vendredi 7 février 2014

David Foenkinos "La tête de l'emploi" - Lionel Duroy "Vertiges"

Un petit coin de ciel bleu, un peu de vent mais pas trop, une accalmie pour aller faire un tour à Larmor-Baden, prendre l'air, mais avant je voulais finir mon bouquin, très vite lu "La tête de l'emploi" de David Foenkinos.
Je voulais le finir pour pouvoir écrire une gazette en donnant mon avis sur deux livres lus cette semaine, j'ai fini "Vertiges" de Lionel Duroy, juste avant de commencer celui de Foenkinos.

Étonnamment ces deux livres se ressemblent un peu sur le fond mais pas du tout dans la forme.
Ce sont des histoires qui parlent de deux hommes, largués tous les deux par leur femme, des antihéros qui s'interrogent sur leur vie.




Ce que j'ai pensé de "Vertiges" de Lionel Duroy.

J'avais lu "Le Chagrin" de Lionel Duroy avec beaucoup de plaisir,  celui-ci n'a pas emporté mon adhésion, j'ai eu l'impression qu'il se répétait, j'ai lu des passages avec intérêt et d'autres sans aucun plaisir, pour tout avouer des pages en diagonale.

Nous retrouvons Augustin, prénom qui cache l'auteur, en plein désarroi, sa femme le trompe avec l'architecte qui s'est occupé de leur maison, ils ont deux petits enfants, Augustin est très attaché à eux, Augustin ne veut pas tout perdre et accepte les absences de sa femme, ils dorment toujours ensemble bien serrés l'un contre l'autre mais plus rien ne se passe entre eux, Cécile ne veut pas d'une séparation, elle veut aller jusqu'au bout de l'histoire qui se passe avec son amant et Augustin accepte, il faut dire que lui même n'a pas toujours été fidèle. Arrive Esther qui sera pour lui une manière d'oublier les infidélités de Cécile et surtout la décision de Cécile, le quitter pour de bon, plutôt faire quitter la maison à Augustin pour vivre avec Markus. Il se mariera avec Esther, aura deux autres enfants, pour divorcer vingt ans plus tard.


Lionel Duroy traîne avec lui les relations difficiles avec sa mère, il n'arrive pas à se guérir de son enfance et ne veut surtout pas ressembler à Toto son père, c'était l'histoire du bouquin "Le chagrin". Sa mère et son père sont toujours là en filigrane dans son livre, ce qui rend ses relations difficiles avec les femmes. Il n'arrive pas à régler ses problèmes avec ses parents pourtant disparus. Il a été rejeté par ses frères et soeurs après avoir publié "Le chagrin", on ne lui pardonne pas d'avoir étaler les histoires de famille.

Ce que je n'ai pas aimé dans ce livre : L'auto-apitoiement à longueur de pages, un certain narcissisme aussi, un homme qui ne sait pas choisir, prendre sa vie en main.
C'est sans doute parce que je n'aime pas les hommes faibles, prêts à se plier dès qu'une difficulté apparaît dans leur vie. Les hommes qui fuient, incapables de prendre une décision.
Augustin aime, n'aime plus, revient et s'étonne que les femmes partent. A mon avis, il ne saura jamais aimer une femme parce qu'il a complètement manqué d'amour enfant, il ne finira jamais de remuer le couteau dans la plaie, la mère un peu folle, hystérique a détruit ses enfants, son père était faible, un drame dans l' existence d'un homme.

J'ai quand même aimé l'écriture, Duroy est journaliste, a couvert des guerres, on sent qu'il aime écrire, c'est même sans aucun doute toute sa vie, il met en péril son environnement familial à cause de l'écriture. Il sait être touchant, mais aussi agaçant. C'est vrai, c'est aussi l'histoire de nombreux couples de nos jours, l'amour, le divorce, les séparations douloureuses, les familles recomposées, je ne suis pas de cette génération, j'ai l'impression d'être une ethnologue lorsque je lis ces histoires, une vie que je ne connais pas mais qui peut être  intéressante pour les lecteurs

Si vous n'avez pas lu "Le chagrin" vous pouvez aimer ce livre.



Passons à "La tête de l'emploi" de David Foenkinos.




Je lis toujours avec avidité les livres de Foenkinos, j'ouvre et je finis, l'histoire est toujours légère en apparence.

Le héros ou plutôt l'antihéros de ce bouquin s'appelle donc Bernard :

"Le Bernard impose une sorte de familiarité tacite, pour ne pas dire immédiate. On n'a pas peur de taper dans le dos d'un Bernard. Je pourrais me réjouir de porter un prénom qui est une véritable propagande pour se faire des amis. Mais non. Avec le temps, j'ai saisi la dimension sournoise de mon prénom : il contient la possibilité du précipice. Oui, j'ai toujours ressenti le compte à rebours de l'échec, dans cette identité qui est la mienne. Il y a des prénoms qui sont comme la bande-annonce de leur destin. A la limite, Bernard pouvait être un film comique. En tout cas, il est certain que je n'allais pas révolutionner l'humanité.":

Il est marié, a un seul enfant, une fille qui décide de partir pendant un an au Brèsil, ce qui le désespère. Il travaille à la BNP, conseiller financier, une vie sans vagues, banale jusqu'à ce que tout s'écroule, sa femme le quitte, il perd son boulot à la banque, faute à la crise, il se trouve confronté à la perversité de ses collègues, au mépris de sa direction et à l'hystérie des clients qui ont peur de perdre leur argent, ce qui provoque un geste fatal qui le fera licencier pour faute grave.
Il n'était pas du tout armé pour affronter ces événements.
A 50 ans, il retourne habiter chez ses parents qui ont 80 ans, un vieux Tanguy en sorte.

Je ne vous raconte pas la suite de l'histoire qui est vraiment drôle, touchante.

J'ai aimé le style de l'auteur, malgré la gravité des événements qui en dehors des romans se passent dans la vraie vie, il nous fait rire, sait décrire des scènes familiales avec un humour à la Foenkinos.
Il sait nous toucher, à la fin du livre en parlant de ses parents "Et voilà qu'ils étaient là, maintenant, face à moi, engoncés dans leurs plus beaux habits. Ils étaient un peu absurdes et ridicules : ils étaient mes parents." Quelle belle déclaration d'amour.

Ce sont surtout les pages où il décrit sa vie à 50 ans avec ses parents qui sont les plus marrantes. La scène où son père et sa mère décident d'inviter des amis avec leur fille de 50 ans, elle aussi larguée et au chômage et qu'ils veulent absolument caser est vraiment hilarante.

Il m'est arrivé de penser un instant "Et si un de mes enfants devait revenir avec nous, ça se passerait comment ? Comment est-ce qu'ils nous voient ?" Qu'ils se rassurent, chez nous il n'y a pas de patins pour marcher dans la maison,  je ne fais jamais de lasagnes avec ou sans béchamel, nous ne mangeons jamais à heure fixe, je ne regarde pas Julien Lepers bouche ouverte et il se pourrait même qu'il ou elle ait la maison pour elle toute seule, nous ne sommes pas toujours chez nous !

Un roman vraiment sympa, il y a de l'émotion, de l'humour, un bouquin plein de tendresse, tout ce que j'aime. Cela pourrait faire un excellent film.

Je vous le recommande. Merci à Michèle pour son prêt.

Bye MClaire.


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