaliste et chroniqueur gourmand.

Henri le papa tient "Le relais fleuri", en lisant le nom de ce restaurant j'ai pensé aux restaurants qui jalonnaient la Nationale 7, nous descendions dans le midi dans les années 60-70 et nous nous arrêtions dans un de ces restos, de la cuisine du terroir, c'était le début des vacances.
Henri a un fils Julien, une compagne Hélène et un second de cuisine Lucien, ils ont fait la guerre d'Algérie et ne se sont jamais quittés. Il y a aussi un cahier de recettes qui fascine Julien.
Hélène partira et Henri ne fera rien pour la retenir, il sait que la cuisine est une compagne exigeante, il comprend.
Il sait aussi que Julien voudrait faire le même métier, il fera tout pour l'en dissuader, son rêve à lui est de voir Julien ingénieur, professeur.
Julien sait que son père est malheureux, Julien découvrira peu à peu les secrets de son père, mais il reste un ado qui s'opposera à son père....
Je vous laisse découvrir le bouquin.

J'ai aimé : La description des gestes qui font un bon plat, j'ai appris qu'il fallait mettre de la semoule fine sur la pâte d'une tarte aux prunes pour absorber le jus, je mettais toujours un peu de farine.
J'ai adoré cuisiner, je faisais tout, les croissants du dimanche, les pommes de terre dauphine, les gougères, les sauces, les gâteaux. La cuisine est un partage, un acte d'amour. J'ai compris Henri.
"La bonne cuisine, c'est le souvenir." Georges Simenon.

J'ai aimé Gaby le frère de Lucien et Maria sa femme, ils reçoivent Julien pendant les vacances, dans leur maison au bord de la forêt, dans l'odeur du bois coupé. Gaby est un personnage magnifique, Gaby a une conception bien particulière du travail : il ne faut pas que cela en soit pour qu'il le fasse.

Une belle histoire de transmission.

J'ai versé une larme en lisant "Je n'en finis pas de fixer tes mains sur la couverture de l'hôpital. Elles sont diaphanes comme du papier de soie. On dirait des racines échouées dans le lit d'un ruisseau." Henri part, Julien lui tient la main. Une relation filiale infiniment touchante.

Lisez ce livre, il vous enchantera, une pépite.

Bye MClaire







dimanche 22 mars 2020

Victoria Hislop "Ceux qu'on aime."




Magnifique, inoubliable, pour moi la première qualité d'un livre est qu'il reste inoubliable.
J'avais aimé "L'île des oubliés", ensuite j'avais lu "La ville orpheline" avec moins de plaisir que "L'île des oubliés", j'ai retrouvé une grande écrivaine, 456 pages dévorées sans une seconde d'ennui.
Nous aimons la Grèce, nous y sommes allés deux fois et une fois en Crète. Ce pays a souffert, j'ai découvert des pans de son histoire restés inconnus, la chasse aux communistes, une chasse cruelle, les femmes battues qui ne voulaient pas signer une lettre de renoncement à leur idéal, la "dilosi" qui leur permettait d'être libérées...

Le livre nous fait parcourir toute la période de 1930 à 1999, tous les gouvernements qui se sont succédé. L'occupation allemande, la guerre civile, la dictature jusqu'au gouvernement socialiste d'Andreas Papandréou qui a enfin autorisé le retour des communistes qui avaient fui le pays.
C'est avant tout l'histoire d'une famille qui a activement participé à l'histoire de la Grèce.
Racontée par Themis, saga familiale et historique.
Quatre générations se succèdent dans cet appartement situé dans un quartier d'Athènes, tout près du Parthenon.
Si vous êtes méditerranéens vous comprendrez l'importance de la famille, ce besoin d'être ensemble, de former une tribu, les coups de gueule, une famille qui peut aussi se détruire si tous ne sont pas du même avis, n'ont pas les mêmes croyances, les mêmes avis politiques et au centre la grand-mère Kyria Koralis, celle qui entend tout et qui voudrait l'harmonie, qui ne veut pas l'explosion de sa famille. Celle qui cuisine, fait des gâteaux, fera tout pour nourrir les siens pendant les périodes de restriction, une parfaite "yaya" méditerranéenne. La famille sortira meurtrie mais elle se retrouvera autour de Themis....

Lisez ce livre pour connaître son histoire, je ne dis plus rien.

J'ai aimé cet attachement aux traditions, j'ai connu ma famille maternelle où les uns s'occupaient toujours des autres jusqu'à son explosion en 1962, départ de son Algérie natale, une famille d'origine espagnole.
J'ai aimé ce voyage à travers l'histoire de la Grèce.
Au-delà de tout j'ai aimé Themis, j'avoue avoir pleuré en lisant certaines pages, pas seulement versé une larme, non vraiment pleuré. Ce secret si longtemps gardé qui hantera Themis pendant des années.
J'ai adoré ce livre qui nous livre des moments de joie, des moments de peur, des moments cruels, des moments tristes.
Des vies, la vie dans ce qu'elle peut avoir de réjouissant et de terrible.

Merci Victoria Hislop.

Bye MClaire.

samedi 14 mars 2020

Nina Bouraoui "Otages"











Je n'aurais jamais assez d'une vie pour découvrir tous les auteurs qui publient. Je ne connaissais pas Nina Bouraoui.
Ce virus qui se propage est dangereux mais lire est un puissant antidote, un livre aidera à combattre l'angoisse, j'oublie tout lorsque je lis. J'ai pris un vrai plaisir en lisant ce bouquin, trois heures de lecture sans m'arrêter.

Nina Bouraoui, père algérien, mère bretonne, un mélange qui a donné à la littérature une formidable écrivaine. Il y a une vraie sensibilité dans son écriture, elle décrit si bien les sentiments des femmes, la violence contenue de certaines femmes qui sont soumises au bon vouloir des hommes.

Sylvie Meyer a cinquante-trois ans, deux enfants qu'elle finit d'élever seule. Elle travaille dans une usine de caoutchouc depuis plus de vingt ans, un petit poste à responsabilité, son patron peut compter sur elle.

Un an plus tôt son mari est parti, un matin au petit-dej' il lui a dit "Je pars", apparemment pas pour une femme mais pour fuir une vie trop paisible, sans surprise.
Elle n'a rien dit. "C'était fini, sans qu'on se le dise, mais au fond de nous, on savait. On sait toujours ces choses -là. On les redoute, mais on les sait. C'est faux qu'on est surpris du départ de l'autre. Faux." Elle a changé de place dans le lit devenu trop grand, pas au milieu, elle a pris son côté, le gauche.

Son patron avait pris l'habitude de se "confier" à elle. Un matin il la convoque dans son bureau et lui demande de choisir quel employé doit partir, elle connaît les forces et les faiblesses de chacun, il doit "dégraisser"....

Rien de plus, vous lirez.

C'est l'histoire d'une femme enfermée par les pressions qu'elle subit. Une femme otage qui un jour commettra l'acte 
qui la libérera, qui lui permettra d'exister, mais attention les mots libérer, exister ne doivent pas être pris dans leur sens habituel. Les dernières pages du livre sont vraiment déchirantes, la lettre écrite est déchirante.

J'ai tout aimé dans ce roman, le mot roman n'est pas celui qu'il faut utiliser, ce n'est pas du fictif, il y a des femmes soumises à une vie qu'elles ne souhaitaient pas.
L'auteure n'est jamais agressive, loin de tout ce tapage que nous lisons sur les réseaux sociaux. L'auteure ne juge pas.

Lisez ce livre. Je vais certainement acheter en poche "Tous les hommes désirent naturellement savoir." Merci à Michelle pour le prêt. 

Bye MClaire.

vendredi 6 mars 2020

Cécile Coulon "Une bête au paradis."




J'ai lu deux livres cette semaine, deux livres complètement différents "La consolation de l'ange" de Frédéric Lenoir et celui écrit par Cécile Coulon.
Je n'ai pas grand chose à écrire sur le livre de F.Lenoir, c'est gentil, plein de conseils pour vivre heureux. Une histoire d'amitié improbable entre une vieille femme, ancien prof de philo, une femme qui va mourir et un jeune homme Hugo qui lui ne veut plus vivre. Il faut croire à cette histoire d'ange, à l'âme qui nous quitte pour aller vivre ailleurs, possible ? Impossible ?

Atmosphère complètement différente dans "Une bête au Paradis." Ce n'est pas léger, c'est même très rude, un huis clos, une ferme, des animaux, une maison où le malheur s'est abattu un soir de pluie, les parents sont morts en laissant les deux petits Blanche et Gabriel à la charge de leur grand-mère, la voiture a quitté la route.
Emilienne la grand-mère s'occupe de la ferme, ne compte pas ses heures aidée par Louis, un jeune qu'elle a recueilli, battu par son père "Il faisait partie des hommes dont les poings avaient remplacé la bouche, les coups les mots.."
Louis s'était présenté à la ferme pour aider Emilienne, jusqu'à ce que "les choses se calment". Il est resté.
Blanche avait cinq ans. Les années passent, Blanche grandit, Gabriel le petit garçon maigrelet s'abîme dans une profonde mélancolie, ses parents sont morts, oui morts lui a dit Emilienne.
Blanche embellit, tombe amoureuse d'un très beau garçon, élève dans son lycée, il s'appelle Alexandre, a l'air d'un ange, Blanche l'aime d'un amour total, il ne lui vient même pas à l'idée qu'Alexandre n'aimera pas la ferme, elle pour qui la terre est tout.  Louis observe, serre les poings, souffre....
Blanche souffrira à son tour, Alexandre a des grands rêves loin de la campagne... La tragédie rôde.
Je ne raconte plus rien..

Tout le temps de ma lecture je cherchais à quoi me faisait penser ce roman, j'ai trouvé avant la fin, certains films de Claude Chabrol, l'atmosphère oppressante, des gens rudes, l'amour qui dévaste tout, le désir, la vengeance, le monde rural, l'attachement à la terre, les silences qui disent tout.
La nécessité d'être fort pour vivre et quelquefois survivre.

J'ai toujours beaucoup aimé les écrivains du terroir, certains critiques diront que Cécile Coulon n'a pas le talent d'un Claude Michelet, Christian Signol etc. personnellement j'ai beaucoup aimé son écriture, ce livre pourrait être adapté au cinéma, Anémone est morte, elle aurait très bien interprété le personnage d'Emilienne, elle était excellente dans "Le grand chemin."

J'ai aimé.

Bye MClaire.